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est une annexe à la page : BA
122 CHARTRES - SOUVENIRS
faisant
partie du domaine : GROUPE
DE CHASSE GC III/6 (3/6)
du SITE PERSONNEL de FRANÇOIS
XAVIER BIBERT
voir aussi : « La Cigogne de
Guynemer » : GC I/2 -SPA 3
Sergent/chef
« Robert » Marcel Paul DUBOST
Château du Loir (72) : 26 juillet 1919 – Pertuis (84) :
10 mai 2002
GC I/2
Sergent/chef
Robert DUBOST
Mécanicien
radio au GC I/2 en 1939/1940
Les principaux documents présentés ci-dessous
proviennent des archives familiales de la famille DUBOST
Compléments FXB : merci à Jean-Paul
BONORA, Alain COSTE, Lionel PERSYN et Bernard PHILIPPE pour leur aide
« Robert » Marcel Paul
DUBOST est né le 26 janvier 1919 à Château du Loir (72). Il est le fils de
« Marcel » Clément DUBOST (1890/1946) qui s’est marié l’année
précédente avec Catherine CERRI (1899/1978) et qui fera un début de carrière
dans l’Armée de l’Air comme mécanicien d’avion, au Maroc et en Indochine de
1919 à 1925.
Lire :
L'histoire de Marcel Dubost, mécanicien d'aviation
à Hanoï dans les années 20
Consulter l’arbre
généalogique de Robert Marcel Paul DUBOST
De retour en métropole, et avant
de devenir « Enfant de Troupe » à Tulle, le jeune Robert DUBOST a été
scolarisé à Menucourt, près de Pontoise puis à Meulan, en Seine inférieure.
Dans les traces de son père, il
s’engage pour cinq ans à Versailles le 26 juillet 1937 sous le numéro matricule
de recrutement 1414 et numéro d'immatriculation « Air » A 8861
et il est affecté à l’Ecole de Rochefort (Bataillon de l’Air 113)
ÉTAT MAJOR
de la BASE AÉRIENNE DE CHARTRES
Extrait de
la DÉCISION DU 16 AVRIL 1938
Le caporal
DUBOST est désigné pour suivre les cours préparatoires de Mécanicien
Electricien - Radio
ÉCOLE DES
MÉCANICIENS de ROCHEFORT SUR MER en 1938
Nommé rapidement soldat de 1ère
classe, puis caporal et caporal-chef, il est breveté mécanicien radio n°952 le
31 mars 1939.
Promu au grade de sergent, il
est affecté sur la Base
Aérienne 122 de Chartres le 7 avril 1939 à la 1ère escadrille
(SPA3), du célèbre Groupe de Chasse I/2 « Les Cigognes », au sein de
laquelle Georges GUYNEMER s’est illustré pendant la première guerre mondiale.
La célèbre
« Cigogne à ailes basses », dite de « Guynemer » de la SPA
3
1ère
escadrille du GC I/2
1939 – BA
122 : Chartres - Devant les hangars de leurs escadrilles avec la
cathédrale en arrière-plan
Deux
photographies exceptionnelles des personnels du GC I/2, pilotes, mécaniciens et
administratifs : officiers, sous-officiers et hommes de troupe
Ci-dessus
au centre, le capitaine Marcel COADOU, as de 14/18, adjoint du Capitaine Pierre
DARU, commandant du Groupe. À ses côtés, le capitaine Robert WILLIAME,
commandant de la 1ère escadrille
Accroupi, 3ème
à gauche, le lieutenant MONTY de la 2ème escadrille :
Collection François-Xavier Bibert
Le GC I/2 quitte Chartres le 27 août
1939 et va participer à tous les combats de la drôle de guerre et de la
campagne de France jusqu’aux armistices de fin juin 1940. Il sera stationné
successivement sur les terrains de :
Beauvais-Tillé
(Oise) |
du 27 août 1939 au 13 février 1940 |
Velaine-en-Haye
(Meurthe et Moselle) |
du 13 février 1940 au 27 février 1940 |
Xaffévillers
(Vosges) |
du 27 février 1940 au 12 avril 1940 |
Toul-
Ochey (Meurthe et Moselle) |
du 12 avril 1940 au 14 mai 1940 |
Damblain
(Vosges) |
du 14 mai 1940 au 13 juin 1940 |
Dijon-Longvic
(Côte d’Or) |
du 13 juin 1940 au 15 juin 1940 |
Chalon-
Chamforgueil (Saône et Loire) |
du 15 juin 1940 au 16 juin 1940 |
Saint-Symphorien
d’Ozon (Rhône) |
du 16 juin 1940 au 17 juin 1940 |
Montpellier-Fréjorgues
((34) |
du 17 juin 1940 au 22 juin 1940 |
Nîmes-Courbessac |
Du 22 juin 1949 au 07 août 1940 |
Quand le GC I/2 est dissout le 8
août 1940, Robert DUBOST est sergent-chef.
En 1941 il épouse à
Salon-de-Provence (13) Odette CROUSILLAT, fille de Joseph CROUSILLAT, entrepreneur
en maçonnerie et d’Aline Thérèse ROUX. Le couple aura quatre enfants.
Par la suite, promu adjudant en
1945 et adjudant-chef en 1951, il a été affecté successivement à : Paris
(BA 117), Fès, Meknès, Auxerre, Salon-de-Provence, Fribourg, Alger-Hussein-Dey,
Salon-de-Provence… Il a été admis à faire valoir ses droits à la retraite à
compter du 1er août 1962.
Au cours de son engagement de 25
années dans l’Armée de l’Air, il a effectué de l’Air 308 heures de vol sur
différents aéronefs : Martin B-26 « Marauder », Breguet 690, Sikorsky
H-19, Alouette, Douglas C-47, Nord 2501, MD 312, SE 3130, etc., dont
la majorité pendant la guerre d’Algérie, et il est titulaire des décorations
suivantes :
Croix de Guerre
Croix du
Combattant avec étoile de bronze
et Médaille Commémorative 1939-45
Médaille Militaire (6 campagnes)
Médaille Commémorative Algérie
Médaille de l'Aéronautique
|
Citation
du s/c Robert DUBOST à l’ordre de la Brigade Aérienne (*) « Mécanicien habile et
très dévoué. Le 14 juin a participé à une expédition dangereuse dont le but
était de sauver du matériel abandonné sur un terrain évacué à cause de
l’avance allemande. Au retour de cette mission a pu rejoindre son unité malgré de
graves difficultés grâce au sang-froid dont il a fait preuve ». (*)
retranscription erronée sur le Livret Individuel : cette même citation à
l’Ordre de la Brigade Aérienne a aussi été attribuée aux sergent-chef JAY,
sergent-chef MAZIN, sergent-chef CRÉTEAU, sergent LE SAOUT, sergent HURBERT,
sergent BALLAND, maître-ouvrier BRÛLÉ, sergent CAZAUBON, soldat LE CREN et
soldat PATARIN. |
|
Nîmes-Courbesac
– 2 août 1940 -Le s/c Robert DUBOST avec sa Croix de Guerre devant
l’appareil baptisé « Jacqueline » (1) du sergent WEBER Ce Morane
Saulnier MS.406 est le n° 667 codé «13 » devenu début juin
« XIII » On voit
bien sous la cigogne la tâche de peinture qui recouvre le disque noir avec le
code précédent. |
(1) 7 pilotes du GC I/2 prirent chacun comme « Marraine »
une des filles de M. et Mme. BARBIER de Tillé et baptisèrent leur Morane 406 du
nom de celle-ci
Fin 1939 –
Six des sept filles BARBIER, chacune « Marraine » d’un pilote de la 1ère
escadrille du GC I/2
Cne
WILLIAME et Juliette – Sgt WEBER et Jacqueline- S/c BRUCKERT et Mercédès
Adj/c COUBÉ
et Josiane – Lt LABRETONNIÈRE et Clémence – Adj
CHASTEIGNER et Janine
(il manque
sur la photo du haut le S/lt HUSSON et Paulette, au premier plan sur la photo
du bas)
L’ALBUM des PHOTOGRAPHIES se ROBERT DUBOST
MORANE SAULNIER
MS.406
|
|
Morane
Saulnier MS.406 du GC I/2 (non identifié) |
Morane
Saulnier MS.406 n°691 codé « 12 » baptisée « RENÉE » ... cette
Renée n’étant pas une huitième fille BARBIER !!! |
Profils de deux MS.406 de la SPA 3 : le n°686 codé
« I » en mai 1940 piloté par le capitaine WILLIAME (à gauche)
Le n° 615 codé « 1 » en mai 1940 piloté par le
sergent-chef GIVELET (à droite)
VICTOIRES
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Deux des
trois Junkers JU 88 du II./KG 51 abattus par les pilotes de la SPA 3 le 5
juin 1940 En haut :
à Clairvaux, victoire attribuée à PICHON, de PUYBUSQUE, WEBER et BEDA (pilote
polonais) En
bas : à Treix, 4km au nord de Chaumont, victoire attribuée à WILLIAME,
HUSSON, AUDEBERT et de PUYBUSQUE |
Profil du Junkers Ju 88 A-1 codé « 9K+KM » abattu par
le GC I/2 le 5 juin 1940
GC I/2
-Damblain – 5 juin 1940 : le capitaine WILLIAME raconte :
« Pichon avait remplacé
Coubé à la tête de sa patrouille ; à sa place, Beda était entré dans la
mienne. La triplette de Breto (de la
Bretonnière) (*) était là aussi. Nous étions
à Neufchâteau, direction nord, lorsque nous vîmes, à cinq kilomètres devant
nous, un peloton d’une quinzaine de bombardiers direction ouest. Il faudrait
encore les rattraper ! Pas du tout. Quatre kilomètres derrière, une seconde
expédition de quinze suivait la première. C’étaient des Junker 88 qui allaient
bombarder Tours. Puybusque et moi fîmes une première passe trois quarts avant.
Je dégageai en cabrant et je vis les patrouilles Breto et Pichon partir à
l’attaque, cependant qu’un des bombardiers piquait en faisant des mouvements
désordonnés. Enfin ! J’annonçai par radio : « Ça y est. Un par terre. Pilote
tué, ou commande de profondeur coupée. ». Le reste de « l’Escadrile » venait d’attaquer. Je retombai à la
verticale sur un des Junker, puis, me plaçant sur le côté gauche du peloton, je
fis trois passes sur un des moteurs du même appareil. Aux 2 premières, pas de
résultat. A la troisième, j’allai très près. Le moteur prit feu et le
bombardier commença à perdre de l’altitude en quittant le peloton. Par radio,
le capitaine Daru me donna l’ordre de garder le contact. Je n’avais plus de
munitions. Je vis un Morane piquer sur un des Junker qui explosa littéralement
en l’air. C’était Pichon qui venait de faire ce joli coup. Tout à coup, je
m’aperçus que le peloton me distançait. La manette des gaz était pourtant tirée
à fond. Un coup d’œil au tachymètre : dix-sept cent cinquante tours au lieu de
deux mille deux. Un autre à la pression d’huile : zéro. J’annonçai au capitaine
Daru que j’étais contraint de me poser en campagne. Je cherchai la plus belle
ferme de l’endroit. Juste à côté, il y avait un très joli champ. Je coupai le
moteur et atterris sans encombre. C’était une balle dans le réservoir d’huile
qui m’avait descendu. De la ferme sortirent une quinzaine de personnes. Elles
se mirent à courir vers « Juliette ». J’entendis un des jeunes gens
crier : « C’est un français ! ». Diable ! Je n’avais pas pensé qu’il
pût y avoir méprise. J’étais chez les fermiers d’un de mes bons camarades de
Chartres et je fus reçu avec une gentillesse touchante.
Par téléphone, j’appris que
lorsque « l’Escadrile » avait quitté les
bombardiers, ils n’étaient plus que onze sur quinze que nous avions attaqués.
Dans le premier de nos adversaires que j’avais annoncé abattu par Breto et
Pichon, le pilote avait eu la cuisse à peu près sectionnée par un obus. Après
quelques évolutions désordonnées, il avait réussi à remettre son avion en ligne
de vol. Audebert et Husson l’avaient vu et l’avaient harcelé jusqu’au moment où
il s’était posé à 6 kilomètres au nord-ouest de Chaumont. Celui de Pichon, qui
avait explosé en l’air, était tombé en brûlant à Clairvaux. L’équipage s’était
jeté en parachute. Un quatrième manquait donc, peut-être celui qui avait aussi
donné du mal à quelques pilotes. Après avoir coupé son moteur en flammes et
largué ses bombes, il avait tenté de regagner l’Allemagne. Il avait réussi à
éteindre l’incendie et Puybusque prétend même qu’à la fin du combat, le moteur
avait été remis en route. Il s’était battu avec acharnement jusqu’au ras du
sol, où il avait accroché un arbre, puis s’était redressé. Deux des membres de
l’équipage avaient été tués ; le pilote était indemne. Il y avait déjà neuf
tués ou prisonniers, et on avait arrêté un dixième aviateur en lisière d’un
bois, près d’Auberive… Au moment où l’avance allemande nous obligeait à des
replis successifs, le bruit courut, puis fut vérifié, qu’un quatrième Junker 88
avait bien été retrouvé dans une forêt aux environs d’Auberive. »
(*) On trouve dans beaucoup de documents non officiels, dont le livre
du cne Williame « de
la Bretonnière » : il s’agit d’une erreur car les actes de naissance
et de décès du pilote, toutes les mentions le
concernant dans les journaux officiels et son dossier militaire au SHD sont bien
au nom de « Labretonnière ».
|
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24 juin
1040 – 2km à l’ouest de Romans - Photos historiques : ce Henschel 126
est le dernier appareil allemand abattu par l’Armée de l’Air française,
quelques heures avant l’armistice Victoire
obtenue par le sous-lieutenant MARCHELIDON – GCI/2 - 2ème
escadrille (SPA 103), au centre sur la photo |
Profil du Henschel 126 codé « 4E+BN » de la 5(H).13
abattu par le GC I/2 le 24 juin 1940
MARCHELIDON (Jacques-Léon),
sous-lieutenant : officier pilote de chasse plein d'ardeur. Grâce à son
mordant, a pu quelques minutes avant l'armistice, le 21 juin 1940, à
18h 15, abattre un Henschell 126, dans la région de Romans, après avoir
participé à une mission d'attaque d'éléments motorisés. Avait auparavant pris
part à de nombreux combats aériens et attaques au sol J-0. du
14/11/1940 |
PILOTES et
MÉCANICIENS
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BRUCKERT
et de CHASTEIGNER - Pilotes |
DUPEYROUX
et CRÉTEAU - Mécaniciens |
BRUCKERT
- Pilote |
|
|
|
COUBÉ -
Pilote |
de
CHASTEIGNER - Pilote |
TASTET -
Electricien |
|
1 :
VIDAL – 2 : MONTY – 3 : MEUNIER – 4 : LABRETONNIÈRE – 5 :
de VILLARS – 6 : HUSSON – 7 : de PUYBUSQUE 8 : WEBER – 9 : DARDAINE – 10 :
MARCHELIDON – 11 : GIVELET – 12 : BRUCKERT - 13 : CHABERT –
14 : GOILE – 15 : GLOANEC |
MÉCANICIENS et
RADIOS
|
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Robert
DUBOST : en haut, accroupi à gauche et assis à droite – Capitaine
GONSAUD, officier mécanicien du GC I/2 (Béret et lunettes) En bas,
bras croisés à gauche – A proximité d’un Morane Saulnier MS.406
particulièrement bien camouflé à droite |
Suite à la publication de
ces photos, ci-dessous, des informations communiquées par
M. Matthieu COMAS, spécialiste (entre autres...) des véhicules
utilisés par l’Armée de l’Air en 1939/1940 :
« Je me suis penché
sur le sujet des véhicules de la série Dubost qui est très très loin d'être
simple :
La partie
« radio » au sein des unités était organisée de deux manières
différentes ; c'est un sujet que j'ai bien l'intention de traiter à terme
dans un article de fond car c'est très très peu connu.
- D'abord la gestion
opérationnelle : A chaque unité était rattaché un détachement de
transmission (il y en avait de plusieurs type), avec les véhicules
« radio », qui avait la charge de traiter les liaisons. A titre
d'exemple, le GC I/2 disposait du détachement 9/701 à Damblain et du 18/704
(Capitaine Célisse) à Beauvais. Autre exemple, pour le III/6 c'était le 33/704 à Wez puis le 6/704 à Chissey, à Coulommiers puis au
Luc.
- Au sein des groupes, la
mécanique disposait de mécaniciens radio/électricien qui devaient s'occuper de
l'entretien du matériel volant. Dubost était évidemment de ceux-là. Au sein de
l'échelon roulant, les radio/électriciens disposaient d'un ou plusieurs
véhicules « électricité », venant de la maison Latil (Il y en avait plusieurs types). C'est le cas à priori du
n°36019 (photo n°4) mais que je ne peux identifier actuellement plus
précisément. Par contre, les deux photos précédentes sont plus intéressantes.
Il s'agit évidemment de tracteurs Latil M2TL6, dit « tracteur porte
groupe » (« électricité » donc). Ils ressemblent comme deux
gouttes d'eau aux tracteurs « labo photo » mais qui servait à
l'entretien radio. Quel dommage que l'un des hommes soit devant
l'immatriculation...
Voilà ce que je peux dire
pour le moment. En tout cas bravo pour cette trouvaille si rare car à cette
date ce sont les seules photos que je connaisse de ces tracteurs
« électro » (...) »
Matthieu
COMAS
25/05/2016
APRÈS L’ARMISTICE
1940
Après la triste
affaire de Mers el Kébir les Groupes Aériens sont autorisés à reprendre une
certaine activité dans l’éventualité d’attaques des ports de la Méditerranée,
venant du large, menées cette fois par la « Perfide Albion »... mais
heureusement aucune mission n’a lieu et le personnel peut ainsi prendre un
repos dont il a le plus grand besoin.
Le 2 août 1940, au
cours d’une prise d’armes sur le terrain de Nîmes-Courbessac, la Croix de
Guerre est épinglée au fanion du Groupe de Chasse I/2 par le Général HOUDEMON (2), commandant le Secteur Est de Défense Aérienne.
Un certain nombre de
décorations sont remises au personnel pilote et mécanicien, dont la croix de
guerre au sergent-chef Robert DUBOST (voir photo plus haut).
La citation suivante,
à l’ordre de l’Armée aérienne est décernée au Groupe à la date de 23 juin par
l’ordre « 0 » n°62 du Général VUILLEMIN commandant des Forces
Aériennes.
Citation du Groupe
de Chasse GC I/2 à l'ordre de l'Armée Aérienne « Magnifique unité de combat qui, sous les ordres successifs
du Commandant Daru et du capitaine Sarrault, a pris part sur tous les fronts
aux grandes Batailles de 1940. Meuse, Nord, Bataille de France, Champagne
et Lorraine. A mené sans défaillance, malgré des pertes sévères, une lutte
acharnée contre l’aviation ennemie, abattant 34 Avions. A donné dans les
missions exceptionnelles qui lui ont été confiées aussi bien contre les
troupes au sol qu’en reconnaissances profondes, la mesure de toute sa valeur
militaire et du courage exemplaire de ses cadres, de ses pilotes et de tout
son personnel » Général Vuillemin, Commandant des Forces Aériennes |
(2) Général Jean Paul HOUDEMON (1885/1960) - Saint-Cyr en
1903 : Cavalier - Grièvement blessé en septembre 1914, il passe dans
l'aviation et obtient son brevet de pilote en juillet 1916. A nouveau
grièvement blessé en août 1918 - Professeur à l'École supérieure de guerre
- Commandant du 34ème R.A en 1929 - Premier commandant de l'École de
l'air en 1935 - Commandant de la zone d'opérations aériennes Sud en 1939. En
congé du personnel navigant en 1940 : retiré à Pont-à-Mousson, il est
arrêté par les Allemands pour ses activités de résistance et déporté -
Gouverneur des Invalides de 1951 à 1960. Parrain de la promotion 1985 de
l’Ecole de l’Air. -Ecouter « Comment le Général Houdemon a sauvé Pont à
Mousson » grâce à son amitié
avec le Général PATTON.
|
Les
Morane Saulnier MS.406 de la 1ère escadrille du GC I/2 à Nîmes à
l'été 1940 Au
premier plan le n° 949 était codé « 16 » et portait le damier
polonais, marques en cours d'effacement Le
« XV » est le n° 288 piloté habituellement par le sergent de
PUYBUSQUE, as aux 7 victoires. Le
« VII » est le n°522 du S/lt PICHON - Plus loin le n°966 codé
« I » du capitaine WILLIAME. Le Groupe
GC I/2 a commencé à peindre des chiffres romains en juin 40 |
|
L’alignement
des Morane Saulnier 406 du GC I/2 rescapés de la campagne de France |
Au début de la
seconde quinzaine d’août une douloureuse nouvelle parvient au Groupe :
celui-ci malgré son magnifique passé de gloire ne figure pas sur la liste des
formations de l’Armée de l’Air maintenues en activité en exécution des clauses
de l’Armistice voulue par le vieux Maréchal Pétain...
Fac-similé du
document officiel annonçant aux Personnels du GC I/2 leur affectation au moment
de la dissolution du Groupe
Deux pelures 21 x 29,7
dactylographiées, conservées par Robert DUBOST
GRADE |
NOM |
ADRESSE |
|
GRADE |
NOM |
ADRESSE |
|
|
|
|
|
Sgt |
BERTRAND |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
GROUPE |
|
|
|
Sgt |
ROBERT |
G.R.
2/14 – Avignon (Vaucluse) |
|
|
|
|
|
Sgt |
CHIROT |
G.C.
II/8 – Marignane (B-du-Rh) |
|
Cdt |
DARU |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt.ch |
TASTET |
G.C.
II/8 – Marignane (B-du-Rh) |
|
Cne |
SARRAULT |
Cdt.
G.C. III/9 – Salon (B-du-Rh) |
|
Sgt.ch |
DUBOST |
Détachement
des Somalies – B. Aé. Salon |
|
S/lt |
DUBONNET |
33,
rue des Graviers – Neuilly s/Seine |
|
Sgt.ch |
MATHEVON |
G.B. I/54 – Lézignan (Hérault) |
|
Cne |
COADOU |
Manoir
de Tavern par Trébeurden (C-du-N) |
|
Sgt.ch |
BOUIN |
G.C.
III/9 – Salon (B-du-Rh) |
|
S/lt |
CLÉMENT |
Base
de stockage de Calvi (Corse) |
|
Sgt.ch |
COUDREAU |
|
|
Lt |
GONSSAUD |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt.ch |
VERNA |
Groupement
22 - Salon (B-du-Rh) |
|
Adjt.ch. |
FLEISCH |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
|
|
|
|
Adjt |
VALLET |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
|
|
|
|
Adjt |
GUIHENEUF |
G.B.
I/51 – Istres (B-du-Rh) |
|
2ème ESCADRILLE |
|
|
|
Sgt.ch |
POURTEAU |
Groupement
22 - Salon (B-du-Rh) |
|
|
|
|
|
Sgt.ch |
UMBRECHT |
Base
Aérienne de Lyon-Bron |
|
Lt |
PROVANSAL |
G.C.
II/8 – Marignane (B-du-Rh) |
|
Sgt |
DUTERTRE |
Base
Aérienne de Nîmes (Gard) |
|
Lt |
de VILLARS |
G.C.
II/1 – Le Luc (Var) |
|
|
|
|
|
S/lt |
LAURANT |
|
|
|
|
|
|
S/lt |
MARCHELIDON |
Base
de Salon de Provence |
|
1ére ESCADRILLE |
|
|
|
Adjt |
STREIFF |
21,
rue Nicole – Chartres (R-et-L) |
|
|
|
|
|
Adjt |
LE
MARTELOT |
G.C. I/8 – Montpellier (Hérault) |
|
Lt |
HUSSON |
G.C.
II/1 – Le Luc (Var) |
|
Adjt |
DARDAINE |
G.C. I/1 – Lyon (Rhône) |
|
Lt |
LABRETONNIÈRE |
19,
rond-point Victor Hugo – Boulogne s/Seine |
|
Adjt |
CHABERT |
G.C.
II/1 – Le Luc (Var) |
|
Lt |
FLAMENT |
G.C.
II/1 – Le Luc (Var) |
|
Sgt.ch |
GOILE-BOURLET |
Teilhède
(Puy de Dôme) |
|
S/Lt |
PICHON |
Pilote
au S.C.L.A.M. Marignane |
|
Sgt.ch |
FRANÇOIS |
Hôtel
du Petit St-Jean – Orange (Vaucluse) |
|
S/Lt |
AUDEBERT |
6ème
Esc. de Chasse Thiès (Sénégal) (A.O.F.) |
|
Sgt.ch |
GLOANEC |
2/595
- Indochine |
|
Adjt.ch |
COUBÉ |
G.C.
II/1 – Le Luc (Var) |
|
Sgt.ch |
GIVELET |
|
|
Sgt.ch |
WÉBER |
6ème
Esc. de Chasse Thiès (Sénégal) (A.O.F.) |
|
Adjt.ch. |
CROIDIEU |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt.ch |
MEUNIER |
6ème
Esc. de Chasse Thiès (Sénégal) (A.O.F.) |
|
Sgt.ch |
DRUMEZ |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt.ch |
de
PUYBUSQUE |
2/596
- Indochine |
|
Sgt.ch |
MAZIER |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt.ch |
TRINCANO |
Ecole
d’Horlogerie – Besançon (Doubs) |
|
Sgt.ch |
BAILLET |
La
Mihoue – Chartres (E-et-L) |
|
Adjt |
GARROT |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt.ch |
ESCHBACH |
Prunay
le Gillon (E-et-L) |
|
Sgt.ch |
DUVOID |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt.ch |
FONTAINE |
Prunay
le Gillon (E-et-L) |
|
Sgt.ch |
DUPEYROUX |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt.ch |
JAY |
Base
de Blida (Algérie) |
|
Sgt.ch |
TEYCINEY |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt.ch |
HERBERT |
Indochine |
|
Sgt.ch |
BOCQUILLON |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt |
BALLAND |
Indochine |
|
Sgt.ch |
BAYLE |
Hôtel
Maison Blanche (Algérie) |
|
Sgt |
CRY |
Indochine |
|
Sgt.ch |
CRÉTEAU |
25,
rue Juliette de Wils – Champigny (Seine) |
|
Sgt |
ALLAIN |
Indochine |
|
Sgt.ch |
MAZIN |
Base
de stockage – Châteauroux (Indre) |
|
Sgt |
HILLAUT |
6ème
Esc. de Chasse Thiès (Sénégal) (A.O.F.) |
|
Sgt |
AMREIN |
G.C. I/8 – Montpellier (Hérault) |
|
Sgt |
DELFORCE |
6ème
Esc. de Chasse Thiès (Sénégal) (A.O.F.) |
|
Sgt |
DURAND |
Détachement
des Somalies – B. Aé. Salon |
|
Sgt |
AUBERT |
Vase
aérienne de Ouakam – Dakar (A.O.F.) |
|
Sgt |
LEDUC |
G.R.
2/14 – Avignon (Vaucluse) |
|
Sgt |
CAZAUBON |
Base
de stockage – Châteauroux (Indre) |
|
Sgt |
GUINOUARD |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt |
PRADOS |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt |
CHEMILLAC |
6ème
Esc. de Chasse Thiès (Sénégal) (A.O.F.) |
|
Sgt.ch |
RENAUDOT |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt |
DESGRANGE |
6ème
Esc. de Chasse Thiès (Sénégal) (A.O.F.) |
|
Sgt |
DELAGE |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt |
LE
SAOUT |
G.C.
II/1 – Le Luc (Var) |
|
Sgt |
CHENIER |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
Sgt |
DELALANDE |
Base
de stockage – Orange (Vaucluse) |
|
|
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|
Le Lt Monty a été tué le 8 juin au
cours de la mission de destruction du soir. Il a été enterré à côté de son avion à
LONGPONT (Aisne) Triste nouvelle apprise de 12 mars de
Madame DUBONNET qui s’occupe de l’exhumation. Priez pour lui. Adresse de Madame MONTY 12, rue Honoré de Balzac PERPIGNAN |
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||
1941
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Châteauroux
« La Martinerie » – 9 juillet 1941 – Prise d’armes à l’occasion de
la reconstitution du Groupe GC I/2 En
présence du Général PASTIER, commandant la 2ième Région Aérienne, le
Général BERGERET, sous-secrétaire d’État à l’Aviation, remet au Groupe les
fanions des deux célèbres escadrilles SPA 3 et SPA 103 Plusieurs
anciens de 1939-1940 qui ont été invités à la cérémonie peuvent être reconnus
sur les photographies de cette série. |
|
Sans
doute de 9 juillet après la prise d’armes - Pilotes et mécaniciens du Groupe
de Chasse du GC I/2 reformé |
|
Personnels
de la 1ère escadrille devant les Dewoitine D.520 X1,X2,
Lieutenant Hubert Le SELLIER de CHÉZELLES (3), Capitaine Georges VIOLET (4),
affecté au GC I/2 le 1/7/1941 comme adjoint
au commandant du Groupe, le commandant Pierre FLEURQUIN, futur général (non
présent sur la photo) Capitaine
Jean OZANNE (Chef d’escadrille) (5), X3 (à identifier) |
|
Le
Dewoitine D.520 n° 246 du lieutenant de CHÉZELLES (3) aux couleurs de Vichy
avant son accident |
(3) Lieutenant Hubert Le SELLIER de CHÉZELLES - 3 citations - 3
victoires. Trouvera la mort le 16 septembre 1941 au cours d'un exercice aérien
commandé.
(4) Capitaine Georges VIOLET : il dirigeait avant la guerre
l’Ecole de Perfectionnement à la Chasse de Dijon, et fut, pendant une partie de
la Campagne de France, l’adjoint du Commandant Cremont, commandant le Groupe GC
III/7.
Commandant Pierre FLEURQUIN, pilote prestigieux, commandant avant
la guerre la célèbre « patrouille d’acrobatie » de l’École de Chasse
d’Étampes, au GC I/3 en 1940 (1 victoire).
(5) Lieutenant Jean OZANNE : au CIC de Chartres du 27/09/1939
Les deux
fanions officiels du GC I/2 : SPA 3 « Cigogne de Guynemer et SPA 103
« Cigogne de FONCK »
Toutes les photographies ci-dessus font partie
de la collection Robert Dubost
Plaque
commémorative du GC I/2 – Souvenir de la mort de l’adjudant Marie Gérard Guy
Comte de CHASTEIGNER de la ROCHEPOSAY
Collection Robert Dubost
QUELQUES TÉMOIGNAGES sur et de ROBERT DUBOST
« ’L’Illustration » de juillet
1939 - 97ème année - n°5029 bis |
A Paris, sur les Champs Elysées, le 14 juillet 1939, durant près
de trois heures, sur un rythme étonnant de précision et de rigueur, entre les
enfants de troupe de l'Ecole militaire préparatoire de Tulle où il fut
élève... proche des saint-cyriens en casoar et gants blancs que fréquente son
frère André... à côté des rescapés de Verdun, successeurs de son père
Marcel... côtoyant les descendants de ceux des Dardanelles où se perdit son
cousin Edmond... auprès des tirailleurs algériens avec leurs noubas et leurs
costumes éclatants et archaïques qui évoquent 1830, parmi lesquels, un autre
cousin, Zacharie, est « Mort pour la France »... sous le passage
dans le ciel bleu d’avions qu’il équipe de poste radio, défile le sergent
Robert Dubost portant au bout du fusil posé sur son épaule droite, le fanion
de son bataillon. Christian
Dubost (fils) |
Juin 2015
Courriel
de M. Christian DUBOST à François-Xavier BIBERT :
« Je vous joins un
témoignage de « guerre » que mon père, Robert DUBOST, m’a confié en
2001 avant qu’il ne nous quitte... »
* *
*
Péripéties d’un sergent mécanicien radio de
« l'Escadrile »
(*) « Escadrile » :
orthographe et prononciation traditionnelles à la SPA 3.
Mon périple au Groupe de Chasse I/2
1ère Escadrille - Spa 3 « Cigogne de
Guynemer »
Chartres (Eure et Loir) -
Meaux-Esbly (Seine et Marne) - Beauvais-Tillé (Oise) - Nancy-Sexey-les-Bois
(Meurthe et Moselle) - Nancy-Ochey (Meurthe et Moselle) - Xaffévillers (Vosges)
Rambervillers (Vosges) - Damblain
(Vosges) - Neufchâteau (Vosges) - Le Vigan (Gard) - Montpellier-Fréjorgues
(Hérault) - Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône)
Beauvais-Tillé (3 septembre 1939)
Au
retour d'une permission, le dimanche 27 août 1939, à la sortie de la gare de
Chartres, il faisait nuit, nous avons eu la joie de voir des camions de la Base
: c'était une première !
« Messieurs, nous vous remontons vers la base... »
Dès
notre arrivée, on nous fait revêtir la tenue de campagne et chargés de notre
paquetage, nous nous mettons en route vers une destination inconnue.
Le
lendemain, nous nous retrouvons sur le terrain de campagne de Meaux pour des
manœuvres : nous ne nous sommes jamais offerts un retour vers Chartres… le
3 septembre, c'était la Guerre !
Quelques
jours plus tard, nous rejoignons le terrain de Beauvais-Tillé.
Nous
nous réinstallons : je loge chez le curé de Tillé avec le sergent pilote
de PUYBUSQUE.
Nous
sommes en pleine mutation des liaisons radio : nous travaillons pour la
première fois en ondes courtes avec le poste RI 537. Sur les avions, nous
n'avions que 2 fréquences disponibles : une liaison entre avions et une
liaison avec une voiture radio.
Comme
cette seconde ne fonctionne pas du tout, je récupérais un poste complet sur un
avion abattu en combat que je montais sur un support en bois et je réglais une
fréquence entre les avions et l'autre sur mon poste bricolé.
|
|
|
Robert
DUBOST et son poste de radio RI 537 |
|
Conditions
de travail habituelles des armuriers de la SPA 3 !!! |
J'effectue
les premiers essais air-sol avec de PUYBUSQUE et bien qu'ils soient concluants,
le pilote se perd et m'informe qu'il se pose pour faire le point et… plus de
nouvelles. L'escadrille s'agite et je dois informer le capitaine WILLIAME de la
manipulation et de nos essais.
Peu
de temps après, la gendarmerie de Compiègne nous signale qu'un avion Morane 406
est accidenté dans un champ… c'était celui de de PUYBUSQUE.
Le
capitaine WILLIAME, un instant furieux, me demande de me rendre auprès de de
PUYBUSQUE et de faire le nécessaire pour le retour de l'avion et de ne pas
vexer le pilote de chasse. Il faut dire qu'il était en position de P.D.L. (*)
et ne percevait qu'un prêt, c'est-à-dire 1,50 francs par jour… de plus, son
père qui était un noble très strict, ne lui donnait aucun argent : j'ai
donc réglé le repas et la chambre d'hôtel ! Lorsqu'il est devenu A.D.L.
(*), le capitaine m'a demandé si j'étais en règle avec lui.
(*) P.D.L :
Pendant la durée légale du service militaire – A.D.L : Après la durée
légale du service militaire
* *
*
Mon
oncle Raymond m'avait signalé l’existence d’une « Amilcar » qui
appartenait à une femme de sa connaissance. Je l'avais achetée avec une partie
de l'argent de ma prime d'engagement de cinq ans : en 1939, sur la Base de
Chartres circulaient pas mal d'automobiles, surtout chez les mécanos qui
étaient les rois du bricolage en tous genres, moteur, carrosserie…
A
l'occasion du départ précipité pour la guerre, mon Amilcar était restée à
Meulan, mais après maintes péripéties, j'ai pu récupérer mon Amilcar…
Peu
de véhicules de service étaient affectés au Groupe de Chasse basé à Beauvais,
aussi le Capitaine WILLIAME, afin d'augmenter le volume du parc automobile,
décida de nous établir des ordres de mission pour nos voitures personnelles, ce
qui nous permettait d'utiliser l'essence du Groupe.
Ainsi,
je puis aller chercher mon Amilcar avec un ordre de mission militaire et
consommer l'essence du Groupe pour le Groupe...
Beaucoup
de véhicules, voitures et camions, étaient pilotés sans permis de conduire.
Plus
tard, je retrouverai au Vigan (Gard) un petit groupe de militaires de ma
formation et mon Amilcar que le soldat BRÛLÉ avait piloté depuis Beauvais. De
là, nous partîmes pour Montpellier.
J'avais
modifié l'Amilcar… en ouvrant une fenêtre sur le tuyau d'échappement à la
sortie du moteur.
Cette
ouverture pouvait être ouverte et fermée en grâce à un clapet et un ressort que
je manœuvrais par une commande fixée à l'intérieur de la voiture. Alors, la
nuit, je roulais fenêtre ouverte… les gaz libérés… quel bruit et quelles
flammèches !
C'était
vraiment une voiture à « air libre » !
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Février
1940 – Sexey les bois - Robert DUBOST et son Amilcar |
Juillet
1940 – Nîmes - Robert DUBOST et son Amilcar |
|
* *
*
Comme
nous avions quitté Chartres assez précipitamment au retour d'une permission… et
que nous avions laissé toutes nos affaires : vêtements, radio, etc. dans
nos chambres, on me demande d'aller effectuer le bilan de la situation.
D'un
saut de Potez 63, notre avion de liaison piloté par le sergent COUDERC, je ne
trouve à la base aucune trace de nos effets personnels : toutes les
chambres ont été vidées par les sous-officiers de réserve...
Au
bout d’un mois de présence sur le terrain de Beauvais, nous
« bricolons » une butte de tir.
En
attendant d'effectuer les essais sur l'avion du capitaine WILLIAME, ce dernier
et l'adjudant de CHASTEIGNER s'amusent à faire du tir sur des pierres.
Malheureusement,
une balle de la carabine 22 long rifle, après son éclatement, ricoche, et, un
ou deux éclats viennent se loger dans la tête de « La Castagne » qui
décédera quelques heures plus tard.
Velaine-en-Haye (13 février 1940)
En
février 1940, nous partons pour l'Est, sur un terrain aménagé dans les champs
de Velaine-en-Haye près de Nancy.
L'Amilcar
suit toujours.
Dans
ce village Lorrain… il fait très froid !
Xaffévillers (27 février
1940)
Quelques
jours après, nous rejoignons le terrain toujours boueux, de Xaffévillers.
De
la boue, toujours de la boue !
Quel
cirque pour déplacer les avions !
Monsieur
Dubonnet (des apéritifs Dubo-Dubon-Dubonnet) rejoint l'escadrille… il est suivi
de près par une troïka polonaise de pilotes accompagnés d'armuriers, de
mécaniciens, de radios, etc.
Toul Ochey (12 avril 1940)
Après
le départ de « l’Escadrile » et de sa logistique (14 mai 1940), nous restons à trois sur le terrain de Neufchâteau
dont le sergent mécanicien CRÉTEAU, pour remettre en état l'hélice électrique
d'un Morane 406. Nous attendons avec oppression l'arrivée d'un avion de liaison
avec un pilote.
Enfin,
l'adjudant DARDAINE est déposé cavalièrement sur le terrain… poignées de mains
et il repart immédiatement avec l'avion réparé en effectuant un décollage
acrobatique du fait que les chars de l'armée allemande pénètrent déjà à l'autre
bout du terrain !
Nous
fuyons de Neufchâteau à bord d'une camionnette de livraison à l'enseigne
« Félix-Potain » que nous avons récupérée. A quelques minutes près
nous étions prisonniers ou morts.
Nous
traversons des villages désertés par leurs habitants. Nous nous ravitaillons
dans les maisons vides. Même chose pour l'essence. Nous parvenons à la base de
Dijon complètement dévastée : il n'y avait qu'à se servir au mess
abandonné. Puis nous reprenons notre fuite vers le sud.
En
cours de route je sauve « Zézette », une chienne de race Pincher, qui
était enfermée dans une voiture abandonnée le long d’une route près de Lyon,
après un bombardement.
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Au bord
du Gard Robert
DUBOST, « Zézette »et BRÛLÉ |
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Devant le
portail de la base de Nîmes-Courbessac Robert
DUBOST, TASTET et « Zézette » |
Montpellier-Fréjorgues (entre
le 17 et le 22 juin 1940)
De
la frontière Suisse, nous retrouvons dans le Larzac notre Unité repliée à
Montpellier-Fréjorgues : elle nous avait « portés
disparus » ! Tenu à bout de bras, mes copains me firent faire
plusieurs tours de piste.
Nîmes-Courbessac
De
Fréjorgues, le Groupe est déplacé à Nîmes où il est dissout et où nous
effectuons le démontage des avions. Je ne me souviens plus de la destination
des pièces. De là, nous filons à Orange qui était devenue pour la circonstance
une Base de stockage.
Nous
y passons l'hiver 1940-41 durant lequel nous subissons une véritable tempête de
neige qui bloqua tout le Sud-Est. Après un court séjour à Lézignan-Corbières
comme mécanicien-radio dans un groupe de Breguet 690, je suis à nouveau dirigé
sur Salon-de-Provence pour répondre à une affectation en Côte Française des
Somalis.
Là,
avec les mécaniciens avions et une équipe de professionnels, nous déstockons un
certain nombre d'avions en vue de leur mise en état de marche. Les essais au
sol et en vol par les pilotes qui doivent partir en Côte des Somalis sont
parfaits.
Nous
sommes en ordre de marche pour un départ imminent lorsqu'un matin nous
entendons le bruit des moteurs de nos avions dans leur envol ! ? Nous
sommes bloqués dans notre casernement par des soldats autrichiens, casqués et
armés : ils venaient, soi-disant « récupérer ces avions parce que la
France avait une dette envers eux… » de « l'essence »
paraît-il ? Notre espoir de partir en Somali était envolé.
C’est
l'époque des vaches maigres... et en novembre 1941, je suis officiellement
affecté à l'Ecole de l'Air de Salon de Provence.
La
France Sud dite « zone libre » est envahie par les troupes allemandes
et je me retrouve en congé d'Armistice à partir du 11 novembre 1942.
La
base aérienne de Salon est encerclée en quelques jours par les troupes
allemandes...
Robert
Dubost - Pertuis 2001
ANNEXES
Par Christian
DUBOST
Quelques
Pilotes de L’Escadrille
Adjudant Guy de CHASTEIGNER de la ROCHEPOSAY (1908/1939)
Tué par accident
à Tillé (Aisne) le 22 octobre 1939 (Mort pour la France).
« Lui, mourir
avant d'avoir pu aller au combat, alors que certainement, de nous tous, il
était celui qui le désirait le plus ardemment. Pilote excellent et tireur
remarquable, il était doté d'un réel mépris du danger... Tout ce qu'il fallait
pour faire un grand chasseur... ou tomber glorieusement comme l'avait fait son
père, le capitaine de Chasteigner, dans la précédente guerre »
Ce portrait de Marie-Gérard-Guy comte de Chasteigner de La
Rocheposay ne serait pas complet si je ne mentionnais pas la franchise de son
caractère.
Au cours de l'été 1939, j'avais obtenu pour lui, à titre de
récompense, un voyage aérien de deux jours lui permettant de passer le premier
jour avec Mme de Chasteigner sa mère, et le second à Biarritz, si
j'ai bonne mémoire.
Avant son départ, je lui avais recommandé de ne pas faire
de bêtises ; mais, entre Biarritz et Bordeaux, il n'avait pu résister au
plaisir de faire la côte des Landes en rase-mottes. Or, le rase-mottes nous
était formellement interdit.
De retour à « l’Escadrile », Chasteigner n'osait
pas me dire en face qu'il m'avait désobéi, et pourtant il voulait que je le
sache.
Voilà le moyen qu'il avait employé :
« J'ai fait des heureux à Bordeaux, me
dit-il, j'ai offert aux mécanos de l'escadron d'entraînement un cormoran qu'ils
vont faire empailler.
- Un cormoran ? Et où l'avez-vous
pêché ?
- J'ai fait un combat avec lui entre Biarritz
et Bordeaux et je l'ai ramené dans mon train d'atterrissage.
- Tiens donc ! Mais c'est gros, un
cormoran ?
- Oui, assez.
- Et ça ne vole pas haut ?
- Non, pas trop. »
Le tour était joué.
En cette occasion, il avait enfreint formellement mes
ordres et sa « pudeur » dans l'aveu était compréhensible. Mais
combien de fois est-il venu me trouver pour m'avouer une blague ! Il
choisissait alors le chemin direct. La nonchalance, seule, expliquait son grade
d'adjudant, alors que son instruction, son intelligence et son éducation lui
auraient permis, avec un peu de travail, de devenir un bon officier.
Extrait
de « L’Escadrille des Cigognes Spa 3 – 1939/1940 »
Capitaine Williame
Adjudant Henri BRUCKERT (1912/1940)
Abattu en
combat aérien à Erstein (Bas-Rhin) le 2 avril 1940 (Mort pour la France)
Bruckert, le plus fin pilote de « l'Escadrile » et son meilleur tireur, le petit Alsacien
au caractère droit et à la nature si attachante, qui, dès le premier
engagement, était tombé sur sa terre d'Alsace.
Il avait été nommé la veille au grade d'adjudant. Avant de
partir pour cette mission, il avait confié à son mécanicien :
Je ne rentre pas au terrain si je n'ai pas mon
boche. »
Que ceux qui l'ont envoyé se battre avec cet appareil périmé
portent la responsabilité de sa mort...
A la mairie d'Erstein, où j'étais allé régler quelques
formalités concernant son décès, je demandai à l'adjoint s'il avait vu le
combat.
« Non, pas moi, me répondit-il, mais il y
a plusieurs personnes qui ont vu l'avion allemand s'abattre.
- Vous voulez dire l'avion français ?
- Non, non ! Ils ont vu l’avion français
et l'avion allemand. »
Je pris les adresses de ces personnes, quatre monteurs
électriciens qui, au moment du combat, travaillaient dans des pylônes de ligne
à haute tension, hauts de douze mètres.
Ils firent à Pichon, à deux officiers qui nous avaient
guidés et à moi, un récit tellement fidèle de tout ce que nous connaissions
déjà, qu'il est impossible que la suite ne soit pas véridique.
« A la première attaque du quatrième avion
français, l'appareil allemand laissa derrière lui une traînée de fumée. A la
deuxième attaque, il s'abattit derrière une ligne de peupliers et nous avons
observé, pendant un quart d'heure à peu près, un gros nuage de fumée noire qui
s'élevait de cet endroit. »
Extrait
de « L’Escadrille des Cigognes Spa 3 – 1939/1940 »
Capitaine
Williame
Capitaine Maurice VIDAL
Abattu en
combat aérien à Marmoutiers (Bas-Rhin) le 7 avril 1940 (Mort pour la France)
... J’arrivai le 12 à Tillé, où je trouvai quelques
changements.
Je trouvai le
capitaine Vidal, un de nos camarades de Chartres, installé auprès du capitaine
Daru comme adjoint direct.
... Hyvernault, arrivant à ce moment, annonça qu'il avait
abattu un Messerschmitt au nord de Molsheim.
« Il était en train d'attaquer Chabert. Je
me suis mis derrière lui et j'ai tiré. A la troisième rafale, sa queue a volé
en éclats et il a pris feu. »
Puis vint un autre pilote qui déclara qu'un Morane s'était
écrasé au sol. Il n'avait pas vu de parachute.
Qui ?
Et l'angoisse qui avait suivi la mission où Bruckert
s'était tué recommença. Lequel de nos camarades avait encore payé le
tribut ?
Les uns après les autres, les avions arrivaient.
« Ah ! voilà Pat ! »
« Ah ! voilà un tel ! »
Comme si la joie manifestée en reconnaissant l'appareil de
tel ou tel camarade supprimait le fait que, tout à l'heure, il en manquerait
un : ce fut Vidal.
Extrait
de « L’Escadrille des Cigognes Spa 3 – 1939/1940 »
Capitaine
Williame
Capitaine Pierre HYVERNAULT (1908/1940)
Abattu en
combat aérien à Blénod les Toul le 11 mai 1940 (Mort pour la France)
Excellent pilote et très bon tireur, il était de plus
destiné, par ses qualités intellectuelles, à un avenir brillant.
Comme Vidal, la guerre l'avait trouvé empêtré dans un
état-major ; comme lui, il était arrivé à en sortir après plusieurs mois de
lutte. Avec une chance incessante, il n'y eut pas de combat au groupe auquel il
ne participât, à moins qu'il ne bagarrât ailleurs ; jusqu'au jour où, victime
d'une surprise, il fut tué, comme Vidal, par un Messerschmitt.
Ce fut Breto qui vint nous chercher à Nancy. Il avait les
traits fatigués.
« Eh bien ! mon vieux, dit-il, depuis
deux jours, qu'est-ce qu'on prend ! Tu voulais des boches, tu vas être
servi. Hyvernault vient d'être descendu en bordure du terrain.
- Hyvernault ? Tué ?
- Oui. Il attaquait des bombardiers quand, de
derrière un nuage, des Messerschmitt sont descendus. Chabert a essayé de le
prévenir par radio, mais il n'a pas entendu. Il a dû être blessé
mortellement ; il a eu la force de larguer sa cabine pour se jeter en
parachute, mais il ne s'est pas détaché et il a piqué à la verticale jusqu'au
sol. »
Hyvernault tué !
C'était la première fois que les Allemands faisaient
pénétrer leur chasse aussi profondément dans nos lignes et Hyvernault avait été
surpris. Avant de s'engager à fond, il ne lui était pas venu à l'esprit de
jeter un dernier coup d'œil sur ses arrières. C'était une grosse perte pour
nous, car il totalisait déjà quatre victoires, dont deux la veille.
Extrait
de « L’Escadrille des Cigognes Spa 3 – 1939/1940 »
Capitaine
Williame
Lire
la Biographie de Pierre HYVERNAULT rédigée par Bertrand HUGOT
Capitaine André MONTY (1910/1940)
Collection Bernard Philippe
Abattu en
combat aérien à Longpont (Aisne) le 8 juin 1940 (Mort pour la France)
La seconde mission était de nouveau une destruction ;
secteur Soissons-Attichy - Altitude : 3.500 mètres. Durée : de 19h 45
à 20h 15.
[..]
Une fois tous réunis, Puybusque nous annonça qu'il avait
abattu un Junker 87 au sud de la forêt de Villers-Cotterets.
« Ensuite, racontait-il, avec le lieutenant Chalupa
nous en avons obligé un autre à se poser dans un champ. [..] J'ai vu deux
Junker tomber en flammes au nord-est de la forêt de Villers-Cotterets. »
Chalupa déclara avoir abattu un Stuka en flammes, je ne
sais plus où ; puis, avec Puybusque, en avoir obligé un autre à atterrir.
Ensuite, tous deux en avaient poursuivi un troisième dans la vallée de l'Ourcq,
avec le lieutenant Monty.
[..]
Pendant ce temps, la nuit était tombée. Deux des trois
pilotes de la 2ième escadrille n'étaient pas rentrés : Monty et
Goile. Le lendemain, rien encore. Le surlendemain, Goile arriva.
[..]
Quant à Monty, nous ne saurons peut-être jamais ce qu'il
est devenu. Après avoir tiré le Junker de la vallée de l'Ourcq, il reprit en
patrouille, avec Puybusque et Chalupa, le chemin de Damblain. Une minute après l'avoir
vu, Chalupa se retourna. Il n'était plus là... Peut-être lui aussi avait-il
abattu des ennemis avant de tomber ?
[...]
Extrait
de « L’Escadrille des Cigognes Spa 3 – 1939/1940 »
Capitaine
Williame
« Le Lieutenant est aux commandes du
Morane Saulnier MS.406 n° 225 appartenant au Groupe de Chasse GC I/2, plus
connu sous le nom des « Cigognes » [...]
La mission des neufs
pilotes qui l'accompagnent est d'attaquer des cibles au sol dans la région
d'Attigny/Soissons. En chemin, ils rencontrent un vol des bombardiers allemands
JU 87 Stuka, escortés par des avions de chasse Messerschmitt ME 109.
Lors du combat qui
s'ensuit, le lieutenant Monty est séparé de son groupe après avoir pris à
partie un ME 109. Un autre ME 109 se porte alors au secours de son
camarade. Il est probable que le lieutenant Monty ait été tué dans son cockpit
car il n'a fait aucune tentative pour s'échapper de son avion qui s'est écrasé
dans la forêt à proximité de Longpont.
Il fut inhumé à côté
des débris de son appareil dont on peut voir encore le moteur, l'hélice et une
partie de la structure.»
Autre
témoignage
Mémorial
André MONTY sur le site Aérostèles
Capitaine Raoul PATUREAU-MIRAND (1913/1940)
Abattu
par la flak dans les environs de La Charité sur Loire le 17 juin 1940 (Mort
pour la France)
Le chef de la SPA 103 était le capitaine Patureau-Mirand,
un de mes « bazars » de Saint-Cyr, officier remarquable par sa
volonté, sa droiture et l'élévation de ses sentiments. Il était un des
meilleurs amis du capitaine Daru.
... Une de ces missions donna cependant à la patrouille du
capitaine Patureau l'occasion d'abattre, à Carignan, un Hentschel 126,
monomoteur d'observation, un jour qu'elle tenait le secteur ouest de Stenay,
tandis que nous couvrions, sans résultat, la région à l'est de cette ville.
Extrait
de « L’Escadrille des Cigognes Spa 3 – 1939/1940 »
Capitaine Williame
Capitaine Robert WILLIAME (1911/1940)
Mort à
Salon-de-Provence le 31 octobre 1940 (Service Aérien Commandé)
Robert Williame est né le 24 février 1911, à
Boulogne-sur-Mer. Son père fut à la tête d'une affaire de vente de bois dans le
Nord avant de venir, à Boulogne-sur-Seine, diriger une entreprise de repassage
mécanique. Il a deux sœurs.
Marié, père de deux enfants.
Il entre à Saint-Cyr à dix-neuf ans. Physiquement complet,
il excelle dans toutes les épreuves d'exercices et d'endurance. Il devient
aviateur en quittant l'Ecole en 1932.
Il entre dans le groupe des Cigognes à Chartres.
Il a abattu, du 20 mai au 20 juin 1940, avec un appareil
démodé, neuf avions dont sept furent homologués et, parmi ces derniers, six en
trois heures, ce qui n'avait jamais été vu, ayant accroché, dans le même temps,
une étoile et cinq palmes à sa croix de guerre et reçu, à vingt-neuf ans, la
Légion d'Honneur.
Il totalise quinze cents heures de vol.
Page 10 de l'historique officiel du groupe I/2 pendant la
guerre 1939-1940 :
Le capitaine Williame fut proposé pour la croix de la
Légion d'honneur et pour la citation suivante à l'ordre de l'armée
aérienne :
« Brillant chef d'une escadrille qui entra
dans la légende pour ses faits d'armes au cours de la guerre 1914-1918 ;
en a perpétué les traditions et dépassé les plus brillants exploits en
abattant, à la tête de ses patrouilles, neuf avions ennemis au cours de
l'après-midi du 8 juin. S'est taillé la part du lion dans ces victoires en
abattant quatre avions à lui seul et deux autres en patrouille. »
Adjudant-chef Raymond COUBÉ (1909/1941)
Collection Alain Guilleux
Mort au
Luc (Var) le 21 avril 1941 (Service Aérien Commandé)
L’a/c Raymond COUBÉ
décolle ce jour-là pour essayer le MS.406 n°204 « codé 11 ». A la fin
de cet essai, il fait cinq minutes de voltige. Quand il revient se poser, il se
présente vent arrière et se met en perte de vitesse à moins de 100 mètres du
seuil de la piste. L'accident a eu lieu vers 15h. Il totalisait 1 831
heures de vols.
Dans l’ECHO DE NANCY Dimanche et
Lundi 11, 12 mai 1941 LE LUC - VANDŒUVRE Nous avons la profonde douleur
d'apprendre la mort de l'adjudant-chef pilote : Raymond COUBÉ Médaille militaire Croix de guerre survenue en service aérien commandé, le
21 avril 1941, à Le Luc (Var), à l'âge de 32 ans. De la part de : Mme Raymond COUBÉ, née HESSE, son
épouse ; de ses filles Nicole et France ; M. et Mme Jean COUBÉ, frère et
belle-sœur ; M. Claude MOUROT, son neveu ; des fa milles COUBÉ, BOUTEILLER.
LEMOINE, PERRIN, WILLEMIN, MOUROT, HESSE, toute la famille et les amis. Les obsèques ont eu lieu le 23 avril, à
Le Luc. Le Luc : 36, avenue de Verdun. Vandœuvre
: 12, rue Lœwenbruck |
Sergent Jacques de PUYBUSQUE (1919/1941)
Mort en
Indochine le 17 juin 1941 (Service Aérien Commandé)
Tout, en lui, était mélange bizarre. C'était un pilote
individuel remarquable. Dès le début, ses acrobaties avaient eu de la classe,
et, lorsqu'on l'opposa en combat à des pilotes plus anciens que lui, il disposa
d'eux assez rapidement. Lorsqu'il avait réussi à se mettre à cinquante mètres
dans la queue de son adversaire, c'était un véritable bouledogue. Malgré
retournements, vrilles, feintes diverses, moteur réduit brutalement, Puybusque
restait immuablement à cinquante mètres derrière sa victime. J'en étais malade
jusqu'à ce que le vaincu abandonnât, car je n'ai jamais vu Puybusque lâcher
prise.
Extrait
de « L’Escadrille des Cigognes Spa 3 – 1939/1940 »
Capitaine
Williame
Sous-lieutenant Maurice PICHON (1913/1941)
Collection Alain Guilleux
Mort près
de Dijon le 3 septembre 1941 (Service Aérien Commandé)
Pichon était entré comme jeune sergent à la 2ème
escadre au moment où j'y arrivais comme sous-lieutenant. Il s'y était vite fait
remarquer par son aptitude au métier de chasseur. Il avait rapidement fait
partie de l'équipe de tir aérien de son escadrille, mais il présentait une
différence capitale avec la majorité de ses camarades qui tenaient, à l'époque,
le haut du pavé de la chasse : alors que cette majorité était composée de
pilotes particulièrement doués physiquement et dotés d'une bonne dose de cran,
frisant même l'inconscience au début de leur carrière, Pichon avait toujours
travaillé méthodiquement. Il était et il est resté un esprit curieux de tout ce
qui peut s'étudier ou se raisonner. Lorsque, au cours de la conversation,
quelqu'un émet une opinion, Pichon ne dit rien ; mais, le lendemain, il
ramène à la surface le même sujet auquel il a beaucoup réfléchi et, point par
point, il discute, à coups d'arguments, l'opinion énoncée la veille.
Extrait
de « L’Escadrille des Cigognes Spa 3 – 1939/1940 »
Capitaine
Williame
Les
Marraines des pilotes de la SPA 3
Le 27 août 1939, dans l’après-midi, nous arrivons dans le
village de Tillé près de Beauvais, où allaient commencer pour nous cinq mois
d'une vie exaspérante.
En roulant à travers un champ de chaume, il nous était
possible d'aller mettre nos appareils sous une rangée de pommiers, presque dans
le village et assez à l'écart du terrain. Quelques branchages sur les moteurs
et les cocardes rendaient d'en haut « l'Escadrile » absolument
invisible.
Une grange au bout de la rangée de pommiers pouvait faire
un excellent P.C.
Le lendemain de la déclaration de guerre, j'aperçus un
civil de quarante à quarante-cinq ans, qui rôdait du côté des avions. Mécontent
de la négligence des sentinelles, je m'avançai et interpellai l'homme. Il était
vêtu comme un ouvrier agricole. Dès qu'il me vit, il s'avança vers moi :
« Je vous cherchais justement, mon Capitaine.
Voilà ! J'ai fait la dernière guerre. J'ai sept filles. »
Et là, sa voix se mit à chevroter de façon bizarre.
« Je voulais vous demander que chacune d'elles
« aye » son nom marqué sur un de vos avions. »
Il pleurait presque en disant les derniers mots et j'étais
moi-même très ému.
Je lui tendis la main.
« Entendu. Pouvez-vous
être à l’Escadrile à 19 heures avec vos
filles ? »
Et, à 19 heures, par ordre d'ancienneté, chaque pilote
choisit sa petite marraine. Je commençai la cérémonie en prenant Juliette, la
plus jeune, âgée de trois ans ; et je lui appliquai sur ses bonnes grosses
joues deux baisers sonores.
Puis Breto prit l'avant-dernière, et ainsi de suite jusqu'à
Bruckert à qui échut la cadette, Mercedes, et Weber, à qui resta l'aînée,
Jacqueline, quinze printemps si mes souvenirs sont exacts.
Quant aux deux jeunes et à Flament, absents cet
après-midi-là, il ne leur restait qu'à retenir les trois filles à venir de M.
(Ernest) Barbier et de Madame.
Le lendemain, le père de nos petites marraines, ne voulant
pas être en reste de politesse avec « l'Escadrile », revint avec ses
filles et trois litres de vin rouge. Et il fallut trinquer aux futures
victoires de la SPA 3. C’était nouveau pour la coupe d'argent... et pour
nos gosiers : mais l’intention était délicate et il n’y a que cela qui
compte.
Extrait
de « L’Escadrille des Cigognes Spa 3 – 1939/1940 »
Capitaine
Williame
Cherchant
à prendre contact avec la famille Barbier...
j’ai trouvé Guy, un jeune frère des 7
marraines des Morane 406 « ’Cigognes »... toujours installé à Tillé.
Le
16 août 2008, il m’écrit : « ... je peux vous dire que vous avez atterri au
bon endroit, chez Barbier Guy à Tillé, fils d’Ernest et frère des 7
marraines... »
Jacqueline
est une des 7 marraines qui a donné son prénom au Morane du sergent Weber
devant lequel pose mon père après avoir été décoré de la Croix de Guerre...
Jacqueline
est décédée en 1953.
Guy s’excuse... « Excusez-moi pour
cette lettre en manuel – Internet n’est pas encore ancré chez nous... mais nous
avons quand même le téléphone ! ».
Bernard Philippe, passionné par le groupe des
« Cigognes », réside à Villers-Cotterets à peu de distance de Lonpont
où repose Monty, abattu et tué le 8 juin 1940. Sa tombe et des restes de son
Morane 406 sont régulièrement entretenus par Mr Philippe.
Il
m’écrit, le 12 novembre 2008, qu’il a rencontré Madame Williame, Fernand
Givelet et René Weber, deux pilotes, qu’il connaît une partie de la famille
Barbier et qu’il regrette de ne pas avoir eu l’adresse de mon père afin de
communiquer...
Brigitte Verschueren, le 18 novembre 2014, me transmet ce
courriel accompagné d'une photo : « Bonsoir, voici ma maman Josiane à droite et sa
jumelle Jeanine, 84 ans le 16 novembre. »
|
Page 155 Châlons-Champforgueil (15 juin 1940). ... L'ennemi avance à vive allure, venant de la région de
Dijon ; deux reconnaissances effectuées par des pilotes du II/5 ont
permis de signaler son approche en temps utile à nos formations. L'ordre de
départ immédiat est donné par le
groupement 22 pour le terrain de Châlons-Champforgueil. Cependant, plusieurs Morane 406 de la 1ère
escadrille ont dû être abandonnés
à Damblain l'avant-veille. L'un deux, celui de l'adjudant-chef Coubé, a reçu un moteur neuf mais on s'est
aperçu au dernier moment que les segments de pistons ont été montés à
l'envers par les mécaniciens du parc. Trois sous-officiers mécaniciens, les
sergents-chefs Mazin et Créteau et le sergent Le Saout, ont proposé, le 14, à leur commandant
d'escadrille de se rendre à Damblain pour tenter de dépanner les Morane les
moins abîmés. En particulier, Créteau et Mazin se font fort de dégrouper en
vingt-quatre heures le moteur « saboté ». L'autorisation est accordée. Quatre autres mécaniciens, les
sergents Dubost, Herbert, Balland et Cazaubon, ainsi que le maître-ouvrier
Brûlé reçoivent la permission de se
joindre à leurs camarades. Le détachement part, le 14 juin, dans une camionnette conduite
par le soldat Patarin assisté par le soldat Le Cren. Tous, parmi ce personnel, savent que Damblain est, en ce moment,
en zone occupée par l'ennemi; mais leur dévouement et leur abnégation sont au-dessus des risques qu'ils assument
volontairement. Ils arrivent à Damblain avec difficulté, par suite de
l'encombrement des routes, mais sans
incidents sérieux et ils se mettent aussitôt à la tâche. Les travaux ne sont
pas encore terminés le 15, lorsque le groupe doit évacuer la Base de
Lyon-Bron. Le capitaine Williame part aussitôt, en avion, pour Damblain,
porteur d'un message lesté enjoignant aux mécaniciens d'incendier les avions
et de rejoindre Chalon de toute urgence. En cours de route, cet officier constate que la voie ferrée de Langres
à Neufchâteau a été coupée par un bombardement et que trente trains
sont bloqués. A Damblain, les mécaniciens, déjà prévenus, ont mis le feu aux
appareils qui fument encore. Au retour le capitaine Williame survole, à
très basse altitude, une file de véhicules arrêtés près de Gray. Il bat des ailes pour faire
reconnaître nos cocardes par le personnel de ce détachement. A son approche,
ce personnel s'est précipité dans les fossés. Ce sont des Allemands ! Le détachement des mécaniciens de Damblain,
après avoir évacué la base aussitôt
la destruction des avions consommée, réussira à rejoindre le groupe à
Montpellier après une odyssée fertile en aventures dont, seul, le sang-froid
du personnel lui permettra de sortir indemne... |
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L’HISTOIRE du GC I/2 dans la campagne de France -------------- Numéros
17 et 18 de : « BATAILLES AÉRIENNES » Année
2001 Éditions LELA PRESSE -------------- Alain COSTE Bernard PHILIPPE avec la participation de Christophe CONY |
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