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1939-1945
– La guerre de Joseph Bibert au GC III/6
T.R.T. Années
1960
Joseph Adolphe
BIBERT vu par ses collègues de bureau
Retraité de
l’Armée de l’air en 1956 après 25 années de bons et loyaux services, Joseph
devint chef d’atelier dans une usine de la T.R.T.
(Télécommunications Radio Téléphone) qui fabriquait à Déville lès
Rouen des postes émetteurs-récepteurs pour l’armée. Il avait 42 ans.
Mais 6 ans
plus tard la nouvelle génération des jeunes ingénieurs diplômés sera jugée plus
efficace !
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Joseph fût
nommé au service achat. Il lui fallut apprendre son nouveau métier tout en
s’adaptant bien difficilement à son placard.
Sa galère et
ses rapports houleux avec un jeune chef qui n’avait pas compris grand-chose aux
rapports humains commencèrent. L’Histoire est éternelle ; son fils
connaîtra les mêmes problèmes 30 ans plus tard, à peu près au même âge que le
sien…
.. et il est
prévisible que les petits enfants de Joseph… etc…
Bénard, son
jeune collègue de bureau était heureux de travailler avec un vieux de la
vieille qui avait quand même pas mal de chose à lui apprendre. Il avait un
certain talent de dessinateur et il prit l’habitude entre deux commandes
d’offrir amicalement à Joseph des petites perles que ce dernier ramenait le
soir à la maison pour notre plus grand plaisir et qu’il a pieusement conservées
dans sa malle à souvenirs personnels, cachée dans le grenier, et récemment
retrouvée.
Un jour où
Joseph s’était armé de courage pour aller s’expliquer avec son patron.
Ci-dessus, images de son départ et de son retour.
Ensuite Joseph
ne fit plus que des plans…
... tout en
découvrant les joies du travail de bureau qu’il ne connaissait pas encore…
… sans jamais
s’énerver, ou presque. Il aimait écrire avec un gros stylo !
Il appréciait
de prendre ses repas sur place, mais l’inactivité physique n’était pas son
truc.
Il y avait
quand même quelques bons moments…
… le vendredi
après-midi… et lors de quelques rares déjeuners « d’affaires » avec
un Fournisseur.
(Dessin de
droite annoté de la main de Joseph Bibert)
Lui qui
n’était pas fumeur supportait mal les 35 gitanes que son collègue Caron,
enplacardé tout comme lui, fumait tous les jours !
Les rapports
avec son collègue se tendirent…
… mais
joseph avait lu dans « La Vie Catholique », son hebdomadaire préféré,
une publicité pour la « lampe
berger », qui en brûlant un produit miracle devait dissiper les
nuisances du tabac…
Publicité
mensongère, ou erreur de manipulation, elle faillit être fatale à ceux du
bureau des achats de la T.R.T. et à ce brave Caron en particulier !
L’hiver les
bureaux n’étaient pas suffisamment chauffés, à cette époque préhistorique…
… mais Joseph
trouva encore une solution grâce à une autre pub de « La Vie
Catholique » !
Une des
grandes préoccupations et de Joseph était sa voiture.
En 1962, il
vendit sa Ford Taunus 12M et il fit affaire avec notre boulanger, qui avait une
très belle fille Marie Hélène dont je rêvais, et une tout aussi magnifique
Peugeot 403 noire, avec plein de chromes rajoutés, que mon père admirait. Il
racheta la voiture et j’ai continué à simplement à rougir devant Marie Hélène
en allant acheter ses baguettes dorées.
Joseph fit également
l’acquisition un peu plus tard d’une caravane pliante de marque
« Esterel », parce qu’il passait devant l’usine de cette Société tous
les matins, et d’un kayak biplace d’occasion, nostalgique qu’il était de ses
navigations sur la mer rouge lors de son séjour à Djibouti d’avant la guerre.
Après cela, le temps lui parut plus court au bureau.
1938 En kayak sur la mer rouge – 1964 A travers la
France
Il
entretenait son matériel avec un soin minutieux, mais en 1965 il fut victime
d’un petit accident en frottant les chromes de la 403. Du coup, il en en
profita pour faire pression sur sa banquière personnelle et on commanda une
Peugeot 404 neuve.
Il voulut
absolument la faire équiper avec des pneumatiques « SP Dunlop », ce
qui n’était pas une option prévue, et qui retarda un tant soit la livraison de
l’auto !
…..
Avec son Kayak
il n’était pas toujours prudent et on s’inquiétait souvent pour lui.
A la même
époque le chien « Pilou » devint son compagnon indispensable et son
alibi pour faire de longues promenades solitaires le soir. Il pouvait ainsi
s’évader un moment du 4ème étage de notre H.L.M de Canteleu
qu’il commençait à ne plus supporter.
Ce chien était un vrai fou. Quand on demandait
à Joseph de quelle race il était, il répondait très sérieusement :
- C’est un « Bâtard
hongrois »
et il
enchaînait avec la seule blague qu’il aimait raconter :
-Vous connaissez la différence entre
un singe et une brosse à habit ? »
- ….????... !!!!.... ????
- Non ? Eh bien, si vous les
mettez tous les deux au pied d’un arbre, celui qui monte, c’est le singe !
Et les
badauds, un peu interloqués, continuaient leur chemin …
Officiellement,
« Pilou » était le chien de ma grande sœur…
... dont il
devait faire une description un peu forcée à ses collègues de bureau…
… tout en leur faisant
croire qu’il comptait sur le chien pour éloigner les prétendants !
Joseph avait
une confiance absolue et d’ailleurs justifiée en sa fille.
Il bricolait
beaucoup et il entreprit un jour de monter une espèce d’auvent en plastique
ondulé jaune fluo au dessus du balcon de l’appartement…
... ce qui
permit à ses collègues de bureau de le chambrer encore un peu plus !
Il fût
également question dans les années 1960 de modifier la loi afin de permettre le
rappel éventuel des anciens militaires jusqu’à 60 ans, ce qui inspira tout
autant son jeune collègue dessinateur puisque Joseph et le vieux fumeur de
gitanes Caron étaient concernés !
(Premier
dessin de gauche annoté en rouge de la main de Joseph Bibert)
Joseph fit
également l’acquisition à cette époque d’un scooter d’occasion de marque
« Motobécane » pour se rendre au travail, afin que sa belle voiture
neuve reste sans danger dans son garage, ce qui permit à son collègue de
réaliser les quelques dessins supplémentaires ci-dessous qui terminent cette
série…
20 ans à la
TRT de Déville- lès Rouen. : un
porte-clé !!! - Merci patron !!!
Joseph pris
sa retraite définitive en 1978. Il habitait depuis 10 ans un petit pavillon
dans lequel il pouvait bricoler à loisir, près d’une forêt dans laquelle il
pouvait promener son chien ou faire des ballades à vélo. Il consacra une grande
partie de son temps à méditer et à s’initier au yoga dont il devint un
praticien émérite et reconnu. Il prit part régulièrement aux manifestations de
l’Amicale des Anciens Aviateurs de la Base de Aérienne de Chartres avec ses
anciens camarades d’avant la guerre et il était également membre de l’Amicale
des Anciens de la 11ème Escadre de Chasse. Des anciens collègues de
la T.R.T., collaborateurs ou fournisseurs passaient de temps en temps le saluer
en lui témoignant une chaleureuse et fidèle amitié à laquelle il était
sensible. Il était adoré de ses petits enfants. Il vécut jusqu’à 88 ans, avec
la nostalgie de son Alsace natale et plus secrètement des deux années passées à
Djibouti dans sa jeunesse, mais par pudeur, il n’aimait pas trop parler de lui…
Joseph BIBERT
en 1981
Dessins : Bénard (1960-1965)
Texte : François Xavier BIBERT
(2009)
Barrette de
décorations sur son uniforme de 1956
Médaille
Militaire - Médaille coloniale (outre-mer) - Commémoration 1939/19455
Chevalier de l’Ordre
du Nichan El Anouar