Aspirant
MARCEL LOUIS JACOTTIN
(1918-1943)
Liens :
Marcel Louis JACOTTIN (ci dessus)
Gilbert JACOTTIN (ci-dessous)
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par Gilbert JACOTTIN, son
fils, élève à l’Ecole des Pupilles de l’Air de Grenoble, de la promotion 1955 |
Marcel JACOTTIN, mon
Père, est né à Ars-sur-Moselle, le 28 Novembre 1918, quelques jours après
l’armistice. Il est le fils de Louis JACOTTIN et de Anna CERVI.
Il est décédé le
23 Octobre 1943, aux Etats-Unis, au cours d’un exercice de pilotage.
Il était élève
pilote de l’Armée de l’Air Française au C.F.P.N.A., le Centre de Formation du
Personnel Naviguant en Amérique
Sa famille
Ses
grands-parents paternels sont Jean-Baptiste JACOTTIN et Marie-Madeleine
GUÉRIGUEN.
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Jean-Baptiste JACOTTIN et son épouse Marie-Madeleine GUÉRIGUEN Vers 1950. |
Ses Grands-parents
maternels, CERVI, sont d’origine italienne, mais nous n’avons malheureusement
pas de photographie.
L’aîné de ses
oncles paternels, Marcel JACOTTIN, est mort au combat en 1914.
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Les
deux oncles de Marcel JACOTTIN et son Père Louis Eglise
d’Ars sur Moselle – Lorraine Vers
1900 |
Louis et Anna
JACOTTIN ont eu cinq enfants : Marcel,
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Marcel
JACOTTIN et ses deux sœurs vers 1932 Louise
(à gauche) |
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La
famille de Marcel JACOTTIN vers 1938 De gauche à droite : Debout : Marcel (mon
Père), Anna (ma Grand-mère), Louis (mon Grand-père), Mathilde (ma
Grand-tante) et Raymond (mon Grand-oncle). Assis :
Marie-Madeleine (mon arrière Grand-mère) et
Jean-Baptiste dit Edouard (mon arrière Grand-père). Assis premier plan : |
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Marcel
JACOTTIN vers 1938 |
La photo
ci-dessus a été prise dans le jardin familial. A cette époque, Marcel était au
Grand Séminaire de Metz. Il se destinait à la prêtrise.
Je me rappelle
bien de ce lieu, vingt ans plus tard, quand j’étais adolescent. Le jardin était
à l’identique ; le prunier en haut à gauche, les pommes de terre devant,
les glaïeuls et l’étendage le long du chemin, à droite en bas la rhubarbe, au dessus les haricots et en haut les haricots grimpants.
Pour ceux qui
connaissent Ars sur Moselle, à quelques hectomètres, vers le bois à l’horizon,
il y a la vieille mine de fer où l’on extrayait la « minette de
Lorraine », et à l’opposé, derrière le photographe, « la
boulonnerie ».
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ARS
SUR MOSELLE vers 1960 1. Maison des
Grands-parents Louis et Anna 2. Jardin où sont prises les photographies de
1938 et 1939 3. La tombe de Marcel JACOTTIN, après que son
cercueil ait été ramené des Etats-unis 4. La Boulonnerie 5. Vers la vieille mine |
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Autres
anciennes vues d’Ars sur Moselle |
La guerre
Mon Grand-père et
mon Père sont mobilisés.
Pour mon
Grand-père, « bis répétita », il a déjà
fait « 14 », son frère aîné Marcel, y est resté. Mon Grand-père était
ouvrier mécanicien et entretenait les avions de l’Armée de l’Air à Frescaty,
terrain d’aviation, pas loin de metz.
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Septembre
1939 Louis
et Marcel JACOTTIN |
Septembre
1939 Marcel
JACOTTIN |
Sur la photo de
gauche ci-dessus, les visages en disent long. Elle a été prise, toujours dans
le jardin, mais à mi-hauteur, devant le châssis pour les semis et le prunier
plus loin qui est derrière eux.
La photo de
droite a été prise dans la cuisine, chez mes grands-parents, probablement en
septembre 1939. Derrière le rideau, la fenêtre est obstruée pour le froid ou
peut-être déjà pour la lumière. On remarque que mon père Marcel lit le journal
humoristique « L’os à moelle ». Il attend sans doute sa feuille de
route…
Mais comme il
avait réussi les E.O.R. et qu’il avait choisi l’Armée de l’Air, il intègre
finalement l’École d’Application de l’Armée de l’Air à Versailles. Après
l’invasion de la France par les troupes allemandes, celle-ci sera repliée
mi-juin 1940 en A.F.N., un peu avant l’armistice. C’est comme cela que Marcel
JACOTTIN se retrouve à Meknès au Maroc.
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Marcel
JACOTTIN vers
1940/1941 |
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Marcel
JACOTTIN en
1940 ou 1941 |
Il sera
démobilisé et passera avec succès le concours de « Contrôleur
Civil ». Il sera affecté aux « Services Municipaux » de Meknès,
service du « Cadastre ».
Il avait
rencontré ma mère Georgette LANGLOIS, alors qu’ils étaient tous les deux
affectés aux bureaux militaires de la base aérienne de Meknès, et se marièrent
début 1942.
Je suis né au
début de l’année 1943 et je fus prénommé Gilbert…
Mais après le
débarquement des Américains en A.F.N. du 8 novembre 1942, Marcel, comme
beaucoup, sera « engagé volontaire » et il retrouvera la vie
militaire. Il sera envoyé dans le sud Marocain, peut être à l’école de
réentraînement au pilotage de Kasba Tadla, mais en
tout cas, loin de Meknès et de sa famille…
Mainte fois, on
m’a expliqué qu’il est parti ensuite aux Etats-Unis quand j’avais 6 mois (juin
43) et qu’il est mort quand j’avais 9 mois (octobre 43)…
Tout cela se
déroula sur moins de 4 ans, de 1940 à 1943…
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Les quelques
lignes qui suivent ne s’ont que
souvenirs de ma petite enfance, ce que je retenais de conversations entre
« grandes personnes ».
A Meknès, des
jeunes militaires, comme d’autres ailleurs, s’évadaient pour rejoindre les
« Forces Françaises Libres » en partant avec un avion. Des erreurs de
pilotage ou des sabotages faisaient qu’il y avait souvent des accidents au
décollage.
Avant ma
naissance, mon père et ma mère, habitait, 23, avenue Moinier
et les enterrements passaient devant la maison pour aller au cimetière. La
musique militaire jouait la marche funèbre de Chopin. Ces évasions ne
plaisaient pas du tout aux Allemands, peux nombreux,
mais présents.
De ce fait
beaucoup de prétendants possibles à l’évasion furent envoyés en campement de
fortune dans le sud marocain…
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Ce sont ces
quelques fugaces souvenirs et les quelques photos heureusement préservées,
instantanés, destinés à la famille lointaine, en France occupée, à la fiancée
restée à plusieurs centaines de km et qu’il faut au moins rassurer, qui me
permettent aujourd’hui tenter de comprendre comment vécu et qui fût mon père…
La chronologie
n’est pas certaine…
… et tout en
faisant ce petit travail de « Mémoire », je suis tombé sur le
deuxième ouvrage de Pierre Clostermann, « FEUX DU CIEL ». J’avais lu
« LE GRAND CIRQUE », alors que j’avais 15 ans, un « Prix »
obtenu à l’Ecole des pupilles de l’Air pour mon travail. Je fus surpris de lire
dans le chapitre V, à la mémoire du colonel PIJEAUD, l’inventaire des avions de
chasse et de bombardement, se trouvant en Afrique du Nord. J’y retrouve bien sur, Meknès, avec des Curtiss H 75 ou P36.
Page 140,
Clostermann dénonce l’immobilisme, voire la lâcheté des « Chefs »
d’alors en A.F.N., qui n’ont pas suivi DE
GAULLE.
Il poursuit, page
142, alinéa 6 :
« Nos
équipages et nos troupes d’Afrique du Nord ont prouvé en 1943 et 1945 qu’ils
voulaient et pouvaient se battre aussi bien que n’importe lequel de nos
alliés ».
Je tenais à
ouvrir cette parenthèse, avant de vous présentez les
photos suivantes. Elles témoignent aussi que ceux qui se trouvaient loin de
l’action, n’oubliaient pas la guerre et démontraient à leur manière leur
attachement patriotique au pays…
Certaines photos peuvent être agrandies
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Marcel
et Georgette 1941
- Fiancés |
Marcel
et Georgette 1942
- Mariés |
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Marcel
et Georgette Un
bonheur furtif… |
Marcel
et Gilbert Janvier
1943 |
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Sud
marocain Marcel
JACOTTIN à gauche |
Sud
marocain Marcel
JACOTTIN à droite |
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Kasba
Tadla – Loin de Meknès Erfoud
encore plus au sud… |
Sur
ce petit reportage, j’ignore si mon Père avait une quelconque responsabilité
hiérarchique, mais je ne peux m’empêcher de penser aux derniers mots de son
ami COUGARD : «.. un peut timide aussi
quelquefois, quand il commandait à ses hommes. C’est si délicat, n’est ce pas, pour les gens intelligents ! » |
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Montage
des tentes Marcel
JACOTTIN est en haut du mât |
Corvée
d’eau Marcel
JACOTTIN est le second |
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Marcel
JACOTTIN, le quatrième à partir de la gauche, ajustant sa chaussette, ou le
pantalon |
De
là au moins, vous ne vous échapperez pas… |
Gilbert
JACOTTIN, 15 Avril 2008.
Cliquez sur l’image ci-dessus pour
accéder au site Internet du C.F.P.N.A
En
juin 1943 Marcel JACOTTIN rejoindra les « Centres de Formation du
Personnel Navigant en Amérique », le C.F.P.N.A. de Tuscaloosa, conté de Elmore, Alabama, US.
Sur
cette photo de 1943, il est le deuxième en partant de la droite. Il y a
certainement aussi, l’auteur de sa nécrologie, l’Aspirant COUGARD et le
troisième ami, l’Aspirant COLLIN, que COUGARD interpelle avec ces mots,
« … te rappelles-tu, COLLIN, comme nous allions au mess tous les trois
vendredi soir ?... »
Marcel
Louis JACOTTIN se crachera le 23 Octobre 1943 à 9 heures 45, avec son moniteur,
le Lieutenant MARTINKOVIC de l’Armée Américaine.
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« Marcel
JACOTTIN était reçu dans une famille américaine, avec qui ma Mère gardera des
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Le cimetière français, cinq ans plus tard. |
Marcel
JACOTTIN semble avoir été le premier élève pilote français à se tuer en école de
pilotage aux C.F.P.N.A. Mais la photo ci-dessus prise 5 ans plus tard démontre
qu’il ne fut malheureusement pas le seul. Les pertes furent également
nombreuses chez les élèves pilotes américains…
Documents
Le
carnet de vol de Marcel JACOTTIN peut être consulté (format PDF) en cliquant
sur l’image de sa couverture ci-dessus.
On
peut constater que Marcel JACOTTIN est lâché en solo au bout de 15 jours
d’école aux Etats-Unis et 11 heures de pilotage. Il est donc dans une très
bonne moyenne…
Trois
mois plus tard il totalise déjà une centaine d’heures de pilotage dont la
moitié en solo. Il est donc déjà un pilote expérimenté.
Comment
donc a t’il pu se cracher
avec un moniteur dans ces conditions ? Pour Gilbert JACOTTIN, qui s’est mainte
fois posé cette question, elle reste malheureusement sans réponse.
Cimetière d'Oakwood (Montgomery, Alabama) : Stèle dédiée aux cent
morts français en service commandé, décédés aux Etats-Unis au cours de la
guerre 1939-45 (dont 75 de l'Armée de l'Air , 22 de l'Aéronautique Navale (*)et
3 de l'Armée de Terre)
(Document emprunté au site du C.F.P.N.A., avec l’autorisation
de Patrice LAVERDET)
(*) Circulaire du 6 avril 1937 (B)
Il est rappelé qu'en application des
dispositions de la circulaire ministérielle citée en référence, la dénomination
"aéronautique navale" est seule réglementaire pour désigner les
éléments aériens de la marine et que, par voie de conséquence, le terme
"aéronavale", au masculin ou au féminin, ne peut être utilisé dans la
marine qu'en tant qu'adjectif, par exemple pour désigner des ensembles
comprenant des éléments navals et aériens ou des opérations mettant en oeuvre de tels éléments.
Le
C.F.P.N.A. « Centre de Formation du Personnel Naviguant », éditait un
journal « F. MAIL » dont le numéro 2 contient en page 3 sur 40, la
nécrologie de l’Aspirant JACOTTIN, par l’Aspirant COUGARD.
Quelques
pages de ce numéro sont accessibles au format PDF en cliquant sur l’image de sa
couverture ci-dessus :
o Couverture
o Verso
de la couverture
o Sommaire
o Page 3 : Nécrologie de Marcel JACOTTIN
o Page
19 : La vie au C.F.P.N.A.
Dans
cette page est citée une collecte pour les prisonniers de guerre. Gilbert
JACOTTIN tient à rappeler qu’une autre collecte très généreuse permit à sa Mère
de reprendre ses études et de travailler. Elle sera institutrice.
o Page
32 : Précisions sur le moteur (extraits)
o Pages
34/35 et 36 : photos de différentes promotions (Combien en sont
revenus ?)
o Page
37 : Poésie d’Aloysio de Castro
o Quatrième
de couverture
BOEING STEARMAN PT-17
L’avion
sur lequel Marcel Louis JACOTTIN apprenait à piloter en 1943 aux Etats-Unis et
avec lequel il a été accidenté était un Boeing Stearman
PT-17
C’est
l’appareil d’entraînement biplace américain de la Seconde Guerre mondiale (PT
pour Primary Trainer) le plus populaire.
C’est
une évolution d’un appareil baptisé X70 produit sur fonds propres par la Stearman Aircraft Company, pourvu
d'un moteur Wright de 225 ch, qui effectua son
premier vol en décembre 1933.
En
1934, Boeing racheta le constructeur, et créa la division Wichita de la Boeing Airplane Company. La marine
américaine acquit immédiatement une soixantaine d’exemplaires du Stearman 70, baptisé NS-1, le Modèle 73 de Boeing. En 1936,
l'US Army Air Corps passa enfin une première commande
pour une trentaine d’exemplaires, appelés PT-13 équipés d’un moteur Lycoming R-680-5 de 215 ch.
Equipé
du Continental R-670-5 de 220 ch, le PT-13 fut
redésigné PT-17, modèle 75 de Boeing dont environ 3500 exemplaires furent
construits pour répondre au programme de formation des pilotes de l’USAAF.
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Caractéristiques
du Boeing (Stearman) PT-17 : Equipage: 2 Envergure:
9,80 m Longueur:
7,54 m Hauteur:
2,79 m Surface
alaire : 27,59 m Masse
maximale au décollage: 1 200 kg Distance
franchissable: 432 nm (environ 800 km) Vitesse
maximale: 118 noeuds
(environ 220 km/h) Plafond
opérationnel: 11 200 ft
(environ 3 415 m) Motorisation: 1
Continental R-670-5 de 220 ch |
Le
PT-17 se caractérise par une silhouette élégante très dépouillée et une grande
fiabilité de vol. Les ailes étaient en bois et entoilées, et le reste constitué
de tubes d'acier soudés entoilés. Le train d'atterrissage fixe possédait une
roulette de queue et les atterrisseurs principaux étaient équipés
d'amortisseurs hydrauliques comportant des ressorts carénés.
Après
la guerre les nombreux exemplaires furent vendus sur le marché civil et nombre
d’entre eux servirent d’épandage agricole. De nombreux appareils volent encore
de nos jours aux mains de collectionneurs passionnés.
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Mise en page et compléments
iconographiques : François Xavier BIBERT – Mai 2008