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LETTRE de JEAN BRÉVI à FXB 13.03.2008 Ancien
délégué mineur de la mine de Mairy MAINVILLE Ancien
maire de PIENNES - Meurthe et Moselle |
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….. Je tenais à envoyer ces quelques
mots afin de vous remercier de l'honneur et du plaisir que vous nous avez rendus avec cette initiative.
Surtout aujourd'hui où tout commence à
s'estomper, à s'effacer. Certes, il existe parmi nos familles quelques photos, quelques articles
parus dans la rubrique locale, des livres, des musées sur les Mines, mais les vôtres viennent encore
enrichir ce passé et les archives
consacrées aux mineurs.
L'avenir n'est pas l'oubli et le
souvenir permet de conserver la mémoire. Et par cela vous contribuez pour de nombreux mineurs à établir
des échanges.
Ces photos parlent de nous, de notre
travail, des outils, des engins utilisés et qui ont contribué à l'extraction de notre minerai de fer si
utile à une époque. L'article paru
dans Le Républicain Lorrain a été un moyen de rouvrir pour beaucoup d'entre nous, un temps où la
Mine avait une réelle importance.
La Mine, son chevalement avec sa
silhouette dressée vers le ciel, étaient liés à la commune de Mainville et signalaient
la présence d'une exploitation minière et servaient de repère, comme pour dire aux gens qui
passaient que c'était à cet endroit qu'ils
avaient travaillé à extraire du minerai. Cela a illustré des moments importants de notre histoire. Ces
photos sont des morceaux de vie, elles parlent sans légende, mais pour nous ce sont des pages vécues.
C'est aussi une bonne façon de rendre
hommage à ce métier disparu et de ne pas laisser tomber dans l'oubli toutes ces souffrances, mais
aussi les satisfactions procurées par la
Mine pour nos familles, nos localités, la région et la France. Il nous reste aussi notre Sainte Barbe,
la Fête des Mineurs ; certes elle est fêtée avec moins d'éclat que par le passé. Et s'il existe encore
d'anciens mineurs, beaucoup ont disparu hélas. Mais ceux qui restent veulent
entretenir cette tradition ancienne.
Tous ces hommes, ces femmes, nos
parents venus de partout, de la campagne environnante, de pays étrangers, tous,
la misère les avait chassés pour une même raison. Nombreux ont eu peur au
moment d'attaquer cette tâche qu'aucun ne connaissait, mais tous ont fait front
avec dignité. Tout cela a développé les vertus du courage, de solidarité avec
une sorte de noblesse de caractère propre aux mineurs du monde entier.
Ils sont arrivés avec d'autres
coutumes. Ce qui les a soudés, c'est la puissante fraternité du métier qui
demande d'être solidaire dans un travail d'équipe. Mais aussi ils partageaient
tout en dehors de la Mine qui symbolisait cette camaraderie construite
journellement dans l'effort, le danger, les conditions de travail.
Toutes nos Mines de Fer sont fermées,
mais le 4 décembre de chaque année, nous nous réunissons pour fêter notre
propre histoire. La Mine n'est plus qu'un souvenir et c'est un rappel d'une
solidarité établie par plusieurs générations, pour tous ceux qui ont vécu dans
les chantiers dans une nuit perpétuelle. Ils ne conservaient aucun trophée, ou
simplement un bloc, n'ayant aucune propre valeur, sinon d'être le symbole du
labeur de toute une vie vouée à la Mine. Ils gardaient au fond d'eux une
fierté, pas une vaine gloriole, mais la fierté, celle des hommes libres.
Photographier notre Mine, voilà un
thème très ouvert qui laisse aussi présager de l'intérêt que vous aviez eu pour
votre travail. Cela est un regard tout à fait intéressant sur le lieu où l'on a
travaillé ensemble, avec chacun une responsabilité différente. Vous avez laissé
votre regard saisir les différents aspects de notre vie à tous, en figeant des
personnages, en fixant sur une pellicule des installations de notre histoire
d'hier et que vous avez réussi à captiver. On ne photographie jamais au hasard,
car l'objectif est dirigé vers quelqu'un ou quelque chose qui vous touche. Tous
les personnages lors d'occasions qui ont réuni une partie du personnel ; cela
nous a fait replonger dans nos souvenirs.
Vous avez ainsi photographié ce que
vous avez aimé. Ces photos parlent de vous mais aussi de ceux que vous avez
côtoyés sur ce chemin de la Mine de Mairy.
Nombreux sont ceux qui n'ont pas de
photos de ces lieux où ils ont travaillé, c'est pourquoi ils sont heureux,
curieux, de pouvoir regarder ce que vous venez de mettre à leur disposition.
Cette Mine de Mairy a laissé beaucoup de traces, ils
se retrouvent devant des images riches d'information et de souvenirs qui nous
rappellent nos cités, nos amis, tout le passé et y observer la vie sociale,
quand ils faisaient la fête (lors d'événements heureux), c'est reconnaître un
peu notre histoire.
C'est un cadeau qui transmet quelques
pages de notre histoire, car notre identité est faite, mais à mon sens trop
silencieusement. Et si nous voulons que cela reste un souvenir vivant de tout
cela et que toutes ces vertus ne se perdent pas trop rapidement, il faut en
parler, et ces photos et documents sont des témoignages qui représentent
l'avantage d'informer notre jeunesse d'une façon plus vivante, car c'est à vous,
mais aussi à nous qu'il appartient de transmettre aux générations futures.
La Mine n'est plus là, mais pour le
moment des hommes qui l'on faite sont encore présents. Avec eux, et ces photos,
ils seront des mémoires vivantes et visibles. Je me réjouis d'avoir eu à
partager avec vous ces moments et ce plaisir que nous avons en commun, et des
instants d'une période riche de rencontres et de photographies symboliques….
Jean Brévi
13/03/2008
Ce livre comprend plus de 200 pages de textes, de documents, de photos.
Il est en vente :
Fédération Régionale des mineurs de Fer et de Sel Est-Ouest : 43,
rue de la Liberté – 54490 Piennes
Editions Fensch-Vallée : 9, rue Foch –
57240 Knutange
30€ + 4€ de frais d’expédition
Réponse de FXB :
Parmi tous les témoignages que j’ai reçus depuis la création de ce
site, celui de Jean Brévi est bien évidemment celui
qui m’a le plus touché, pour ne pas dire plus, par sa hauteur d’esprit et son
profond humanisme. Pour tout dire c’est un peu celui que j’espérais et que
j’attendais… De plus, la lecture de l’ouvrage « Mineurs au quotidien - Le Sous Sol
Lorrain - Rétrospective 1950/2006 », qu’il a eu la gentillesse
de me faire parvenir, ne peut que faire réfléchir. C’est un document
indispensable pour qui veut se replonger dans le contexte des sociétés minières
du pays haut de l’après guerre.
A Mairy, il me semble que le dialogue a
été toujours possible entre l’équipe de direction de la mine, les délégués du
syndicat C.G.T. bien implanté, puisqu’il rassemblait la quasi
totalité des mineurs, et le délégué mineur (1). Mais on peut mesurer
aujourd’hui combien l’engagement bénévole de ces différents représentants du
personnel au service des intérêts de tous était primordial et généreux, mais
ingrat et difficile face au système…
Il faut bien comprendre que le directeur et les ingénieurs de la
mine, qui étaient de fait leurs seuls interlocuteurs, n’étaient finalement,
comme eux aussi, que des salariés. Cependant et par principe, les uns devaient
défendre les intérêts de la « société », tandis que les autres devaient
défendre ceux des « ouvriers ». Et même si les deux parties en
pressentent la nécessité, il est quasiment impossible en France d’arriver à ce
que toute discussion parte du postulat que l’intérêt bien compris des uns
devrait normalement être aussi celui des autres…
En tant que « représentant »
des Elèves à l’Ecole des Mines j’ai eu l’occasion de rencontrer à Douai en
1969 Monsieur Yvon Morandat (2), Président des Charbonnages de
France :
·
« Monsieur
le Président, nous sommes 23 élèves qui auront bientôt leur diplôme
d’ingénieur. Que peuvent faire les Charbonnages pour nous ? »
·
« Mon
jeune ami, la France a besoin de charbon et d’hommes de valeur pour
l’exploiter. Il y aura de la place chez nous pour tout le monde… »
Six mois après l’ordre du jour était : Le charbon français
est trop cher, plus d’embauches, il faut fermer…
J’ai compris à ce moment la que les
meilleurs plans de production que je pourrais par la suite élaborer, sur des
bases techniques et économiques reconnues, dans n’importe quelle société
industrielle publique ou privée, ne pèseraient pas lourd face aux décisions
politiques et stratégiques venues d’ailleurs ou de nulle part. Cette révélation
me fut d’autant plus douloureuse que je connaissais les engagements de jeunesse
d’Yvon Morandat, que je le savais sincère, et que je le
découvrais impuissant, même Président…
La suite de ma carrière a démontré que mes craintes étaient
malheureusement justifiées. J’ai voulu me battre contre des décisions venues
d’ailleurs ou de nulle part, mais comme tout autre salarié, quelque
soit son rang, je n’ai pas eu alors beaucoup d’écoute et de capacité
d’influence… Que de sueur, d’efforts et de drames humains pour arracher des
richesses à la terre, quand à une époque elles ont de
la valeur pour certains, et pour démanteler les installations, quand les mêmes décident
un peu plus tard qu’elles n’en ont plus. D’autres peuvent ensuite arriver avec
un avis différent, mais il est alors trop tard ; la mine n’existe plus et
les mineurs ont disparu…
François Xavier Bibert
18/03/2008
(1)
Le premier
poste de délégué-mineur a été créé par Napoléon en 1810. Il était nommé par le
Service des Mines (l’état) et était chargé de la sécurité dans les sites. Ce
délégué mineur, qu’il ne faut pas confondre avec le délégué syndical, est,
depuis 1883, élu par ses pairs. Il dépend toujours du Service des mines et son
salaire s’il est payé par l’entreprise transite par le trésor public. Son
expérience de la sécurité dans les mines fait autorité. Acteur privilégié pour
la prévention des risques professionnels, « leader » ouvrier en raison de sa
fonction représentative, le délégué-mineur est un personnage incontournable qui
compte pour les divers acteurs du monde minier.
(2)
D’origine
extrêmement modeste, syndicaliste avant guerre avec
un simple certificat d’études, français libre dès 1940, grand résistant sur le
sol national, Yvon
Morandat s’est rendu célèbre à 31 ans le 25 août
1944, pendant la libération de Paris, en prenant l’hôtel Matignon au nom du
gouvernement provisoire, seul avec son épouse. Son rôle est joué par Jean-Paul
Belmondo dans le célèbre film « Paris brûle t’il ? ».
Compagnon de la Libération en 1945, il rentre aux Charbonnages de France en
1949 et en sera le Président en 1969, après un passage au gouvernement comme
Secrétaire d’Etat aux Affaires Sociales.
Liens
vers toutes les toutes les autres pages de ce site consacrées à la Mine de Mairy-Mainville
Album photographiques « MINES DE FER DE LORRAINE - MAIRY
MAINVILLE 1970/1981 » – 14 pages
Légendes des photos de l’album de la Mine de MAIRY
MAINVILLE - 1970/1981
Trombinoscope de la Mine de MAIRY MAINVILLE – 11 pages
Effets de lumière au fond de la mine de
MAIRY – Photos de Claude VOYAT
Départ en retraite de Monsieur Maurice
MERLIN
Légendes des photos du départ en retraite de Monsieur
Maurice MERLIN
Lettre de Jean BREVI à François Xavier BIBERT
Campagne de sécurité à la Mine de MAIRY – Le village de
MAINVILLE
Emploi de l'oxygène liquide comme Explosif dans les
Mines de Fer
« 4 HOMMES - 4 MACHINES - 4 TIRS - 40 WAGONS »
- Etude du CATERPILLAR 980
Mines de Fer de LORRAINE - Monographie de la Mine de Mairy - 1980
Géologie du bassin ferrifère lorrain à Hayange
Bibliothèque
« MINES ET CARRIERES » de FXB
Gérard DALSTEIN – « Les Chantiers du Fer »
Collection de pin’s de Guy PODLESNIK
MAINVILLE -
2008 – Friche industrielle
Mine de MAIRY – Articles du « Républicain
Lorrain »
François-Xavier BIBERT – Le « Républicain
Lorrain »
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