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Commandant PIERRE MARIE CHARLES CASTANIER

Commandant du GROUPE de CHASSE

GC 3/6

(1903 – 1940)

 

 

Pierre CASTANIER - Commandant du GC III/6

 

 

Masque Tragédie - GC III/6     Masque Comédie - GC III/6

 

Les insignes du Groupe GC III/6

Masques « Tragédie » et « Comédie »

choisis par Pierre CASTANIER en février 1940

 

 

 

Les hommes du GC III/6 - Historique officiel du GC III/6 - Livre de marche de la 5° - Livre de marche de la 6°

 

Page d’accueil du site de François-Xavier BIBERT

 

Pierre CASTANIER sur le site « Memorial-genweb »

 

Pierre CASTANIER sur le site « Mémoire des Hommes »

 

 

Le « masque de tragédie » (5ème) et le « masque de comédie » (6ème)ont été choisis par le commandant CASTANIER qui fait suite au capitaine DE PLACE à la tête du III/6, courant décembre 1939, tous deux ne désirant reprendre aucune ancienne tradition. C’est le chef de la sixième escadrille, le Lieutenant Guerrier, et un des mécaniciens de la 5ème escadrille qui les ont dessinés. Toutefois, l’Etat-major avait déjà attribué les traditions de la SPA 162 de la Grande guerre à cette escadrille. Par ailleurs et de l’avis même du capitaine DE PLACE, « comédie » et « tragédie » correspondent bien à l’état d’esprit du groupe à cette période de la « Drôle de guerre » et selon la formule littéraire, « tragedia e comedia, totta la caccia ! ».

 

 

Correspondance de M. CULIOLI en date du 25 novembre 1941 à Mer (Loir-et Cher)

 

« J’étais Lieutenant motocycliste du 24ème  régiment de tirailleurs tunisiens et également pilote de tourisme, je puis donner quelques indications concernant un pilote de chasse descendu en mai 1940.

 

Le 24 mai j’étais à Douai dans un faubourg au sud-ouest qui s’appelle, je crois, Lambres. Non loin de là, en bordure d’une route nationale, se trouvait un terrain d’atterrissage de guerre sans hangar. Le 24 mai donc, dans l’après-midi, peut-être vers 16h00, un Morane isolé se présenta aux abords de la ville à basse altitude. La D.C.A. (française vraisemblablement) l’atteignit de plein fouet et l’appareil piqua en feu et vint s’écraser au sol au sud de la route : le pilote sauta en parachute et vint tomber au nord de la route en bordure du terrain d’atterrissage près d’une meule de paille. Je sautai en side-car dès que je vis le parachute descendre et fonçai à travers champs dans la direction où il descendait. Je croyais à ce moment que c’était un ennemi et il allait tomber si près de ses lignes qu’il risquait de se sauver. Je suis arrivé près de la meule de foin exactement en même temps que le parachute. J’ai bondi sur lui, mais il m’a sauté au coup en disant : « Les Français, quel bonheur ! Moi qui me croyait chez l’ennemi ! »

 

Je l’ai transporté au P.S. du régiment où il a été soigné par le médecin capitaine Abadie et le médecin auxiliaire Marsanda, tous deux du 24 R.T.T. Il avait une blessure dans le flanc droit par une balle de mitrailleuse qui intéressait le foie et des blessures multiples à la jambe droite par éclat d’obus. Il souffrait cruellement, nous a raconté être en mission avec 9 camarades, avoir attaqué 15 Me, ses équipiers descendus, lui rentré avec sa blessure au foie et son avion endommagé, avoir été enfin achevé par la D.C.A. Il m’a demandé mon nom, qu’il m’a fait insérer sur une feuille dans son portefeuille. Il m’a donné son parachute (que j’ai perdu 5 jours plus tard quand j’ai été fait prisonnier).

 

Je suis absolument incapable de me rappeler son nom, ni le numéro de l’avion et la formation (que j’ai lus). Cependant, sur son ordre de mission placé dans son portefeuille en cuir très clair à grosses coutures, c’est un nom assez long se terminant, je crois, par « IER ». Il s’agit d’un commandant assez grand, l’air très jeune et très énergique parlant sans cesse de son pauvre Morane, demandant d’être immédiatement  acheminé sur l’Angleterre pour éviter à tout prix d’être prisonnier et retrouver un autre avion. A refusé une coupe de champagne, déclarant ne boire ni vin ni alcool.

 

Les médecins ont dit son état très grave et ne pouvaient se prononcer. Le même jour, il été amené au groupe sanitaire divisionnaire de la 5ème DINA et emmené probablement à Dunkerque.

 

De toute façon, j’espère que ces quelques informations pourront vous être utile. J’aurai un immense plaisir à avoir des nouvelles de cet officier qui a fait sur moi une profonde impression et qui semblait avoir toute la sympathie pour les modestes tirailleurs qui ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour le tirer d’affaire. »

 

 

C’est bien à Lambres-lès-Douai que le Morane du commandant Castanier, déjà mortellement blessé lors de son combat avec les chasseurs allemands est tombé, achevé par la D.C.A. française ! Par contre il n’étais pas 16h00 : l’action se situe plutôt vers 14h30. Il a été en fait transporté à Lille où il est décédé le lendemain, 25 mai.

 

Des archives militaires diverses donnent des explications complémentaires sur l’engagement des chasseurs Allemands et Français de ce jour là.

 

Le Groupement aérien 23, fort de onze Groupes de monoplaces et d’environ 150 avions, auquel appartient le groupe III/6 a l’ordre le 24 mai de porter son effort principal sur le secteur Bapaume – Croisilles – Arleux – Cambrai où les 1ère et 7ème armées poursuivent leur effort de jonction, au moment où les blindés allemands, fonçant vers Dunkerque à l’ouest, ont arrêté leur progression sur l’ordre d’Hitler, du fait que leur percée est étroite et leurs flancs vulnérables.

 

Avant d’envoyer les bombardiers dans la région de Cambrai, l’état major a tenté dans la matinée de localiser l’ennemi, puis, vers 13h30, dix huit Glenn-Martin attaquent les colonnes allemandes, protégés par trois patrouilles triples (III/6, III/3 et II/3). C’est au cours de cette mission française que des Dornier 17, du groupe allemand II/KG2, sont interceptés, eux-mêmes en mission de bombardement en vol rasant des colonnes de ravitaillement françaises, dans le triangle Amiens – Beauvais – Montdidier. Les archives allemandes reconnaissent la perte de l’appareil du Sergent Hermann qui se pose en urgence à 5 km à l’ouest de Saint-Quentin ; le mitrailleur Kurt Hoffmann est blessé.

 

Cependant la chasse allemande qui protégeait les Dornier s’en prend avec une rare violence aux chasseurs français entre Cambrai et Douai. Sont donc opposés le Squadron 73 anglais et les Groupes français  III/6, III/3 et II/3 au  III/ZG 26, I/JG 3 et II/JG 3 allemands.

 

C’est le II/ JG3 qui revendique la destruction du Morane du s/Lt Colonge à 14h35 et la capture du pilote qui s’est parachuté. Les deux autres groupes revendiquent trois autres Morane. Celui du commandant Castanier est peut-être l’un deux.

 

Signature du Commandant CASTANIER - GC III/6

 

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Le 27 mai 1940

le Commandant COSTANTINI

Commandant la Compagnie de l’Air 75/118, Officier d’Etat Civil

Secteur Postal 13/753

à

Monsieur le Commandant de la BA 122 à CHARTRES

 

 

J’ai l’honneur de vous signaler l’établissement et l’envoi au Ministère des Anciens Combattants de deux actes de disparition concernant :

1. Le Commandant CASTANIER, Marie, Pierre, François, Charles, Guillaume

Fils de Laurent, Louis, Marie et de dame CONNIOT Marie Eugénie, né le 12 Février 1903 à El-Biar département d’Alger inscrit sous de n0224 du registre de recrutement d’Alger.

Disparu au cours d’une mission aérienne sur le Front, le 24 mai 1940

2. Le Sous-Lieutenent COLONGES etc.

3. Le sergent Maigret etc.

Ces pièces ont été établies sur demande du Commandant du Groupe de Chasse 3/6.

 

Coupure de journal

 

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CITATION du COMMANDANT PIERRE CASTANIER

 

« Officier supérieur d’un allant et d’un cran admirables. A fait preuve des plus brillantes qualités de chef. Organisateur de premier plan, réalisateur tenace. Par ses qualités personnelles et sa manière de commander, a su maintenir dans son groupe et dans les circonstances les plus difficiles un excellent moral, payant continuellement de sa personne et prenant la tête d’une patrouille dans toutes les missions les plus dangereuses.

 

Le 24 mai 1940, a été mortellement blessé au cours de l’attaque d’un peloton de très nombreux bombardiers au-dessus des lignes ennemies, a réussi à sauter en parachute malgré les blessures graves reçues au cours du combat aérien. »

 

 

 

 

 

 

Pierre (Marie, Pierre, Charles, François, Guillaume) CASTANIER est né le 12 février 1903 à El Biar en Algérie. Son grand père, Pierre Louis CASTANIER (1826/1896) était Général. C’est un polytechnicien de la promotion 1923. Il se marie en 1928 à El Biar (Algérie) à Marie CAFFIN dite « Rinette », fille unique de Henri CAFFIN, haut fonctionnaire et de Zelia LAMARQUE de PLAISANCE, issue d’une riche famille de la région bordelaise. Il est admis brillamment à l’Ecole supérieure de guerre aérienne en 1938. Au début de la guerre, il est titulaire d’un poste important à l’état major et habite avec son épouse à Paris, rue Reynouard. Mais il veut avoir l’honneur de servir son pays dans une unité combattante et suite à cette demande, il est nommé Commandant du Groupe de Chasse III/6 au début de décembre 1939.

Coupure de presse  

 

Il était de taille moyenne avec les yeux bleu clair et un beau crâne romain qu'il mettait en valeur en portant des cheveux coupés très courts. Il avait beaucoup de distinction et une grande culture. Il adorait le livre de poésie « la négresse blonde » dont il aimait lire quelques morceaux à ses officiers quand il en avait l’occasion. Un jour qu'il avait eu à sévir contre un homme de troupe fautif, il déclara avec humour en provoquant l’étonnement de ceux qui avaient un regard sombre : « Je suis étonné de son comportement; il a les yeux bleus ! ».

 

On sait qu’il n’envisageait pas la défaite, et qu’il avait commencé, avant sa disparition, à préparer certains pilotes de son Groupe à l’idée de rejoindre l’Angleterre au cas ou les choses tourneraient mal, ce qu’il pressentait. C’était donc un réaliste et un visionnaire, et il aurait pu devenir sans doute un grand nom de la France Libre si son destin avait été autre…

 

A sa mort, c’est son adjoint le capitaine STEHLIN qui lui succède « casus morti » jusqu’en octobre 1940 à Alger. Ce dernier, nommé Commandant en septembre quitte alors l’Algérie pour rejoindre l’état major de l’Amiral Darlan à Vichy. Paul STEHLIN deviendra plus tard Général d’Armée Aérienne, Chef d’Etat Major en 1960, puis Conseiller d’Etat et Député ; mais ses prises de position très critiques sur la dissuasion française et sa préférence pour les avions américains créeront la polémique.

 

Plus tard, en Janvier 1942, le III/6 est confié au commandant Raymond DESTAILLAC, capitaine au II/5 au début de la guerre, titulaire de deux victoires. Il faut savoir pour la petite histoire que Raymond DESTAILLAC, futur Général, épousera... Marie CAFFIN, la veuve du commandant CASTANIER, et qu’ils vécurent longtemps à Alger dans la très belle villa mauresque dont elle avait héritée de ses riches parents…

 

La tradition familiale dit que le 24 mai, le commandant CASTANIER a abattu quatre avions allemands avant d’être mis au sol… Mais ceci n’est bien sûr qu’une belle légende…

 

Le commandant Pierre Castanier repose simplement dans la Nécropole Nationale d’Haubourdin, aux portes de Lille. Sa tombe qui porte le numéro 1748, est encadrée par celles d’un sergent-chef et d’un simple soldat des 34ème et 92ème RI.

 

Plaque : Pierre CASTANIER

 

Lire « Groupe de Chasse 3/6 » et non « 376 »...

 

 

Nécropole Nationale d'HAubourdin     Nécropole Nationale d'Haubourdin

 

Nécropole Nationale d’Haubourdin - Nord

 

Tombedu Commandant Pierre Castanier

 

La tombe 1748 du commandant Pierre Castanier

 

Remerciements à M. Jocelyn LECLERC pour ces clichés – 02/2010

 

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Paul STEHLIN

Témoigne pour l’Histoire

Robert Laffont 1964

… parle page 265 du commandant CASTANIER

 

 

 

« Il est mon aîné de quatre ans. Nous avons été ensemble à Strasbourg, j’ai gardé de lui le souvenir d’un excellent camarade , d’un homme cultivé, d’un pilote étonnant, de virtuosité et de compétence […] homme froid en apparence, réservé comme s’il était timide, parlant peu […]

 

Il décolle pendant que je retourne vers la maison en construction qui nous sert de salle d'opérations. Deux heures après cinq avions seulement atterrissent, Castanier est parmi les pilotes qui ne sont pas rentrés. Je ne saurai que le lendemain qu'il est mort dans un hôpital près de Lille, après avoir pu atterrir, malgré les blessures qui le tueront.

 

Les absents sont maintenant trop nombreux pour qu'on s'afflige de la mort de l'un, plus que de celle d'un autre. Le silence, lorsque la nouvelle de la disparition d'un pilote est connue, tient lieu de regret et de piété. La mort en combat est un accident dont on prend acte. Et puis, lorsque les pertes se succèdent au rythme presque régulier des sorties, chacun compte en soi ses chances de survivre. C'est une faiblesse humaine que peuvent juger ceux qui ont pu apprendre par eux-mêmes que le courage est un acte de volonté.

 

Cette première disparition en guerre d'un ami, qui pendant six jours a été mon chef, m'accable au-delà du chagrin visible que mes camarades, de leurs regards, partagent avec moi […]

 

Ses yeux, gris ou bleus, suivant la lueur qui les éclairait, se sont fermés sur le même sourire qui accueillait un ami ou acceptait un risque. Il avait choisi comme insigne de son groupe les deux masques de la tragédie et de la comédie du théâtre antique. Pour lui, que l'intelligence et l'action dirigeaient vers les sommets, l'acte de guerre était à la fois sublime et stupide… »

 

Informations rassemblées par François Xavier BIBERT avec l’aide de Dan GILBERTI (2008/2011)

 

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COMPLÉMENTS  -  MAI 2009

 

Le lieutenant CULIOLI dont le témoignage figure  dans cette page appartenait au 24ème Régiment de Tirailleurs Tunisiens. Ce régiment faisait partie du 5ème DINA sur lequel Monsieur Pierre BUSSON fait un travail de recherche. Voici le rapport d’opérations de cette unité à la date du témoignage du lieutenant CULIOLI.

 

Voir le site de Pierre BUSSON

       1ère ARMÉE

 

1er Bataillon autonome de

Mitrailleurs

 

RAPPORT D’OPERATIONS

 (Période du 10 au 30 MAI 1940)

 

21 Mai 1940 

Le 21 Mai 1940 vers 5 heures il arrivait à Flines-les-Raches. Depuis qu’il avait quitté Lambusart le 17 Mai, le Bataillon, sans désemparer, avait parcouru 120 kilomètres.

 

22 Mai 1940

Le Bataillon passait au repos les journées du 21 et du 22 Mai dans les bois de Flines sous la protection de la D.C.A anglaise.

 

III – DOUAI

23 Mai 1940

Remis à la disposition de la 5ème D.I.N.A. le 1er B.M. quittait Flines à 8 heures. Passant par Raches – Waziers – Sin-le-Noble – Férin où il stationnait quelques temps dans les bois marécageux, il gagna en fin d’après-midi la région de Noyelles-Bellonne et s’établissait défensivement face au Sud, en soutien des éléments du 14e Régiment de Zouaves avec la mission d’interdire tout débouché ennemi dans la région des marais de Tortequenne. Un fort bombardement fit quelques blessés à la C.M. 1 au moment où elle occupait ses positions.

 

24 Mai 1940

Au matin, le 1er B.M. recevait l’ordre de remonter vers le Nord, de repasser le canal sur le pont de Férin et d’interdire aux Allemands le passage du canal, d’une position défensive comprise entre Férin-le-Moulinet – Goelzin (P.C. du Bataillon) – Cantin.

Le bataillon était installé à 12 Heures.

C’est à cette date que se situe le témoignage lieutenant CULIOLI (24ème régiment de tirailleurs tunisiens) – Lambres – 16h00

 

25 Mai 1940

Renforcé par des éléments du 14e Régiment de Zouaves, le 1er B.M. au contact immédiat avec l’ennemi, repousse au cours de la journée toute tentative de reconnaissance du Canal en vue de son passage.

Vers 8 heures, alors qu’accompagné du Lieutenant Fournier, il faisait une reconnaissance de la défense du pont de Férin, le capitaine VALLEE, commandant la C.M. 1 fut tué d’un obus tiré vraisemblablement d’un char léger dissimulé sur la route de Gouy à Férin.

Le Lieutenant Fournier prit le commandement de la Compagnie.

Toute la nuit le Bataillon empêcha l’ennemi d’accéder au canal et lui interdit toute possibilité de jeter des passerelles en amont et en aval du pont de Férin détruit.

 

 

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