Lieutenant
RENÉ MOULS
(1916 - 1945)
Liens :
René MOULS (ci dessus)
Joël MOULS (ci-dessous)
Documents transmis par son fils Joël (Ecole
des Pupilles de l’Air - 1955)
Juillet 1939 – Sur le
terrain de Sézanne – La Perthe
Sans doute avec ses camarades du GAO
552 : le s/lt René MOULS (main devant la bouche)
– A droite, le capitaine BURIDAN.
Duel : s/lt René MOULS à droite
Le G.A.O. 552
Mars 1940 – Sur le
terrain de Valenciennes – Prouvy
s/Lt René MOULS
Documents aimablement communiqué par M. David AYMARD
Le Potez 63-11 n°628
des sergent-chef COCHARD – Pilote, lieutenant MOULS – Observateur
Sergent PLANTIER –
Mitrailleur après leurs missions du 17 mai 1940
Extrait du relevé des
missions effectuées par le lieutenant René MOULS du 14 au 17 mai 1940
Document manuscrit rédigé
par le pilote en septembre 1941, dans le cadre des « révisions de
citation »
Document aimablement communiqué par M. Matthieu
COMAS
Informations concernant René Mouls
extraites des «
livre de marche » et « cahier d’ordre » du G.A.O. 552
DATE |
INFORMATIONS |
10.04.38 |
Nommé sous-lieutenant |
07.39 |
Est déjà présent au groupe. Il figure sur une photo prise à La Perthe |
19.10.39 |
Détaché à la base 17.MI (Wiseppe
Stenay). Le détachement prend fin le 10.11.39 (date de
fin à confirmer) |
13.12.39 |
Permission de 10 jours |
12.39 |
Répertorié sur l'état de décembre 1939 comme étant observateur
aux F.Aé. 28 en situation d'activité |
17.03.40 |
Participe à un stage de transformation sur Potez 63.11 à Romilly.
Il formait équipage avec le sgt pilote Cochard et le sgt mitrailleur
Plantier. Retour probable le 23 avril avec les nouveaux appareils. |
12.05.40 |
En alerte à St-Omer sur le Potez 63.11
n° 628, avec Cochart et Plantier |
14.05.40 |
Départ de Saint-Omer pour Saint-Nicolas sur le 628, avec Cochart et Plantier |
15.05.40 |
Retour à St-Omer sur le 628, après une
mission depuis Saint-Nicolas entre 8h45 et 11h30 avec protection de la chasse :
reconnaissance sur l'itinéraire Anvers, Breda, Tilburg, Turnhout. L'avion
s'était posé à Calais-Marcq pour retrouver les
chasseurs. |
17.05.40 |
Départ à 6h30 sur le 628 pour le terrain de travail de Prouvy. Avec sgt/c pilote Cochard et sgt mitrailleur Plantier
pour une mission au profit du commandement : reconnaître l'action
ennemie sur les itinéraires Valenciennes, Le Cateau,
Guise, Le Cateau, Avesnes.
Des balles et des éclats endommagent
sérieusement le plan gauche à proximité de l'aileron. L'avion semble encore frappé lors de l'attaque allemande de 14
heures. On suppose que l'équipage est rentré en soirée avec l'échelon roulant
léger qui regagne Saint-Omer. |
20.05.40 |
Liaison Saint-Omer - Bacqueville avec Cochard et Plantier sur le Potez 63.11 n° 687.o |
21.05.40 |
Livraison du Potez 63.11 n° 687 au G.R. d'Etrepagny
(2/52 ?) avec l'équipage habituel |
23.05.40 |
Rejoint le G.A.O. à Clermont-Ferrand / Aulnat après la
livraison du 687. Plantier s'est perdu en cours de route et Cochard est resté pour assurer de nouveaux convoyages
d'appareils |
20.06.40 |
Alors que le groupe est à Francescas,
le lieutenant Mouls est désigné avec Cochard et
Plantier comme « équipage d'avion moderne » afin de convoyer des
avions entre Agen et Marignane |
21.06.40 |
Départ pour Agen et retour en soirée, la base ne disposant plus
d'appareils à convoyer. |
08.07.40 |
La proposition de citation à l'ordre de la division aérienne pour
l'équipage lieutenant Versini, lieutenant Mouls, sgt/c Cochard, sgt Plantier est homologué par
le général commandant le 1er bureau du G.Q.G. air. |
Ancien élève de
l'EPA où, pupille de la nation, il est entré en 1955,
Joël Mouls, ingénieur retraité du CEA, membre actif de l'association des
anciens élèves de l'école, a retrouvé l'endroit présumé où repose son père, le
lieutenant René Mouls, mort en déportation en Allemagne. Il raconte :
« Arrêté par les Allemands à Casteljaloux (Lot et Garonne) le 21 avril
1944 puis interné à Bordeaux, mon père a été transféré à Paris puis à Compiègne
le 9 mai 1944 avec de nombreux autres détenus. Le 21 mai 1944, il se retrouve
dans un convoi de 2004 déportés qui quitte Compiègne en direction de Neuengamme
(Allemagne) où il arrive le 24 mai. A partir de cette date, plus de nouvelles.
Il a d'abord été porté disparu, puis ensuite déclaré "Mort pour la France en déportation", sans que l’on
puisse savoir où était son corps. Après de nombreuses années de recherches menées
par son demi-frère Pierre Mauget, sa famille apprend
qu'il a été transféré le 31 mai à Fallersleben où se
construisait une usine Volkswagen. Devant l'offensive des forces alliées, les
déportés sont évacués par train le 8 avril 1945, tous à bout de forces. Ce même
jour, 12 corps sont descendus du train dans une petite gare. Le témoignage d'un
déporté indique qu'il s'agissait de Dambeck-Attleck,
et parmi les morts descendus du train, il cite les noms de René Mouls et de
Jean Esteva. Cette région d'Allemagne fera ensuite partie de la RDA et, en
raison d'un changement de nom, la commune ne pourra plus être localisée sur les
cartes d'Allemagne, rendant toute recherche impossible. Dans les derniers mois
de l'année 2003, un ami allemand naturalisé français aura connaissance des
événements et va intervenir sur place. A partir de Fallersleben
et la voie de chemin de fer partant de cette ville, une petite commune du nom
de Dambeck-Altm pourra être localisée dans la
banlieue sud de Salzwedel. La municipalité de la
ville, très coopérative, indique qu'à Dambeck-Altm,
se trouve une sépulture de 12 déportés et que Jean Esteva est identifié parmi
eux. Selon les déportés rentrés, René Mouls serait décédé avec Jean Esteva ; il
serait donc lui aussi dans cette sépulture. Il faut rappeler que les déportés
n'avaient plus de nom. seulement un matricule. Joël Mouls est allé, avec les
siens, se recueillir sur la sépulture, remarquablement entretenue. Il a pu lire
sur la stèle la phrase suivante écrite en allemand : « Ici reposent douze personnes victimes de la barbarie hitlérienne,
avril 1945 ». (2001)
Plaque commémorative
René MOULS
7, rue Eustache
Deschamps - Reims
Lire :
GAO 552 et POTEZ
63-11
Il y avait environ
1100 avions déployés sur le front lors de l’attaque allemande du 10 mai 1940.
Environ 230, soit 1/5 étaient des POTEZ 63-11 de reconnaissance, avec un
équipage de 3 hommes. Le POTEZ 63-11 était une évolution du POTEZ 637 de 1938,
où l’observateur se trouvait à genoux ou à plat ventre dans une gondole
ventrale. Cette fois l’observateur est assis dans le nez de l’appareil. Il fut
construit en grand nombre jusqu’à l’armistice, et au-delà…
Cependant le cahier
des charges du 63-11 en 1939 voulait faire de celui-ci un avion polyvalent,
apte au fameux programme B.C.R. (Bombardement, Combat, Reconnaissance), qui
s’avérera relever du pur fantasme. Bien des équipages préféreront finalement le
637, plus rapide.
Le GAO 552 (Groupe
Aérien d’Observation) a été mobilisé à Reims et rattaché aux FA 28 (Force
Aérienne 28), 1ère DLM (1ère Division Légère Mécanique.
Il perçoit ses trois premiers POTEZ 63-11 à Marignane le 10 janvier 1940. Basé
à Saint-Omer Wizernes au moment de l’offensive
allemande, il dispose alors de 9 POTEZ 63-11 et de 4 ANF MUREAUX 117. Le 13 mai
1940 il perd son premier équipage, celui du POTEZ 63-11 n°689 qui s’écrase en
Belgique après avoir été atteint par la flak, à 3km
de l’aérodrome de Saint-Nicolas.
Note de M. David AYMARD : l’insigne ci-contre a été
réalisé en version métallique par la maison Boussard
et Jeanneret. Il a été probablement commandé en
septembre ou octobre 1939 alors que le groupe était à Mourmelon. Je suppose qu'il n'a jamais été livré car on ne
l'observe sur aucun des uniformes du personnel du groupe. Sans insigne
spécifique le personnel semble avoir généralement conservé celui de son
ancienne unité. Les avions que l'on peut supposer affectés au groupe ne
portent, eux non plus, aucun insigne spécifique.
Le 17 mai, c’est le
POTEZ n°628, dont la mission est détaillée ci-dessus qui est perdu, mais son
équipage est heureusement sauf. L’épave sera incendiée, d’après les archives
militaires. Le GAO 552 est intégré au GR 1/14 le 19 mai et il stationne à Agen
au moment de l’armistice. Ce groupe est dissous en août 1940 à Toulouse. Il a
eu pour commandants, le Commandant CLAUSSE puis le Capitaine CHAUVET.
POTEZ 63-11 (du GR
1/14)
ANF MUREAUX 117
Roger FURST, qui rejoindra
les Forces Françaises Libres en 1941 lors de « l’affaire du Levant »,
termina sa guerre comme pilote de bombardier du groupe LORRAINE, et avec 35
missions des plus dangereuses sur l’Allemagne, il sera fait « Compagnon de
la Libération » Sergent en juin 1940, il servait au GAO 552, tout comme
son camarade le Lieutenant René MOULS, et il volait aussi sur POTEZ 63-11.
Après l’Indochine, il quittera l’armée de l’air comme Lieutenant-colonel en
1966, atteint par la limite d’âge.
Une analyse
historique sereine des missions de l’aviation d’observation française en
1939/1940 ne peut que conduire à se poser beaucoup de questions sur la façon
dont les états-majors, qu’ils fussent de l’air ou de terre, les avaient
envisagées avant la guerre, puis décidées, conduites et exploitées pendant
celle-ci. De très nombreux témoignages, dignes de foi, mettent en cause, les erreurs
de définition des l’appareils, la nature des missions ordonnées et le peu de
confiance malheureusement accordée aux renseignements rapportés par les
aviateurs au péril de leur vie. Des
moyens de communications pas appropriés et la lourdeur administrative du
traitement des informations les rendaient rapidement obsolètes. Même les
alertes les plus cruciales, comme ceux transmises par les aviateurs au moment
de la percée des Ardennes n’engendrèrent que scepticisme et dérision,
puisqu’elles ne correspondaient pas aux fausses certitudes et aux doctrines
figées des grands chefs, convaincus que tout se passerait sur la ligne
Maginot !
Des généraux de
corps d’armée, voire d’armée, ont cependant signés après l’armistice des ordres
généraux remerciant et félicitant l’aviation de renseignement. Mais celle-ci
paya un tribu beaucoup trop lourd, puisqu’on peut évaluer à plus de 350, les
POTEZ 63-11 perdus en mission ou au sol pendant la campagne, entraînant dans la
mort beaucoup de leurs courageux équipages.
Et comment parler de
ces missions de reconnaissances sans évoquer Saint-Exupéry et son fabuleux
ouvrage « Pilote de guerre », dont le titre original de la version
anglaise « Flight to Arras » paraît encore meilleur : au-delà de
la description précise et réaliste des dérisoires missions qui étaient demandés
à des équipages qui savaient avoir peu de chance d’en revenir, Saint-Exupéry
avec sa sensibilité habituelle conduit sa réflexion sur les paysages survolés,
l'homme en général, la condition humaine, la mort qui a touché certains de ses
amis... Un texte d’une grande pudeur, malgré une critique sans concession de ce
qui a entraîné et de ceux qui ont contribué à la douloureuse tragédie française
de 1940. Il écrit comme à son habitude avec ce style qui lui est propre,
étonnamment fluide malgré la poésie qui s’en dégage : sans cesse, on devine, on
apprend à connaître son amour à la fois pour le métier de
pilote, qui l'élève au-dessus des hommes et lui fait toucher le spirituel, et
son goût pour l'humanité. Un des plus beau texte de la littérature française,
censuré à sa sortie en 1942...
FXB – 2008
Images de Potez 63-11
Mise en page et compléments iconographiques : François
Xavier BIBERT – Mai 2008-Mars 2012 – Mai 2013