Cette page est une annexe à la page : Victoires aériennes - Chasse française - 1939/1945

faisant partie du domaine : GROUPE DE CHASSE GC III/6 (3/6)

du SITE PERSONNEL de FRANÇOIS XAVIER BIBERT

 

 

L’album familial du sergent Henri BIARD

27 mai 1914 – 18 septembre 1999

et son « Carnet de Guerre » au GC II/3

Merci à Jean Biard, son fils, Marie-Joseph Mithieux, sa fille et Valérie Meyer, sa petite fille, pour la mise à disposition des documents familiaux

et à Lionel Persyn qui a pu nous apporter les informations historiques manquantes pour la documentation de ceux-ci.

 

 

"Dans les avions abattus il y avait des pères de famille..."

Henri BIARD à ses enfants

 

 

L’AVANT-GUERRE  -  BOURGES et DIJON –  1936/1939

 

 

Usine Hanriot à Bourges

 

 

Ecole de pilotage à Bourges

 

1936 - Bourges - L’usine Hanriot

1936 –Bourges – Usine Hanriot – L’école de pilotage

 

 

 

Usine Hanriot à Bourges

 

 

Ecole de pilotage à Bourges - Salle de cours

 

Visite de l’usine Hanriot par des élèves de l’école de pilotage

Salle de cours de l’école de pilotage

 

 

 

Henri BIARD

 

 

A1donis MOULENES

 

Henri BIARD à l’école de pilotage de Bourges

Adonis MOULÈNE, moniteur à l’école de pilotage de Bourges

Sergent-chef au GC III/7 pendant la campagne de France,

il regagnera l’Angleterre dès le 25 juin 1940

 

 

 

Henti BIARD - Hanriot 182 n°10 - F-AOJI

 

Henri Biard devant le Hanriot 182 n°10 F-AOJI de l’école de pilotage de Bourges

 

 

 

Amiot 143

 

 

Dewoitine D.500

 

Passage à Bourges de l’Amiot 143 n°100 immatriculé E327

Passage à Bourges d’un Dewoitine D.500

 

Spad

 

 

Morane Saulnier MS 335 - 3ème escadrille GC II/8 - 3C1

Spad

Morane-Saulnier MS 225 codé 5 de la 3ème  escadrille du GC II/8 – 3C1

 

Pptez 540

 

 

Nieuport-Delage NiD 622

 

Potez 540

Nieuport-Delage NiD 622 n°503 immatriculé R779.

 

Dewoitine D.510 - GC II/1 - SPA 62

 

 

Dewoitine D.510 - GC 1/5 - SPA 67

 

 Dewoitine D.510 de la 4ème escadrille du GC II/1 – SPA 62.

Dewoitine D.510 de la 1ère escadrille du GC I/5 – SPA 67

 

Nota : les 6 photos ci-dessus de la collection BIARD n’ont à priori pas de rapports directs avec la carrière du pilote et les lieux de prise de vue sont indéterminés

 

 

 

Henri BIARD - Dewoitine D.500 - GC II/3 - SPA 37

 

Fin mars 1938 - Le sergent Henri Biard est affecté à Dijon

sur D.500 à la 3ème escadrille du GC II/3 – SPA 37.

 

 

SPA 37

 

L’insigne de la 3ème escadrille du C II/3 – SPA 37

 

 

 

GC II/3 - Colonel LAMONT

 

Dijon-Longvic – 1938 - Personnels du GC II/3 devant un Dewoitine 500 – Au fond le monument Guynemer

Quatrième à partir de la gauche, debout au second rang, les mains dans les poches, le colonel LAMON.

Faisant office de Commandant de Base le 10 mai 1940, lors des violents bombardements de l’aérodrome, il sera tué d'un

éclat de bombe en plein cœur à proximité de ce monument, alors même qu'il tentait de rejoindre son avion pour intervenir

 

 

LA GUERRE – SEPTEMBRE et OCTOBRE 1939 – FAYENCE, DIJON...

Sur Morane Saulnier MS 406

 

 

Morane -Saumnier 406 - Lule MORLAT

 

 

Henri BIART et son mécanicien BRICE - MS 406

 

Le Morane MS 406 n°989 du patron du GC II/3, le commandant Jules MORLAT

Henri BIARD et son mécanicien BRICE sur l’aile de son Morane MS 406 n°125 - N444

 

 

 

Pptez 63 de cpmmandement - GC II/3

 

Fayence - 8 septembre 1939

Les restes du Morane MS 406 n°125 d’Henri BIARD après un accident

dont il a réchappé par miracle en se faisant très peur

Henri BIARD à bord d’un Potez 63 de commandement du GC II/3

 

Pilotes du GC II/3

 

 

Pilotes du GC II/3

 

Pilotes du GC II/3 devant un Potez 63 de commandement

Pilotes du GC II/3 devant leur Morane 406

 

 

NOVEMBRE 1939 - UN LIEUTENANT DU GC II/3 VICTORIEUX...

 

 

Lieutenant BISSOUDRE

 

 

Le lieutenant BISSOUDRE devant les restes fumants du Dornier 17 qu’il a descendu le 23 novembre 1939.

 

 Livre de marche - JEUDI 23 NOVEMBRE 1939 

 

1) Une patrouille triple en alerte.

2) Sur renseignement de guet à 9h10 une patrouille légère décolle sur alerte :

    - couverture NORD de DIJON

    - altitude 7 000 mètres

    - adjt/c ISOLA, s/lt PRAYER

Sur nouveaux renseignements de guet elle effectue des recherches :

    - vers CHATILLON

    - puis DIJON où elle prend contact avec un DO.17, qu’elle attaque de loin sans résultat appréciable,

mais donne la position par radio à 10h35.

Durée de la mission : 1h40

3)Sur renseignement de guet à 09 h 35 une patrouille légère décolle sur alerte :

    - couverture EST de DIJON

    - altitude 7 000 mètres

    - lt BISSOUDRE -sgt TOURNÉ

Sur nouveaux renseignements de guet, elle effectue des recherches dans la région BESANÇON – ORNANS –

BAUME LES DAMES - VESOUL, puis revient vers GRAY où à 10h35, sur renseignements de contact de la patrouille

précédente, elle est dirigée sur DIJON. Elle prend le contact du DO 17 qui marche direction EST et attaque ;

l'avion ennemi est abattu à BOULLANS (15 km EST de BESANÇON) par le lt BISSOUDRE.

 

 

 

 

LA GUERRE - HIVER 1939/1940 – CONNANTRE, AUZAINVILLERS...

toujours sur Morane Saulnier 406

 

 

Henri BIARD

 

 

Henri BIARD

 

 

Henri BIARD

 

Henri BIARD pendant l’hiver 1939/1940, avec son Morane 406, dans la boue et dans la neige, sans doute à Connantre

 

 

LA GUERRE – PRINTEMPS 1940 – BOUILLANCY...

Après remplacement des Morane Saulnier MS.406 par des Dewoitine D.520

 

 

Heinkel 111 7A of 1.(F)/121 shot down by GC II/3 on 21. 5. 1940
Fw. Helmut Marx
Lt. Georg Henke
Uffz. Arthur Neubert
Uffz. Georg Gawron.

 

La victoire en collaboration du sergent BIARD du 21 mai 1940 sur son Dewoitine D.520 n°137,

juste avant d’être lui-même abattu à Arleux, au sud de Douai

 

Mission de l’appareil abattu : vol de reconnaissance pour observer les mouvements de troupes

Date. 21 mai 1940

Unité: 1 Staffel / Fernaufklaerungsgruppe 121

Type : Heinkel He 111 - Nr. 5566 - Code: 7A + HH

Pilote: Fw Helmut Marx 53501/20, né le  09.09.1914 à Oberndorf. (+)

Observateur: Lt Georg Henke 53501/7, né le 20.02.1917 à Mayence (+)

Radio: Uffz Arthur Neubert 53501/44, né le 06.09.1913 à Oelsnitz (+)

Mitrailleur : Uffz Georg Gawron 53501/31, né le01.12.1915 à Kiel (+)

Cet avion a été abattu à Roost Warendin, à 10 km au nord de Douai, par un groupe de Dewoitine D.520 du Groupe de Chasse II/3, dont les pilotes suivant ont participé à l’attaque : cpt André Naudy, lt Maurice Bissoudre, adjt/c. Charles Dessaulx, s/c Robert Tourné, sgt Henri Briard,et c/c Karel Körber (tchèque)

 

 

APRÈS L’ARMISTICE – A.F.N.

sur Dewoitine D.520

 

 

 

 

 

 

Début juillet 1940 - Henri BIARD en compagnie de son frère Eugène à Oran / La Sénia

Le sergent BIARD à bord du Dewoitine D.520 n°37, avec lequel

 il a traversé la Méditerranée, en vol entre Oran et Fès le 12 juillet 1940

 

 

 

 

 

 

Carnet de guerre d’Henri BIARD

sergent pilote au GC II/3

 

« Petit aide mémoire commencé à la veille de mon aventure dans le Nord ».

Italique : Notes d’explication (FXB)

28 août 1939

Nous quittons la base de Dijon pour Fayence (Var).

Nous apprenons la déclaration de guerre dans ce pays.

Le 8 septembre : J’ai un sérieux accident d’avion. J’en suis quitte pour la frayeur et l’avion est détruit par le feu.  PHOTO

Le 11 septembre : Nous quittons Fayence pour Cannes.

A part quelques jours d’arrêt ; conséquence de mon accident, c’est le beau temps et la plage.

Le 8 octobre : Heureuse surprise ; nous quittons Cannes pour Chambaran (Aérodrome de Marcirolles-Chambaran – Isère – Entre Lyon et Grenoble) ; le même soir je suis à Veyrins (Veyrins-Thuellin – Isère – A 55 km de Marcilloles – Domicile familial) et je garde ma chère femme huit jours avec moi à Chambaran.

Le 17 octobre, nous partons pour Dijon où, six jours après environ, ma femme me rejoint.

Là commence le travail de guerre ; nous faisons de nombreuses missions de guerre, soit couverture, soit D.A.T. Nous restons là encore novembre et décembre ; le 12 janvier 1940 j’attaque vers Vesoul un Heinkel 111. Je réussis seulement à le mettre en fuite.

Le 19 janvier : Nous quittons Dijon pour Connantre (Marne - Entre Reims et Troyes) non sans avoir le cœur serré car pour beaucoup on sent que c’est la fin de la vie de famille.

Connantre ? On arrive dans la neige et les bois ; enfin on s’adapte ; on fait des missions sur le front de l’est.  PHOTOS

R.A.S. toujours.

J’ai durant ce temps ma première permission de détente. Nous restons là jusqu’au 10 avril ; jour où nous partons pour Maubeuge. Vers la fin du mois j’ai ma seconde perme de détente.

Quand je rentre, je voyage 3 jours à la recherche de mon Groupe ; celui-ci a cru bon de filer à Auzainvilliers près de Vittel (Vosges). J’arrive à trouver l’échelon roulant en instance de départ ; les avions sont déjà partis la veille pour le midi au Luc. Je vais à Nancy chercher mon avion qui a été convoyé la veille là-bas, c’est le jour de l’offensive allemande contre la France et ses premiers bombardements. Le lendemain 11 mai, je rejoins Le Luc en passant par Veyrins.

Pendant 10 jours on fait la navette entre Le Luc, Toulouse, Cannes pour aller chercher nos nouveaux avions Dewoitine 520. On abandonne nos Morane 406.

Le 20 mai : Nous remontons au front à 20 km au nord de Meaux à Bouillancy.

Le 21 mai : Je pars en mission ; une patrouille double (6 appareils), il est 13 heures environ : au nord de Douai nous attaquons un Heinkel 111, l’avion ennemi lâche de grosses fumées, mais dans l’engagement c’est mon avion qui brusquement a le moteur qui claque et lâche d’épaisses fumées blanches et noires.  PHOTO

 

Après avoir abattu ce Heinkel 111 et être allé lui-même au tapis le 21 mai à Arleux, Henri BIARD vivra du 22 mai au 2 juin 1940 mille péripéties pour réussir à rejoindre son Groupe à la Ferté Gaucher... En passant par Dunkerque en feu sous les bombes, en regagnant par miracle Cherbourg par bateau, en traversant la Normandie en train de marchandises...

 C’est cette étonnante aventure qu’Henri Biard a relaté au jour le jour dans son carnet et qu’on peut découvrir ci-dessous !

 

1

28 août 1939

DIJON - FAYENCE

2

11 septembre 1939

FAYENCE – CANNES

3

8 octobre 1939

CANNES – MARCIROLLES

4

17 octobre 1939

MARCIROLLES - DIJON

5

19 janvier 1940

DIJON – CONNANTRE

6

10 avril 1940

CONNANTRE – MAUBEUGE

7A

vers 28 avril 1940

(train) MAUBEUGE – BOURGOUIN JAILLIEU (Départ en permission)

 

30 avril 1940

9 mai 1940

MAUBEUGE – AUZAINVILLERS (Vittel)  (Déplacement du Groupe 1)

AUZAINVILLIERS – LE  LUC (Déplacement du Groupe 2)

7B

vers 6 mai 1940

(train) BOURGOUIN 6JAILLIEU – AUZAINVILLIERS (Retour de permission)

7C

10 mai 940

(train) AUZAINVILLIERS – NANCY (récupération MS 406)

8

11 mai 1940

NANCY – VEYRINS (pour retrouver le Groupe)

9

12 mai &940

VEYRINS – LE LUC (pour retouver le Groupe)

10

mi-mai 1940

LE LUC – TOULOUSE (Ms 406)

11

mi-mai 1940

TOULOUSE – LE LUC (Dewoitine 520) (plusieurs voyages)

12

20 mai 1940

LE LUC - BOUILLANCY

13

21 mai 1940

BOUILLANCY – Abattu à ARLEUX (Douai) -

14

22 au 24 mai

(à pied, en voiture) DOUAI - DUNKERQUE

15

28 au 30 mai 1940

(bateau) DUNKERQUE - CHERBOURG

16A

30 mai 1940

CHERBOURG – LISIEUX

16B

1 juin  1940

LISIEUX - PARIS – LA FERTÉ GAUCHER

17

4 juin 1940

(train) LA FERTÉ GAUCHER – BOURGOUIN-JALLIEU

18

5 juin 1940

(train) BOURGOUIN JALLIEU - CANNES

19

7 juin 1940

CANNES – LE LUC

20

7 juin 1940

LE LUC - LYON

21

7 juin 1940

LYON - ROMILLY

22

11 juin 1940

ROMILLY - LA FERTÉ GAUCHER

23

12 juin 1940

LA FERTÉ GAUCHER - MONTARGIS

24

13 juin 1940

MONTARGIS - AUXERRE

25

13 juin 1940

AUXERRE – BOURGY (Avord)

26

13 juin 1940

BOURGY (Avord) – SAINTE SOLANGE (Bourges)

27

16 juin 1940

SAINTE SOLANGE (Bourges) - LAPALISSE

28

17 juin 1940

LAPALISSE - VALENCE

29

17 juin 1940

VALENCE – LA SALANQUE (Perpignan)

30

20 juin 1940

LA SALANQUE (Perpignan)- ALGER

 

Je lâche aussitôt le combat et prend le cap 200 pour essayer de laisser les lignes allemandes le plus loin possible ; je ne sais pas exactement leur position. Je continue avec le moteur jusqu’à ce que le feu devienne dangereux et je me prépare à utiliser le parachute.

Voyant le feu s’aggraver, je coupe l’essence et fait fonctionner l’extincteur : le feu a l’air éteint, mais je reçois sur le pare-brise d’énormes projections d’huile ; je décide alors de continuer en vol plané, le plus possible de ce que je suppose être nos lignes et de me poser train rentré. J’essaye de me rattacher ; je n’y parviens pas ; ayant lâché les commandes pour cela, l’avion pique et je dois le rattraper. Je le redresse à 200 m environ, je n’ai plus de moteur, il faut poser l’avion immédiatement. Face à moi, une petite colline ; je pique un peu pour virer ; je m’appuie fortement de la main gauche au support du collimateur et pose l’avion sans train dans un champ de blé.

Secousse pas trop forte, l’avion glisse sur le ventre un peu, se met en travers et s’arrête en 50 m environ ; je saute aussitôt de la carlingue et regarde autour de moi. Je vois des civils à 200 m, je les rejoins, un side-car militaire m’emmène à un Q.M.

Je suis 10 km au sud de Douai, à Arleux.

Les boches sont à 2 km de là et j’ai failli tomber chez eux. J’explique ma situation.

Aussitôt après j’assiste à un combat entre un Curtiss contre 5 Messerschmitt.

Le Curtiss descend un Messer mais (son pilote) doit sauter en parachute également. Avec quelques soldats je pars à sa recherche. Quand nous sommes en rase campagne arrive un Messerschmitt 109 à 100 m au dessus de nous. Nous faisons un plat ventre avec ensemble et j’ai bien peur qu’il nous voit. Certainement il nous aurait mitraillé. Mais il passe à la verticale de nous et ne voit rien. Soulagements. Deux heures après un autre combat, c’est un Morane qui est en flammes. Le pilote, le s/lt Salaun du 3/6 saute en parachute. De nouveau on part à sa recherche ; on le trouve blessé de deux balles à la jambe.

Le soir je me déplace avec le régiment de Dragons portés qui m’a recueilli. Nous allons à coté de Douai.

Le 22 mai : Je réussis à me faire conduire à Douai ; je pars à pied ensuite à la recherche d’une occasion, mes vêtements de vol et mon parachute sur le dos. Un capitaine en voiture me charge après avoir vérifié mes papiers que j’ai heureusement avec moi.

Nous allons à Lens ; triste spectacle des réfugiés qui ont faim et sont fatigués. A Lens ce capitaine cherche des pièces de rechange dans un garage ; la ville est abandonnée et pillée. Je subis mon premier bombardement aérien ; on entend des avions et les premiers éclatements des bombes ; on se glisse dans une descente de cave à l’aveuglette et tout tremblant on attend. Une grosse détonation secoue le sol, les vitres tombent ; c’est fini. On sort avec précaution. Une bombe a éclaté à une cinquantaine de mètres de nous, une autre à 2 m de la voiture n’a pas éclaté. On part de suite, ayant peur qu’elle ne soit à retardement. On sort de la ville, mais à nouveau les avions ennemis sont là ; on se couche dans les fossés, mais cette fois les bombes tombent loin. Nous continuons notre route et je mange un sandwich que les soldats qui sont dans la voiture m’offrent.

A un carrefour, vers La Bassée (Nord - 30 km au sud-ouest de Lille), le capitaine me laisse ; nous prenons une route différente. Scènes d’horreur : un convoi militaire et des réfugiés viennent d’être bombardés ; une ambulance charge des blessés, mais une vingtaine de cadavres gisent çà et là, femmes, enfants, vieillards...

Je continue à pied et trouve un camion anglais qui veut bien me charger jusqu’à Estaires (Entre La Bassée et Hazebrouck). Là je cherche un P.C. et je trouve le général d’aviation Canonne (Général de Brigade Aérienne Paul Canonne, né en 1889, commandant des forces aériennes 101 – 1ère Armée) qui me reçoit affectueusement, me fait servir à dîner. Je prends ensuite le café avec lui et il me donne un mot afin de me faciliter, me disant que le seul moyen de rejoindre ma formation est d’essayer d’aller à Dunkerque et de passer par la mer. Je repars à pied et bien triste.  DOCUMENT

Un convoi militaire à cheval m’emmène un peu plus loin, ensuite c’est un autre d’un E.M. qui me laisse encore plus loin. Je suis suspecté d’être parachutiste ennemi et arrêté ; ce n’est pas la première fois, mais mes papiers suffisent. Je repars ; deux anglais m’arrêtent révolver au poing ; heureusement un officier français est là. Je m’explique avec lui. On me donne à boire, j’ai très soif. Une de ses voitures m’emmène à Hazebrouck à la gare où je constate l’impossibilité de partir par le train. Je reprends donc mon fourbi et repars sur la route.

Je m’arrête encore à un P.C. de liaison franco-anglais. On me reçoit bien et j’attends là le lendemain espérant avoir une voiture pour Dunkerque.

Vers 7h du soir, nous subissons un nouveau bombardement, nous sommes à la cave, les vitres tombent.

Vers une heure du matin, nous sommes réveillés ; le P.C. doit partir. Je pars finalement avec une de leur voiture vers 9h du matin pour m’arrêter quelques km plus loin ; c’est le 23 mai. J’attends à un carrefour, des civils appellent des militaires pour m’arrêter, voyant encore en moi un parachutiste ennemi. Je suis mené vers des anglais qui me gardent prisonnier jusqu’à 4h du soir, m’ayant donné vers 2h de l’après-midi un petit sandwich comme repas.

J’ai faim, je pense à ma chère petite femme, qui sans nouvelle, pleure peut-être et j’ai bien envie de pleurer aussi.

Enfin, je trouve un officier qui m’avait hébergé la nuit d’avant et il éclaircit la situation.

Il me confie à l’E.M. d’un régiment d’infanterie (le 137ème) ; je suis bien reçu mais les nouvelles sont mauvaises : allons-nous être prisonniers ? Ils brûlent tous leurs documents. Je brûle également mes cartes et une pellicule photo. Ceci devait se passer à Steenvoorde (35 km avant Dunkerque). Les cœurs sont bien serrés lorsque le commandant demande leur glorieux drapeau pour le démonter, scier la hampe, être prêt à le brûler au dernier moment, mais ne pas se rendre le drapeau en vie.  DOCUMENT

Nous partons de suite, je dors un peu dans l’auto ; nous nous arrêtons encore au matin dans un petit village ; la matinée se passe ; à midi, presque rien à manger. De suite après midi on repart pour Dunkerque ; en arrivant, on est le 24, pas d’essence de voiture ; les torpilles sifflent et tombent ; j’ai peur et me couche le long d’un mur, mon parachute un peu sur la tête. Ensuite je vais au bureau de la place et on m’envoie au terrain de Mardyck (Dunkerque-Mardyck, terrain d’aviation aujourd’hui disparu suite à l’extension vers l’ouest du port autonome de Dunkerque, se trouvait en fait à l’emplacement actuel des raffineries, entre la commune de Mardyck et le port).

Nouvelles arrestations car je pars à pied de nouveau.

Je subis un second bombardement ; les avions passent bien en direction sur moi ; je me recommande à la Sainte Vierge ; les bombes sifflent ; je suis couché au bas de la route ; je ne suis pas touché. Je trouve encore une voiture et j’arrive au terrain. On me reçoit bien.

Le lendemain 25 mai je retourne à Dunkerque pour essayer de partir ; je retrouve le général Cannone qui ne me donne guère de renseignements ; je dois attendre.

Le 26 mai : Je redescends avec une voiture militaire pour essayer de trouver des provisions et voir des dégâts, car ces salauds de boches continuent à bombarder la ville. Je donne aussi des cartes à la marine anglaise pour essayer de prévenir au cas où je pourrais embarquer. Je rencontre Dessaulx (adj/c pilote du GC II/3) touché en même temps que moi.

Le 27 mai : On doit embarquer. J’assiste au terrain au bombardement intensif de Dunkerque. Par vagues, de 15 à 20h, plus de 100 avions mettent la ville à feu et à sang. Des flammes jaillissent de partout en colonnes formidables hautes de plusieurs centaines de mètres.

Vivement je voudrais partir et prie pour mon Armée ; que la Sainte Vierge la protège et me protège pour elle.

Ce soir-là et la nuit la ville donne un bien triste spectacle ; le ciel est tout rouge.

Le 28 mai : Temps mauvais ; providentiel pour embarquer ; justement nous embarquons le soir. Dans la ville et le port, c’est la désolation, on n’est pas tranquille du tout. La veille, un embarquement anglais a été bombardé et sérieusement touché. Ce soir-là des chasseurs anglais patrouillent au-dessus du port.

Vers 10h du soir on quitte le port. Vers minuit, explosion formidable, j’ai cru que nous étions touche. On stoppe ; c’est rien pour nous, mais un bateau a sauté sur une mine à 500 m devant nous. Je le vois fumer, mais il ne s’enfonce pas vite ; un autre bateau se porte à ses côtés. Tous feux éteints, nous continuons notre route. Au bout d’une heure, nouvelle peur ; nous échappons de justesse à une double collision ; à 20 m à peine, nous évitons un premier bateau, tandis qu’avec le deuxième on s’aborde ; heureusement sur les flancs, un canon seulement est abîmé.

Le 29 mai : Au matin, en longeant les côtes anglaises, nous entendons la messe sur le pont ; elle est célébrée par un prêtre soldat d’un régiment de chars.

En passant devant un port anglais (Douvres), on voit 4 bateaux coulés ; seuls les mâts émergent.

Le 30 mai : Au matin, on débarque à Cherbourg, heureux de mettre pied à terre et sûr d’être libres. Là, on prend un train de marchandises qui nous pose dans un coin de campagne normande à 6 km de Lisieux ; on nous offre du cidre.

Le 31 mai : On attend toute la journée.

Le 1er juin : Après avoir été à Lisieux à pied, on rejoint Paris ; on couche ; le 2 on retrouve le Groupe qui ne nous attendait plus, ayant été portés disparus depuis 13 jours.

Ensuite, après être resté deux jours au Groupe, je suis envoyé chercher un avion à Cannes. Je pars en chemin de fer et j’ai plaisir à m’arrêter presque 24h dans ma famille. Quelle bonne surprise pour tout le monde !…

Je rentre de Cannes le 7 juin ; Cannes, Le Luc, Lyon et !… Romilly, car ce soir-là je ne trouve pas le terrain de campagne où est le Groupe. Je couche à Romilly et le 8 au matin j’arrive à La Ferté Gaucher. Le soir je fais deux missions : rien de spécial.

Le 9 juin : Je ne vole pas.

Le 10 juin : Première mission couverture à 9h ce matin : R.A.S. Je ne suis pas de la mission de midi, faute d’avion. 7h ½ du soir : on reçoit l’ordre de départ immédiat. Rapidement tout est prêt. L’échelon roulant part vers la nuit ; on partira demain au petit jour. Ce soir-là on entend la canonnade au loin. On se couche à 11h.

Le 11 juin : Réveil à 3h du matin ; cause mauvais temps, on ne partira que dans la matinée pour Bray sur Seine (Seine et Marne). On va s’installer, mais on reçoit un nouvel ordre de départ pour Auxerre. On part, mais à cause d’un grain violent sur Auxerre, on se pose à Montargis.

Le 12 juin : Matin, mauvais temps. Après-midi, on décolle les 6 avions ; je m’aperçois que mon hélice ne fonctionne pas ; elle reste au petit pas ; je ne peux suivre, mon moteur chauffe, je n’ai pas de carte, je me repose sur le terrain de Montargis. Impossible de dépanner le jour même. Les mécaniciens du 3/3 arrivent. Peut-être demain ça ira-t-il ? J’en ai assez de cet avion ; les indicateurs de vitesse sont en panne et je n’ai pas d’armement.

Le 13 juin : J’ai passé une bonne nuit chez un apiculteur (1 000 kg de mie lors de sa dernière récolte avec 30 ruches).

On ne réussit pas à dépanner mon hélice complètement ; j’ai un pas intermédiaire. En me rendant prendre de l’essence, l’avion, dans un trou, se met sur le nez. On le remet d’aplomb. L’hélice paraît peu endommagée ; après essai du moteur, je pars tout de même, aussi j’arrive à Auxerre à 11h ½.

A 5h du soir, nous repartons pour un petit terrain à côté d’Avord, à Bourgy.

Un lieutenant tchèque en tour de piste se met en vrille, percute et prend feu. Il est tué et brûlé : c’est le lieutenant Gleich.

8h du soir, nous ne sommes pas sur le bon terrain. On décolle pour se poser 20 km plus loin à Sainte-Solange, au N.E. de Bourges.

Le 14 juin : Temps plus ou moins beau. R.A.S.

Le 15 juin : Matin R.A.S. Soir, mission vers 17h. Je ne peux partir avec les camarades, une charrue qui se trouvait sur la piste m’ayant déchiré un volet d’intrados.

Le 16 juin : Dimanche - Nous venons au terrain à 7h. Je pense à mon Aimée qui doit être à la messe. Matinée, R.A.S. Le soir, ordre de départ pour Perpignan la Salanque et probablement l’Afrique du Nord. On part de suite. On se pose à Lapalisse (Allier - Entre Moulins et Roanne), cause mauvais temps.

Le 17 juin : Départ Lapalisse pour Valence. Ravitaillement essence. Arrivée à la Salanque vers 11h. A midi on apprend par la radio la demande d’armistice. C’est avec terreur que l’on apprend cette nouvelle et les larmes viennent aux yeux. Pas assez d’essence pour traverser.

Le 18 juin : On va raccorder les réservoirs d’ailes et va t’on traverser la méditerranée ?

10h, je constate qu’un de mes réservoirs d’ailes est percé par une balle. Je pars à Toulouse faire réparer ou changer l’avion. Je change d’avion et rentre le soir par un mauvais temps ; arrivée à bord de nuit en 40 minutes.

Le 19 juin : On fait les derniers préparatifs, mais le départ n’a pas lieu aujourd’hui. Sur le terrain, accident d’un Bloch 174 avec un LéO 45. Tout prend feu ; 2 blessés assez grave.

Le 20 juin : Perpignan Alger ; 2h ½. Ce matin à 5h, nous sommes au terrain. A 6h 30 nous décollons, nous prenons de l’altitude et nous gagnons le large. Souvent les yeux se promènent sur les instruments de contrôle du moteur ; tout va bien ; à l’oreille, le moteur a l’air content ; nous avons de l’essence dans les ailes. Nous passons au-dessus des Baléares, ensuite c’est la côte algérienne que l’on voit vers 8h 40. Nous sommes au terrain vers 8h 50. Je ne touche le sol d’Algérie qu’à 9h.

Bonne traversée, mais quand reverra-t-on la France et Veyrins ?… Espérons !!!…

L’après-midi, nous descendons à Alger : ville superbe, très moderne. Le soir, nous mangeons dans un restaurant égyptien : nous mangeons un couscous ; que c’est fort, la bouche est en feu !

Le 21 juin : Nous descendons les avions à Blida. Petit voyage. Tout va bien. On continue à toucher des équipements coloniaux. En car, nous allons retourner à Alger pour la soirée : on couchera à Alger encore ce soir. Non, je pars avec un lieutenant en échelon précurseur à Relizane, au sud-est d’Oran : 1h 10 de voyage, il a l’air de faire chaud.

Le 22 juin : J’ai couché au terrain : ce matin le soleil plombe ; on attend les autres avions.

Les avions sont arrivés à 11h. On a dîné en ville. Le soir on a couché au terrain.

Le 23 juin : Dimanche.

Je n’ai pu aller à la messe. Ce matin, il a plu, mais le soleil a repris le dessus. Il fait bon un petit cireur arabe a décrotté nos souliers pendant qu’à la terrasse d’un café nous prenons l’apéritif.

L’après-midi, R.A.S. Le soir je découvre, avec un officier pilote élève que l’ai rencontré, une petite chambre à l’hôtel. Ce type est de Grenoble.

Le 24 juin : Grâce à ma chambre en ville, ce matin je peux aller à la messe et communier. Il y a longtemps que je n’avais pu le faire. Que deviennent les négociations ? Qu’allons-nous faire ?…

Cet après-midi j’ai envoyé un télégramme à Aimée. J’espère qu’il arrivera bien et que demain j’aurai une réponse.

Le soir, je suis allé prendre un bain maure. C’est bien. Avec masseur. C’est assez curieux aussi quand c’est la première fois. Ensuite on a mangé un couscous dans un petit restaurant arabe.

Le 25 juin : Ce matin on apprend que l’armistice est définitivement signé paraît-il. Quel malheur. Quelles vont être les conditions ? Un tchèque qui avait été blessé au cours d’un combat nous rejoint. Il s’appelle Cukr (sgt Venceslav Cukr, « as » de la campagne de France avec 6 victoires) : il nous raconte cela assez comiquement.

« En attaquant un Junkers 87, il reçoit une balle dans la tête. Aussitôt il ne voit plus mais ne perd pas connaissance. Il pense que la guerre est finie pour lui, mais ne se voyant pas arriver vers Saint-Pierre, nous dit-il, il se demande que faire ? Sauter en parachute, c’est tomber à l’ennemi. Il ne veut pas. Il vire donc sans rien voir et surtout le soleil d’ouest lui chauffe la joue droite. Il en déduit qu’il est à peu près en direction du sud et marche ainsi. Il revoit au bout de quelques minutes et pense alors à se poser avant de nouveau perdre connaissance. Il réussit tant bien que mal. La balle est rentrée dans le sommet du crâne, il saigne. Se cachant dans les blés et marchant, il réussit à rejoindre Sézanne où il est hospitalisé et opéré le soir même. Il a soif et boit de la bière. C’est là qu’une sœur le surprend ; il plaisante et lui dit que s’il avait su qu’elle avait soif aussi, il lui aurait déjà offert à boire ! On lui retire veste et pantalon pour l’empêcher de sortir ! Tant pis ; il sort en caleçon ; on lui retire le caleçon. C’est sûr qu’il va demander à boire, mais on s’empresse de lui rendre ses vêtements. Il est évacué et arrive à Toulouse. Il trouve des tchèques devant s’embarquer le jour même sachant que nous sommes en Algérie. Il ne dit rien et part avec eux et ainsi nous rejoint. »

Le soir à Relizane, un ciel étoilé merveilleux.

Le 26 juin : Belle journée jusqu’à présent. R.A.S. Charles Dessaulx nous arrive également par hydravion.

Le 27 juin : Ce matin des soldats du Groupe ont vu Eugène (Eugène Biard, frère d’Henri, sans doute mécanicien au sein d’un Groupe stationné à La Sénia) à Oran. Ils m’apportent une petite lettre de lui. Je me fais donner un ordre de mission pour Oran et je suis actuellement dans le train pour aller le voir.

Tourné (sgt/c Robert Tourné, 4 victoires) et Le Nigen (sgt/c Edouard Le Nigen, as du GC II/3 avec 12 victoires, hospitalisé à Fès quelques semaines plus tard pour une ablation de l'appendice qui se transforme en péritonite, il décède le 25 juillet 1940 alors qu'il vient juste d'être promu sous-lieutenant.) sont également avec moi. Ils vont essayer de rejoindre l’Angleterre.

Je ne trouve Eugène que le soir à 8h 30. Il était aussi à Oran en ville.

Nous redescendons coucher en ville en discutant ensemble jusqu’à minuit.

Le 28 juin : Le lendemain, je le quitte à 6h du matin et je rentre en car en passant par Mostagadem. J’arrive à Relizane à 9h.

On n’a toujours rien à faire ; on s’ennuie plutôt.

Le 29 juin : Je mets mon petit carnet à jour. Je suis encore au lit ; le soleil est déjà chaud.

Je n’ai pas dû noter depuis que je suis à Relizane qu’il y a beaucoup de cigognes ; les nids de cigognes que j’avais vainement cherché à voir en alsace sont nombreux ici sur les toits ; de jeunes cigognes déjà très grosses essayent leurs ailes.

Ni à Alger, ni à Oran, je n’en ai pas vu. Ici elles rendent la petite ville plus attrayante.

Après-midi, R.A.S.

Le 30 juin : Dimanche - Suis allé à la messe et ai communié. Reste du temps, matinée et soir passés à la terrasse d’un café.

Rien à faire évidemment : on s’ennuie.

1er juillet : R.A.S. ; il fait chaud.

2 juillet : R.A.S.

C’est aujourd’hui que je marque la journée du 2. Comment vit-on ?

Pourquoi n’ai-je pas pensé hier que c’était le second anniversaire de mon mariage ?

C’est donc aujourd’hui 3 juillet que j’y pense, je regrette de ne l’avoir pas fait hier. C’est à midi que j’y ai pensé. Je dînais (déjeunais ?) avec Körber (c/c Karel Körber, de nationalité tchèque), Pavlu (c/c Otto Pavlu – Tchèque), Soumeillout ( ??? ) : j’ai payé une tournée pour cela.

Ce soir j’irai à l’église pour prier notre Seigneur.

La chaleur devient de plus en plus forte ; il y avait 28° dans la chambre, maintenant on doit bien avoir 35°; nous sommes tous en caleçon sur nos lits. Au soleil, il doit y avoir au moins 45°.

A 11h nous avons vu cela ! On réarme les taxis ! Que se passe-t-il ? Pourtant une demi-heure avant un général nous parlait de libération que nous devons attendre dans l’ordre et la discipline.

Ce qui est le plus évident c’est qu’il fait terriblement chaud. Avant-hier j’ai envoyé un second télégramme à Aimée ? Quand aurais-je une réponse ?

Chère Aimée, pourquoi ne sommes-nous pas ensemble !

Enfin restons confiants.

Le 4 juillet : Hier au soir, coup de théâtre ; nous sommes de nouveau en alerte : contre les anglais parait-il ? C’est formidable ! Cependant ils attaquent notre flotte : il est juste que nous nous défendions.

Aujourd’hui il a fait encore bien chaud.

Cependant la journée, rien de spécial !

Ce soir nous venons de boire le champagne avec les tchèques qui nous quittent demain de bonne heure. Ce sont d’excellents camarades qui nous quittent. Ils ont chanté comme ils chantent habituellement, en chœur, très bien.

On espère se revoir.

Le 5 juillet : Körber, Peroutka (sgt Stanislav Peroutka – 2 victoires), Pavlu nous ont quitté ce matin.

La situation avec les anglais devient pour le moins curieuse.

Après-midi passé à la piscine.

Le 6 juillet : Il fait bon, il est bientôt midi. Toujours aucune réponse à mes télégrammes. Ce soir on redescend au camp à 5h pour faire une mission d’interdiction des côtes aux anglais.

Je finis par croire qu’ils ne valent pas mieux que les autres avec les histoires infâmes qu’ils nous font.

Finalement je reste au sol.

Le 7 juillet : Dimanche - R.A.S.

Il y a une messe au camp. J’y assiste. L’après-midi je vais à la piscine.

Le 8 juillet : Je passe presque ma journée à la piscine. R.A.S.

Le 9 juillet : Encore une journée chaude et sans incident. Le soir, je suis allé à la prière à l’église.

Le 10 juillet : Matin, R.A.S.

Je suis allé à la poste ; encore rien. Je vais écrire, les courriers ayant dû reprendre.

Le 11 juillet : J’ai écrit hier. On nous parle de départ. On va à Fès. Dans le Maroc.

Le 12 juillet : Départ pour Fès avec Tourné et un aspirant. On s’arrête à Oran. Raison quelconque. Je vois Eugène, on discute une heure et on repart pour Fès. Le voyage est assez long (2h...). Que de km de désertiques ! Pas de végétations. On passe à côté des monts de « jbel Bou Iblane » (3ème sommet du moyen Altas au Maroc, au sud –est de Fès) curieux car apparemment il fait bien chaud.  PHOTO

Le 13 juillet : A 4h du matin, on se lève pour desserrer les avions. Quelle idée !... L’Ark Royal (Le HMS Ark Royal, porte-avions construit en 1937, est le troisième navire de la marine royale britannique à porter ce nom) est paraît-il en méditerranée !...

Le 14 juillet : Dimanche - Pour ramener les avions au terrain, je ne peux aller à la messe. A part cela, R.A.S.

Le 15 juillet : Ce matin nous allons quelques s/offs à une prise d’armes de la légion étrangère. Les légionnaires marchent très bien. Cet après-midi, c’est à notre tour. Grande prise d’armes et remise de décoration. C’est assez émouvant ; le Chant au Drapeau et la Marseillaise, car en France, que se passe-t-il ? On ne se figure pas ici que l’on est cependant vaincu. J’ai la croix de guerre.

Les 16, 17, 18 et 19 juillet : Rien à signaler. Nous ne faisons pas grand-chose, cependant le 16 et hier j’ai eu un télégramme et une lettre qui m’ont fait énormément plaisir ; tout d’Aimée. Tout va bien.

Le 20 juillet : R.A.S. Journée très chaude. 44° à l’ombre. L’après-midi, j’ai pris un bain.

Le 21 juillet : Dimanche - Je vais à la messe en ville ce matin. Au camp il y en a une également. Grosse chaleur, je passe ma journée en bains et douches.

J’ai un peu le cafard et suis énervé ; je casserai quelque chose avec plaisir il me semble.

Le 22 juillet : Je lis le matin : ensuite R.A.S.

Le 23 juillet : Il fait très chaud.

Le 24 juillet : Il fait encore plus chaud. 45° à l’ombre. Le soir, vers 7h 30, vent de sable. Le foehn.

Le 25 juillet : Dans la journée 47° à l’ombre.

Les 26 et 27 juillet : Temps meilleur, la température reste vers 40° ; il y a un petit vent.

Le 28 juillet : Dimanche - J’ai une lettre d’Aimée du 19. C’est bien récent. Messe au camp à 9h. Je passe l’après-midi à Ain (Ain Taoujdate) dans un petit coin de fraîcheur à 8km de Fès, une petite rivière aménagée avec piscine. Il fait bon.

Le 29 juillet : On fait un peu d’entraînement.

Fès, Taza, Sefrou (jolie ville toute blanche comme les autres dans un grand carré de verdure qui tranche avec les environs arides). Meknès Volubilis (ruine de la ville romaine de Volubilis) et retour à Fès.

Le 30 juillet : R.A.S.

Le 31 juillet : Les vols sont à nouveau supprimés. Paye.

Les 1er, 2 et 3 août : R.A.S. Une grande lettre aujourd’hui m’arrive.

 

FIN

des notes d’Henri Biard

 

 

 

 

 

 

Documents du sergent pilote Henri BIARD

 

 

 

3 novembre 1936 – Brevet Militaire de Pilote d’Avion n°25.287

 

 

Extraits des deux carnets de vol d’Henri BIARD : couverture et premier feuillet du premier, et page 23 du second :

en janvier 1940, Henri BIARD vole normalement sur le MS 406 n°586 – Les missions de guerre sont soulignées en rouge.

Le 19 janvier 1940 le Groupe GC II/3 quitte Dijon pour s’installer à Connantre dans la Marne

 

 

 

22 mai 1940 – Laissez-passer délivré et signé par le général Paul CANONNE

commandant les forces aériennes de la Première Armée française, enfermée dans la poche de Dunkerque.

Abattu le 21 mai 1940 à bord de son Dewoitine D.520 n°137 près de Douai, Henri BIARD vivra une aventure rocambolesque de 13 jours pour ne rejoindre son Groupe

à la Ferté Gaucher que le 2 juin. Il aura dû pour cela regagner d’abord Dunkerque en feu sous les bombes au milieu de la débâcle des Armées françaises et anglaises,

trouver un bateau qui le conduira jusqu’à Cherbourg en longeant les côtes anglaises, et de là, rejoindre Paris, via Lisieux, puis son Groupe où personne se l’attendait plus...

 

 

 

Il est amusant de retrouver dans le JMO du PC du général CANONNE les termes exacts du message délivré à Henri BIARD

Merci à Didier LECOCQ pour la transmission de ce document

 

 

 

24 mai 1940 – Laissez-passer délivré et signé par le lieutenant-colonel MACON

commandant le 137ème Régiment d’Infanterie enfermé dans la poche de Dunkerque