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Groupe de Chasse GC 3/6    6ème escadrille

Livre de marche – Troisième partie – A.F.N.

Septembre 1941    Juillet 1943

 

Livre de Marche de la 6ème escadrille – Première partie

Livre de Marche de la 6ème escadrille – Seconde partie- -Campagne du Levant

Livre de Marche de la 5ème escadrille

La page du GC III/6

La Campagne du Levant du Groupe GC III/6

Page d’accueil du site de François Xavier Bibert

 

 

Note ou précision du transcripteur

Mois de septembre 1941

Le commandant GEILLE est nommé lieutenant-colonel ce qui présage son départ prochain loin de nous.

En effet, vers la fin du mois nous apprenons avec peine qu’il est part en A.O.F. commander un Groupement.

Un arrosage de grande qualité lui est offert durant lequel on lui remet un souvenir digne, nous l’espérons, du Groupe qu’il a si bien mené durant plus d’un an en particulier en Syrie.

Nous avons la grande joie à l’Escadrille de voir à nouveau parmi nous, le 27 le lt Rivory, de retour de Palestine.

Cette captivité assez douce, pendant laquelle cependant il a eu de grosses émotions, en compagnie du lt Martin de la 5 ème, lui a quand même valu de visiter à peu de frais les Lieux Saints et l’Égypte.

Mois d’octobre 1941

Le 9octobre, à l’occasion d’un petit exercice d’entraînement, le sgt Pimont, qui vient lui aussi rentrer de Palestine, décolle au grand pas, ce qui ne plaît pas à son 520. Il capote plein moteur au bout de la piste et par miracle, son avion ne prend pas feu. On le retire en piteux état, semble-t-il, mais nous sommes bientôt rassurés. Il en sera quitte pour deux mois d’hôpital afin de réparer sa mâchoire complètement brisée par le choc contre le collimateur. L’avion est en miettes.

Malgré cela les vols reprennent. Pendant ce mois particulièrement, les conditions atmosphériques permettent une bonne activité aérienne.

Mois de novembre 1941

Le mauvais temps détrempe la piste ce qui réduit les vols à peu de chose.

Le 25, l’a/c Balmer part pour Meknès chercher le North du Groupe en compagnie d’Umbert comme mécanicien. Ils reviennent deux jours après.

Mois de décembre 1941

Quelques vols de patrouilles durant ce mois pendant lequel le soleil ne veut pas nous quitter.

Le s/lt Cavaroz est affecté à la 6ème.

C’est un ancien du Groupe, descendu par les Boches au mois de mai 1940. Il ne vole pas car il doit être réentraîné auparavant.

Les fêtes de Noël et du Jour d l’An éparpillent au hasard de leur foyer tous les gens du Groupe, sauf les pauvres patrouilles d’alerte qui restent au terrain dans l’espoir vain d’un décollage problématique.

Mois de janvier 1942

Très mauvais temps. La piste est transformée en lagune. Seulement les 5 derniers jours quelques patrouillent peuvent prendre l’air.

Le 14, le s/c Macia par Tikjda, dans le Djurjura, faire un stage de haute montagne, dernière innovation sympathique de l’Armée de l’Air.

Le 27, le lt Satgé nous quitte pour quelque temps. Il est en effet désigné pour convoyer un 520 du GC II/6 de Toulouse à Thiès en A.O.F.

Le s/c Mertzisen de le 5ème l’accompagne.

Mois de février 1942

Le temps très instable permet une activité aérienne très moyenne.

Le s/c Macia et Godefroy partent à Fès au centre de perfectionnement des sous-officiers. Ils en reviendront enchantés (sic), n’est ce pas Messieurs les stagiaires, mais un peu ébahis d’avoir pu faire tout ce qu’on leur a demandé de faire.

Le s/c Loï part à Tikjda faire son stage de ski dont Macia était revenu ravi.

Le lt de vaisseau Du Merle vient en stage pour étudier nos méthodes, pendant que le lt Rivory va prendre sa place à l’Escadrille 1AC de Tafaraoui (Oran).

Mois de mars 1942

Ce mois-ci l’Escadrille vole son maximum, c’est-à-dire peu de chose ‘4heures par avion). Cependant ça fait plaisir de savoir que l’on n’en perd pas comme les mois précédents.

Le sgt Gauthier est muté à la 5ème.

Le lt Rabusson va remplacer Loï à Tikjda.

L’a/c Balmer et Ghesquière partent en 520 à Sétif, avec le lt Salaün de la 5 ème, pour faire des exercices avec des Potez 63 du Groupe local. Ils y restent du 12 au 20, ramenant deux moutons à la grande joie de tous les mariés !

Leur retour est également l’occasion d’un gros exercice d’interception auquel participe 9 Potez 63 et deux patrouilles triples du III/6.

Après le contact et les attaques respectifs où chacun a « descendu » l’autre, cela dégénère en une séance terrible de combat en rase-mottes dont les 63 ne sont pas encore revenus.

Inutile de dire que le rassemblement est laborieux.

Mois d’avril 1942

Les vols atteignent encore cette fois leur maximum. Il est vrai que le temps se montre en général clément.

Macia et Godefroy rentrent de Fès. Les commentaires sont inutiles et seraient trop longs.

Loï et Blésius les y remplacent pour deux mois.

Le lt Capdeviolle part à Tikjda.

Le 27, nous avons la visite du général Jaennekyn qui est une vieille connaissance puisqu’il nous commandait en Syrie.

Le lt de vaisseau Du Merle rejoint son Escadrille 1AC et le lt Rivory nous revient, ayant des idées complètement transformées sur la manière de former des chefs de patrouille.

Mois de mai 1942

Le 6 mai on inaugure les sorties camping. Tout le personnel va à pieds à Jean-Bart passer deux jours sous la tente. Chacun montre ses talents qui de cuisinière, qui de pêcheur. En somme deux jours de bonne détente (6 – 8 mai).

Le 18, pendant que deux patrouilles, cne Richard, Michaux, lt Satgé, a/c Balmer, s/c Farriol s’acharnent sur Ghesquière, malheureux plastron, la radio nous informe qu’un hydravion anglais se promène dans les parages à l’ouest d’Alger.

Sur les lieux intéressés, nous retrouvons la patrouille d’alerte du II/3 qui a décollé pour le même motif.

Après 20 minutes de recherche, Michaux entend par radio l’adj Jeannaud du II/3 qui annonce avoir abattu l’hydravion en question, un gros « Catalina » à 20 km au nord de Guyotville.

Des avions de la 6ème, pas un ne l’a vu passer sous nous, ce qui fait que deux pilotes du II.3, Jeannaud et André, l’ont obligé à amerrir, sans demander notre aide, se réservant seulement cet appel en cas de déboires.

Le capitaine Richard jugeant inutile que tout le monde reste au-dessus de l’hydravion, qui continue à tirer d’ailleurs, le sgt Michaux reste encore une heure et demie pour maintenir le contact.

Il est remplacé vers 11 heures par le s/:c Schenk de la 5ème,  qui vers 11 heures cède sa place au lt Salaün. Le lt Salaün ne rentrera pas, abattu sans doute par des « Fulmar » qui traînaient dans les environs.

Un bateau anglais ayant été signalé venant en direction de l’hydravion, le cne Richard décida avec le lt Satgé et le s/c Farriol d’aller détruire celui-ci. Mais ils arriveront après la destruction du « catalina » par le bateau lui-même.

Par contre, cette patrouille tombe sur un « Fulmar » et le cravate en quelques secondes, vengeant ainsi le malheureux s/lt Salaün.

Une victoire de plus pour a 6èm, qui se montre ainsi toujours à la hauteur des évènements.

Le 31 mai, un dimanche, nouvelle alerte : l’a/c Balmer et Michaux décollent à la tombée de la nuit sur un renseignement très précis.

Exactement à la verticale de Guyotville, Michaux aperçoit un « Wellington » et le signale immédiatement. Malheureusement Balmer n’a pas de radio. Virage, marche d’approche, essai des armes. Michaux se place pour attaquer en tenaille de ¾. Balmer bas des plans mais n’attaque pas ; après deux manèges de ce genre, il abandonne le Wellington et revient vers la côte. Michaux seul hésite à prendre une telle responsabilité, et voyant l’anglais s’éloigner en mer, le quitte à 40 km des côtes et revient se poser.

Cause profonde de l’échec et de la mésentente, Balmer n’avaient ni radio, ni armes.

Mois de juin 1942

Depuis quelques jours déjà, deux pilotes d la 6 ème, le lt Satgé et le s/c Pimont, nous ont quitté pour aller renforcer à Sfax les patrouilles de la 5ème qui protègent les convois en mer.

Ils rentrent à l’Escadrille le 22 juin.

Un seul fait à signaler : la sorte camping à Jean-Bart, dans des conditions semblables à la première est également en tous points réussie.

Mois de juillet 1942

Comme le mois précédent, une seule chose remarquable, la sortie camping du Chenoua, du 27 au 31.

Comme le Chenoua se trouve à près de cent kilomètres de Maison Blanche, il est inutile de se demander comment nous avons fait l’aller et le retour en 5 jours, tout en restant 4 jours pleins là-bas. C’est un mystère qui ne sera jamais dévoilé cependant, le secret étant de rigueur (n’est-ce pas mon Commandant !).

Bref quatre jours épatants de mer et même de montagne (en effet ascension du Djebel Chenoua, 905 m, en deux heures un quart, commandant Destaillac et capitaine Richard en tête). Inutile d’autre part d’insister sur la petite diversion que fond le lt Rivory et quelques loustics, se retrouvant près de Cherchell à peu près à l’opposé de Chenoua.

Inutile également de parler de la partie de barque su lt et de « Madame » Capdeviolle, partie qui devint brutalement leçon de natation…

La veille du départ, le Commandant et Madame nous font l’honneur de venir assister au feu de camp. Malheureusement, et malgré des flots d’essence, le bois ne voudra pas brûler.

Retour presque sans histoire (petites saletés dans le carburateur). Mais malheur j’ai dévoilé le mystère ! Tant pis, nous subirons les sanctions.

Mois d’août 1942

Quelques vols. Farriol part en haute montagne dans le Djurjura à Tizi n’Kouillad

Le mois commence particulièrement par une prise d’armes au cours de laquelle on remarque la belle tenue et l’allant de la musique de l’air.

C’est la prise de commandement du colonel Beaune à Air Algérie.

L’adj Bibert va remplacer Farriol à Tizi n’Kouillad.

Mois de septembre 1942

Le lieutenant Legrand passe capitaine. Bonne activité aérienne ; à part cela rien à signaler.

Mois d’octobre 1942

Ce mois débute par une sortie camping à la fontaine fraîche près de Aïn Taya.

Un temps splendide favorise ensuite mes vols qui atteignent le maximum permis.

Mois de septembre 1942

Les premiers jours, les Groupes sont mis en super alerte à 9 avions, on ne sait pas encore très bien pourquoi. Puis on a vent qu’un très gros convoi anglais se propulse en Méditerranée occidentale. Ce n’est pas la première fois !

Cependant, le 7 novembre au soir, alors que c’est la sixième escadrille qui est d’alerte, on entend en mer de fortes canonnades. Cela ne nous empêche pas de boire un pot en l’honneur du lieutenant Thierry qui vient d’arriver pour prendre l’Escadrille, le capitaine partant au Groupe (comprendre l’État-major du Groupe).

Durant la nuit, les canons continuent à tirer mais on ne se rend pas compte de ce qui peut se passer.

C’est alors que vers quatre heures du matin le capitaine nous réunit et nous annonce que les Américains débarquent sur nos côtes. Nous nous apprêtons à nous battre jusqu’au bout.

Mais le jour se lève sur une grisaille sale qui traîne au sol, une brume à couper au couteau. Nous ne pouvons décoller.

Nous attendons alors que cela veuille bien se lever un peu ; malheureusement le terrain reste bouché complètement.

Vers huit heures, nos camarades qui n’étaient pas d’alerte arrivent les uns après les autres, en vélo, à pied, en voiture même, et ils nous apprennent la chose stupéfiante : les Américains sont aux abords du terrain. Ils les ont laissés passer en faisant des signes amicaux ! Nous en sommes tous assis !

Au-dessus du banc de brume nous entendons des avions passer sans arrêt. Et la brume ne se lève toujours pas !

Les soldats américains commencent à se montrer, puis brutalement font irruption derrière le Hangar.

Abandonnant nos avions, nous courrons à l’armurerie pour chercher des fusils. Mais déjà des sentinelles et des mitrailleuses américaines sont en batterie.

Et bien avant que la crasse se dissipe le terrain de Maison Blanche tombe aux mains des Américains sans un coup de feu.

Vers 10 heures et demi, le soleil perce et éclaire notre pitoyable situation : faits aux pattes sans avoir pu nous défendre. Impossible maintenant de décoller, des mitrailleuses et des sentinelles américaines font bonne garde.

Le colonel arrive. Il obtient que nous gardions nos armes, mais que pouvons-nous faire ?

Et alors arrivent des avions et des avions et encore des avions, en quantité industrielle : le premier, un « Fulmar », nous le connaissons bien, puis des « Hurricane », puis des « Spitfire », des Grumann « Martlet ». Le soir il y a au moins cent avions de chasse sur le terrain de Maison Blanche.

Il n’en avait vu autant qu’après l’Armistice, à l’époque du repli de nos Ailes sur l’Afrique du Nord. Les temps ont bien changé, et chacun se demande anxieusement quel sort nous attend.

8 novembre 1942 ! Le GC II/3 et le III/6 ne se sont pas battus, malheureusement, mais que pouvaient-ils contre cette fatalité qui a voulu ce mauvais temps. Par contre à Casablanca, nos camarades se sont fait tuer pour bien montrer au monde que nous étions encore là, pour ne pas trahir leur serment ; mais de toutes façons la lutte ne pouvait s’éterniser. Ils étaient trois cent mille, armés jusqu’aux dents, avec des armes et du matériel qu’on a de la peine à imaginer dans notre ex-armée française.

Et après quelques heures de luttes acharnées par endroits, pas partout certes, car il y avait des intelligences avec ceux d’en face, l’Armistice fut signé.

Notre sort est enfin réglé après quelques jours de délibérations. D’abord nous évacuons le terrain de Maison Blanche. Le 11 novembre nous déménageons à Oued Smar dans les baraques des parachutistes. Et là, à moitié parqués, nous nous demandons ce qu’on va faire de nous.

Le général Giraud prend le commandement de l’Armée d’Afrique. Après nous avoir laissé entendre qu’il ne faut pas être avec lui, on nous apprend qu’il devient notre chef. On se sait que penser. Nous retournons notre veste une fois de plus. Evidemment les évènements nous y forcent, mais notre désarroi est bien grand.

Puis on nous promet de nous donner du matériel pour bientôt. Pour nous faire croire à cette nouvelle quatre pilotes dont le lt Rivory et le s/c Farriol partent à Nouvion pour faire un stage sur Lockheed P-38 « Lightning ».

Pendant ce temps, les mécaniciens remettent l’échelon roulant en état de fonctionnement et les pilotes vont apprendre sur la piste comment sont fabriqués les avions américains. Après le travail, beaucoup perfectionnent leur langue anglaise, et fraternisent avec les Américains moyennant force cigarettes. L’échange pinard – boîte de conserve est à la mode.

On a vite oublié le 8 novembre.

Il est vrai que maintenant l’avenir est sous un jour nouveau. La vieille haine antigermanique commence à soudre, et reprend le dessus. IL s’agit de faire partir de France ceux qui s’y trouvent actuellement et qui font souffrir quarante millions de Français. Une politique positiviste, arriviste en somme remplace la politique attentiste.

Nous verrons bien.

Mois de décembre 1942

Nous nous sommes organisés tant bien que mal. Le Commandant, jugeant à juste titre sue n’étant pas en guerre et n’ayant rien à faire, il vaut mieux rester pour l’instant à Oued Smar, mais nous évite un départ pour des lieux inhospitaliers et mal définis.

Il nous accorde ainsi de descendre en ville 24 heures sur 48, ce qui est très goûté.

Quand nous passerons à l’action, il sera bien temps de reprendre les habitudes guerrières.

Vers la fin du mois les pilotes qui étaient en stage rentrent de Nouvion. Le lt Rivory ayant eu des ennuis lors de son premier tour de P-38, écrase son avion avant la piste. Le s/c Farriol, lui n’a pas volé, on se sait pourquoi.

Les fêtes arrivent sur cette situation. Le Commandant donne encore une preuve de sa grande psychologie en laissant chez soi la majorité des gars. Les fêtes, loin d’être tristes, car nos premiers remords sont déjà loin, éclairent la monotonie de notre existence actuelle. La fraternité d’armes des « alliés » est le signe du jour et l’on rencontre beaucoup de frères alliés en joyeux état d’ébriété dans les rues d’Alger. Beaucoup, des Anglais particulièrement, se montrent d’une incorrection flagrante. Décidemment, il nous est difficile de les aimer. De nombreuses filles « françaises » collaborent « étroitement », si l’on peut dire, car elles n’ont pas l’air de l’être (étroites) ». Beaucoup de gars manquent d’une dignité élémentaire. Heureusement quelques bombardements viennent remettre parfois les choses au point.

Maison blanche est également bombardé plusieurs fois, de nuit. A chaque fois, quelques avions ou quelques bidons d’essence s’évaporent en fumée. Ils nous permettent aussi de mettre à l’épreuve les qualités de courage et de sang-froid des gens du Groupe. Inutile de dire que si cette expérience est concluante, elle l’est dans les deux sens, et l’on assiste à des courses de fantômes casqués et encapuchonnés dans des couvertures. D’aucuns ne vont-ils pas jusqu’à passer la nuit à priori à plusieurs kilomètres dans la nature !!!

Heureusement pour la France, tous ne sont pas tels.

Pendant ce mois, deux vols à l’Escadrille. Farriol va chercher un North à Tiaret, et Loï va convoyer un 520 à Nouvion.

L’année se termine là-dessus. Faire le point est délicat. Cependant en général, nous sommes heureux de passer à nouveau à l’action dans un proche avenir. La stagnation qui était la nôtre depuis un an et demi est consommée. Tous nos espoirs se reportent sur l’an nouveau, sur 1943.

 

Un seul but : la Victoire

Général Giraud

 

Mois de janvier 1943

Les fêtes sont terminées. Chacun a repris son activité, c’est-à-dire peu de chose, quand une nouvelle importante nous parvient : départ du Groupe pour Aïn Sefra, dans le sud oranais.

L’adj Macia est déjà parti dans l’échelon précurseur.

Dès lors, les préparatifs emploient notre temps. Les avions sont les uns après les autres repeints et revus par l’A.I.A. Les voitures sont remises en état.

L’échelon roulant part en deux tronçons, les 14 et 15 janvier.

Sept avions décollent le 15 pour Aïn Sefra : cne Richard, lt Thierry, lt Capdeviolle, a/c Balmer, s/c Pimont, s/c Ghesquière et le cne Legrand.

Six seulement arrivent au but, après avoir été presque tous plus ou moins dans le cirage. Le dernier avec Ghesquière étant, comme son chef de patrouille, le cne Legrand, bien perdu, quitte la patrouille puis ne retrouvant pas son chemin, fait demi-tour craignant la panne d’essence. Il atterrit avec le « 31 » dans un champ au poil, près de Victor Hugo, à quelques dizaines de kilomètres à l’est de Tiaret.

Il rejoindra Maison Blanche par camionnette le dimanche suivant, et l’adj Loï va chercher son avion.

Macia repart à Alger pour chercher un Simoun.

Michaux rejoint Aïn Sefra le 25 à bord du « 31 ».

Macia et Loï rentrent en avion le 29.

Tous les avions sont maintenant bien arrivés.

Parlons un peu d’Aïn Sefra.

A n’en pas douter c’est un trou. Imaginez-vous une toute petite, toute petite ville de province française avec son église sans clocher, sa gare avec deux trains par semaine, da grand-place et son minuscule kiosque à musique. Ajoutez à cela les Arabes. Tout près de la ville (si l’on peut dire), les casernes de la Légion où nous habitons et qui surplombent l’oued Sefra, aux contours sinueux dans son lit trop large. Derrière les casernes, des dunes de vrai sable, (illisible), hautes de plusieurs dizaines de mètres, s’étageant au gré du vent au pied du Djebel Mekter, qui domine de ses 2 020 mètres au Ras Chergui, tout ce paysage. Lui faisant face de l’autre côté de le ville les premières pentes du Djebel Aïssa qui culmine à 2 336 mètres au nord-est de Sefra, et est aussi le plus haut sommet de la région.

Le terrain est à neuf kilomètres du centre. C’est une belle plateforme pierreuse, mais bien dégagée à ses abords. Les montagnes sont assez loin pour n’être pas dangereuse, même en cas de panne au décollage. Par contre les environs sont mal perçus. Les rochers, les pierres, du sable, des touffes d’alfa, des oueds desséchés, un sol raviné séparent en deux clans les pilotes : ceux qui préfèrent se poser sur le ventre, ceux qui préfèrent sauter en parachute en cas de panne brutale.

Malgré cela nous espérons que nous volerons beaucoup puisque désormais nous ne sommes plus soumis au contrôle d’une commission s’armistice gênante, et que d’un autre côté, nous avons l’essence qui nous sera nécessaire.

 

  

 

Mois de février 1943

Les vols ont repris à la grande joie de tous les pilotes qui crevardent (*) au maximum. Le temps le permet d’ailleurs et chaque jour voit des patrouilles s’en donner à cœur joie dans le ciel pur d’Aïn Sefra.

(*) Argot aéronautique : un « Crevard » est celui qui collectionne le maximum d'heures de vol, quelquefois au détriment des copains. Crevarder c’est, rabioter, spécialement des heures de vols Les pailleux sont des spécialistes du crevardage... Les « Pailleux sont tous ceux qui ne sont ni pilote, ni mécanicien ; les bureaucrates, ceux qui n’ont aucune fonction à bord, qui volent occasionnellement…

Il est même question de faire des voyages. Nous n’en demandons pas plus. L’a/c Balmer inaugure la série en allant à Oran en Simoun, d’Oran à Meknès en D.520, et en revenant par le même Simoun (cne Richard) dans des conditions de navigation plutôt bizarres. En effet, Meknès, Aïn Sefra, en passant sans le vouloir par Ksar es Souk (Maroc) et Colomb Béchar. Il est vrai que le navigateur avait confondu un moment la voie ferrée Oujda (Maroc) – Béchar avec la voie Oran-Béchar, avec la voie étroite Oran-Béchar. Peu de chose en somme !

Le 3 février nous voyons arriver Achille, dit Ghesquière en compagnie d’avions de la 5ème.

Le 4 février, ce sont le lt Rivory et Farriol qui rentrent de Biskra où ils étaient allés continuer leur stage sur P-38. Malheureusement, le lt Rivory n’a pas eu de chance. Pour son deuxième lâché sur cette voiture ; il a sous-estimé la vitesse de descente et pour la seconde fois a cassé son avion avant la piste.

Farriol, lui, a fait un tour sans histoire.

Le Commandant a institué un tour de permission officieuse, ce qui fait qu’à chaque train, deux sous-officiers patents dans chaque unité. Cela fait un vide rapide dans le Groupe, mais personne de s’en plaint, loin de là. Ceux qui restent occupent leurs loisirs le soir à jouer au billard, aux boules, à boire force vins blancs et à courir quelques malheureuses filles qui n’en ont jamais vu autant à leur trousse… Les deux bistros sont un lieu de rendez-vous, un P.C. de l’aviation. La maison close, infecte ‘ailleurs, rallie après ces beuveries ceux qui ont un peu trop bu. C’est une des rares distractions du patelin. Une autre distraction qu’il faut mentionner est le passage du train tous les lundis et jeudis. Tous les gens se rendent par petits groupes sur le quai, où moyennant quarante sous ils ont droit d’assister à l’aubade que les aviateurs qui restent donnent à ceux qui partent. Les civils n’en sont pas encore revenus.

Revenons à l’activité aérienne. Cela vole, et même beaucoup. Chaque jour les pilotes présents y vont de leur petite heure de vol. Les exercices succèdent aux exercices, et bientôt nous aurons retrouvé la main.

Le 6 février 1943 ; le lt Thierry, notre Commandant d’Escadrille, accompagné de Loï et Macia, va à Colomb Béchar passer le week-end. Innovation très goûtée, quoique Béchar déçoive la plupart des gens.

Le 20 février, c’est le tour cul t Capdeviolle et de Michaux. Cette évasion des horizons d’Aïn Sefra est très goûtée je le répète, malgré la déception causée par le bled. Par contre voyage impeccable.

A signaler le 19 une sortie de toute l’escadrille qui essaie d’ascensionner le Mekter.

Malheureusement, à peine avons-nous grimpé sur les pentes rocailleuses, que les nuages à flanc de montagne nous enveloppent de leur ouate neigeuse. De plus, la neige qui est tombée ces derniers jours rend extrêmement difficile notre marche. Après deux heures et demie, ne sachant plus très bien où nous sommes, nous abandonnons jugeant avoir déjà accompli un bel exploit sportif !

Le casse-croûte, après une descente précipitée, nous réchauffe l’intérieur, après l’extérieur que la descente a retapé. Nous rentrons après plus de cinq heures de marche.

Après cette sortie, le temps se remet un peu et l’activité aérienne atteint une cadence extrêmement sympathique. Les avions marchent bien, et les mécaniciens n’ont pas de gros ennuis. Les pilotes volent chaque jour.

Le 27 février, nous avons deux grosses émotions. Vers quatre heures de l’après-midi, un D.520 est signalé avoir percuté le sol. Aucun autre détail. Peu après, tous les avions rentrent sauf un. Le lt Codet du II/3 est porté manquant. Heureusement nous apprenons quelques minutes après qu’il a sauté en parachute, ce qui est confirmé dès le lendemain matin. Il a eu le feu, et a sauté très bas. Tout est bien qui finit bien.

Le même jour, au même instant, un LeO 45 du I/11 de Colomb Béchar de passage a la carafe au décollage et se pose magnifiquement sur le ventre en bout de piste. L’équipage, plus ou moins contusionné, en est quitte pour la peur, sauf un pourtant qui entre à l’hôpital avec un bras cassé.

Le 28, le lt Rivory et Pimont partent à Laghouat avec le capitaine de Rivals. En effet, le cne de Rivals est a nouveau parmi nous. Il a réussi à s’évader de France lors de l’invasion de la zone non occupée par les Allemands. C’est avec joie que nous avons appris son affectation au III/6, comme adjoint au Commandant Destaillac.

Fait très important à noter, en cette fin de mois : La dissolution du GC III/6 et sa nouvelle constitution, le III/6 « neuf », échelon volant uniquement, les servitudes étant groupées en une compagnie de terrain, et une section de l’Air.

Le Commandant en cette occasion réunit tout le monde autour d’un pot magnifique au cours duquel il nous fait l’apologie des deux dernières années. Puis il nous fait trinquer en l’honneur de la nouvelle organisation.

Le Roi est mort. Vive le Roi !

Le vieux III/6 est mort. Vive le nouveau III/6 !

 

Mois de mars 1943

La nouvelle organisation du Groupe nous permet de souhaiter la bienvenue à l’Escadrille aux :

·        s/c Beaubois

·        s/c Stéphan

·        sgt Virmontois

·        sgt Angély

comme mécaniciens avions,

·        a/c Rocher

·        s/c Poisson

·        s/c Albert

·        sgt Welter

·        sgt Ernest

·        sgt Laguerre

comme armuriers et radios.

Sont affectés également les caporaux Arnaud et Pennachi, mécaniciens avions.

L’adjudant Bibert nous quitte et laisse les clés de chef de hangar au s/c Godefroy.

De plus à partir du 1er mars, notre 6ème Escadrille devient la 2ème Escadrille du GC III/6.

Les vols du mois commencent par des voyages. Le lt Thierry et Farriol font le triangle Sefra, Laghouat, Aïn Oussera, Sefra.

De leur côté, le lt Rivory, Balmer et Michaux partent à Béchar pour dix jours faire des exercices avec les Douglas du I/19, deux heures par jour. Les bombardiers, eux, toujours très sympathiques sont cependant heureux de les voir repartir, jugeant que les conseils préliminaires de prudence ne sont plus respectés sur la fin.

Le 12, l’adj Loï, faisant le courrier de Béchar, et ayant un peu ce jour là la tête en l’air (comme souvent !) se trompe de voie ferrée au retour. Complètement perdu, il décide très judicieusement de continuer le long de cette voie toute tracée et atterrit à Oujda… Et tout le monde de rire !

Il mettre sans le vouloir 12 jours encore pour rentrer, ayant eu des ennuis avec son avion. Le cne Richard, puis Farriol et Guillaumin vont le dépanner à deux reprises.

Le 12, nous avons un autre fait important à signaler : l’arrivée du lt Brondel parmi nous.

Le 16, l’adj Macia part à Marrakech entraîner les jeunes pilotes qui doivent arriver au Groupe dans quelques temps.

Tous les gens su terrain remarquent ce matin là les hésitations marquées du « petit pilote » qui n’aime pas ce genre d’avion pour voyager.

Le 18, le lt Thierry et le lt Brondel accompagnés de Ghesquière vont en manœuvres à Béni Ounif. Il paraît que les exercices ne vont pas pour le mieux puisque les pilotes reviennent mécontents et en discutant le coup sérieusement.

Les mécaniciens eux aussi se déplacent : le s/c Albert, les sgt Beaubois et Welter partent en stage sur matériel américain à Télergma.

Brutalement une bonne nouvelle arrive ; nous allons toucher des avions américains, des « Bell Airacobra P-39 ».

Les pilotes ne sont pas tous d’accord, loin s’en faut, et discutent sur les qualités de cet engin.

Le cne Richard, le lt Rivory, Farriol et Ghesquière partent à Berrechid, près de Casablanca, faire un stage de deux semaines sur cet avion.

Le 27, l’a/c Balmer part à Marrakech rejoindre Macia.

Michaux partant en permission, il ne reste plus que quatre pilotes ; lt Tierry, Brondel, Pimont et Loï pour aller faire les exercices avec le I/19 à Béchar. Heureusement la petite « 1 » (ex 5) est là pour compléter les patrouilles triples dont il est question.

Le s/c Beaubois nous quitte, affecté à Marrakech.

Mois d’avril 1943

Le mois débute bien. Les caporaux Arnaud et Pennachi sont nommés caporaux-chefs.

Le 2, les pilotes rentrent de Béchar après force attaques convergentes sur les malheureux Douglas

Le 5 nous recevons à l’Escadrille le (illisible), nouvel affecté.

On retape des avions. Le lt Rivory fait deux (illisible) sur le 22 (illisible etc...)

Les pilotes repartent à Béchar pour quelques jours.

Le 11, les pilotes de P-39 nous reviennent. Ils n’ont pas l’air terriblement enchantés de cet avion. Il ne vire pas (30 secondes pour un virage circulaire, (illisible) paraît-il !), c’est un fer à repasser (prise de terrain au moteur), pas d’(illisible) et enfin il a quand même pour lui sa vitesse, heureusement car sans cela où irions-nous ?

Loï et Pimont repartent à leur place faire ce stage. Deux semaines après, ils reviennent enchantés ! Est-ce pour dire comme le lt Le Gloan qui est très content ou bien est-ce parce que le P-39 a brusquement changé de qualités. Cette fois-ci, les virages descendent brutalement à 20 secondes, et le looping est une petite rigolade…

Il faudrait quand même savoir !!

Et comme de la discussion jaillit la lumière, les pilotes de P-39 (car il y a encore des pilotes de Dewoitine), discutent ferme sans toutefois se mettre d’accord.

Nous verrons bien nous-mêmes heureusement : Les lt Capdeviolle et Brondel vont à leur tour à Berrechid pour une dizaine de jours.

Il y a une chose quand même sur laquelle tous sont du même avis. C’est de la nourriture ordinaire, puis de leur façon de vivre et de leur organisation.

Mais ne parlons pas ici de choses qui pourraient nous mettre l’eau à la bouche trop facilement.

Le 21, cinq 520, pilotés par les lt Thierry, Rivory et le s/c Farriol, Ghesquière et Michaux partent au Maroc en voyage.

Successivement Meknès, Marrakech, Agadir et à nouveau Meknès les voient faire étape.

A signaler à Meknès pour le ravitaillement général (fromages, charcuterie, etc…

A Marrakech, une concentration fortuite groupe le cne Richard, les a/c Balmer, Macia, Honorat, Montribot, etc… etc… et le 5 pilotes en question (à croire que le III/6 était muté en cette ville).

Laissons de côté le pot qui s’ensuivit. Au point de vue achat, grosse spécialité de chaussures…

Agadir, petite cité charmante et (illisible) permet de voir le cne Faure, qui est une vieille connaissance de la (illisible), ou plutôt de la 6ème (voir la Syrie).

Le gueuleton du mess des sous-officiers par une coïncidence heureuse tombe juste  le jour de l’arrivée de la patrouille. Mais laissons-là ces choses matérialistes !

A signaler particulièrement la ballade en « rose-neige » sur l’Atlas, au Toubkal s’il vous plaît (4 165 mètres).

Retour sans histoire, mais par un temps douteux. Pendant deux jours d’ailleurs ; il a plu à Sefra autant d’eau qu’en 6 mois d’hiver et l’oued a atteint deux mètres de haut, et il ne vaut mieux pas parler du courage des chauffeurs qui l’ont quand même traversé, au gué, alors que le courant entraînait à grande allure des tas de branches d’arbres et autres détritus.

Le même jour, Balmer et Macia, rentrent de Marrakech, via Meknès.

Le 29, les lt Capdeviolle et Brondel rentrent de Berrechid, et pour ne pas se compromettre donnent au P-39 des performances moyennes qui les laissent en dehors de la discussion.

Le lt Thierry, Balmer, Macia et Michaux partent à leur place.

Les mécaniciens vont à Alger monter nos P-39.

Un bon mois en somme, espérons que ça continuera.

Mois de mai 1943

De l’Escadrille, il ne reste ainsi dire personne à Aïn Sefra en ce début de mois.

Mais les mécaniciens sont soit à Berrechid, soit à Alger. En effet, les lt Capdeviolle, Rivory et Brondel, Ghesquière et Farriol sont partis chercher nos premiers Airacobra. Quatre autres sont à Berrichid. Enfin deux sont à Marrakech. Quelle belle dispersion !

Le 4 mai, les P-39, tout neufs, arrivent à Sefra. A signaler l’air ébahi, et d’ailleurs envieux des gens du II/3 qui viennent rôder autour, comme s’il s’agissait de bêtes curieuses.

Le lendemain, le Général Gamma vient nous rendre visite, et nous donner des tuyaux plus ou moins crevés sur la situation.

Le 9 mai, les pilotes de Berrechid rentrant à Sefra. Nous commençons à croire que le P-39 n’est pas si mauvais qu’on veut bien le dire. Pour commencer cette arrivée, Farriol et Ghesquière repartent à nouveau en convoyage à Alger. Il rentre le lundi avec Loï et Pimont.

Le lt Rivory, lui, est à Alger, pour réceptionner les avions du Groupe et surtout pour essayer les armes.

Le 11, nous avons la jouie de recevoir un nouveau pilote, le Corse Tunisien Giovanangelli (que c’est compliqué !). D’ailleurs, tout le monde de l’appeler immédiatement « Gio » ou « Chibonne ».

Également affecté, le c/c Gaillard.

Le lendemain, nouveau départ pour Alger, le lt Thierry, Michaux, Macia et Pimont vont chercher des Airacobra. Non pourtant, pas tous, car Pimont joue les pilotes d’essai à l’A.I.A. pour une durée indéterminée (pour le trouver entre les vols, aller voir à son bureau…)

Le 13, les pilotes, sauf lui, rentrent sans histoire.

Le 15, Macia et Michaux repartent en Goéland et Loï en Simoun, pour chercher à nouveau des avions. Cependant, ils ne sont pas tous prêts, et Michaux ne rentrera que dix jours après, ce qui ne sera pas pour déplaire à Madame (ni à lui d’ailleurs).

Balmer, lui prend délibérément sa permission.

Pendant ce temps, les pilotes présents rodent les avions, font des essais de consommations et de vitesses moyennes. Les conclusions sont assez sympathiques, quant à la vitesse particulièrement.

Quelques avions sont envoyés à Oran faire le plein d’huile et de munitions.

Entre temps arrivent les parachutes neufs et les vêtements de vol. Quant à ces derniers, nous sommes tous du même avis pour admettre que nous ne sommes pas volés.

C’est pourquoi un quart d’heure après la distribution, on voit la moitié des pilotes affublés qui de la tenue d’hiver complète, qui de la tenue d’été, sous un soleil brûlant pour prendre la photographie pour la marraine.

Le 25, les mécaniciens qui étaient à Berréchid rentrent à l’Escadrille.

26 mai 1943

Jour de grand deuil à la 2ème Escadrille.

Le capitaine Richard se tue

Le matin de bonne heure, le Capitaine et le lt Le Gloan font un combat entre P-39 et D.520. Ayant changé d’avions, ils repartent vers 10 heures pour continuer leur expérience. Vers 11 heures, le lt Le Gloan se pose. Les officiers attendent en vain le retour du Dewoitine. Après le repas, le Commandant donne des ordres pour que tous les avions aillent à sa recherche, lorsque en montant au terrain en car, un sous-officier aperçoit fortuitement un avion sur le ventre au sud du terrain, près de la voie ferrée.

Immédiatement prévenus, le Commandant et l’ambulance se précipitent. Il est 15 heures 30.

Il est malheureusement trop tard. Le capitaine Richard est mort. L’enquête conclut à une panne d’essence. L’avion en se posant sur le ventre sur un très mauvais terrain est arrêté net ; les bretelles d’épaules ne tiennent pas, et le capitaine va s’écraser se tout son poids sur le tableau de bord, qui est complètement défoncé.

Nous l’enterrons le vendredi 28 mai en présence de Mme. Richard, venue avec le général Beaune, du général Rignot, de nombreuses délégations venues de tous les coins d’Algérie et du Maroc.

Il est inutile de dire ici combien grande est notre détresse.

Il suffit de lire ce journal de marche pour se rendre compte à quel point nous l’aimions et quels liens indéfectibles nous attachaient.

Il est inutile également de retracer sa carrière brillante et ses qualités remarquables. Nous les connaissons tous et nous nous en souviendrons.

Adieu mon capitaine

La vie continue.

Le 28 avril, Michaux part en Simoun à Alger le lt Lanza et Pimont.

Il rentre le 31 avril.

Le s/c Berthe est affecté à l’Escadrille à partir du 30.

Les vols sont nombreux. Tous les avions sont maintenant arrivés. Et chaque matin le ciel de Sefra nous voit décoller deux fois chacun, à notre grande joie.

Mois de juin 1943

Alors que le mois s’amorçait chargé, le gros scandale su moment éclate : arrêts des vols pour manque d’essence. C’est invraisemblable mais exact. Nous ne sommes pourtant plus à l’époque des commissions d’armistice. Enfin, ça continue…

Cela n’empêche pas Achille d’aller à Alger en P-39 pour raisons personnelles. Bien joué ! Cependant personne ne comprend comment le Commandant a bien pu lui rendre la main sur ce point.

Depuis quelques jours, le bruit d’un départ se précise. Radio Balmer et radio brochettes fonctionnent à plein rendement.

Enfin le 15, la majorité des mécaniciens partent par la route ; enfin nous quittons Sefra !

Nous y laissons presque tous un bon souvenir, certains une fiancée, très peu, des enfants en fabrication (les vantards !).

Les pilotes ne partent que le 19. Le voyage est sans histoire. Et nous découvrons Berkrane, le terrain, et Port-Say, le cantonnement.

Pays sympathique : je veux dire la région.

Malheureusement, nous sommes déçus dès l’arrivée. La Compagnie de l’Air, qui se respecte, n’a pour ainsi dire rien installé sinon elle-même. C’est tout juste si nous mangeons et pouvons dormir.

Rien en somme pour agrémenter le trou qu’est Port-Say.

Nous nous consolons par de nombreux bains qui nous semblent délicieux après celui de quatre mois que nous avons pris à Aïn Sefra.

Inutile de décrire Port-Say ; il n’y a rien, quelques cabanons, une douane, un bureau de poste auxiliaire, quelques gendarmes et l’hôtel vide dans lequel nous logeons.

Les officiers habitent des cabanons.

Dans les huit jours qui suivent, aucune activité au Groupe. Nous voyons arriver beaucoup de nouveaux à la 2 :

·        les pilotes : s/c Knittel, sgt Leduc, qui viennent de Marrakech,

·        le mécanicien : sgt Berthe, anciennement du Groupement de chasse 6.

Quelques pilotes repartent à Sefra chercher les derniers avions : Loï, Ghesquière, Farriol, ce dernier allant dépanner les autres. Il est question d’ailleurs au cours du voyage de « Gabatche » d’un certain passage un peu trop rapide au gré du P-39, qui laisse en souvenir aux habitants de Sefra des morceaux de capotage.

Macia et Michaux partent en permission en Goéland, et le mois de juin se termine sur cette bonne impression.

D’autre part les vols reprennent, autre chose excellente.

Mois de juillet 1943

Le départ de l’a/c Balmer, le « Chibani » de la 2ème escadrille marque le début de ce mois ensoleillé. Il est affecté à l’école d’application du P.N. à Marrakech. Nous regretterons tous sa bonne humeur et surtout sa facilité de nous prendre à la cravate. Radio Balmer émettra maintenant sur une autre longueur d’onde et d’autres cieux. Cependant, sa portée sera peut-être suffisante pour qu’à l’occasion nos récepteurs l’accrochent.

Les vols, sinon très nombreux du moins intéressants, occupent une grande partie de notre activité. Exercices de navigation en vol rasant, tirs au sol, sur biroute, acrobatie, bombardements.

Le tir au sol se fait dans un champ voisin de la piste, parallèlement à celle-ci, ainsi que les bombardements. Ces derniers, grosse nouveauté pour les chasseurs que nous sommes, quoiqu’on dise, sont l’occasion de grosses discussions sur la méthode à pratiquer.

Ces méthodes plus ou moins compliquées, s’avèrent les unes après les autres mauvaises à coté de celle du Commandant (Destaillac). En effet après avoir étudié la question met dans le mille assez souvent. « L’essayer, c’est l’adopter », et tout le monde l’adopte.

A part des plaisantins qui larguent leurs bombes (d’exercice heureusement) à 1 km du but, les coups d’essai se stabilisent entre 100 et 200 mètres courts ou longs, et les pilotes entraînés (le crevard du bowling), dans un cercle de 100 m de diamètre….

 

(à suivre…)

 

Transcription F-X. BIBERT – Septembre 2020

Livre de Marche de la 6ème escadrille – Première partie

Livre de Marche de la 6ème escadrille – Seconde partie- -Campagne du Levant

 

Autres liens :

Livre de Marche de la 5ème escadrille

La page du GC III/6

La Campagne du Levant du Groupe GC III/6

Page d’accueil du site de François Xavier Bibert

 

 

 

 

 

 

 

FAC SIMILÉ de la COUVERTURE et d’une DOUBLE PAGE

du LIVRE de MARCHE de la 6ème ESCADRILLE