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faisant
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(3/6)
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Commandant Alain Claude Francis MOUSSET
Officier pilote de l’Armée de l’Air française
Groupe de chasse GC II/8 – 4ème escadrille
1917 – 1952
Le
capitaine MOUSSET en 1945
Alain, Claude, Francis MOUSSET est né au Havre de 25 novembre
1917. Il était fils unique.
On sait qu’il a fait ses classes préparatoires de 1935 à 1936 au
Lycée Corneille de Rouen. Du fait qu’il est « Mort pour la France »
en 1952 en Indochine, son nom est gravé sur le monument au mort du Lycée (dans
les listes des morts de 1939-1945).
Monuments
aux « Morts pour la France »
Lycée
Corneille - Rouen
En 1936, son père était ingénieur et demeurait à Mont
Saint-Aignan, banlieue immédiate de Rouen. Il semble que ce dernier soit décédé
peu après et qu’Alain MOUSSET, alors orphelin, ait eu finalement sa mère comme
seule famille.
Grâce à la grande amitié qu’il a eu jusqu’à sa mort avec son grand
camarade de l’Ecole de l’Air avec qui il partagea sa chambre, Jean Menneglier
(mémoires et photographies), aux archives de l’Armée de l’Air du SHD (livres de
marche des escadrilles du GC II/8) et a quelques recherches bibliographiques
personnelles, il nous a été possible d’établir cette petite biographie
illustrée, afin que les élèves du Lycée Corneille puissent savoir qui était
leur vénérable ancien et pourquoi la France a le devoir d’entretenir sa
mémoire.
L’École de
l’Air de Salon de Provence
(1937)
Il est admis au concours et rentre à la 81ème place à
l’Ecole de l’Air de Salon de Provence, le 15 novembre 1937 : c’est la
promotion MÉZERGUES.
Décembre
1937 –Ecole de l’Air – Salon de Provence
Baptême de
la promotion « Mézergues »
Insigne de
l’Ecole de l’Air
1938 –
Salon de Provence - Potez 25 d’entraînement et élèves de l’Ecole de l’Air
1938
–Ecole de l’Air – Salon de Provence
L’aspirant
Alain MOUSSET sur le terrain d’entraînement
1938 – Ecole de l’Air - Salon de Provence
La section d’Alain MOUSSET
De gauche à droite :
1er rang : LANCERY, AQUILINA, AUDEBERT,
LANCESSEUR, DUGIT, LAURANT, BATUT, SATGÉ, FOURNIER
2ème rang : MENNEGLIER,
MOUSSET, ARNAUD, SILVAN, GOUACHON, MÉES, PERSONNIC, de FAUCIGNY, PORODO
Une anecdote :
« Nous avions une inspection tous les
matins par nos chefs de peloton.
Un jour Mousset, qui était toujours en retard,
fut surpris par le : "A vos rangs, fixe !" que Laurant ou
moi cria à l'entrée de notre sous-lieutenant. Il était encore en chaussettes.
Il se mit au garde-à-vous au pied de son lit comme les autres et,
imperturbable, regarda dans les yeux notre officier qui ne s'aperçut de
rien… »
Jean Menneglier
Novembre 1938 – Stage de pilotage –Avord
Photo dédicacée, aux commandes d’un Morane
Saulnier 315
« ...Une fois installés (à Avord) nous
commençâmes notre instruction de pilotage.
Pour la classe de début il y avait des Morane 315
et des Henriot. J'étais sur Morane. Je partageais avec Mousset et Mayerhoffer
le même moniteur qui, était le sergent Salmon, un petit rouquin un peu
timide... »
Jean Menneglier
Hiver 1938 – Versailles
Construction dans la neige d’une énorme
« tête d’aviateur »
On peut reconnaître le s/lt MOUSSET
«... On décida de scinder la promotion en deux
et d'en envoyer une partie à Versailles pour continuer l'entraînement sur le
terrain de Saint-Cyr et y passer le brevet. Ceci se passa sans doute un peu
après Noël car j'ai la photo d'une tête d'aviateur en neige qui fut édifiée
durant cet hiver et sur laquelle figure Mousset qui fit partie des
"versaillais»… »
Jean Menneglier
22 avril 1939 – Versailles - Fin des cours
théorique de la promotion
Photographie officielle de la promotion
« Mézergues »
En bas au centre : l’aspirant MOUSSET
Août 1939 – Romilly – Stage de
perfectionnement
Le s/lt MOUSSET aux commandes d’un Dewoitine
500
Août 1939 – Romilly – Stage de
perfectionnement
Le s/lt de la MALÈNE termine un vol sur
Nieuport Ni-D 622 par un cheval de bois.
Au sol, le s/lt MOUSSET regarde vers
l’objectif.
Brevet de pilote civil d’Alain MOUSSET délivré
par équivalence.
A la
déclaration de guerre, le jeune sous-lieutenant Alain MOUSSET est encore en
formation. Après des cours théoriques à Salon de Provence, lui et ses camarades
aspirants ont appris à voler à Avord où ils ont été brevetés pilote. Alain
MOUSSET a reçu son insigne portant le n° 26748 le 27/02/1939. La formation
théorique se termine à Versailles où le s/lt MOUSSET obtient son diplôme avec
la 32ème place, ce qui lui permet de choisir « La
Chasse ». Ceux qui avec lui ont eu cette chance arrivent en juin 1939 à « l’Ecole
de Romilly » qui a pour
mission d’assurer le perfectionnement des officiers pilotes, étape
intermédiaire pour eux entre le Brevet et les C.I. (Centre d’Instruction). Il
obtient en outre le brevet d’observateur : n°4810 du 22 août 1939.
Une anecdote :
« ...
Le plus spectaculaire était l'atterrissage de Mousset qui arrivait à parcourir
le terrain en touchant d'une roue puis de l'autre puis du patin de queue et
recommençait. C'était une manière originale de faire l'atterrissage trois
points qui était de règle (poser en même temps les deux roues et le patin). Je
ne l'ai vu faire que par lui... »
Jean
Menneglier
A ce moment, la tension avec l’Allemagne est à son paroxysme et
des bruits de mobilisation se font entendre. La promotion aurait dû terminer
son stage sur la base aérienne de Romilly en septembre, mais la guerre devenant
inévitable, et cette base se trouvant en « zone des Armées »,
l’aérodrome doit être transformé en « Terrain d'Opérations ».
« L’Ecole de Romilly » est ainsi contrainte à se replier en
« Zone de l'Intérieur » et plus précisément sur le célèbre terrain
d’Etampes-Mondésir, ce qu’elle fait les 27 et 28 août 1939. Elle va être
rebaptisée « Ecole d'Etampes » et c'est donc aux confins de l'agglomération
parisienne et des larges plaines de Beauce que le stage de perfectionnement des
élèves de la promotion « Mézergues » se termine 15 jours plus tard.
Le Centre
d’Instruction à la Chasse (C.I.C.) de Chartres
(1939 -
1940)
Les jeunes sous-lieutenants, qui avaient été nommés officiers à
Romilly avec 2 mois d’avance, quittent alors Etampes pour les C.I. Ceux qui
sont destinés à la chasse, dont le s/lt MOUSSET, gagnent le C.I.C. de Chartres
qui vient d’être créé et où ils ne constituent qu’une petite partie de
l’effectif de ceux qui y sont affectés et qui viennent d’autres horizons. Les
bombardiers pour leur part sont envoyés à Toulouse et ceux de la reconnaissance
à Tours.
Grâce aux mémoires écrites par son camarade Jean Menneglier, on
trouvera par ce lien quelques
informations complémentaires sur le C.I.C de Chartres.
Une anecdote :
« A
Chartres nous fumes logés aussi chez l'habitant.... Tout le monde ne pouvait
pas être comme Mousset qui logeait chez la femme d'un médecin mobilisé et avait
le privilège d'aller prendre le tilleul tous les soirs, ou presque, dans sa
chambre. Lui-même faisait la réflexion qu'elle avait de la chance d'être tombée
sur lui car un autre aurait pu profiter de la situation... »
Jean
Menneglier
La Guerre
du sous-lieutenant MOUSSET
Groupe de
Chasse GC II/8
(1940)
Le GC II/8 a été formé en 1936 par la réunion de l'escadrille 3C1
de l'Aéronautique navale et d'une nouvelle escadrille de l'Armée de l'Air ayant
repris les traditions de la SPA 38.
À
la déclaration de guerre, le
3 septembre 1939, le GC II/8 est à Marignane, commandé par le Commandant GIBON
GUILHEM. Il se compose des 3ème et 4ème escadrille de la
8ème escadre. La 3ème escadrille (Tradition 3C1 « Le Requin ») est aux ordres du Capitaine
GRANDBESANÇON, la 4ème escadrille (Tradition SPA 38 « Le Chardon ») aux ordres du Capitaine
de VAUBLANC.
3ème
escadrille : Tradition 3C1 « Le Requin »
4ème
escadrille : Tradition SPA 38 « Le Chardon Lorrain »
Le Groupe équipé de 20 chasseurs bimoteurs Potez 631 est mis à la
disposition de la marine. Il doit protéger les ports faire de la chasse en
haute mer. Mais l'Italie ne se décide pas à entrer en guerre et les pilotes
brûlent d'impatience. Le 1er novembre, le commandant de PONTON d' AMÉCOURT, retour de Pologne, rejoint le GC II/8 : il en
prendra le commandement le 31 janvier quand le commandant GIBON GUILHEM
sera muté au 4ème bureau de la ZOAE. Cette première période de la
guerre est une période d'entraînement intensive des équipages qui accomplissent
de nombreuses reconnaissance et missions photographiques jusqu'en Sardaigne.
Une section commandée par le Lieutenant POIRÉ est détachée pour la défense de
la Corse avec 4 appareils.
Potez 631
du GC II/8 – 3ème Escadrille
Potez 631
du GC II/8 – 4ième Escadrille
Décision est prise début décembre de transférer le Groupe dans le
nord de la France. Si l’échelon roulant est transporté à Calais par le train où
il arrive le 13 décembre au matin, ce n’est que le 21 décembre, à cause du
mauvais temps, que les Potez peuvent quitter Marignane pour se poser sur
Calais, sur terrain de Marck. Est-ce la vraie guerre cette fois ? Non, car
l'ennemi est rare encore. Cependant un adversaire redoutable, le climat attend
dans le nord ce Groupe méditerranéen. La neige, le froid, le verglas sont alors
ses pires ennemis. Le travail des mécaniciens est très pénible, mais chacun
sait se montrer avec bonne humeur à la hauteur de sa tâche. Cependant les
décollages sur alerte et les patrouilles à priori se multiplient hélas sans
résultat, car les rapides avions de reconnaissance
ennemis évitent soigneusement tout contact avec les nôtres.
Profil de
Potez 631
Janvier
1940 – Potez 631 du GC II/8 accidenté
Adjudant-chef
LEVAVASSEUR et sergent GALL
Dans
le courant de janvier 1940, le GC II/8 abandonne sans regret ses Potez 631, qui
sont transférés à la Marine, pour être transformée sur chasseur monoplace Bloch
152, appareil pour laquelle la logistique en matière de mise au point et de
maintenance aura beaucoup de mal à suivre.
Fin
février, la 3ème escadrille est entièrement transformée, mais la 4ème
devra attendre deux mois de plus. L'activité du Groupe pendant la « Drôle de Guerre »
est assez faible, en grande partie à cause des conditions météorologiques.
C’est
le 8 mars 1940 que les s/lt. SAGON et MOUSSET, en provenance du C.I.C. de Chartres,
venant de terminer leur formation, rejoignent le Groupe.
Janvier 1940
– Bloch 152 du GC II/8
La Bataille de France
L’attaque allemande du
10 mai 1940
10 mai 1940 - A l'aube, la guerre commence vraiment : les
premiers bombardiers de la Luftwaffe font leur apparition. Le Groupe ne possède
que 19 appareils disponibles mais les patrouilles d'alerte sont là comme chaque
matin depuis des mois prêtes au combat. Une épaisse couche de brume au sol
interdit les décollages. Les ennemis, de plus en plus nombreux, tournent sur le
secteur avoisinant le terrain et paraissent chercher sa position exacte. La
brume se dissipe légèrement et une patrouille simple reçoit l'ordre de
décoller. Deux moteurs refusent de partir et le sergent-chef HONORAT, sur le
Bloch n°509 (codé 11) est le seul à pouvoir prendre l'air. A ce moment précis
le bombardement commence. Deux mécaniciens, le soldat GALLIAN et l'adjudant
LAGEAT qui tentaient vainement de mettre en route un autre appareil, sont le
premier tué, le second grièvement blessé. Le bombardement est de plus en plus
violent, tout décollage est maintenant impossible dans les nuages de fumée qui
cachent les trous des bombes sur la piste. Bien que les appareils eussent été
soigneusement dispersés, trois chasseurs sont détruits et au moins neuf autres
sont endommagés. Désespérés les pilotes voient s'en aller la proie tant
attendue, mais ils seront consolés car le sergent-chef HONORAT se pose en
ramenant au Groupe sa première victoire. Il a abattu, en collaboration avec le
sgt DURAND du GC III/1, un Heinkel 111 qui se pose, moteurs en feu, sur la
plage.
1940 –
Bloch 152 du GC II/8
(date indéterminée)
Le
mauvais temps a volé le début de guerre du Groupe mais le désir de rattraper le
temps perdu est général chez les hommes. Dix pilotes partent le soir même en
avion de transport Bloch 220 pour aller chercher des avions neufs à Châteaudun.
Pour
les jours suivants, de 3 heures du matin à la nuit, les pilotes ne quittent
plus leurs avions. Les trous sur le terrain ont été bouchés tant bien que mal,
mais il leur faut malgré tout décoller en slalom pour les éviter. Le Groupe
fournit au commandement les patrouilles pour des missions les plus
diverses : protection de bateaux, couverture de points sensibles,
surveillance d’un éventuel débarquement. Les pilotes poussent des pointes en
Belgique jusqu'à l'Escaut mais les Bloch qui peuvent emporter trop peu d'essence
sont nombreux à ne pouvoir rejoindre le terrain que de justesse et à se poser
finalement, hélice en croix...
Cet
état d'alerte perpétuel est une rude épreuve pour les nerfs ; la moyenne
de sommeil est de quatre heures par nuit, mais il n'y a cependant toujours des
volontaires pour chaque nouvelle mission.
1940 –
Bloch 152 de la 3ème escadrille du GC II/8
1940 –
Bloch 152 de la 4ème escadrille du GC II/8
C’est un appareil de ce type que pilotait le
sous- lieutenant MOUSSET
14 mai 1940 - Le Groupe est placé sous les ordres du Groupement n°25
dont le PC est installé sur le terrain de Maldhegem près de Bruges pour des
mission de chasse d'armée en Belgique. Ce tout petit terrain avancé, sablonneux
est un véritable danger par lui-même. Deux avions du GC II/8 sont détruits au
décollage, mais les pilotes s'en sortent indemnes miraculeusement. La mission
immédiate est de tenir une longue permanence de couverture sur un point
sensible de l'armée mais les moyens du Groupe ne permettent pas de mettre plus
d'une patrouille simple en l'air, et par suite de nouveaux d'accidents au
décollage ou d'incidents mécaniques cette patrouille se verra même réduite en
patrouille légère. Malgré cela, l'adjudant-chef MIR et le sergent GAUBERT
descendent un Heinkel 111 qui tombe dans l’Escaut et l'adjudant CLERC tombe sur
deux Heinkel 111, au retour de sa mission : il peut en abattre un qui
tombe en mer au large de Zeebrugge.
1940 – Un
Bloch 152 du GC II/8 accidenté
Peut-être
celui du s/lt. MOUSSET ?
(date indéterminée)
15 mai 1940 –Beaucoup de travail pour les mécaniciens sur les Bloch,
mais seuls 15 appareils sont en état en fin de journée pour pouvoir prendre
l’air le lendemain.
16 mai 1940 - L'activité aérienne dans ce secteur est prodigieuse. Un
de nos chefs de patrouille, l'adjudant CURTHELET, surpris par un Messerschmitt
110 sorti d'un nuage est abattu mais saute en parachute. Pris pour un espion,
il est dévalisé au sol, mais délivré par les gendarmes, il rejoindra le Groupe
deux jours plus tard.
Une
patrouille triple composée du lieutenant POIRÉ, du sous-Lieutenant
DUTEY-HARISPE et de l’adjudant VEYRUNES tient le secteur plus d’une heure, dans
des conditions extrêmement périlleuses, littéralement environnée d'ennemis
qu’ils peuvent cependant éviter en jouant à cache-cache avec eux dans les
nuages. Ils sont remplacés par une patrouille simple de la 4ème escadrille
commandée par le Capitaine de VAUBLANC qui est attaquée par 40 Messerschmitt
110 mais qui réussit cependant à leur échapper grâce aux nuages et qui peut
rentrer sans perte au terrain.
17 mai 1940 – Douze sorties, à partir de Calais et ravitaillement à
Maldeghem, sont effectuées par les appareils du GC II/8 en couverture à l’étage
inférieur des bombardiers, Vought 156 et Loire 40 français et Fairey Battle
britanniques, qui coopèrent pour tenter de ralentir l’irrésistible progression
des unités allemandes sur les îles néerlandaises au nord d’Anvers en flammes.
En fin d’après-midi, la patrouille basse du GC II/8 est témoin d’une tragique
méprise : un Curtiss du GC I/4 évoluant en patrouille haute s’en prend par
erreur à un Blenheim britannique qui tombe à la verticale en mer à proximité de
la digue de Nieuport.
18 mai 1940 - C'est au tour cette fois de la 3ème
escadrille d’augmenter de deux unités le tableau des victoires du Groupe,
toujours sur des Heinkel. L'un d'entre eux est abattu après une longue
poursuite par le benjamin de l'escadrille, le sergent DIETRICH ; l'autre
verra le couronnement d'une belle attaque en tenaille exécutée par le
sous-lieutenant JACQUEMENT et l'adjudant-chef MARCHAIS.
19 mai 1940 - Les positions du PC du Groupement n°25 n’étant plus
tenable, ordre lui est donné dans la soirée de se replier : cet ordre
concerne aussi les deux groupes de chasse qui lui sont affectés : le GC
I/4 et le GC II/8, avec Villacoublay comme point de chute, pour être mis
officiellement à la disposition du Groupement de chasse d'armée n°21 du général
PINSARD chargé de la défense de la région parisienne. Malheureusement, dans la
confusion les commandants des deux Groupes n’en sont informés que le lendemain
matin.
La poche de Dunkerque
20 mai 1940 – Ce mouvement de repli, amorcé bien trop tardivement,
s’effectue dans une pagaille indescriptible. Une partie de l’échelon volant,
qui ne décolle qu’à 11 heures avec 13 avions, peut atteindre Villacoublay sans
encombre et deux avions de transport Bloch 220, au prix de plusieurs navettes,
peuvent évacuer les pilotes sans avion en état de vol, quelques mécaniciens et
armuriers et un peu de matériel léger. Par contre, les véhicules, le matériel
lourd et la plupart des hommes de l’échelon roulant, placés sous les ordres du
Capitaine de MAISTRE et du sous-lieutenant VIARIS, ne réussiront pas à se
frayer un chemin vers le sud et seront contraints de faire demi-tour et de
rejoindre Marck, où ils seront capturés par les Allemands quelques jours plus tard.
Heureusement le Capitaine de MAISTRE et le lieutenant mécanicien GUYOT
réussiront à rejoindre Dunkerque, d'où ils seront plus tard embarqués à
destination de Cherbourg. A Villacoublay, où beaucoup n’ont même plus leur
valise d’effets personnels, le Groupe, qui a perdu les 4/5 de son effectif et
tout son matériel roulant, va être dorénavant terriblement gêné dans sa
tâche : « on dirait plus une
bande de clochards qu’un Groupe de chasse » peut-on lire dans les
souvenirs de la troisième escadrille ! Etant donné la gravité de la
situation dans le Nord, le Groupe est finalement mis à la disposition du
général ROMATER qui commande le Groupement de chasse n°23.
21 mai 1940 - Toute la chasse française est sur les dents : la 7ème
armée contre-attaque entre Cambrai et Arras. Le GC II/8 ne peut fournir à
grand-peine qu’une une seule patrouille triple de protection. Le temps est très
crasseux, le plafond est inférieur à 2 000 m. et la D.C.A. allemande aux
environs de Péronne est très active et précise. En fin de mission, la
patrouille est attaquée par une forte formation de Messerschmitt 109. Le combat
se termine par deux nouvelles victoires en collaboration par le Capitaine de
VAUBLANC et le sergent HUSSON, mais un des excellents pilotes du Groupe, le
sergent PETITJEAN mitraillé en vol a pu néanmoins sauter en parachute sans que
ses camarades connaissent son sort : très grièvement blessé en fait, fait
prisonnier, il sera libéré beaucoup plus tard comme grand blessé, perdu pour
l’aviation. Plusieurs Bloch de retour de mission rentrent à Villacoublay
criblés de balles.
1940 –
Bloch 152 du GC II/8 de retour de mission
(date indéterminée)
23 mai 1940 – Pendant que le Groupe essaye depuis deux jours de panser
les plaies, le commandant d’AMÉCOURT est convoqué à Dunkerque pour recevoir des
ordres. Il peut se poser d’abord à Marck pour s’entretenir avec le capitaine de
MAISTRE, qui tente encore de sauver l’échelon roulant, avant de gagner Mardyck,
le terrain de Dunkerque. L’amiral NORD, au PC du bastion 32, lui donne l’ordre
d’utiliser avec son Groupe le terrain de Mardyck pour mettre en l’air en
permanence une patrouille triple de protection du port de des plages.
24 mai 1940 – C’est ce qui est fait dès le lendemain, où la patrouille
triple est emmenée par le capitaine GRANDBESANÇON, accompagné du Potez 63 du
sous-lieutenant de la MÉNARDIÈRE
qui a reçu pour mission d’apporter assistance à l’échelon roulant bloqué à
Marck. Le Potez 63, à peine posé au milieu du terrain, est déjà aux mains des
Allemands qui ont fait prisonnier le pilote : GRANDBESANÇON, prévenu à
temps par une fusée rouge tirée par un courageux marin de la flottille F1C
encore présent sur le terrain, a juste le temps de se dérober et de gagner avec
sa patrouille le terrain de Mardyck, accueilli immédiatement par un violent
bombardement, heureusement sans mal. Il faut se rendre à l’évidence : il
n’est plus possible de conduire des missions de guerre depuis Mardyck et le
Groupe reçoit l’ordre de retourner à Villacoublay.
27 mai 1940 – Le Groupe qui a tenté de se reconstituer en partie
pendant les deux jours précédents est mis à la disposition de la Marine pour
assurer un minimum de protection des opérations de réembarquement à Dunkerque.
Sa base, sera le terrain de Deauville Saint-Gatien, et il devra opérer à partir
de Lympe au sud de l’Angleterre. Mais les pilotes « échangeraient volontiers le thé et les toasts, base de la
nourriture anglaise, contre un sandwich au saucisson et un coup de
pinard » d’après le journal de marche du Groupe ! Le terrain de
Saint-Gatien n’est absolument pas préparé pour accueillir des chasseurs devant
effectués des missions de guerre, et il va s’en suivre une série tragique
d’accidents.
C’est
ainsi que le l’adjudant VEYRUNES accroche la cime des arbres bordant la piste
et s’en tire sans trop de dommage grâce à son habileté, mais le sous-lieutenant
MOUSSET
accroche une balise cachée dans l’herbe et capote avec le son Bloch n°403. Il a
la mâchoire fracturée et doit être hospitalisé d’urgence. La bataille de France
est terminée pour lui, sans que depuis son arrivée au Groupe, 2 mois ½ plus
tôt, peu aguerri, il ait eu à se confronter en première ligne avec la
Luftwaffe.
Le
lendemain, un de pilotes polonais du Groupe nouvellement affecté, le
caporal-chef NOVAK, qui a eu trop peu de temps pour prendre le Bloch en main,
se met en vrille dans un dégagement à basse altitude et se tue.
30 mai 1940 – Les 13 appareils que le Groupe est encore capable de
mettre en l’air ce jour gagnent difficilement Lympe, où on ne trouve encore ni
l’huile adapté aux moteurs Gnome Rhône des Bloch, ni munitions... Le Groupe ne
peut donc combattre ce jour-là...
1er juin 1940 – Le Bloch 220 qui apporte les munitions est
accidenté à l’atterrissage... mais il pourra être sommairement dépanné sur
place... Trois missions peuvent être alors effectuées au-dessus de Dunkerque
par mauvais temps après avoir traversé la mer à 200 mètres d’altitude.
Devant Dunkerque un convoi de bateaux est bombardé par l'ennemi : la
patrouille du II/8 arrive à temps pour les protéger. Un Junker 88 est abattu en
flamme sur la plage par l’adjudant-chef MARCHAIS et l'adjudant NICOLE en
collaboration. Un Heinkel 111 a sans doute été également abattu immédiatement
plus tard au-dessus de Bray Dune, toujours par l’adjudant NICOLE (victoire non
homologuée). Mais la plupart des Bloch se posent avec des impacts de balles et
des avaries mécaniques, ce qui ne leur permettra pas d’être opérationnels le
lendemain.
2 juin 1940 – La matinée est consacrée à remettre les avions sur pied
pour une seule mission qui aura lieu l’après-midi consistant à escorter un
Potez 63-11 de reconnaissance au-dessus de la région de Bergues. Dans la
confusion ambiante, ayant perdu le contact avec son protégé qui est finalement
sauvé d’une attaque de Messerschmitt 110 par des Hurricane anglais, la
patrouille du II/8 rentre à Lympe à court d’essence.
3 juin 1940 - Les anglais ayant été quasiment tous rembarqués, la
protection de Dunkerque n'intéresse plus vraiment la R.A.F. Deux missions de protection de Potez de
reconnaissance sont commandées au GC II/8 qui peut mettre encore en l’air 8
avions à 12h 45 et encore 8 avions à 18h 40, mais depuis 16h 45
Dunkerque de répond plus... La tragédie de Dunkerque, avec 35 000
prisonniers pour les Français, se termine et le Groupe GC II/8 est alors
complètement éparpillé entre Lympe et Deauville. Chacun tente de regagner
Saint-Gatien comme il le peut, avec bien des difficultés : trois Bloch
endommagés doivent être abandonnés en Angleterre et ce n’est qu’à partir du 7
juin que quelques vols pourront reprendre au service de la Marine au-dessus du
Havre bombardé...
9 juin 1940 - Toutes les raffineries de la Basse-Seine sont en feu et d'immenses
colonnes de fumée montent vers le ciel où, s'étendant en nappes, elles voilent
complètement la lumière du jour. Une première patrouille triple commandée par
le capitaine GRANDBESANÇON décolle dans cette purée pour assurer la protection
de l’aviso « Savorgnan de Brazza » qui bombarde près du Tréport des
rassemblements ennemis sur nos côtes. Au retour l’adjudant CURTHELET de perd et
atterrit finalement à Cherbourg. A trois heures de l'après-midi, il fait
toujours aussi noir, et une seconde mission est commandée pour assurer la
protection des cinq bombardiers en piqué Vought 156 de l’escadrille de Marine
AB1 qui vont attaquer une colonne de chars allemands à l’est de Rouen, près de
Forges les Eaux. Il y a neuf pilotes disponibles, soit une patrouille triple.
Volant à basse altitude à cause du plafond de fumée, la formation est prise à
parti par un tir intensif de D.C.A. dès son arrivée aux environs de
Rouen : toute la ville brûle, la vision est dantesque. Plusieurs
patrouilles de bombardiers ennemis sont aperçues mais sans possibilité de les
attaquer, car la protection des Vought français est bien sûr prioritaire. Quand
le dispositif français émerge dans un ciel pur, illuminé par le soleil, il se
trouve en présence d’une multitude d’avions allemands et au moment où les
bombardiers de la Marine amorcent leur piqué d’attaque, une nuée de
Messerschmitt 109 s’abat sur la patrouille du II/8 qui a le soleil dans le
dos... La mêlée est générale : l'adjudant Le Capitaine GRANDBESANÇON et le
sergent-chef NICOLE HONORAT abattent chacun un Messerschmitt 109 (victoires
homologués). La mission est réussie, puisque ayant attiré les chasseurs
allemands sur eux, les Vought de la marine ont pu placer leurs bombes au but en
ne perdant qu’un avion abattu par la flak, mais le pilote blessé s’en sortira.
Le
s/c NICOLE vit pour sa part une aventure pas banale : son appareil ayant
été criblé de balles, il doit se poser en catastrophe dans la campagne sur la
rive droite de la Seine, blessé à la tête et au pied. Ayant pu regagner le
fleuve, constatant que les Allemands occupent toute sa partie nord, il le
traverse à la nage, mais ayant trouvé une barque et retourne chercher un petit
détachement de soldats perdus qu’il avait rencontré sur son chemin... C’est
sous le feu de l’ennemi que s’effectue sa troisième et dernière traversée, acte
héroïque qui lui vaudra plus tard la médaille militaire et une citation à
l’ordre de l’Armée, après avoir rejoint son escadrille.
10 juin 1940 - Les troupes allemandes se rapprochent dangereusement de
Deauville. Le GC III/10 aussi présent sur ce terrain est parti dans la nuit et
le GC II/8 reste en arrière garde.
11 juin 1940 – Cette fois –ci l’ordre de repli est donné à temps :
le Groupe peut évacuer sans difficulté ses hommes et son matériel sur
Estrée-la-Campagne, près de Caen. Ce terrain est un modèle du genre. Les avions
et les véhicules de l’échelon roulant sont admirablement camouflés dans des
bois de pins et restent invisible de l'ennemi... mais c’est un véritable
bourbier, sans réserve de vivres, de carburant, d’huile et de munitions !
Dans les jours qui suivent, le Groupe procède tant bien que mal à deux missions
au bénéfice de la Marine et à quelques reconnaissances, sans ordre supérieur,
pour se renseigner par lui-même sur l'avance allemande. A cette date, l’échelon
roulant est réduit à 7 camions et camionnettes et à 30 mécaniciens... Paris est
occupé et les Britanniques constatant l’inutilité de leur concours se préparent
à rembarquer leurs troupes... Les routes vers la Normandie et la Bretagne sont
grandes ouverte devant les unités allemandes...
15 juin 1940 - Ordre est donné au II/8 de rejoindre le terrain de
Cherbourg Maupertus. C’est un beau terrain du temps de paix, mais bien visible
et reconnu de nombreuses fois par l’ennemi : d’autres unités aériennes y
sont déjà présentes. C’est également un terrain boueux avec des bois à son
pourtour permettant de camoufler les avions. L’amiral NORD envisage de tenir
Cherbourg avec la même résolution qu’à Dunkerque.
16 juin 1940 – Le Groupe est en alerte pour la défense de Cherbourg,
mais il ne reçoit plus aucun renseignement des postes de guet : les Bloch
devraient donc décoller à vue si ses bombardiers ennemis arrivaient dans le
secteur, mais la pluie et le brouillard dissuadent les allemands de s’en
approcher.
17 juin 1940 – Le Groupe va enregistrer ce jour-là sa dernière
victoire. Le plafond est encore très bas, et en fin de journée une patrouille
est chargée de la protection des Vought de la marine allant bombarder une
colonne ennemie qui remonterait le Cotentin à une vitesse incroyable, mais sans
l’apercevoir... A la nuit tombante une seconde patrouille se précipite vers des
bombardiers au-dessus de Cherbourg. : l'adjudant VEYRUNES attaque un
Heinkel 111 qu'il abat en mer et rentre se poser à la nuit tombée. Personne ne
dort par cette nuit d’apocalypse car une attaque de chars est redoutée. Le
maréchal Le Maréchal Pétain parle à la radio et annonce qu’il demande
l’armistice... La DCA de Cherbourg tire dans tous les sens... L’Armée fait
sauter toute ses installations et ses stocks...
18 juin 1940 – L’amiral ABRIAL veut résister à Cherbourg et impose la
présence d’une escadrille jusqu’à la dernière minute. On tire au sort !
C’est la 4e qui... perd et qui reste ! Les avions de la 3e
décollent à h 00 et vont se poser à Saint-Jacques de la Lande, 6 km à
l’ouest de Rennes, tandis que ce qui reste de l’échelon roulant est en route
pour Rochefort. C’est ensuite dans la pagaille la plus complète, et chacun pour
soi faute de communication, que les pilotes évacuent Cherbourg et Rennes, via
Nantes, pour Rochefort, en abandonnant en route quelques appareils, toujours
environnés par les éléments avancés de l'armée allemande.
Rochefort
ne sera qu’une étape, puisque le 20 juin, via Bordeaux, Agen et Toulouse,
abandonnant encore en route quelques appareils, c’est un retour à la case
départ pour le Groupe qui a reçu finalement l’ordre de rejoindre Marignane.
Mais ce terrain est totalement encombré et les allemands commencent leurs
bombardements dans le sud-ouest....
21 juin 1940 -... et par mesure de sécurité de GC II/8 est desserré sur
Aix les Mille, ancien terrain civil ne disposant ni de hangars, de ne
bâtiments. C’est dans ces conditions ultimes que les hommes du GC II/8, Groupe
aérien qui n’a pas été choisi pour être évacué vers l’Afrique du Nord,
apprendront hébétés la signature des armistices avec l’Allemagne puis avec
l’Italie, sans avoir compris comment la France en si peu de temps avait vu être
vaincue par son ennemi séculaire...
A
cette date le s/lt MOUSSET est toujours hospitalisé et on a donc peu
d’informations sur lui de ce qu’il fit pendant le reste de la guerre. Il ne
sortit de l’hôpital qu’à l’automne 1940 puisque son camarade Menneglier l’a
rencontré par hasard à Lyon en octobre et a écrit dans ses mémoires :
«... Un
jour traversant la place qui est devant cette gare (Perrache), la place de
Verdun peut-être, je tombai sur Mousset qui me raconta son histoire. Il était
dans une unité de Bloch 152 et, se posant à la nuit tombante sur le terrain de
Deauville, il encadra un talus en bordure de piste et prit un
"casse-croûte pare-brise" qui lui cassa le maxillaire inférieur et
déplaça le supérieur. Il était sorti depuis peu de l'hôpital et était en train
de se faire refaire les dents endommagées... »
Il
rejoint alors son Groupe II/8, un des six groupes aériens maintenu en zone
libre après l’armistice. Il est revenu s’installer à Marignane où rien ne se
passera jusqu’au débarquement anglo-américain sur les côtes d’Afrique du 10
novembre 1942 : la zone libre est envahie par les troupes allemandes qui
prennent possession des avions et des drapeaux de la 8ème le 25
novembre sur le terrain de Saint-Rambert-d’Albon.
Le
s/lt MOUSSET, qui avait été nommé lieutenant le 22 août 1941, fut mis en
« Congés d’armistice » le 1er mars 1943. Il se trouvait à
Lourdes le 15 septembre 1942, avec quelques autres camarades de la promotion
« Mézergues », pour le mariage de son grand ami Jean MENNEGLIER qui
avait dû quitter l’Armée de l’Air en Algérie dès fin 1940 pour être affecté à
l’organisation « Jeunesse et Montagne ».
1945 -
1952
Après le débarquement de 1944 et la libération de Paris en août,
le nouveau gouvernement du Général De Gaulle appela petit à petit les anciens
militaires mis en disponibilité sous le régime de Vichy à reprendre leur
service et le combat pour les derniers mois de guerre. Mais pour les pilotes
qui n’avaient plus volé depuis plusieurs années une nouvelle formation était
indispensable et celle-ci devait s’étaler sur plusieurs mois du fait de
l’évolution considérable des matériels, des techniques et des tactiques. Rien
n’était vraiment prêt en France pour cela et c’est le centre de Kasba-Tadla,
200 km au sud de Mekhnès, dans le désert marocain qui fut choisi.
Alain MOUSSET, nommé capitaine le 25 mars 1945, est affecté
comme stagiaire à Mekhnès le 13 avril juste avant l’armistice du 8 mai :
c’est donc là qu’il apprend que la guerre est finie, sans avoir pu combattre à
nouveau, avant d’être admis à l’École de perfectionnement de pilotage KASBA
TADLA le 17 mai 1945.
Cependant, il ne fut pas dirigé à l’issue de cette
formation vers un Groupe opérationnel, mais au 3ème bureau de
l’État-major du Commandement de l’Air en Algérie, et ce, à compter du 15 mars
1946.
Pour réparer sans doute un oubli dû à la débâcle de 1940,
il est cité à l’Ordre de l’Escadre Aérienne le 5 avril 1946 :
S/lt MOUSSET
Citation à l’Ordre de l’Escadre Aérienne
« Jeune officier pilote, d’une haute conscience. Toujours
volontaire pour les missions les plus dangereuses, a, au cours de la période de
septembre 1939 à mai 1940, effectué trente missions de guerre dans des
conditions souvent difficiles.
Le 27 mai 1940, au retour d’une mission, a été grièvement blessé au
cours d’un atterrissage sur un terrain de fortune encombré d’obstacles. »
Le 15 juin 1947 il est affecté à l’Ecole de Chasse de
Mekhnès.
Insigne de
l’Ecole de Chasse de Mekhnès
En 1950, pour envisager de progresser dans la hiérarchie de
l’Armée de l’Air, il rentre à l’Ecole d’Etat-major de Paris, où il y retrouve
son grand ami Jean MENNEGLIER.
1950 –
Ecole d’Etat-major – Paris
(X) En
haut : Capitaine Alain MOUSSET
(X) En
bas : Capitaine Jean MENNEGLIER
Le 1er janvier 1951 il est muté au C.A.E.O.
(Commandement de l’Air en Extrême Orient) basé à Saigon, où il prend le
commandement du 3ème bureau (Opérations).
Insigne du
C.A.E.O.
Il est nommé Commandant le 1er octobre 1951.
Le décret du 21 décembre 1951 le fait Chevalier de la Légion
d’Honneur et il est également cité à l’Ordre de l’Armée Aérienne :
Commandant MOUSSET
Citation à l’Ordre de l’Armée Aérienne
« Officier supérieur d’une hauteur morale exemplaire, d’une volonté,
d’une intelligence et d’une autorité qui autorise le commandement à fonder sur
lui les plus grands espoirs.
Après avoir été victime d’un grave accident aérien n’a eu de plus
vive ambition que de reprendre au plus tôt son entraînement et sa place parmi
les pilotes de chasse. A alors suivi avec le plus brillant succès les cours de
l’Etat-major de l’Air.
Affecté au commandement de l’Air en Extrême Orient, s’attache à
participer au maximum aux opérations aériennes malgré les exigences absorbantes
de ses fonctions de chef du 3ème bureau.
Totalise ainsi 1301 heures de vol dont 101 heures de vol de guerre
et 26 heures de vol de guerre n°2 en 10 missions. »
Donnant beaucoup de sa personne, il assure de très
nombreuses liaisons sur le terrain. C’est au cours d’une de celle-ci qu’il
trouve la mort le 30 mai 1952 à HOA-KHUE-TAY à bord du SNCAC NC 701
« Martinet » (1) n° 215 immatriculé F-SCTB, dont l’équipage de
l’E.L.A 00.064 comprenait le capitaine BODELLE, le sous-lieutenant CLAUDE, le
sergent DUFOUR, tués, et le sergent-chef DELORME blessé.
Etant donné que Le NC 701 était un peu sous motorisé et
volait très mal sur un moteur, et au regard des circonstances de l’accident,
certains ont avancé l’idée qu’un des moteurs serait tombé en panne au
décollage, que l'avion n'aurait pas pu prendre de l'altitude et que le pilote
aurait voulu faire demi-tour pour revenir au terrain : il n'aurait pas pu
garder une altitude suffisante pour effectuer la manœuvre et aurait finalement
touché le sol.
SIEBEL 204 - S.N.C.A.C. NC.701 « Martinet
(1) Le
NC 701/702 « Martinet » était à l’origine un avion allemand, le
Siebel 204, bimoteur de liaison équipé de moteurs Argus AS 411 TA à hélices
bipales, qui avait effectué son premier vol en 1941. Il était dévolu
initialement au transport et la formation des équipages. Sa fabrication avait été délocalisée en partie en France à la
Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Centre (SNCAC) dont l’usine
se trouvait à Bourges. Les outillages étant toujours utilisables après la
Libération, sa construction fut poursuivie par la France pendant plusieurs
années avec différentes évolutions. Environ 350 exemplaires furent livrés à
l’Armée de l’Air française.
Alain MOUSSET n’avait pas encore 35 ans.
Commandant MOUSSET
Citation posthume à l’Ordre de l’Aviation Française
« Officier pilote de grande classe, chargé des opérations au 3ème
Bureau de l'Etat-major de l'Air en Extrême-Orient, s'est acquitté de cette
tâche dans des conditions remarquables malgré les difficultés toujours
croissantes.
Par ses hautes qualités morales, son dynamisme, sa bonne humeur,
ses connaissances professionnelles, s'est rapidement imposé comme un modèle.
A trouvé la mort en service aérien commandé le 30 mai 1952 au cours
d’une reconnaissance aérienne dans la région de Tourane où se déroulait une
importante opération. »
La promotion 1937 « Mézergues » de l’École de l’Air a payé
un très lourd tribut à l’aviation en perdant 66 de ses 110 élèves en combat
aérien ou en « Service Aérien Commandé ». En 1987, cinquante ans
plus tard, quelques-uns de ses 44 survivants se sont retrouvés lors d’une
cérémonie à Salon de Provence (*) et ont pu se recueillir à la mémoire de leurs
glorieux camarades.
Aux jeunes du Lycée
Corneille de Rouen, dont MOUSSET a été un brillant élève et dont le nom qui
figure sur leur Monument aux Morts,
d’honorer maintenant de le garder le souvenir de ces enfants de France qui ont
tout donné pour notre beau et grand pays...
ÉCOLE DE L’AIR
SALON DE PROVENCE
OFFICIERS DE LA PROMOTION « MÉZERGUES » (1937)
« MORTS
POUR LA France » et en « SERVICE AÉRIEN
COMMANDÉ »
ALLÈGRE |
DESCLAIRE |
LANCERY |
VALETTE |
ANTOINE |
DUCHÊNE |
LANCESSEUR |
PETIT |
AQUILINA |
EYMERY |
LE STUM |
PERSONNIC |
AUDEBERT |
FARCOT |
LE TILLY |
POMIER LAYRARGUES (7) |
BARBIN |
FEUILLERAT |
LÉVY LOMBART |
PRÉVOST |
BATUT |
FICHEPAIN |
LUNETde la MALÈNE |
ROCHAS |
BOUILLANNE |
FLANDI |
MADON (5) |
ROYER |
BOUTAREL |
FOURNIER |
MAILLOUX |
SAGON |
BOYRAU |
GEIN |
MAYERHOEFFER |
SCHUTZ |
BRACHET (1) |
De GAISNE de BOURMONT |
MICHAUD |
SCOTTE |
CARCOPINO |
GILBERT |
MINE |
SILVAN |
CHAMBON |
GOUACHON-NOIREAUT (2) |
MOUSSET |
THOREL |
CHENEVAL |
GUÉRIN |
NEUMANN |
TRÉMELO |
CONDÉ |
GUILLEMIN |
PAOLI (6) |
|
COUGARD |
HUMBERT |
PATURLE |
|
COURAUD |
JEANDET (3) |
PELLETIER |
|
DÉMOULIN |
de LA TAILLE TRÉTINVILLE (4) |
PELLIOT |
|
(1) Parrain de la promotion 1948
(2) Parrain de la promotion 1955
(3) A donné son nom à la Base Aérienne BA 133 « Commandant
Henry JEANDET »
(4) Parrain de la promotion 1988
(5) Parrain de la promotion 1972
(6) A donné son nom à la Base Aérienne BA 123 « Commandant
Charles PAOLI »
(7) Parrain de la promotion 1943
(*) Il s’agit de la cérémonie annuelle dite
« des Poignards » : les « Poussins » de la promotion
1987 de l'Ecole de l'air, qui ont choisi comme parrain le « Général
BOICHOT », se voient remettre leur poignard par les « Aspirants »
de la promotion 1988 « de la Taille Trétinville ». Les invités
d'Honneur sont non seulement les anciens de la promotion des 20 ans,
c'est-à-dire ceux de la promotion 1967 « Capitaine PÉRONNE », mais
aussi ceux des promotions 1957, 1947 et 1937 : en savoir plus sur les
traditions de l’Ecole de l’Air.
L’Ecole de
l’Air de Salon de Provence en 1987
Carton
d’invitation des Anciens de la Promotion « Mézergues » 1937
à la
cérémonie « des Poignards » de l’année 1987
29 octobre
1987 - Salon de Provence – Ecole de
l’Air
Les
Anciens de la promotion « Mézergues » autour du Général PÉLISSON
3ème
rang : Emmanuel PORODO - Marie-Henri SATGÉ - Antoine de LA VILLEON –
Paul BOYER
de BOUILLANE – Jean ARNAUD – Fernand FUCHS – Edmond BLANCHE – Pierre GOUEL –
Jacques MÉES
2ème
rang : Henri DUGIT-GROS – Jean-Jacques CAVAROZ –Jacques du BOUCHER – Yves
RUPIED – Auguste GOUPY – Paul-Jean BOUDIER
1er
rang :Jean MENNEGLIER – Jean-René LEBRETON –
Rédaction et mise en
page :
Principales
photographies : Collections MENNEGLIER et CELSE – Droits réservés
Remerciements :
Frédéric VIVIEN –
Professeur au Lycée Corneille Rouen (2)
Christian-Jacques
EHRENGARDT : « Le GC II/8 » (« Aéro-Journal » n°35 –
2004)
Henri GUYOT
Philippe MENNEGLIER
Lucien MORAREAU
Bernard PALMIERI
(1) Ancien élève du
Lycée Corneille de Rouen : 1961/62 et 1963/1965
(2) A la demande du quel
cette page a été réalisée pour compléter le Livre d’Or de l’établissement.