Sous-lieutenant Michal CWYNAR
Pilote polonais au GROUPE de CHASSE
GC 3/6
(11 au 29 juin 1940)
6ème Escadrille
(1915 – 2008)
Pilote Polonais né le 14 novembre 1915 à Orzenchowka qui se battit en Grande Bretagne sur Hurricane
et sur Spitfire au sein du squadron 315 d’avril 1941
à mai 1943 et de novembre 1943 jusqu'à septembre 1944 sur Mustang (1). Il a
volé avec la « 113 Eskadra » polonaise en
septembre 1939 et au « GC III/6 » pendant la Campagne en France
en juin 1940. Peu de temps après la guerre, il a pris le commandement de
l'Escadron 316. Quand celui-ci a été dissous, il a rejoint la R.A.F. où il est
resté jusqu’à septembre 1948. Michal Cwynar était un
guitariste accompli. Son frère était pilote de bombardier et il fut Commandant
de l'Escadron 300. Il s’est installé ensuite en Écosse où il devint chef
d’entreprise. Il est décédé le 26 mai2008 à 92 ans. Il a été décoré, entre
autres, de la Croix de Guerre Française
(voir sa
biographie plus complète traduite du « Times » en bas de page)
(1) Il a brièvement rejoint l'escadron (pour 5
semaines) en mai 1945, juste après la fin des hostilités.
Les
hommes du GC III/6 - Historique
officiel du GC III/6 - Livre de marche de la 5° - Livre de marche de la 6°
Page
d’accueil du site de François-Xavier BIBERT
Quand le
G.C. III/6 arrive dans le Var le 11 juin 1940, Michal (
CAUDRON 714 C « Cyclone »
Voila comment
il a raconté plus tard son passage au GC III/6 :
Michal CWYNAR raconte…
Dans ses
mans, la maquette du Mustang qu’il
pilota en Grande Bretagne
« Une
semaine après mon arrivée au GC III/6, j’ai été envoyé par train à Toulouse
avec un groupe d’autres pilotes. A proximité de l’aéroport du sud de la Ville,
des centaines de Dewoitine 520 tout neufs, le plus récent des chasseurs
français, étaient parqués près de l’usine où ils avaient été construits, au
même endroit où trois décennies plus tard sera assemblé le
« Concorde ».
Le
lendemain, nous avons chacun ramené l’appareil qui nous avait été attribué au
Luc où pendant une semaine ou j'ai pu effectuer beaucoup d'heures de vol dans
ce merveilleux appareil.
Comment en
étions nous arrivé là ? Seul Kafka aurait pu imaginé
ce scénario des occasions manquées !
Le III/6
était un Groupe très convivial avec une organisation très démocratique. Tous
les pilotes étaient cantonnés dans des maisons privées au Luc et son Commandant
avait plus ou moins réquisitionné le meilleur restaurant de la ville pour en
faire pour notre salle à manger. Avec le Commandant installé au bout d’une
longue table rectangulaire, et les pilotes, officiers ou sous-officiers, qui
prenaient place tout autour, sans soucis de hiérarchie, nous bénéficions ainsi
pendant deux heures du spectacle des déjeuners et des dîners « à la
française ».
Mon chef
d’escadrille s’appelait
Une fois,
lui et moi étions "d’alerte", c'est-à-dire prêts à décoller en cas
d'urgence pour défendre notre aérodrome ou la base navale de Toulon située à
proximité. Normalement, ceux qui étaient d’alerte devaient bien sûr rester à
l'aérodrome quand les autres montaient dans le camion qui les emmenait déjeuner
au Luc, à cinq kilomètres de là. Mais ce jour là,
Lorsque le
Commandant lui rappela qu'il y avait plus de soixante-dix avions dispersés
autour de l'aérodrome, en comptant les vieux Morane 406,
Un peu
plus tard nous étions au Luc autour de la table du restaurant. Le Commandant
n’a pas eu le temps de porter le traditionnel toast à la "République"
car nous avons entendu des bruits d’avion. En fait douze biplans CR42 viraient
sur leur droite pour s’aligner sur notre terrain et le mitrailler. Nous avons
couru vers le jardin et avons regardé incrédules ce qui se passait.
Il n'y
avait pas de poste de radio dans le camion qui nous ramenait à la base. Il
était trop tard.
Toutefois,
l'honneur français a été, dans une certaine mesure, préservé. Au moment où les
Italiens entamaient la première passe de mitraillage,
Il tira
une courte rafale de canon de 20 mm sur le coté droit
de la queue de l’Italien, et le petit biplan, avec sans doute une doute
structure essentiellement faite de bois, s’abattit tandis que son pilote
sautait. On apprit par la suite que cet avion était le quatrième que le Gloan avait abattu depuis le début de sa patrouille.
Dans le
camion qui nous ramenait du restaurant au terrain nous étions catastrophés à
l’idée des horribles dégâts que les Italiens avaient dû infliger à nos touts nouveaux Dewoitine. Mais quand nous sommes arrivés à
l'aérodrome nous avons été agréablement surpris. Tous les Dewoitine étaient
intacts. Seuls trois Morane 406 avait été légèrement endommagés.
GC
III/6 - La Journée du 15 juin1940 au Luc en Provence
En avril,
avant de quitter Lyon pour Le Luc, après avoir compris que je ne retrouverais
plus ma guitare perdue pendant notre transfert de Pologne en France, mes
camarades Baranski et Borowski,
se sont cotisés pour m’en procurer une nouvelle. Ils ont acheté une jolie
"Selmer", le même modèle que celui utilisé
par mon idole, Django Reinhardt. (*)
Guitare « SELMER »
Quand on
nous a annoncé que nous devions partir le lendemain pour Perpignan, puis pour
Alger, j'ai décidé d’emmener ma précieuse guitare à travers la Méditerranée
dans mon Dewoitine, en la cachant dans le coté droit
du fuselage. Un espace derrière le siège du pilote le permettait ; j’ai démonté
le panneau latéral de l’avion et j’ai commencé à attacher soigneusement ma
guitare aux longerons longitudinaux de la partie supérieure du fuselage avec un
bout de ficelle. Absorbé dans ma tâche, il me fallut un peu de temps avant de
remarquer
J’ai du lui donner des idées, car il fut bientôt de retour avec
un long paquet enveloppé dans du tissu noir. Il me demanda alors si je pouvais
trouver une place dans le fuselage de son Dewoitine pour son matériel de pêche…
Pêcher dans la ville d’Alger ? Peut-être dans la Casbah !
Le
lendemain, le Groupe 3/6 s'est rendu à Perpignan, près de la frontière
franco-espagnole, au pied de Pyrénées. C’était un terrain boueux, encombré
d’avions français ; des chasseurs Morane et Bloch, des bombardiers de jour
Potez, et tout un tas d’autres de différents types. Seule la piste
d'atterrissage était à peu près dégagée et nous nous y sommes posés en file
indienne.
Le
commandant du Groupe a convoqué tous les pilotes et a dit : "Michal !
Vous avez la charge et la responsabilité d’équiper nos trente
six avions avec un réservoir supplémentaire (celui-ci devant être
installé dans le fuselage de l’avion, derrière la plaque de blindage de
protection du pilote) et de les faire ravitailler en prévision de notre long
vol au dessus de la Méditerranée.
Les autres
pilotes se sont égayés dans les bistrots de Perpignan.
Pourquoi
moi ?
Ah
oui !
[…]
À
Perpignan, le lendemain matin nous avons été informés avant de nous envoler
pour Alger que nous n’avions en tout et pour tout qu’une seule carte de
l'Afrique du Nord pour tous les pilotes. Elle appartenait à l’un d’entre nous
(3) qui volait avant la guerre pour une compagnie aérienne civile française
entre Marseille et Alger.
Nous
quittâmes à la queue leu leu l’aérodrome boueux,
Pendant
quelques minutes nous avons volé en vue de la côte espagnole puis nous avons
bifurqué plus au sud vers les îles Baléares. En y arrivant, alors que nous
volions à une altitude d'environ 1500 mètres, les Espagnols nous ont accueillis
avec des tirs d'artillerie. Nous avons mis cap au sud sur le 170 et avons
estimé qu’il nous faudrait deux heures pour atteindre Alger. Nous n'avions pas
de gilets de sauvetage.
Les douze
cylindres de l’Hispano-Suiza ronronnaient agréablement tandis que nous volions
vers l’inconnu. Je savais que ce serait mon dernier vol dans cette magnifique
machine. Le Dewoitine était confortable et spacieux, d’une grande précision en
voltige et il avait un armement de première classe avec un canon de 20 mm
synchronisé avec l’hélice et quatre mitrailleuses d’ailes de 7,5 mm, mais nous
n'avions plus maintenant aucune chance de pouvoir nous en prendre aux
Allemands.
Si
seulement nous avions pu voler sur un tel appareil au dessus
de Varsovie en septembre dernier !
Les
conditions météorologiques dans la région étaient très bonnes, avec des gros
cumulus, signe de haute pression. Après une heure et demie de vol nous avons
repéré une bande de terre sombre à "onze heures" et nous avons changé
le cap, au 160 environ, pour nous apercevoir qu’il ne s’agissait en fait que
d’un nuage obscurci par la réverbération du soleil à l’ouest. Nous sommes
revenu au 170 et après deux heures et quinze minutes de vol, nous avons atteint
la côte d'Afrique du Nord.
Encore une
fois, il y avait un si grand nombre d’avions sur l'aérodrome qu’il n'y avait
pratiquement pas d'espace pour atterrir. Après nous être posés l’un derrière
l’autre, nous avons du zigzaguer pendant un temps infini, en évitant de heurter
les avions en stationnement, pour trouver une place où nous garer.
J'ai pris
mes quelques effets personnels, extrait ma guitare, et caressé le fuselage du
Dewoitine, comme s’il était une créature vivante. En tout cas, c’en était une
pour moi !
Pour la
plupart de nos collègues français, la guerre était finie. Mon chef d’escadrille allait
s’en retourner dans sa bien-aimée France où il pourrait pêcher dans la Garonne
et la Dordogne, pas loin de Bordeaux…
Pour nous
les Polonais, en quête de reconquête de notre pays, notre parcours tortueux
était tout tracé ; nous devions continuer à nous battre à partir du seul
pays encore libre en Europe, la Grande Bretagne. Les Forces Françaises Libres
allaient s’organiser également pour lutter contre la tyrannie... Notre adjudant
Le Gloan, courageux et les pieds sur terre, qui avait
abattu six avions italiens en compagnie d’un autre jeune officier, disait ne
rien avoir à faire avec le gouvernement de Vichy. Ils refirent le plein de leur
Dewoitine, préparant en apparence un vol vers Malte ! Il s'agissait d'une
tromperie délibérée ! Les Français ne voulaient pas que nous, les
Polonais, nous puissions connaître leurs intentions réelles…
Notre
Commandant polonais, W. Baranski, organisa notre
hébergement dans des hôtels de la ville. De là, avec d'autres compatriotes qui
arrivèrent par bateau de Marseille et de Toulon, nous avons organisé notre
voyage vers Casablanca et à partir de là, à vers Gibraltar. Par une chaleur
étouffante, il nous fallu deux jours de train, via
Oran et Fès pour arriver à Casablanca…
(*) C’est en 1933, à École de pilotage de Bydgoczcz, que j'avais rencontré mon partenaire de guitare,
Jan Musial. Il était né seulement à douze kilomètres
de mon village natal, il était grand et beau, de souche tzigane. Dans cette
région, il y avait beaucoup de Tziganes hongrois et nous étions tous les deux
influencés par leur musique et leur joie de vivre si bien exprimée par leurs
violons et leurs guitares. Jan a été l'incarnation polonaise de Django
Reinhardt. Au bout de trois ans, nous avions demandé à être affectés à la même
base de l'armée de l'air à Varsovie ; Jasio sera
affecté à l'Escadron 112 et moi au 113. »
Notes F.X.B :
(1) Lieutenant
(2) Capitaine Paul STEHLIN
(3) Jean ASSOLLANT
Escadre III/1 – Escadron 112 et
Escadre IV/I – Escadron 113
PLZ 11C
PLZ P.7a de l’Escadron 113 camouflé sur l’aérodrome de Varsovie
en 1939
Henryk Stefankiewicz, Michał Cwynar, Rajmund Kalpas et Miesczysław
Adamek.
Morane MS 406 C1 de la patrouille polonaise du GC III/6 – Juin
1940
Traduit de l’anglais - FXB 2008
Texte de Michal CWYNAR - vers 1990 - cité par Wilhelm Ratuszynski
D’après “The
Times” du 24 juin 2008
Squadron Leader Michal Cwynar:
Polish fighter pilot ace
Michal Cwynar était le dernier « As » en vie du célèbre
groupe de pilotes polonais qui avaient été bien accueillis dans notre pays
lorsqu’ils avaient atteints les côtes de l’Angleterre
après la chute de la France en Juin 1940. Après avoir vaillamment combattu les
Allemands dans le ciel de Pologne lors de la sauvage invasion de ce malheureux
pays de septembre 1939 et avoir participé aux derniers combats de la Campagne
de France en juin 1940 aux commandes de chasseurs français, il avait pu
continuer à voler comme pilote de chasse dans les escadrons polonais qui
servirent dans la R.A.F. jusqu’à la fin de la guerre. Il mérita le titre envié
d'«As" pour avoir abattu au moins cinq avions ennemis en combat et
détruit trois bombes volantes V1.
Michal Cwynar est né le 14 Novembre 1915 à Orzechowka
près de ce qui était alors Lemberg, une ville de l'Empire austro-hongrois. A
partir de 1918 cette ville renommée Lwow fût
polonaise, puis soviétique en 1945 sous le nom de Lvov, avant de s’appeler
aujourd’hui Lviv, en Ukraine. Sur les traces de son frère aîné Stanislaw, il
rejoignit la Force de l'air Polonaise en 1933 et après sa formation il fut
envoyé, en tant que sous-officier, au 4ème escadron de la « Brigade de
Poursuite ».
L'escadron
était doté du PZL P11C, un monoplan à aile haute avec un habitacle ouvert et un
train d’atterrissage fixe. Son premier commandant d’unité a été Wladyslaw Gnys, décédé le 22 mars 2000, celui qui détruisit le
premier avion allemand de la Seconde Guerre Mondial le 1 septembre 1939 au
matin.
L’après midi de ce même 1er septembre 1939, Michal Cwynar aux commandes de cet avion obsolète mais maniable,
obtint sa première victoire aérienne lors de l’interception d’un groupe de
Stukas Ju87 de retour d'un raid de bombardement. Changeant fréquemment de
terrain, son escadre, bien que décimée, a continué à faire des ravages chez les
bombardiers et les chasseurs allemands jusqu'au 17 septembre, quand l'armée
soviétique envahit à son tour la Pologne à l'est.
Ce
jour-là, les Polonais menèrent leurs derniers avions en Roumanie. Michal Cwynar fut interné, mais se faisant passer pour un
mécanicien civil, il réussit à s'échapper à bord un voilier grec navigant entre
Constantinople et Beyrouth, alors sous contrôle français. De là, il s'embarqua
pour la France, où les unités polonaises conduites par le général Sikorski
furent formées; « Les touristes Sikorski», comme les appelait Goebbels de
manière ironique.
Le sergent
Michal Cwynar fut finalement affecté au Groupe de
Chasse français GC III/6 qui volait encore sur Morane 406. Il fut agréablement
surpris par la camaraderie qui régnait chez les pilotes français et étonné que,
quel que fut leur grade, des sergents aux capitaines, tous avaient comme
habitude en pleine bataille de partager à la même table les meilleurs vins en
faisant bonne chère dans le meilleur restaurant situé à proximité de leur
terrain d'aviation ! Plus tard le Groupe fut rééquipé avec des Dewoitine
D.520 et c'est avec ce nouveau chasseur moderne que les deux escadrilles du GC
III/6 firent des sorties victorieuses dans la région de Toulon contre les
avions de la Regia Aeronautica,
au moment où l'Italie entra en guerre le 10 juin 1940.
Juste
avant la capitulation française et l'armistice du 22 juin, le Groupe reçu
l’ordre se rendre à Alger où les Polonais remarquèrent alors un rapide changement
d'attitude chez leurs frères d’armes qui lui semblèrent se résigner facilement
à abandonner la lutte et à accepter la politique collaborationniste du maréchal
Pétain. Ils décidèrent donc de poursuivre leur propre voie en gagnant Gibraltar
et de là la Grande-Bretagne, où Michal Cwynar arriva
finalement le 17 juillet 1940. Il fut donc l'un parmi les centaines de polonais
de la force aérienne de ce pays qui formèrent l’armature de quatre escadrilles
de bombardement et de dix escadrilles de chasse dans la R.A.F.
Pilotes d’une escadrille de chasse polonaise en Angleterre en
1942 (Squadron 303 : leader Jan Zumbach) et un de leur Spitfire Mk.Vc
en vol
A son
grand désappointement Michal Cwynar n'a pas participé
directement à la bataille d'Angleterre puisqu'il fut envoyé dans une école de
bombardement et de tir à dans la région du Solway Firth où il dut se contenter
de remorquer des cibles, tandis que ses collègues étaient en action sur le sud
de l'Angleterre. À Dumfries, toutefois, il rencontra sa future épouse, Margaret
Marchbank.
En avril
1941, il finit par rejoindre l'escadron de première ligne n°315 basé à Speke,
et qui, volant sur Hawker Hurricane, avait la charge
de défendre Liverpool. En Juillet l'escadron fut rééquipé de Supermarine Spitfire et il put ainsi participer à des
missions offensives sur la France. Le 14 août 1941, les trois escadrons
polonais de Northolt rencontrèrent une importante
formation de Messerschmitt Me109s près du Touquet et dans un combat tournoyant
Michal Cwynar obtint sa seconde victoire au combat.
Le 16 septembre il abattit un autre Me109 au-dessus de Saint-Omer. En Février
1943 il détruisit encore un FW190 sur Calais.
Pilotes polonais du Squadron 315 à la
base aérienne de Northolt en octobre 1941 devant un"Spitfire" Mk Vb PK-T.
Sur l'aile : Czezowski et Cwynar. Debout de gauche à droite : Sytefankiewicz, Lukaszewicz, Jaworski.
Notez l’insigne polonais.
Après une
période de «repos» comme instructeur, il rejoignit en avril 1944 l'escadron
315, maintenant converti sur chasseurs américains North-American P-51 Mustang
et commandé par le charismatique Horbaczewski Eugeniusz, qui au moment où il fut tué en mission de guerre
le 18 août 1944 totalisait 16 victoires. Le 8 juin Cwynar
promu au grade de lieutenant devint commandant en second de l'escadron. Ce
jour-là, à la tête de quatre Mustang effectuant une mission de reconnaissance
armée sur la zone du débarquement alliée, son avion fut touché par un tir
venant du sol et son appareil perdit de la puissance. Il réussit cependant à
faire un atterrissage forcé dans un champ de maïs dans la tête de pont des
Alliés. Au moment où il s'éloignait en courant de son Mustang par crainte de
l’explosion de son réservoir de carburant, un caporal britannique sur une moto
lui cria de s'arrêter et de plus bouger de là où il se trouvait. Il s'était
égaré en fait dans un champ de mines d’où le soldat put le faire sortir en le
guidant pour le mettre en sécurité.
De retour
à l'escadron, Horbaczewski lui ordonna le premier
matin de prendre un Mustang et de voler jusqu'à Dumfries pour rassurer sa
femme, à qui on avait dit qu'il était porté disparu. Il s'en revint à
l'escadron l'après-midi après avoir pu déjeuner avec sa jeune épouse et Horbaczewski, afin de démontrer qu'aucun de ses pilotes
n’était favorisé, désigna Cwynar pour commander la
dernière sortie sur la France de ce soir-là.
Avec les
attaques des V1 sur la Grande-Bretagne qui débutèrent une semaine après le jour
J, l'escadron fut transféré à la défense aérienne contre cette nouvelle menace,
puisque le Mustang était l'un des rares avions à moteur à pistons capable
d'intercepter les bombes volantes équipé de pulsoréacteurs. Cwynar
en détruisit trois dans les semaines qui suivirent.
Le 30
juillet 1944, l’Escadron 315 fut chargé d'escorter des Bristol Beaufighter canadiens qui faisait la chasse aux bateaux
allemands longeant la côte norvégienne. Il fut intercepté par des Me109s et Cwynar empocha une nouvelle victoire et déposa une demande
pour une seconde en collaboration. Le 5 septembre 1944, Cwynar
l’échappa belle ; alors qu’il volait au-dessus de Hanovre, il fut touché par
les batteries anti-aériennes et un obus entra dans son cockpit pour sortir par
l'arrière de la verrière en égratignant le cou du pilote.
Juste après le combat victorieux des fjords de Norvège, à la base
aérienne Coolham.
De gauche à droite : F/Lt Przymienski (OI), P/O Swistun,
S/Ldr Horbaczewski,
F/O Nowosielski, F/Lt Cwynar, F/O Jankowski et
F/Sgt Bedkowski
Nota : Bedkowski
n'a pas pris part à cette action et il manque F/O Kirste,
qui a atterri sur un autre aérodrome.
Le 8
septembre 1944, Cwynar reçu la D.F.C. (Distinguished Flying Cross).
Après une nouvelle période de repos, il fut promu chef d'escadron et le 3
juillet 1945 il reçut le commandement de l’Escadron 316 de la ville de
Varsovie, en laissant son bien-aimé escadron315 dont il était le doyen des
pilotes. Son frère Stanislas pour a part commanda
l'escadron de bombardier polonais n° 300, finissant la guerre en tant que
capitaine de groupe et commandant de la base de Faldingworth
dans le Lincolnshire.
Après la
guerre et la dissolution des forces polonaises qui avaient combattu avec les
Alliés, Michal Cwynar, comme la plupart de ses
camarades, a choisi de vivre en exil plutôt que de retourner en Pologne sous
domination soviétique. Il s'est installé à Dumfries dans la ville natale de son
épouse, où il a créé l'entreprise de sellerie automobile « EMSEE »
Son épouse
est morte en 1965 et il se remaria plus tard avec Mabel
Shankland. Elle aussi, décéda avant lui. Il s’est
éteint le 26 Mai 2008, âgé de 92 ans, et laisse derrière lui un fils de son
premier mariage.
Pendant la
guerre Cwynar s’était fait aussi apprécier par ses
camarades d’escadrille pour ses talents de guitariste, et une de ses premières
grosses dépenses dans la vie civile fut l’achat d'une guitare allemande Hoffner pour la somme de 300 £, ce qui était considérable à
l’époque. En Ecosse, il a s’ailleurs joué dans un trio de jazz. Son autre
passion fut son jardin, où il s'efforçait de recréer un paysage identique à
ceux des contreforts des Carpates, son pays natal, et il guettait tous les ans
avec sa femme le retour des oiseaux migrateurs qu’ils connaissaient
parfaitement.
En plus de
la D.F.C, Michal Cwynar avait été décoré de la Croix
de Guerre française, du Virtuti Militari Classe V et
de la Croix de la Vaillance Polonaise à quatre reprises.
Traduction :
Les
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