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site de François-Xavier Bibert
18 février 2009 Henri Bauchiero
«LiÉs comme des fagots»Henri Bauchiero habite encore à quelques pas à peine de l’ancienne
mine de Landres. Aujourd’hui âgé de 70 ans, il y aura travaillé pendant 14
ans avant d’être muté, comme beaucoup de ses collègues, dans la mine voisine
de Mairy-Mainville. Après avoir fait son apprentissage à Landres, et décroché
son CAP d’aide-mineur, Henri fut embauché à la mine. D’abord au fond puis au
jour suite à un accident. Employé au service entretien, il avait la charge
notamment du domaine électrique et de la machine d’extraction. Il se souvient
parfaitement de l’ambiance qui régnait à l’époque, «de cette camaraderie
incroyable, de cette fraternité entre les mineurs ». «Un mineur
polonais disait qu’on était tous liés comme des fagots. Tout le monde
connaissait cette phrase. Ça voulait dire, l’union fait la force. Et je peux
vous dire que c’était pas de la blague.» |
04 mars 2009 Ali Khebchi«Descendre au fond pour gagner plus»
« Mon père Mohamed a été le
dernier tué de la mine de Mairy-Mainville en 1974. Il travaillait à
l’abattage. Une chute de bloc lui a été fatale. » Cela ne
dissuade pas le jeune Ali, 18 ans, arrivé un an auparavant. Après avoir
travaillé au jour durant trois ans, il décide «de travailler au fond… pour gagner plus ! » Autre temps,
autre slogan. Affecté à l’entretien et aux travaux préparatoires, il aurait
bien voulu finir sa carrière dans cette mine très familiale : « Ils l’ont malheureusement fermée en juin 1992 et
j’ai été reclassé… travaillant depuis lors à Edscha à Briey. »
Pourtant, Ali, comme nombre d’autres salariés de ces dernières mines
exploitées sur le Pays-Haut, a su se mobiliser pour obtenir des mesures
d’accompagnement en manifestant avec force devant la sous-préfecture de Briey
et en occupant de la place de la République à Metz durant près d’un mois, au
début des années 90. |
04 mars 2009 Marcel Inchelin«Je l’ai aimÉE, je l’ai oubliÉE…»«J’ai eu du pot à trois ou quatre reprises. Heureusement, je
m’en suis bien sorti. Une fois, j’ai même failli être complètement enterré
dans une chambre qui s’est effondrée. » Marcel Inchelin, mineur à l’abattage,
est parfaitement conscient d’avoir défié la mort durant sa carrière. Celui
qui a connu la mine de Landres entre 1952 et 1958, «à l’époque, c’était au
pic et à la pelle ! », est affecté à son retour du régiment, en juin 60,
dans une mine totalement nouvelle et bien plus moderne, celle de
Mairy-Mainville. Absorbé par son travail, par la productivité et l’esprit de
camaraderie au sein des équipes, Marcel en oublie les risques de cette mine
pourtant dangereuse, notamment dans son quartier G. Tel un devoir de mémoire,
celui qui est à l’origine de la conception de la "purge
télécommandée" rappelle avec émotion le nom des cinq mineurs tués durant
ses 22 années de présence à Mairy-Mainville. A l’heure de la retraite en
1982, celui qui s’est investi corps et âme pour cette mine tourne pourtant la
page rapidement : «Cette mine, autant je l’ai longtemps aimée, autant je
l’ai vite oubliée. » |
04 mars 2009 Marcel Caufman«Machiniste au jour»Boulanger de formation,
Marcel Caufman se destinait plutôt à la mie qu’à la mine. «Mais après l’armée, j’en avais assez !
Alors je suis entré à la mine de Landres en 1959 comme jardinier avec d’être
affecté aux accus puis aux machines d’extraction. » En 1963, c’est d’ailleurs
comme machiniste au jour qu’il prend ses fonctions à la mine de
Mairy-Mainville. Un poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1989. «Il y
avait vraiment une bonne ambiance entre nous », consent ce dernier.
Aujourd’hui, Marcel qui habite à quelques mètres seulement du carreau de
mine, dit ne ressentir aucune nostalgie lorsqu’il passe devant le site. |
18 février 2009 Edouard Blicharz
«Sainte-Barbe au fond»
Edouard Blicharz est né à Piennes en septembre 1938. Mais
c’est en Pologne que se trouvent ses racines, celles de ses parents qui ont
fui l’Est pour trouver du travail en France. Son père a donc travaillé à la
mine de Landres avant d’imposer le même chemin à ses enfants. Le jeune
Edouard va donc intégrer l’école d’apprentissage pour y décrocher un CAP
d’aide-mineur «avec mention très bien ». Très vite, sa voie se tournera vers la mécanique et
l’électricité. Il sera donc embauché à l’entretien, un service qu’il quittera
juste durant 28 mois le temps de faire son service militaire. Il y restera
jusqu’à la fermeture en 1968, avant de rejoindre la mine voisine de
Mairy-Mainville. De Landres, il se souvient bien sûr des «grèves en 1966» et
des fêtes de la Sainte-Barbe. «Le patron fermait les yeux ce jour-là,
confie-t-il. On fêtait ça au fond, on mettait une bouteille dans la musette
et un casse-croûte amélioré. » |
18 février 2009 Michel De Nicolo
«Les grèves de 1966»
La mine de Landres chez les De Nicolo, c’est une histoire
de famille. «Mon père travaillait à la mine, mon frère aussi», précise
Michel, 72 ans. La famille a fui l’Italie fasciste en 1922 pour venir
s’installer dans le bassin piennois. Logique donc que le jeune Michel intègre
l’école d’apprentissage de Landres, dès ses 14 ans. «J’y ai passé quatre
ans », explique-t-il. Il en sortira avec un CAP de mineur en poche, mais
ne travaillera pas pour autant à l’abattage «où les besoins étaient moins
importants à cette époque » mais à l’entretien. Pendant 13 ans, il
travaillera au fond en qualité de mécanicien, avant d’être muté à
Mairy-Mainville en 1967. De ces années passées à la mine de Landres, il se
souvient «des grandes grèves de 1966 » et des «rassemblements dans
l’ancienne salle de cinéma à Piennes avec tous les mineurs du coin ». |
04 mars 2009 ExploitÉe Á compter de 1958 seulement,
la mine de Mairy-Mainville a eu une durÉe de vie trÈs courte : l’exploitation
s’est arrÊtÉe en juin
1992, non sans Épiques luttes syndicales.
Le carreau de la mine de Mairy dans les années 1960 Un jumbo de foration SECOMA JTH dans les années 1970 Trente-quatre
ans d’exploitation seulement. Une peccadille devant ses voisines octogénaires
ou nonagénaires. La concession de la mine de Mairy-Mainville est pourtant
attribuée à la Société des Hauts Fourneaux de Pont-à-Mousson par le décret
dès le 31 mars 1899. La gestation est pourtant très longue. Il s’écoule en
effet une cinquantaine d’années avant que la mine ne soit aménagée entre 1951
et 1957. Trois villages se situent dans la concession : Mairy, Mainville et
Mont-Bonvillers. D’autre part, le ruisseau Woigot la traverse entièrement du
nord-ouest au sud-est. En outre, un accident tectonique aligné sur une
direction nord-sud casse le gisement dans sa partie amont. Ce réseau de
failles n’a pas un rejet très important, mais il a une grosse ouverture. Ces
éléments entraînent la présence d’investisons (zone ne pouvant être dépilée)
importants. A
251 mètres La
mine de Mairy-Mainville a eu la particularité d’être associée à la mine de
Tucquegnieux en 1948, pour un partage à 50 % du temps d’extraction au puits
Eugène-Roy. Le minerai mairy-mainvillois était envoyé aux aciéries de Longwy,
desservi par le train de Tucquegnieux. L’unique puis de la mine (251 mètres)
se trouvait à Mainville, tandis que l’exploitation s’étendait sur 1 082
hectares sous Mairy, et débordait sur les concessions de Mancieulles et de
Landres. Les salariés de Mairy-Mainville ont indirectement connu la crise
économique à partir de 1963, en accueillant les licenciés de la mine de
Tucquegnieux. Après trois mutations de propriété au profit des sociétés
Wendel-Sidélor (1968), Sacilor (1974) et de la filiale Lormine (1978),
l’arrêt de l’exploitation est effectif en juin 1992. Les employés ont été
mutés pour quelques mois seulement vers l’exploitation de Moyeuvre qui a
arrêté son exploitation fin 1993 et dans les usines sidérurgiques de la
région. Les travaux de démantèlement auront duré 6 mois, le ferraillage du
puits étant opéré le 29 avril 1994. Paternalisme Le Pays-Haut
comme la ville de Mairy-Mainville a tourné la page de son histoire minière
depuis longtemps. Et pourtant, les anciennes gueules jaunes ne manquent pas
de faire l’éloge de cette période. «A cette époque, les écoles
d’apprentissage, comme celle de Landres, façonnaient des vrais hommes, de
véritables athlètes, de grands sportifs aux ressources physiques et morales
extraordinaires », explique fièrement l’un d’eux, tout en mettant en exergue
le paternalisme des sociétés minières sur l’ensemble de la vie communale.
L’école d’apprentissage de Landres qui a grandement alimenté en personnel la
mine de Mairy-Mainville, a ainsi décroché de nombreux trophées en basket ou
en volley-ball, sans oublier le 1er prix "chantiers sécurité"
remporté au début des années 50. Pour beaucoup, la mine représentait aussi
l’opportunité de prendre cet ascenseur social. Descendre au fond pour mieux
monter… Un juste retour. |
04 mars 2009 Un carreau de mine privÉLe restaurant « Le Mainvillois » accueille aujourd'hui ses clients à l'entrée du carreau de l’ancienne mine. Dix-sept
années se sont écoulées depuis la fermeture définitive de la mine de
Mairy-Mainville. Le temps s’est quasiment figé sur ces quelques hectares de
terrain où la végétation semble petit à petit retrouver son espace naturel.
Les murs des bâtiments centraux résonnent encore des luttes syndicales des
derniers mois de son existence. Les slogans des ultimes luttes syndicales
s’affichent en gros caractères au fronton comme autant de traces indélébiles.
Une colère qui demeure à jamais marquée dans les esprits. Diverses activités
se sont créées depuis quelques années sur ce carreau de mine appartenant à M.
Kindelberger, comme le sympathique restaurant Le Mainvillois. D’autres
projets d’envergure avaient été imaginés par ce propriétaire privé. Ceux-ci
n’ont pu malheureusement aboutir. Contacté, celui-ci a simplement signalé que
des négociations étaient en cours pour procéder à la vente de ce vaste
espace. Le carreau ne demande qu’à renaître de ses cendres |
18 février 2009 Landres : une histoire liÉe aux
aciÉries de Micheville
Le carreau de la mine de Landres avant la guerre L'ancienne
mine de fer a été exploitée à partir de 1906. Elle a définitivement fermé ses
portes en décembre 1968. L’histoire
de la mine de Landres est étroitement liée à celle des aciéries de
Micheville. Car le minerai de fer qui y était extrait servait essentiellement
à alimenter les hauts fourneaux de Villerupt. Landres
était ce qu’on appelle une mine intégrée. Propriété des Aciéries de
Micheville, qui possédait l’une des plus grandes usines sidérurgiques de
Lorraine à Villerupt (elle aura compté jusqu’à 4 500 ouvriers), sa production
était entièrement tournée vers son "usine mère" avec laquelle elle
était reliée par le rail. Si la
mine de Landres a été exploitée à partir de 1906, c’est donc bel et bien
parce que le besoin en fer était de plus en plus important dans les hauts
fourneaux de Villerupt. C’est pour cette raison que des travaux de recherche
et de sondage avaient été entrepris sur place dès 1893. Autre point commun
avec Micheville, l’importance des effectifs d’origine italienne. Fermée
une première fois en 1914 suite à la mobilisation, la mine de Landres est
ennoyée à cause de fuites d’eau venues de la mine de Piennes. Réexploitée
deux ans plus tard sous l’autorité allemande de la «Schutzverwaltung», la
mine accueille des prisonniers de guerre russes qui vont extraire le minerai.
Les hostilités terminées, les Français reviennent travailler après le
dénoyage de la partie basse de la mine, et assistent à la mécanisation du
site. Une mécanisation qui ira ensuite crescendo, si l’on excepte bien sûr la
période de l’occupation allemande, et qui sera marquée par la mise au point
de la méthode d’exploitation dite de « Landres ». Mutés
à Mairy-Mainville Après
la Seconde Guerre mondiale, d’importants changements vont intervenir à
commencer par l’actionnariat de la mine puisque c’est la société Sidélor qui
en devient propriétaire en 1951. Au cours des années 50, on aura compté jusqu’à
600 employés à la mine de Landres. Un
chiffre qui sera revu à la baisse, par le biais de vagues de départs
successives, jusqu’à la fermeture définitive en décembre 1968. Les mineurs
encore en poste, que l’on estime à 200 environ, seront mutés en grande partie
à la mine de Mairy-Mainville toute proche, ainsi que dans les usines
sidérurgiques de Sidélor, que ce soit à Homécourt ou encore Lexy. Le 31
décembre 1968, l’histoire de la mine de Landres se refermait définitivement. |
12 novembre 2008 Tucquegnieux, l’archÉtype de la
mine intégrÉe
(cliché fourni par Henri Lamoine). Le carreau de la mine de Tucquegnieux avant la guerre La
mine de Tucquegnieux dont l’exploitation a débuté vers 1910 a fonctionné jusqu’en
avril 1986. Durant ces sept décennies, le site aura permis d’alimenter les
Aciéries de Longwy. Si
proches et en fait si différentes. Les deux mines situées sur le territoire
communal de Tucquegnieux, celles d’Anderny et de Tucquegnieux village, ont
cessé leur activité au milieu des années 1980 mais leurs histoires
respectives furent très différentes. En premier lieu parce que leur vocation
n’était pas la même. Anderny représentait l’archétype de la mine marchande
alors que Tucquegnieux était ce que l’on nomme une mine intégrée.
C’est-à-dire que tout son minerai était directement exploité par le
propriétaire de la concession, à savoir les Acieries de Longwy. Toute la
production de fer transitait donc par voie ferrée jusqu’aux usines
sidérurgiques du bassin de Longwy, distantes d’une bonne trentaine de
kilomètres. Cette
mine qui comprenait deux puits mis en service vers 1910, a signé, après la
Seconde Guerre mondiale, un pacte d’association avec la mine de
Mairy-Mainville (propriété de Pont-à-Mousson). La destinée des deux sites
sera dès lors étroitement liée, puisque le minerai extrait à Mairy-Mainville
sera, à partir de décembre 1957, remonté à la surface à Tucquegnieux avant
d’être expédié par train. Si le
fait d’être une mine intégrée a probablement préservé Tucquegnieux des tout
premiers soubresauts de la crise, c’est à partir du milieu des années 60 que
les premières importantes vagues de licenciements vont intervenir. Au plus
fort de ses effectifs, la mine aura compté près de 700 salariés mais ce
chiffre va rapidement décroître dès 1965. Et ce, malgré les innombrables
luttes syndicales menées par la CGT, qui était ultramajoritaire sur le site.
«Par notre façon de
faire, on s’est fait respecter», explique Joseph Bec, l’un des leaders de
ces mouvements. Mais cette mobilisation de tous les instants, notamment
lorsque le carreau fut occupé pendant plus d’un mois en 1967, n’aura pas
suffi pour enrayer le déclin de l’activité. Tant et si bien que le 1er avril
1986, quand la production fut définitivement stoppée, il ne restait plus que
quelques dizaines de mineurs (une soixantaine environ) à reclasser. Certains
d’entre eux avaient déjà été mutés à Piennes, d’autres le seront à
Mairy-Mainville quand ils ne seront pas incités à prendre une retraite anticipée.
Mais si leurs parcours se séparaient là, tous conserveront intacte cette
image de «solidarité» qui régnait à la mine de Tucquegnieux. Textes
: Lionel Madella. |
14 janvier 2009 Amermont-Dommary
la mine rouge a payÉ un lourd
tribut
Implantée en Meuse, la mine d’Amermont-Dommary a été la plus
profonde avec une exploitation située à 280 m sous terre, mais aussi l’une
des plus dangereuses, notamment avant les années 1960. Elle a été très vite
surnommée la mine rouge. Rouge comme le sang des mineurs qui y ont laissé la
vie par centaines. La
mine d’Amermont-Dommary implantée à Bouligny est celle de tous les records,
pour ne pas dire de tous les extrêmes. Située
la plus à l’ouest de l’ensemble des mines de fer de Lorraine, elle est la seule
recensée sur le département de la Meuse. Une situation géographique qui a
poussé les ingénieurs dans les entrailles de la terre afin de retrouver
traces de la couche sédimentaire de minerai oolithique (minette).
L’exploitation a été ainsi menée jusqu'à 280 m sous terre, faisant
d’Amermont-Dommary la plus profonde de toutes les mines de fer de Lorraine.
Elle a été longtemps l’une des plus productives avec près de 2 millions de
tonnes de minerai extrait par an. Avec près de 12 m de minerai exploitable, la
couche de minette à Amermont était aussi l’une des plus épaisses de la
région. Enfin, et surtout, elle a recensé l’un des plus forts taux de
mortalité, payant ainsi chaque année un lourd tribut à la liste des accidents
de travail. Une insécurité qui lui a rapidement valu le surnom de "mine
rouge". Exploitation
dès 1909 Après
des travaux de recherche et de sondage entrepris entre1890 et 1900, la
concession d’Amermont est partagée à 50 % par la société de Saintignon et par
la Providence. En 1906, les travaux de fonçage du puits n° 1 sont réalisés,
atteignant déjà la profondeur de 256 m. Début 1908, les travaux de fonçage du
puits n° 2 sont entamés avec la création de la Société des mines
d’Amermont-Dommary (Providence, Ougrée, Cockerill, Sidelor et Maxeville). Le
30 septembre 1909 marque le lancement réel de l’exploitation. En août 1914,
l’exploitation s’arrête subitement à cause de la mobilisation générale et au
retour des ouvriers italiens dans leur pays. Les Allemands procéderont à
l’enlèvement des stocks de minerai et au démantèlement des installations de
surface. La mine est alors entièrement noyée. Arrêt
en 1985 En
juin 1940, sur instruction de l’ingénieur en chef, la mine d’Amermont-Dommary
doit être sabotée. Finalement, seul le puits n° 3 le sera effectivement.
L’exploitation reprend alors sous l’autorité allemande et avec le renfort de
prisonniers soviétique à partir de 1943. Une
page de l’histoire industrielle se tourne brutalement pour tout un bassin. |
14 janvier 2009 Joudreville
l’autre mine de… Bouligny
La mine de Joudreville en 1986. Elle avait fermé un an plus tôt.
Les deux puits allaient «tomber» en 1988. L’ancien
carreau de la mine de Joudreville avait cette particularité de se situer… sur
le ban communal de Bouligny ! Le petit village meusien avait donc deux sites d’extraction
avec Amermont-Dommary. Mais on se souviendra surtout de Joudreville pour son
exploitation mécanisée et "modernisée"… L’ancienne
mine de Joudreville avait ceci de particulier : si elle portait le nom de
cette commune meurthe-et-mosellane située juste avant la Meuse, elle se
trouvait en réalité… dans ce département ! Le siège d’extraction était
effectivement sur le ban communal de Bouligny, sur la limite départementale
avec la Meurthe-et-Moselle. Bouligny avait donc l’avantage d’avoir deux mines
puisqu’outre celle de Joudreville, il y avait aussi la mine
d’Amermont-Dommary. Mais
le carreau de Joudreville n’allait pas être surnommé la «mine rouge » comme
sa voisine (lire RL du 14/01/09). Cependant, même si elle était moins
dangereuse, la mine de Joudreville présentait une sécurité rudimentaire. Du
moins à ses débuts. Jean Lach, 82 ans dont 30 passés au fond, se souvient
encore qu’il ne portait pas de casque quand il a commencé ! «J’en ai eu un
quand je suis descendu au fond, à moins 240 m », se souvient l’octogénaire au
corps fatigué mais à la mémoire vive. 240 m.
Voilà donc la profondeur des deux puits. L’un permettait la descente et la
remontée du personnel et du matériel, l’autre assurait l’extraction du
minerai de fer. C’est ce puits qui se trouvait à cheval sur les deux
départements. Il est facile d’imaginer les gueules jaunes faisant de nombreux
allers-retours entre la Meuse et la Meurthe-et-Moselle ! Mais les quelque 600
hommes au plus fort de l’activité n’avaient guère le cœur à rire. Comme
ailleurs, les conditions de travail étaient pénibles. Et le danger était
partout. «Il y avait presque un tué tous les ans », certifie Maurice Vicario
qui fut au poste le plus dangereux : à l’abattage. Le
diesel après l’électricité Le
risque permanent et les difficultés du métier n’empêchèrent pas une bonne
ambiance. «Les Polonais, les Italiens, les Français, on formait une
communauté solidaire. On a toujours fait de bonnes fêtes à la Sainte-Barbe…»,
sourit Gilbert Ruppert. Cet
ancien mineur de 79 ans, qui a décoré son salon d’un grand cadre représentant
l’ancien carreau de la mine de Joudreville avec toutes ses installations,
retient surtout la modernisation avancée de la mine… avant un certain retour
en arrière ! Comme il l’explique : «Notre mine a été la première à se
moderniser : quand j’y ai travaillé, tout était électrique : les Jumbo, les
camions-navettes… Puis le diesel est arrivé avec les fameux engins
Caterpillar. Ça a été une véritable infection avec la fumée.» Le
progrès au service de l’homme, mais pas dans la mine. Censés faciliter les
conditions de travail des mineurs, ces engins mécaniques allaient au
contraire les durcir. Et si l’exploitant, en l’occurrence Usinor, n’avait pas
pensé aux fumées dégagées par les pelleteuses et autres foreuses, il n’avait
pas fait grand-chose pour éviter les asphyxies. «Il y avait des aérations,
mais pas assez », déplore encore Gilbert Ruppert, lequel regarde une vieille
photo de 1953, où il pose jeune homme avec six autres camarades. Le Meusien
affirme pourtant ne pas être un nostalgique. «Quand j’ai pris ma retraite en
1980, j’étais bien content de partir. Car j’en avais bien bavé ! Mais j’ai
quand même eu un pincement au cœur quand j’ai vu les deux puits tomber. »
C’était en 1988. Trois ans plus tôt, la mine fermait après 77 ans d’activité… Textes
: Lionel Madella. |
11 février 2009 L'histoire mouvementÉe
de la mine de La MouriÈre
Carreau de la mine de la Mourière en 1912 Avec plusieurs
puits distants de quelques centaines de mètres à peine, le bassin de Piennes
fut sans conteste l’un des hauts lieux de l’exploitation minière dans le
bassin ferrifère lorrain. La mine de La Mourière, dont le nom aura résonné
bien au-delà de la Meurthe-et-Moselle, en était l’une des figures de proue. La
Société des Hauts Fourneaux, Forges et Aciéries de Pompey obtient la
concession de La Mourière le 20 mars 1900. Son exploitation débute dès 1910.
La mine est désertée dès août 1914 au moment de la mobilisation générale, et
les installations de surface sont démantelées par les Allemands. Ils
reprennent ensuite l’exploitation en 1916, en s’appuyant sur une main-d’œuvre
russe (des prisonniers). Après la guerre, en 1926, la concession de Domprix
devient propriété de la Société des Mines de La Mourière La
Mourière sera, à l’instar des mines voisines, l’instrument de la résistance
française face aux troupes allemandes : on ordonne le sabotage de la mine en
juin 1940, on arrache les rails de guidage et les wagons sont jetés dans les
puits. La remise en état de l’exploitation sera pourtant effectuée par les
Allemands durant l’Occupation, fin 1940. Mobilisation Au
sortir de la guerre, la mine va voir sa production croître de façon importante,
le nombre de ses salariés augmentant aussi de façon conséquente. D’après
d’anciens mineurs, il y aurait eu jusqu’à 550 salariés à La Mourière dans les
années 50. Mais ce chiffre va ensuite être revu à la baisse. La Mourière,
mine marchande par définition, étant l’une des premières à être touchées de
plein fouet par l’évolution de l’économie mondiale et du commerce du minerai
de fer. Les
années 60 seront donc marquées par des vagues de licenciement, celles-ci
culminant en 1966. Cette année-là, les mineurs occupent les bureaux de la
mine jour et nuit, durant un mois, pour afficher leur résistance et leur
opposition aux restructurations en cours. Ils recevront le soutien du maire
de Piennes, Lucien Caro, et du député Louis Dupont. Malgré
cette mobilisation, le sort de la mine de La Mourière est scellé. En août
1967, la production est définitivement stoppée. Quant à ses employés, ils
sont en grande partie reclassés dans les usines sidérurgiques de Lexy, de
Rehon, ainsi qu’à la mine de Hayange. Textes
: Lionel Madella. |
Mise en page : François-Xavier BIBERT (04 et 09/2009)
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consacrées à la Mine de Mairy-Mainville
Album
photographiques « MINES DE FER DE LORRAINE - MAIRY MAINVILLE
1970/1981 » – 14 pages
Légendes des photos de l’album de la Mine de MAIRY MAINVILLE
- 1970/1981
Trombinoscope de
la Mine de MAIRY MAINVILLE – 11 pages
Effets de
lumière au fond de la mine de MAIRY – Photos de Claude VOYAT
Départ en
retraite de Monsieur Maurice MERLIN
Légendes des photos du départ
en retraite de Monsieur Maurice MERLIN
Lettre de Jean BREVI à François
Xavier BIBERT
Campagne de sécurité à la Mine
de MAIRY – Le village de MAINVILLE
Emploi de
l'oxygène liquide comme Explosif dans les Mines de Fer de Lorraine
« 4 HOMMES - 4 MACHINES - 4
TIRS - 40 WAGONS » - Etude du CATERPILLAR 980
Mines de Fer de LORRAINE - Monographie de la Mine de MAIRY - 1980
Géologie du
bassin ferrifère lorrain à Hayange
Bibliothèque « MINES ET
CARRIERES » de FXB
Gérard DALSTEIN
– « Les Chantiers du Fer »
Collection de
pin’s de Guy PODLESNIK
MAINVILLE - 2008 – Friche industrielle
Mine de MAIRY – Articles du
« Républicain Lorrain »
François-Xavier
BIBERT – Le « Républicain Lorrain »
Page d’accueil du
site de François-Xavier Bibert