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18 février 2009

 

Henri Bauchiero

«LiÉs comme des fagots»

 

Henri Bauchiéro - Mine de Mairy

 

Henri Bauchiero habite encore à quelques pas à peine de l’ancienne mine de Landres. Aujourd’hui âgé de 70 ans, il y aura travaillé pendant 14 ans avant d’être muté, comme beaucoup de ses collègues, dans la mine voisine de Mairy-Mainville. Après avoir fait son apprentissage à Landres, et décroché son CAP d’aide-mineur, Henri fut embauché à la mine. D’abord au fond puis au jour suite à un accident. Employé au service entretien, il avait la charge notamment du domaine électrique et de la machine d’extraction. Il se souvient parfaitement de l’ambiance qui régnait à l’époque, «de cette camaraderie incroyable, de cette fraternité entre les mineurs ». «Un mineur polonais disait qu’on était tous liés comme des fagots. Tout le monde connaissait cette phrase. Ça voulait dire, l’union fait la force. Et je peux vous dire que c’était pas de la blague.»

 

 

 

 

 

 

04 mars 2009

 

Ali Khebchi

«Descendre au fond pour gagner plus»

 

Ali Khebchi - Mine de Mairy

 

 

« Mon père Mohamed a été le dernier tué de la mine de Mairy-Mainville en 1974. Il travaillait à l’abattage. Une chute de bloc lui a été fatale. » Cela ne dissuade pas le jeune Ali, 18 ans, arrivé un an auparavant. Après avoir travaillé au jour durant trois ans, il décide «de travailler au fond… pour gagner plus ! » Autre temps, autre slogan. Affecté à l’entretien et aux travaux préparatoires, il aurait bien voulu finir sa carrière dans cette mine très familiale : « Ils l’ont malheureusement fermée en juin 1992 et j’ai été reclassé… travaillant depuis lors à Edscha à Briey. » Pourtant, Ali, comme nombre d’autres salariés de ces dernières mines exploitées sur le Pays-Haut, a su se mobiliser pour obtenir des mesures d’accompagnement en manifestant avec force devant la sous-préfecture de Briey et en occupant de la place de la République à Metz durant près d’un mois, au début des années 90.

 

 

 

 

 

 

04 mars 2009

 

Marcel Inchelin

«Je l’ai aimÉE, je l’ai oubliÉE…»

 

Marcel Inchelin - Mine de Mairy

 

«J’ai eu du pot à trois ou quatre reprises. Heureusement, je m’en suis bien sorti. Une fois, j’ai même failli être complètement enterré dans une chambre qui s’est effondrée. » Marcel Inchelin, mineur à l’abattage, est parfaitement conscient d’avoir défié la mort durant sa carrière. Celui qui a connu la mine de Landres entre 1952 et 1958, «à l’époque, c’était au pic et à la pelle ! », est affecté à son retour du régiment, en juin 60, dans une mine totalement nouvelle et bien plus moderne, celle de Mairy-Mainville. Absorbé par son travail, par la productivité et l’esprit de camaraderie au sein des équipes, Marcel en oublie les risques de cette mine pourtant dangereuse, notamment dans son quartier G. Tel un devoir de mémoire, celui qui est à l’origine de la conception de la "purge télécommandée" rappelle avec émotion le nom des cinq mineurs tués durant ses 22 années de présence à Mairy-Mainville. A l’heure de la retraite en 1982, celui qui s’est investi corps et âme pour cette mine tourne pourtant la page rapidement : «Cette mine, autant je l’ai longtemps aimée, autant je l’ai vite oubliée. »

 

 

 

 

 

 

04 mars 2009

 

Marcel Caufman

«Machiniste au jour»

 

Marcel Caufman - Mine de Mairy

 

Boulanger de formation, Marcel Caufman se destinait plutôt à la mie qu’à la mine. «Mais après l’armée, j’en avais assez ! Alors je suis entré à la mine de Landres en 1959 comme jardinier avec d’être affecté aux accus puis aux machines d’extraction. » En 1963, c’est d’ailleurs comme machiniste au jour qu’il prend ses fonctions à la mine de Mairy-Mainville. Un poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1989. «Il y avait vraiment une bonne ambiance entre nous », consent ce dernier. Aujourd’hui, Marcel qui habite à quelques mètres seulement du carreau de mine, dit ne ressentir aucune nostalgie lorsqu’il passe devant le site.

 

 

 

 

 

 

18 février 2009

 

Edouard Blicharz

«Sainte-Barbe au fond»

 

Edouard Blicharz

 

Edouard Blicharz est né à Piennes en septembre 1938. Mais c’est en Pologne que se trouvent ses racines, celles de ses parents qui ont fui l’Est pour trouver du travail en France. Son père a donc travaillé à la mine de Landres avant d’imposer le même chemin à ses enfants. Le jeune Edouard va donc intégrer l’école d’apprentissage pour y décrocher un CAP d’aide-mineur «avec mention très bien ».

Très vite, sa voie se tournera vers la mécanique et l’électricité. Il sera donc embauché à l’entretien, un service qu’il quittera juste durant 28 mois le temps de faire son service militaire. Il y restera jusqu’à la fermeture en 1968, avant de rejoindre la mine voisine de Mairy-Mainville. De Landres, il se souvient bien sûr des «grèves en 1966» et des fêtes de la Sainte-Barbe. «Le patron fermait les yeux ce jour-là, confie-t-il. On fêtait ça au fond, on mettait une bouteille dans la musette et un casse-croûte amélioré. »

 

 

 

 

 

 

 

18 février 2009

 

Michel De Nicolo

 «Les grèves de 1966»

 

Michel De Nicolo

 

 

La mine de Landres chez les De Nicolo, c’est une histoire de famille. «Mon père travaillait à la mine, mon frère aussi», précise Michel, 72 ans. La famille a fui l’Italie fasciste en 1922 pour venir s’installer dans le bassin piennois. Logique donc que le jeune Michel intègre l’école d’apprentissage de Landres, dès ses 14 ans. «J’y ai passé quatre ans », explique-t-il. Il en sortira avec un CAP de mineur en poche, mais ne travaillera pas pour autant à l’abattage «où les besoins étaient moins importants à cette époque » mais à l’entretien. Pendant 13 ans, il travaillera au fond en qualité de mécanicien, avant d’être muté à Mairy-Mainville en 1967. De ces années passées à la mine de Landres, il se souvient «des grandes grèves de 1966 » et des «rassemblements dans l’ancienne salle de cinéma à Piennes avec tous les mineurs du coin ».

 

 

 

 

 

 

 

04 mars 2009

 

ExploitÉe Á compter de 1958 seulement, la mine de Mairy-Mainville a eu une durÉe de vie trÈs courte : l’exploitation s’est arrÊtÉe en juin 1992, non sans Épiques luttes syndicales.

 

Mine de Mairy - Années 1960

 

Le carreau de la mine de Mairy dans les années 1960

 

Humbo de Foration SECOMA JTH - Mine de Mairy - Années 1970

 

Un jumbo de foration SECOMA JTH dans les années 1970

 

Trente-quatre ans d’exploitation seulement. Une peccadille devant ses voisines octogénaires ou nonagénaires. La concession de la mine de Mairy-Mainville est pourtant attribuée à la Société des Hauts Fourneaux de Pont-à-Mousson par le décret dès le 31 mars 1899. La gestation est pourtant très longue. Il s’écoule en effet une cinquantaine d’années avant que la mine ne soit aménagée entre 1951 et 1957. Trois villages se situent dans la concession : Mairy, Mainville et Mont-Bonvillers. D’autre part, le ruisseau Woigot la traverse entièrement du nord-ouest au sud-est. En outre, un accident tectonique aligné sur une direction nord-sud casse le gisement dans sa partie amont. Ce réseau de failles n’a pas un rejet très important, mais il a une grosse ouverture. Ces éléments entraînent la présence d’investisons (zone ne pouvant être dépilée) importants.

 

A 251 mètres

La mine de Mairy-Mainville a eu la particularité d’être associée à la mine de Tucquegnieux en 1948, pour un partage à 50 % du temps d’extraction au puits Eugène-Roy. Le minerai mairy-mainvillois était envoyé aux aciéries de Longwy, desservi par le train de Tucquegnieux. L’unique puis de la mine (251 mètres) se trouvait à Mainville, tandis que l’exploitation s’étendait sur 1 082 hectares sous Mairy, et débordait sur les concessions de Mancieulles et de Landres. Les salariés de Mairy-Mainville ont indirectement connu la crise économique à partir de 1963, en accueillant les licenciés de la mine de Tucquegnieux. Après trois mutations de propriété au profit des sociétés Wendel-Sidélor (1968), Sacilor (1974) et de la filiale Lormine (1978), l’arrêt de l’exploitation est effectif en juin 1992. Les employés ont été mutés pour quelques mois seulement vers l’exploitation de Moyeuvre qui a arrêté son exploitation fin 1993 et dans les usines sidérurgiques de la région. Les travaux de démantèlement auront duré 6 mois, le ferraillage du puits étant opéré le 29 avril 1994.

 

Paternalisme

Le Pays-Haut comme la ville de Mairy-Mainville a tourné la page de son histoire minière depuis longtemps. Et pourtant, les anciennes gueules jaunes ne manquent pas de faire l’éloge de cette période. «A cette époque, les écoles d’apprentissage, comme celle de Landres, façonnaient des vrais hommes, de véritables athlètes, de grands sportifs aux ressources physiques et morales extraordinaires », explique fièrement l’un d’eux, tout en mettant en exergue le paternalisme des sociétés minières sur l’ensemble de la vie communale. L’école d’apprentissage de Landres qui a grandement alimenté en personnel la mine de Mairy-Mainville, a ainsi décroché de nombreux trophées en basket ou en volley-ball, sans oublier le 1er prix "chantiers sécurité" remporté au début des années 50. Pour beaucoup, la mine représentait aussi l’opportunité de prendre cet ascenseur social. Descendre au fond pour mieux monter… Un juste retour.

 

 

 

 

 

04 mars 2009

 

Un carreau de mine privÉ

 

Carreau de la Mine de Mairy

 

Le restaurant « Le Mainvillois » accueille aujourd'hui ses clients à l'entrée du carreau de l’ancienne mine.

 

Dix-sept années se sont écoulées depuis la fermeture définitive de la mine de Mairy-Mainville. Le temps s’est quasiment figé sur ces quelques hectares de terrain où la végétation semble petit à petit retrouver son espace naturel. Les murs des bâtiments centraux résonnent encore des luttes syndicales des derniers mois de son existence. Les slogans des ultimes luttes syndicales s’affichent en gros caractères au fronton comme autant de traces indélébiles. Une colère qui demeure à jamais marquée dans les esprits. Diverses activités se sont créées depuis quelques années sur ce carreau de mine appartenant à M. Kindelberger, comme le sympathique restaurant Le Mainvillois. D’autres projets d’envergure avaient été imaginés par ce propriétaire privé. Ceux-ci n’ont pu malheureusement aboutir. Contacté, celui-ci a simplement signalé que des négociations étaient en cours pour procéder à la vente de ce vaste espace. Le carreau ne demande qu’à renaître de ses cendres

 

 

 

 

 

 

 

18 février 2009

 

Landres : une histoire liÉe aux aciÉries de Micheville

 

Carreau de la Mine de Landres - Avant guerre

 

Le carreau de la mine de Landres avant la guerre

 

L'ancienne mine de fer a été exploitée à partir de 1906. Elle a définitivement fermé ses portes en décembre 1968.

 

L’histoire de la mine de Landres est étroitement liée à celle des aciéries de Micheville. Car le minerai de fer qui y était extrait servait essentiellement à alimenter les hauts fourneaux de Villerupt.

 

Landres était ce qu’on appelle une mine intégrée. Propriété des Aciéries de Micheville, qui possédait l’une des plus grandes usines sidérurgiques de Lorraine à Villerupt (elle aura compté jusqu’à 4 500 ouvriers), sa production était entièrement tournée vers son "usine mère" avec laquelle elle était reliée par le rail.

 

Si la mine de Landres a été exploitée à partir de 1906, c’est donc bel et bien parce que le besoin en fer était de plus en plus important dans les hauts fourneaux de Villerupt. C’est pour cette raison que des travaux de recherche et de sondage avaient été entrepris sur place dès 1893. Autre point commun avec Micheville, l’importance des effectifs d’origine italienne.

 

Fermée une première fois en 1914 suite à la mobilisation, la mine de Landres est ennoyée à cause de fuites d’eau venues de la mine de Piennes. Réexploitée deux ans plus tard sous l’autorité allemande de la «Schutzverwaltung», la mine accueille des prisonniers de guerre russes qui vont extraire le minerai. Les hostilités terminées, les Français reviennent travailler après le dénoyage de la partie basse de la mine, et assistent à la mécanisation du site. Une mécanisation qui ira ensuite crescendo, si l’on excepte bien sûr la période de l’occupation allemande, et qui sera marquée par la mise au point de la méthode d’exploitation dite de « Landres ».

 

Mutés à Mairy-Mainville

Après la Seconde Guerre mondiale, d’importants changements vont intervenir à commencer par l’actionnariat de la mine puisque c’est la société Sidélor qui en devient propriétaire en 1951. Au cours des années 50, on aura compté jusqu’à 600 employés à la mine de Landres.

 

Un chiffre qui sera revu à la baisse, par le biais de vagues de départs successives, jusqu’à la fermeture définitive en décembre 1968. Les mineurs encore en poste, que l’on estime à 200 environ, seront mutés en grande partie à la mine de Mairy-Mainville toute proche, ainsi que dans les usines sidérurgiques de Sidélor, que ce soit à Homécourt ou encore Lexy. Le 31 décembre 1968, l’histoire de la mine de Landres se refermait définitivement.

 

 

 

 

 

12 novembre 2008

 

Tucquegnieux, l’archÉtype de la mine intégrÉe

 

Carreau de la Mine de Tucquegnieux - Avant guerre

(cliché fourni par Henri Lamoine).

 

Le carreau de la mine de Tucquegnieux avant la guerre

 

La mine de Tucquegnieux dont l’exploitation a débuté vers 1910 a fonctionné jusqu’en avril 1986. Durant ces sept décennies, le site aura permis d’alimenter les Aciéries de Longwy.

 

Si proches et en fait si différentes. Les deux mines situées sur le territoire communal de Tucquegnieux, celles d’Anderny et de Tucquegnieux village, ont cessé leur activité au milieu des années 1980 mais leurs histoires respectives furent très différentes. En premier lieu parce que leur vocation n’était pas la même. Anderny représentait l’archétype de la mine marchande alors que Tucquegnieux était ce que l’on nomme une mine intégrée. C’est-à-dire que tout son minerai était directement exploité par le propriétaire de la concession, à savoir les Acieries de Longwy. Toute la production de fer transitait donc par voie ferrée jusqu’aux usines sidérurgiques du bassin de Longwy, distantes d’une bonne trentaine de kilomètres.

 

Cette mine qui comprenait deux puits mis en service vers 1910, a signé, après la Seconde Guerre mondiale, un pacte d’association avec la mine de Mairy-Mainville (propriété de Pont-à-Mousson). La destinée des deux sites sera dès lors étroitement liée, puisque le minerai extrait à Mairy-Mainville sera, à partir de décembre 1957, remonté à la surface à Tucquegnieux avant d’être expédié par train.

 

Si le fait d’être une mine intégrée a probablement préservé Tucquegnieux des tout premiers soubresauts de la crise, c’est à partir du milieu des années 60 que les premières importantes vagues de licenciements vont intervenir. Au plus fort de ses effectifs, la mine aura compté près de 700 salariés mais ce chiffre va rapidement décroître dès 1965. Et ce, malgré les innombrables luttes syndicales menées par la CGT, qui était ultramajoritaire sur le site. «Par notre façon de faire, on s’est fait respecter», explique Joseph Bec, l’un des leaders de ces mouvements. Mais cette mobilisation de tous les instants, notamment lorsque le carreau fut occupé pendant plus d’un mois en 1967, n’aura pas suffi pour enrayer le déclin de l’activité. Tant et si bien que le 1er avril 1986, quand la production fut définitivement stoppée, il ne restait plus que quelques dizaines de mineurs (une soixantaine environ) à reclasser. Certains d’entre eux avaient déjà été mutés à Piennes, d’autres le seront à Mairy-Mainville quand ils ne seront pas incités à prendre une retraite anticipée. Mais si leurs parcours se séparaient là, tous conserveront intacte cette image de «solidarité» qui régnait à la mine de Tucquegnieux.

 

Textes : Lionel Madella.

 

 

 

 

 

14 janvier 2009

 

Amermont-Dommary

la mine rouge a payÉ un lourd tribut

 

Mine d'Amermont Dommary

 

Implantée en Meuse, la mine d’Amermont-Dommary a été la plus profonde avec une exploitation située à 280 m sous terre, mais aussi l’une des plus dangereuses, notamment avant les années 1960. Elle a été très vite surnommée la mine rouge. Rouge comme le sang des mineurs qui y ont laissé la vie par centaines.

 

La mine d’Amermont-Dommary implantée à Bouligny est celle de tous les records, pour ne pas dire de tous les extrêmes.

 

Située la plus à l’ouest de l’ensemble des mines de fer de Lorraine, elle est la seule recensée sur le département de la Meuse. Une situation géographique qui a poussé les ingénieurs dans les entrailles de la terre afin de retrouver traces de la couche sédimentaire de minerai oolithique (minette). L’exploitation a été ainsi menée jusqu'à 280 m sous terre, faisant d’Amermont-Dommary la plus profonde de toutes les mines de fer de Lorraine. Elle a été longtemps l’une des plus productives avec près de 2 millions de tonnes de minerai extrait par an. Avec près de 12 m de minerai exploitable, la couche de minette à Amermont était aussi l’une des plus épaisses de la région. Enfin, et surtout, elle a recensé l’un des plus forts taux de mortalité, payant ainsi chaque année un lourd tribut à la liste des accidents de travail. Une insécurité qui lui a rapidement valu le surnom de "mine rouge".

 

Exploitation dès 1909

Après des travaux de recherche et de sondage entrepris entre1890 et 1900, la concession d’Amermont est partagée à 50 % par la société de Saintignon et par la Providence. En 1906, les travaux de fonçage du puits n° 1 sont réalisés, atteignant déjà la profondeur de 256 m. Début 1908, les travaux de fonçage du puits n° 2 sont entamés avec la création de la Société des mines d’Amermont-Dommary (Providence, Ougrée, Cockerill, Sidelor et Maxeville). Le 30 septembre 1909 marque le lancement réel de l’exploitation. En août 1914, l’exploitation s’arrête subitement à cause de la mobilisation générale et au retour des ouvriers italiens dans leur pays. Les Allemands procéderont à l’enlèvement des stocks de minerai et au démantèlement des installations de surface. La mine est alors entièrement noyée.
Il faut attendre mai 1920 pour faire réactiver le site après d’importants travaux de desennoyage et la remise en état des installations de surface. Entre 1935 et 1938, les propriétaires entreprennent le fonçage et l’armage d’un troisième puits sur la concession.

 

Arrêt en 1985

En juin 1940, sur instruction de l’ingénieur en chef, la mine d’Amermont-Dommary doit être sabotée. Finalement, seul le puits n° 3 le sera effectivement. L’exploitation reprend alors sous l’autorité allemande et avec le renfort de prisonniers soviétique à partir de 1943.
La période d’après-guerre est marquée par une importante modernisation des installations et une mécanisation au fond comme au jour. Pour autant, le 31 octobre 1985, l’exploitation de la mine s’arrête complètement quelques semaines seulement après le ferraillage le 9 août de la même année du puits n° 3. Le personnel est alors reclassé dans d’autres mines du bassin comme Mairy, Tucquegnieux ou Montrouge.

 

Une page de l’histoire industrielle se tourne brutalement pour tout un bassin.

 

 

 

 

 

 

14 janvier 2009

 

Joudreville

l’autre mine de… Bouligny

 

Mine de Joudreville

 

La mine de Joudreville en 1986. Elle avait fermé un an plus tôt. Les deux puits allaient «tomber» en 1988.

 

L’ancien carreau de la mine de Joudreville avait cette particularité de se situer… sur le ban communal de Bouligny ! Le petit village meusien avait donc deux sites d’extraction avec Amermont-Dommary. Mais on se souviendra surtout de Joudreville pour son exploitation mécanisée et "modernisée"…

 

L’ancienne mine de Joudreville avait ceci de particulier : si elle portait le nom de cette commune meurthe-et-mosellane située juste avant la Meuse, elle se trouvait en réalité… dans ce département ! Le siège d’extraction était effectivement sur le ban communal de Bouligny, sur la limite départementale avec la Meurthe-et-Moselle. Bouligny avait donc l’avantage d’avoir deux mines puisqu’outre celle de Joudreville, il y avait aussi la mine d’Amermont-Dommary.

 

Mais le carreau de Joudreville n’allait pas être surnommé la «mine rouge » comme sa voisine (lire RL du 14/01/09). Cependant, même si elle était moins dangereuse, la mine de Joudreville présentait une sécurité rudimentaire. Du moins à ses débuts. Jean Lach, 82 ans dont 30 passés au fond, se souvient encore qu’il ne portait pas de casque quand il a commencé ! «J’en ai eu un quand je suis descendu au fond, à moins 240 m », se souvient l’octogénaire au corps fatigué mais à la mémoire vive.

 

240 m. Voilà donc la profondeur des deux puits. L’un permettait la descente et la remontée du personnel et du matériel, l’autre assurait l’extraction du minerai de fer. C’est ce puits qui se trouvait à cheval sur les deux départements. Il est facile d’imaginer les gueules jaunes faisant de nombreux allers-retours entre la Meuse et la Meurthe-et-Moselle ! Mais les quelque 600 hommes au plus fort de l’activité n’avaient guère le cœur à rire. Comme ailleurs, les conditions de travail étaient pénibles. Et le danger était partout. «Il y avait presque un tué tous les ans », certifie Maurice Vicario qui fut au poste le plus dangereux : à l’abattage.

 

Le diesel après l’électricité

Le risque permanent et les difficultés du métier n’empêchèrent pas une bonne ambiance. «Les Polonais, les Italiens, les Français, on formait une communauté solidaire. On a toujours fait de bonnes fêtes à la Sainte-Barbe…», sourit Gilbert Ruppert.

 

Cet ancien mineur de 79 ans, qui a décoré son salon d’un grand cadre représentant l’ancien carreau de la mine de Joudreville avec toutes ses installations, retient surtout la modernisation avancée de la mine… avant un certain retour en arrière ! Comme il l’explique : «Notre mine a été la première à se moderniser : quand j’y ai travaillé, tout était électrique : les Jumbo, les camions-navettes… Puis le diesel est arrivé avec les fameux engins Caterpillar. Ça a été une véritable infection avec la fumée.»

 

Le progrès au service de l’homme, mais pas dans la mine. Censés faciliter les conditions de travail des mineurs, ces engins mécaniques allaient au contraire les durcir. Et si l’exploitant, en l’occurrence Usinor, n’avait pas pensé aux fumées dégagées par les pelleteuses et autres foreuses, il n’avait pas fait grand-chose pour éviter les asphyxies. «Il y avait des aérations, mais pas assez », déplore encore Gilbert Ruppert, lequel regarde une vieille photo de 1953, où il pose jeune homme avec six autres camarades. Le Meusien affirme pourtant ne pas être un nostalgique. «Quand j’ai pris ma retraite en 1980, j’étais bien content de partir. Car j’en avais bien bavé ! Mais j’ai quand même eu un pincement au cœur quand j’ai vu les deux puits tomber. » C’était en 1988. Trois ans plus tôt, la mine fermait après 77 ans d’activité…

 

 

 

Textes : Lionel Madella.

 

 

 

 

 

11 février 2009

 

L'histoire mouvementÉe

de la mine de La MouriÈre

 

Mine de la Mourière

 

Carreau de la mine de la Mourière en 1912

 

Avec plusieurs puits distants de quelques centaines de mètres à peine, le bassin de Piennes fut sans conteste l’un des hauts lieux de l’exploitation minière dans le bassin ferrifère lorrain. La mine de La Mourière, dont le nom aura résonné bien au-delà de la Meurthe-et-Moselle, en était l’une des figures de proue.

 

La Société des Hauts Fourneaux, Forges et Aciéries de Pompey obtient la concession de La Mourière le 20 mars 1900. Son exploitation débute dès 1910. La mine est désertée dès août 1914 au moment de la mobilisation générale, et les installations de surface sont démantelées par les Allemands. Ils reprennent ensuite l’exploitation en 1916, en s’appuyant sur une main-d’œuvre russe (des prisonniers). Après la guerre, en 1926, la concession de Domprix devient propriété de la Société des Mines de La Mourière

 

La Mourière sera, à l’instar des mines voisines, l’instrument de la résistance française face aux troupes allemandes : on ordonne le sabotage de la mine en juin 1940, on arrache les rails de guidage et les wagons sont jetés dans les puits. La remise en état de l’exploitation sera pourtant effectuée par les Allemands durant l’Occupation, fin 1940.

 

Mobilisation

Au sortir de la guerre, la mine va voir sa production croître de façon importante, le nombre de ses salariés augmentant aussi de façon conséquente. D’après d’anciens mineurs, il y aurait eu jusqu’à 550 salariés à La Mourière dans les années 50. Mais ce chiffre va ensuite être revu à la baisse. La Mourière, mine marchande par définition, étant l’une des premières à être touchées de plein fouet par l’évolution de l’économie mondiale et du commerce du minerai de fer.

 

Les années 60 seront donc marquées par des vagues de licenciement, celles-ci culminant en 1966. Cette année-là, les mineurs occupent les bureaux de la mine jour et nuit, durant un mois, pour afficher leur résistance et leur opposition aux restructurations en cours. Ils recevront le soutien du maire de Piennes, Lucien Caro, et du député Louis Dupont.

 

Malgré cette mobilisation, le sort de la mine de La Mourière est scellé. En août 1967, la production est définitivement stoppée. Quant à ses employés, ils sont en grande partie reclassés dans les usines sidérurgiques de Lexy, de Rehon, ainsi qu’à la mine de Hayange.

 

 

 

Textes : Lionel Madella.

 

 

Mise en page : François-Xavier BIBERT (04 et 09/2009)

 

Liens vers toutes les toutes les autres pages de ce site consacrées à la Mine de Mairy-Mainville

 

Album photographiques « MINES DE FER DE LORRAINE - MAIRY MAINVILLE 1970/1981 » – 14 pages

           Légendes des photos de l’album de la Mine de MAIRY MAINVILLE - 1970/1981

Trombinoscope de la Mine de MAIRY MAINVILLE – 11 pages

Effets de lumière au fond de la mine de MAIRY – Photos de Claude VOYAT

Départ en retraite de Monsieur Maurice MERLIN

           Légendes des photos du départ en retraite de Monsieur Maurice MERLIN

Lettre de Jean BREVI à François Xavier BIBERT

Campagne de sécurité à la Mine de MAIRY – Le village de MAINVILLE

Emploi de l'oxygène liquide comme Explosif dans les Mines de Fer de Lorraine

« 4 HOMMES - 4 MACHINES - 4 TIRS - 40 WAGONS » - Etude du CATERPILLAR 980

Mines de Fer de LORRAINE - Monographie de la Mine de MAIRY - 1980

Géologie du bassin ferrifère lorrain à Hayange

Bibliothèque « MINES ET CARRIERES » de FXB

12 Lampes de Mine

Gérard DALSTEIN – « Les Chantiers du Fer »

Collection de pin’s de Guy PODLESNIK

MAINVILLE - 2008 – Friche industrielle

Mine de MAIRY – Articles du « Républicain Lorrain »

François-Xavier BIBERT – Le « Républicain Lorrain »

 

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