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Les Hommes du
Groupe de Chasse GC III/6
Le
rapport d’engagement officiel intégral du GC III/6 du 15 juin 1940 -
Note n° 410 du 16 juin 1940
« 5
victoires – 46 minutes » - Le Bulletin des Jeunes n°14 du 30 novembre 1941
– Imprimé à Vichy
Page d’accueil du
site de François Xavier Bibert
GROUPE GC III/6 contre Regia Aeronautica
LE GLOAN - LE LUC - 15 juin 1940
(15/06/1940)
Cette page rédigée en 2008, et mise à jour
régulièrement depuis, est une annexe à la page consacrée à « Pierre Le
Gloan », faisant partie du domaine « Les Hommes du GC III/6 »
Voir les liens ci-dessus
POST-AVERTISSEMENT – JANVIER 2020 En commençant mes recherches sur le GC
III/6 en 2005 j’ai été fatalement amené à m’intéresser de plus près à la
fameuse journée du 15 juin 1940 au Luc. Ce qui surnageait à cette époque,
c’était le fait d’armes devenu légendaire de Seul un spécialiste bien connu de
l’Aéronautique Navale et des opérations militaires sur le front
franco-italien avait jusque-là semblé se poser des questions. Il s’était
penché sur le sujet, vu que ce 15 juin 1940 les Bloch 151 de la flottille F1C
de Cuers- Quand on est cartésien et qu’en plus on a
un souvenir diffus de certaines allusions d’anciens du III/6 parlant entre
eux, on a donc envie de regarder sous la mousse... Mais il faut faire très
attention ; remettre en cause des « Vérités d’État » peut
conduire à des déboires : notre ami à tous, le regretté Christian Malgré des encouragements de
« spécialistes » à ne pas le faire, j’ai donc gratté et j’ai simplement posé sur la même table,
tous ensemble pour la première fois, des documents accessibles pourtant
sans trop de peine... Le seul fait d’essayer de les raccorder
pour écrire « L’Histoire » du 15 juin 1945 au Luc démontre pourtant qu’il y a
« problème ». Mais c’est seulement une fois que j’ai
découvert en 2008 les mémoires du pilote polonais Michal CWYNAR et
les lignes qu’il a écrites sur le 15 juin 1940, jamais exploitées et
surtout « raccordées » avec ce qui avait pu être déjà écrit de
cette journée avant cette date, que j’ai pris la décision de simplement
proposer à ceux qui voulaient s’en donner la peine de trouver « leur » vérité ! D’où la mise en ligne
de cette page Internet en annexe à ma biographie de J’ai reçu quelques messages de la part de
certains qui n’appréciaient pas trop qu’on se pose des questions en
revisitant ce 15 juin 1940, qu’ils avaient présenté sous un autre jour, mais
qui finalement n’avaient pas d’arguments décisifs pour s’empêcher de se poser
les mêmes questions que moi... J’ai eu aussi quelques satisfactions. Dans
des revues spécialisées, dans des forums, dans des pages de ci de là, des
allusions ont été faites, mes interrogations ont été reprises... Et finalement en janvier 2020, une des
principales revues d’Aviation française, le « Fana », a
publié un article « Pierre Le GLOAN – As des As sur Dewoitine
520 », dont 5 pages entières pour décortiquer la seule journée du 15
juin 1940, n’apportant finalement aucun élément nouveau par rapport à mes
travaux de 2008, puisque manifestement écrites habilement à partir des
informations originales de cette présente page Internet et sans grandes
recherches complémentaires, mais la justifiant totalement ! Belle
consécration pour un « Historien du dimanche » qui n’ira bien
sûr pas réclamer des droits d’auteur ! Et satisfaction suprême, pour la première
fois, l’illustrateur de la couverture de ce numéro du « Fana », le
talentueux Lucio Perinotto, a représenté le Dewoitine de Le GLOAN comme je
l’avais indiqué (merci à Lionel PERSYN !), c'est-à-dire avec le code
« 2 » de l’appareil n°301, celui du lieutenant MARTIN, et non
avec le fameux « 6 » du n°277, appareil qui n’était pas en état le
15 juin, mais que Le GLOAN utilisera par la suite en A.F.N. et surtout contre
les Anglais au printemps 1941 en Syrie (7 victoires revendiquées) où il sera
d’ailleurs détruit. L’ « État Français » continuera à utiliser pour
sa propagande Pierre Le GLOAN (sergent-chef en 1939, lieutenant en 1940...),
ce qui fera du D.520 n°277 codé « 6 » un avion mythique(*) avec son
fameux « Masque sévère », d’ailleurs peint sur les empennages des
Dewoitine de la 5ème Escadrille du III/6 qu’en juillet à Alger
!... (*) au sens familier : légendaire,
célèbre, digne d'être admiré car exceptionnel, qui mérite d'être fêté,
commémoré, qui fait rêver |
Le Groupe de Chasse GC 3/6 est au LUC depuis le 3 juin 1940.
L’Italie déclare la guerre à la France le 10. Depuis quelques jours certains
pilotes du Groupe sont déjà en possession d’un Dewoitine 520 et apprennent à le
connaître. D’autres sont encore à Toulouse pour récupérer le leur.
Le jeudi 13, la Royal Air Force bombarde Turin. La Regia
Aeronautica bombarde la région de Fayence et de Cannes.
Les adjudants Le Gloan et Goujon abattent deux bombardiers italiens
Fiat BR 20 dans la région d’Agay.
Le vendredi 14, la flotte française bombarde les zones
industrielles de Gênes et de Savone
Le samedi 15, en représailles, la Regia Aeronautica s’en prend aux
terrains d’aviation de Cuers et du Luc, qu’elle bombarde et qu’elle mitraille.
Au milieu de journée, Le Gloan décolle avec le capitaine Jacobi,
qui doit rentrer peu après au Luc car son appareil a un problème, et avec Jean
Assollant, qui devra aussi rentrer après un premier engagement et laisser son
chef de patrouille seul. L’Etat Major de la Z.O.A.A. homologuera rapidement 5
victoires pour Le Gloan, dont 2 en collaboration avec Bernache Assollant. Tout
s’est passé en 40 minutes et en un seul vol.
Cependant un esprit cartésien peut être troublé à la lecture de
certains documents et amené à réfléchir sur la manière dont les choses ce sont effectivement passées ce jour-là, au niveau du
commandement du Groupe 3/6 et au sein de ses deux escadrilles.
En tout état de cause, ce qu’a accompli Le Gloan ce 15 juin 1941
est bien entendu un grand exploit, mais il n’est pas anormal de vouloir
approcher l’Histoire au plus près…
On trouvera ci-dessous la transcription de quelques documents et
d’écrits sur ce sujet. A chacun de se forger ensuite sa propre opinion.
C’est le Dewoitine 520 n°277 codé
« 6 » qui a été toujours représenté pour illustrer le 15 juin de
En fait il a volé ce jour-là sur le D.520 n°301
codé « 2 » du lieutenant MARTIN (FX- BIBERT -10/2008)
D’autre part les insignes du GC III/6, masque
« sévère » pour le 5ème, masque « rieur » pour
la 5ème n’ont été peints qu’en juillet à Alger faute de temps
LE POINT DE VUE FRANÇAIS
LA CITATION DE PIERRE LE
GLOAN
« Chef
de patrouille incomparable, pilote de chasse prodigieux. Avec un seul de ses
équipiers a engagé le combat contre 12 chasseurs ennemis. A abattu dès la
première attaque, à quelques secondes d’intervalle, deux d’entre eux. Se
trouvant seul, s’est lancé à la poursuite de la formation de chasse italienne
qui tentait de gagner les nuages et a abattu un troisième avion. Ne voyant plus
d’appareils ennemis, en a rendu compte à son Commandant de Groupe qui l’a
rappelé vers le terrain au-dessus duquel il a engagé un nouveau combat contre
un chasseur ennemi qui venait de mitrailler les avions au sol. A abattu son
adversaire en flammes dès la première attaque. Apercevant au-dessus de lui un
bombardier Fiat BR 20, a épuisé ses dernières munitions contre cet avion qui
est tombé en flammes à faible distance du terrain. Cet exploit sensationnel
accompli au cours d’une même sortie en moins d’une heure de temps porte à 11 le
nombre de ses victoires officiellement homologuées. »
NOUVEAU – MARS 2009
LE RAPPORT D’ENGAGEMENT
INTÉGRAL DU GC III/6 DU 15 juin 1940
NOTE n° 410 DU 16 JUIN 1940
suivi des photographies des documents originaux suivants :
LES 5 DEMANDES D’HOMOLOGATION SIGNÉES PAR LE CAPITAINE STEHLIN LE
16 juin 1940
LA NOTE DU COLONEL de TURENNE TRANSMETTANT CES DEMANDES AU GÉNÉRAL
HOUDEMONT LE 16 juin 1940
LA NOTE DU GÉNÉRAL HOUDEMONT TRANSMETTANT CES DEMANDES AU
COMMANDANT DES FORCES AÉRIENNES LE 23 juin 1940
Cliquez sur l’image pour lire le rapport
d’engagement et découvrir les documents cités ci-dessus
LE LIVRE DE MARCHE DE LA 5ème
ESCADRILLE
« 15 juin 1940
Le
plus bel exploit de la guerre est réalisé ce jour par l’Adj Le Gloan. Décollant
sur alerte avec 1 équipier, Le Gloan attaque une douzaine de Fiat C42 . Il
en abat 3 en quelques minutes, son équipier en panne étant rentré au terrain.
Regagnant la piste, il aperçoit un chasseur italien et l’abat ; enfin
trouvant un bombardier le descend en flamme au voisinage de la piste. ».
LE LIVRE DE MARCHE DE LA 6ème
ESCADRILLE
« 20
juillet 1940
Les
événements qui se sont précipités depuis le 13 juin ont empêché l’auteur de ces
lignes de tenir à jour ce livre de marche ; voici néanmoins les grandes
lignes de cette période, qui restera dans les annales de l’aviation française…
Les
14 et 15 juin le Groupe se rend du Luc à Toulouse recevoir des Dewoitine 520.
Pendant ce temps les quelques pilotes munis de ces nouveaux appareils ne
chôment pas et un exploit peu banal est accompli par Le Gloan (5ème
escadrille), qui dans le même vol et en une demi-heure fait mordre la poussière
à 5 italiens. »
L’HISTORIQUE OFFICIEL DU
GROUPE GC III/6
Première mouture
« 15 juin 1940
Deux
patrouilles légères adjudant LE GLOAN - capitaine ASSOLLANT et capitaine
GUERRIER - s/Lieutenant CAPDEVIOLLE décollent sur alerte.
Vingt
Fiat CR 42 attaquent le terrain du LUC à la mitrailleuse en organisant une
noria en piqué, et atteignent quatre monoplaces et un Loockeed de la R.A.F.
L’adjudant
LE GLOAN qui passait par là, en descend trois entre Saint-Tropez et Sainte
MAXIME, dont un en collaboration avec le capitaine ASSOLLANT, et en désarçonne
deux autres sur VIDAUBAN. »
L’HISTORIQUE OFFICIEL DU
GROUPE GC III/6
Deuxième mouture
« 15 juin 1940
Le
plus bel exploit de la guerre est réalisé ce jour-là par l’adjudant LE GLOAN.
Décollant sur alerte avec 1 équipier LE GLOAN attaque une douzaine de Fiat CR
42. Il en abat 3 en quelques minutes. Son équipier en panne est revenu
atterrir. LE GLOAN rentre au terrain et voit un avion de chasse italien qui
mitraille la piste, il l’abat. Avant d’atterrir il aperçoit un bombardier
ennemi au-dessus de lui. Il lui reste quelques munitions. Il attaque le
bombardier et l’abat en flammes au voisinage du terrain.
5
victoires en moins d’une demi-heure. »
LES VICTOIRES HOMOLOGUÉS
DE PIERRE LE GLOAN
(extrait)
…
15.06.40 (2)
CR.42 Beauvallon [83]
15.06.40 (2)
CR.42 Ramatuelle [83]
15.06.40 (1)
CR.42 St-Amée [83]
15.06.40 (1)
BR.20 Ferme Moulin Rouge [83]
15.06.40 (1)
CR.42 Ferme des Thermes [83]
…
(1) Seul -
(2) En collaboration avec un second pilote
LES MÉMOIRES DE PAUL STEHLIN
COMMANDANT DU GROUPE GC
III/6 LE 15 juin 1940
« Le
jour suivant, le ciel de Méditerranée a repris son aspect habituel. Vers midi,
quelques instants après notre retour d'une mission de longue durée au-dessus de
Toulon et Marseille, et pendant que nous quittons nos vêtements de vol, on
entend le crépitement des mitrailleuses qui se rapproche rapidement de la
baraque où je me tiens. Je me précipite dehors, je compte une dizaine de
chasseurs italiens qui attaquent notre terrain. Le GIoan, à la tête d'une
patrouille de trois, a décollé vingt minutes avant, avec un peu de chance je
peux encore l'atteindre par radio. J'arrive sain et sauf à travers les rafales
jusqu'au véhicule de transmissions. J'ai un moment d'angoisse, Le Gloan ne
répond pas à mon appel, un de ses équipiers, dont j'entends la voix semble m'avoir
compris. Le bruit, que nous connaissons bien, du canon Hispano le confirme
bientôt. En moins de dix minutes, sous nos yeux, sous les yeux des habitants du
Luc, Le Gloan abat seul quatre chasseurs italiens. Il vient d'exécuter une
figure acrobatique, un tonneau, pour manifester sa joie, lorsque je lui signale
en arrière et assez haut au-dessus de lui une cinquième cible. C'est un avion
de reconnaissance envoyé pour constater et photographier les dégâts. Il ne
tarde pas à aller rejoindre, au sol, ce qui reste des quatre victimes de Le
Gloan. Aucun de nos appareils n'a été gravement endommagé, mon avion, le plus
atteint, sera réparé en moins d'une heure. »
« Témoignages pour l’Histoire »
Paul STEHLIN
Robert Laffont - 1964
NOUVEAU - JANVIER 2009
LA « NOTICE
BIOGRAPHIQUE SUR LE LIEUTENANT PIERRE LE GLOAN »
ANNEXE VI Á L’HISTORIQUE
COMPLET DU GC III/6 RÉDIGÉ APRÈS LA GUERRE PAR L’ARMÉE DE L’AIR (1)
Nota : Cette narration de la journée du
15 juin 1940 de l’adjudant Le Gloan ne peut pas être dissociée du
contexte global de cette notice. Celle-ci est donc reproduite intégralement
ci-dessous (FXB).
« Né dans une famille de paysans bretons à Plouguernével près
de Guingamp, le 6 janvier 1913,
Rengagé aux choix, il se distingue en enlevant le premier prix à
plusieurs concours de tir : il est classé tireur d’élite.
Affecté à Reims, à la 6ème escadre de chasse, il suit
cette unité à Chartres où sa valeur et son aptitude à conduire une formation
sont vite reconnues et sanctionnes par un brevet de chef de patrouille. Il
vient d’avoir 23 ans.
Lorsque la guerre éclate, le sergent-chef Le GLOAN appartient à la
5ème escadrille du groupe de chasse III/6. Il aura bientôt
l’occasion d’affirmer sa valeur en donnant au groupe ses deux premières
victoires, deux Dornier 17 abattus en collaboration avec le lieutenant Martin.
Le mordant et le sens aigu su combat aérien de ce jeune pilote
s’impose ainsi de bonne heure ; il se voit confier le commandement de
formations lourdes comprenant trois patrouilles triples (vingt-sept appareils).
A la fin de la campagne de France, l’adjudant Le GLOAN compte onze
victoires homologuées et quatre probables. Tous ses combats seraient à
citer ; ils sont des modèles de maîtrise et de témérité. Certains sont
particulièrement caractéristiques par les résultats obtenus ou les conditions
dans lesquelles ils se sont déroulés.
Le 13 juin 1940, le Groupe de Chasse III/6 stationne eu Luc,
utilisant en opérations ses premiers Dewoitine 520. Deux jours plus tard, le
15, de nombreux chasseurs ennemis sont signalés se dirigeant vers le terrain.
La patrouille d’alerte capitaine ASSOLLANT - capitaine JACOBI - adjudant Le
GLOAN reçoit l’ordre de décoller.
Les pilotes courent à
leurs avions, sautent sur l’aile, enjambent la cabine…
Les trois Dewoitine
quittent le sol. Le GLOAN n’a pas pris le temps de se munir de son parachute.
Peu après avoir décollé, le capitaine JACOBI se pose, son changement de pas
d’hélice fonctionnant mal. Le GLOAN - ASSOLLANT partent seuls pour intercepter
les formations italiennes qui, violant le ciel bleu de notre Provence, poussent
avec une tranquille assurance leur ombre sur nos champs, nos collines et nos
plaines.
Près de Saint-Tropez, et à
la même altitude, Le GLOAN et ASSOLLANT aperçoivent dix chasseurs Fiat
C.R. 42 en formation de route, se présentant sous l’aspect d’un
« V » très allongé. Les deux Dewoitine 520 pointent une aile vers le
ciel, l’autre vers le sol, ils effectuent un virage aussi serré que s’ils
s’appuyaient sur un rail… ils attaquent. ASSOLLANT engage le combat avec le
dernier appareil de gauche de la formation qu’il abattra quelques instants plus
trad. Le GLOAN, lui, prend le dernier de droite (2), de très près ; il
tire. Dès le début de la rafale, le Fiat s’embrase, de détache du
« V », d’abord lentement et comme à regret, puis pique
vertigineusement vers le sol où il percute. Sans perdre une seconde, Le GLOAN
vire légèrement et balaie du feu de ses armes l’appareil suivant de la
formation qu’il détruit également, abattant ainsi deux avions presque dans la
même rafale. Les Italiens surpris, réalisent seulement qu’ils sont
attaqués ; leur formation éclate en une gerbe de points sombres qui fuient
vers les nages. Derrière, Le GLOAN, son « 520 » plein moteur, les
talonne… Il se rapproche du dernier, et juste avant qu’il ne disparaisse dans
les nuages, se trouve à bonne distance de tir… Le canon et les quatre
mitrailleuses du Dewoitine s’éclairent de courtes flammes bleutées ;
l’avion est martelé d’un roulement de coups bruyants ; une odeur âcre
emplit la cabine. Devant, le Fiat chancelle, se redresse un instant, puis
décrit une orbe vers le sol… Il s’amenuise, semble se dissoudre près d’une
tâche d’un vert plus sombre où surgit la souillure d’une boule de fumée noire
qui se dissipe lentement tandis que, seul entre le bleu du ciel, la masse
grisonnante de quelques nuages et le sol d’un vert brûlé par le soleil de juin,
le Dewoitine de Le GLOAN ronronne d’un rythme égal.
Le GLOAN rend compte par
radio au commandant du groupe de la disparition des appareils ennemis ; il
reçoit l’ordre de rallier le terrain du Luc, attaqué par une autre formation de
Fiat.
Approchant du terrain, Le
GLOAN surprend un chasseur ennemi qui effectue une passe de mitraillage. Il
pique derrière lui, et sitôt que le Fiat fait sa ressource, l’abat d’une seule
rafale, épuisant ses derniers obus.
Il se présente alors pour
atterrir, ayant détruit quatre appareils ennemis au cours de la même mission et
ne disposant que de quelques munitions pour ses mitrailleuses, lorsqu’il
distingue à 4000 mètres d’altitude un avion de reconnaissance, un « B.R. 20 »
chargé de photographier le terrain après l’attaque des chasseurs. A plein gaz
Le GLOAN fonce, attaque et descend le B.R. 20 » en flammes tout près
du terrain, en deux rafales de mitrailleuses.
Il se pose enfin ayant
abattu cinq appareils ennemis en moins d’une demi-heure ; exploit sans
précédent jusqu’à ce jour qui amènera au Luc le grand « as » de
l’autre guerre, FONCK, venu spécialement pour connaître et féliciter Le GLOAN.
Le GLOAN n’endommagea
aucun appareil ennemi ; tous ceux qu’il attaqua furent abattus.
Son attaque favorite contre les bombardiers était exécutée en cabré
par l’arrière après un piqué ; il attendait d’être dans l’angle de tir de
l’ennemi, c'est-à-dire à moins de cent mètres, pour ouvrir le feu. Témoin cette
attaque qu’il effectua contre un peloton de Heinkel 111, si près de
l’adversaire qu’il abattit que son appareil fût recouvert par l’huile de
l’Allemand , il ne put continuer le combat et rentra au terrain, désolé de n’en
avoir descendu qu’un seul.
Dans la mêlée, sa rapidité de jugement et son aisance étaient
surprenantes ; au cours d’une attaque contre un chasseur, un autre de ses
adversaires atteignit la queue de son appareil par le feu de ses quatre
mitrailleuses qui coupa les commandes de direction. Cette rafale fit effectuer
à Le GOLAN un demi tonneau involontaire ; il reprit néanmoins dans son
collimateur l’appareil qu’il poursuivait et l’abattit ; après quoi, sans
palonnier, il fut assez adroit pour échapper aux autres et ramener son Morane
sérieusement endommagé au terrain où il se pose sans accident.
Après la campagne de France, Le GLOAN reste avec le grade de
lieutenant au groupe de chasse GC III/6 ; il y demeure un exemple et un
instructeur de valeur pour les jeunes pilotes.
Pendant la courte mais très dure campagne de Syrie, le lieutenant
Le GLOAN continue à se couvrir de gloire, remportant quatre nouvelles victoires
homologuées et une probable.
Après l’occupation de l’Afrique du Nord par les forces américaines,
le groupe de Chasse III/6 est transformé sur Bell Airacobra P-39 et engagé en
« Costal Command ». Le GLOAN aime à dire la confiance qu’i accorde à
la « mécanique » et de fait, en temps de paix comme en temps de
guerre, il a toujours ramené au terrain et posé avec le minimum de dégâts les
appareils les plus sérieusement endommagés.
Le 11 septembre 1943, à 8h20, date et heure anniversaire de la mort
de GUYNEMER, l’appareil piloté par le lieutenant Le GLOAN qui vient de partir
couvrir un convoi en mer, percute à la suite d’une panne de moteur, à Ouillis,
entre Mostaganem et Alger. Le GLOAN avait annoncé par radio des troubles de
moteur survenues à son Airacobra mais il n’avait pas envisagé une seconde de
sauter en parachute, pensant une fois de plus ramener son avion au terrain.
Mais cette fois la mécanique l’a trahi.
Le groupe ne peut croire, tout d’abord, la nouvelle rapportés par
l’équipier ; Le GLOAN, victorieux, toujours rentré au terrain quel qu’ait
pu être l’état de son avion… Et pourtant l’évidence est là ; le lieutenant
(1) Deux
volumes de plus de 600 pages dactylographiées au total, avec photographies,
rédigés après la guerre à partir des archives et de témoignages par le S.H.A.A.
(Service Historique de l’Armée de l’Air) sous la direction du
lieutenant-colonel SALESSE , qu’il ne faut pas confondre avec « L’Historique Officiel »,
première et deuxième mouture, document succinct d’une vingtaine de pages,
rédigé pendant la guerre sous la responsabilité du commandant du Groupe, cité
également plus haut dans cette page et reproduit intégralement dans ce site.
(2) Ce qui
signifierait que les deux premières victoires furent des victoires
individuelles alors qu’elles n’ont pas été homologuées de cette manière.
LA LÉGENDE DE PIERRE LE GLOAN TELLE QUE
« CHANTÉE » PAR LA PRESSE DE LA ZONE LIBRE APRÈS LES ARMISTICES
Le Figaro – Edition de Clermont-Ferrand - 2 août 1940
Les faits d'armes de nos
aviateurs :
PIERRE LE GOLAN jeune
sous-lieutenant pilote ABATTIT EN MOINS D’UNE HEURE CINQ AVIONS ITALIENS seul
contre quatorze adversaires
Cela seul constitue une
référence. N'est pas chasseur qui veut et, en septembre 1939, les monoplaces
les plus modernes n’étaient confiés qu'aux meilleurs pilotes. La sélection
était sévère. Tout de suite, dans les engagements locaux qui mirent aux prises
Français et Allemands au-dessus des lignes et dont le combat du 6 novembre
restera l’exemple le plus fameux, Le Gloan s'imposa.
Avec Sallés, avec Plubeau,
avec Legrand, il fut un des premiers à compter plus d'une victoire.
A l’époque où déjà l’on
parlait des merveilleux exploits du « sergent ...X » ou de
« l’adjudant ...Z », le nom de Le Gloan se cachait sous ces lettres
ultimes de L’alphabet.
Mais, alors, les batailles
n'étaient pas aussi fréquentes qu’auraient voulu nos champions. Le plus souvent
l’adversaire s'attaquait aux triplaces d'observation. Que survint un « chien de
garde » et l’assaillant s'enfuyait sur. Des ailes, hélas ! Trop rapides...
On jugera dans ces
conditions, le mérite de Le Gloan qui parvint, cependant à inscrire à son
tableau de chasse six avions abattus !
A l'offensive, il avait
gagné la croix de, guerre avec palmes, la médaille militaire et le galon
d’officier. Il avait gagné aussi, auprès de ses frères d'armes, une réputation
de « bagarreur » redoutable. Et l’admiration affectueuse de ses pairs suffisait
à sa modestie.
Un héros authentique se
dérobe à la renommée. Il était dit, pourtant, ou écrit quelque part dans ce
ciel où il régnait sans rival, qu'il allait forcer les portes de la gloire. Sa
prodigieuse victoire du 15 juin lui valut, en effet, l’honneur d'être cité
au communiqué.
Le jour ou l’Italie
déclara la guerre à la France, notre « as » faisait partie d’un groupement
stationné non loin des Alpes et de la Méditerranée. Après avoir bourlingué tout
l’hiver dans les grains et les brumes de I'est, il trouvait, tout prêt, un champ
immense, azuré et calme, ouvert sans limites à ses chevauchés fantastiques. Le
premier accrochage ne se fit pas attendre.
Insensible à la grandiose
beauté des hautes cimes et de l’étendue infinie de la mer, Le Gloan
patrouillait à 3 000 mètres. Tout allait bien. Le moulin tournait comme
une horloge, les chargeurs étaient pleins jusqu’à la gueule, et la provision
d’essence à peine entamée. Un autre aviateur suivait au-dessus à quelques
dizaines de mètres.
Soudain à l’horizon
naissent douze points noirs qui très vite grossissent et peuvent être
identifiés aisément : douze monoplaces italiens. Deux contre douze, un
contre six. Il n'y a pas de quoi s'émouvoir. C'est la proportion classique.
Le Gloan avait depuis
longtemps alerté son coéquipier, quand tout paré pour la mêlée, il fonce tête
baissée dans le tas. A la première rafale, un ennemi plongea dans le sifflement
aigu que font entendre les avions frappés à mort. Une deuxième passe, rapide
comme l’éclair : une deuxième victime. Le pilote pas eu le temps de
compter jusqu’à dix entre les deux.
Les six antérieurs plus
deux font huit.
Les italiens ont compris
qu’ils viennent de trouver un maître. La sagesse commande battre en retraite Un
nuage compatissant vient par hasard leur tendre l’abri de son écran. Mais avant
qu’ils ne l'aient atteint, Le Gloan, rageur, la manette des gaz à fond et le
manche sur le ventre, les a rattrapés et en a envoyé un en bas.
Huit plus un font neuf.
Dans le feu de la
bataille. Le Gloan a perdu, de vue son camarade. Ni lui, ni personne, aussi
loin que porte le regard. Soldat discipliné, le vainqueur solitaire demande,
par les ondes, l’ordre du commandant après avoir « rendu compte ».
Rentrez au terrain,
Un virage sur l’aile et le
retour commence au régime de croisière. Une promenade. Mais une promenade qui
réservait encore de l’imprévu.
Au moment même, un
chasseur italien qui venait de mitrailler une de nos bases rentrait, lui aussi,
dans ses lignes. Les deux appareils suivaient en sens inverse la même route –
le hasard en avait décidé ainsi. Ils devaient fatalement se rencontre. L’ennemi
n’eut pas à s’en féliciter. Dès les premières attaques, il partit en flammes à
la verticale, laissant dans son sillage une colonne noire de fumée que le vent
trop faible mit longtemps à faire disparaître.
Neuf plus un font dix.
Le Gloan pouvait penser
que c'était fini pour ce jour-là. Les proies ne viennent pas s’offrir ainsi,
tous les quarts d’heure ! Il regardait le ciel par habitude, par réflexe. Mais
.sans espoir. La loi des probabilités fut mise en pièces par l’arrivée d’un
Fiat BR20 qui cherchait des cibles à quelques kilomètres d’un important
aérodrome. C’est lui qui devint cible. Mais Le Gloan faillit le manquer. Il ne
lui restait plus que quelques cartouches. IL s’agissait de bien les placer.
Malgré la violente défense
adverse le chasseur approche de sa victime à la toucher et fait mouche à
l’ultime giclée. Les mitrailleuses vides, lais le cœur plein de joie et de
fierté Le Gloan atterrit.
Dix plus un font onze.
Comme Le Gloan, tous les
pilotes de chasse français eurent à luter plusieurs fois par jour, à 1 contre 5
ou à 1 contre dix. Tous firent preuve d’une même virtuosité et d’un même
courage.
Emile Séverac
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« 5 VICTOIRES – 46 MINUTES » - Le
Bulletin des Jeunes n°14 du 30 novembre 1941 – Imprimé à Vichy
Article qui a été
manifestement écrit à partir des informations provenant des documents officiels
de l’Armée de l’Air, mais qui ont été « modifiés » plusieurs fois à
des dates indéterminées !
On peut d’ailleurs se
demander comment ces documents qui se trouvaient en novembre 1941 à Alger ont
pu être si largement exploités par la presse de Vichy pour créer « La
légende de Pierre Le Gloan » !
Albert Rèche, qui ne
dispose sans doute que des même informations contenues dans l’artiche
précédent, les complète de mains détails romancés dans une envolée lyrique
étonnante !
Le Dewoitine 520 de l’adjudant Pierre LE GLOAN
le 15 juin 1940 – C’est le n°277 codé « 6 » qui a été toujours
représenté par erreur
En 2020, Lucio PERINOTTO confirme ce qui a été
écrit ici en 2008, Le GLOAN a volé en fait ce jour-là sur le n°301 codé
« 2 » du lieutenant MARTIN
Attention : le masque « sévère » de la 5ème
escadrille n’a été peint que début juillet à Alger sur les empennages de ses
Dewoitine
http://www.lucioperinotto.com/
De la même façon, en 2022, Romain Lebourg, qui
mentionne cette journée sur le blog « Section Air du Collectif France
40 » a bien représenté le D.520 n°301 codé « 2 » !
https://section-air.blogspot.com/2020/06/le-gloan.html
UN PREMIER EXEMPLE DE CE
QU’ON A PU LIRE DANS
LA PRESSE SPÉCIALISÉE
D’APRÈS GUERRE, (1959) OU ENCORE DE NOS JOURS
Ce texte, publié dans
« Aviation Magazine n° 281 » du 15 août 1959, avec comme titre
« Empoignade sur la Côte d’Azur » est dû à Michel Marrand. On est en
1959, 15 ans après la libération, et il ressemble comme à s’y méprendre aux
écrits propagandistes de 1940. Il a été manifestement rédigé sans recherches
dans les archives : l’aviation française sur la côte d’azur était à
l’entraînement, tous les combats du GC III/6 se passe au-dessus du terrain du
Luc. Pour les pertes italiennes : 5 +2 = 7 au Luc pour le III/6 et 3+1=4
pour les marins de l’AC3 : total 11. On ne peut faire mieux !
Le 10 juin 1940 l’Italie
déclare la guerre à la France et à l’Angleterre. Par chance la Côte d’Azur est un lieu d’entraînement de nos escadrilles
et les Italiens vont trouver des avions modernes devant eux. Déjà le 13 juin au
cours d’une escarmouche avec les D-520 du GC III/6 les Italiens se sont repliés
en perdant deux avions. Le 15 c’est le grand coup. Vers 12 heures d’impeccables
formations de chasseurs biplans, une cinquantaine de Fiat CR 42
apparaissent sur la frontière et se dirigent vers les aérodromes de la région.
Les terrains de Luc-en-Provence, Cuers-
Les Italiens espèrent
affaiblir notablement la chasse française pour permettre aux bombardiers
d’attaquer sans- trop d’opposition le port de Toulon. Les formations italiennes
se scindent en deux échelons, l’élément inférieur chargé de mitrailler les avions
au sol, couvert par la protection haute. A Cuers, trois Bloch 152 de l’AC-3
sont immédiatement descendus et devant les hangars cinq Vought de l’AB-3 sont
incendiés par les rafales Les avions du 23ème Gruppo qui n’ont pas
trouvé grand-chose à Fayence apparaissent au-dessus du terrain du Luc (ou
Cannet des Maures) qui abrite une fraction du G.C III/6 et ses D‑520
nouvellement reçus, et commencent à tout démolir. Rappelés par radio, deux D.520 décollés quelques minutes auparavant en vol
d’entraînement plongent sur les assaillants. Ils sont pilotés par le
capitaine Jean Assollant, fameux pilote de raid, et d’adjudant
Mauvaise journée pour la
Regia Aeronautica car au-dessus de Cuers les avions du 15ème Gruppo
sont aux prises avec les chasseurs de l’AC-3 qui se sont ressaisis, trois Fiat
s’écrasent au sol et un autre est forcé de se poser sur le terrain. Les
Italiens n'insistent pas et leurs fines silhouettes s’estompent vers l’Est…
UN SECOND EXEMPLE (2008)
Ce texte, bien
documenté, rédigé à partir des archives officielles de l’Armée de l’Air (dont
les rapports de combat) a été largement diffusé et il fait référence. Il est dû
à Christian-
On peut le trouver sur
Internet :
http://aerostories.free.fr/pil_cha_fr/legloan/
ou dans la revue
« Aéro Journal - Numéro Hors Série n°8 de décembre 2004 « Le
Dewoitine 520 » .
« Ce jour-là, vers à
11h40, la patrouille d'alerte du GC III/6 reçoit l'ordre de décoller. Une
quinzaine d’avions ennemis, ont été signalés franchissant la frontière. Les
capitaines Jacobi et Bernache Assollant courent jusqu'à leur avion, s'installent
et mettent le
Chef de patrouille, Le
Gloan décolle en tête, à 11h 45, suivi par les deux capitaines. Ils prennent
rapidement de l’altitude pour se porter à 4 000 mètres à la rencontre des
Italiens. Au-dessus de Saint-Raphaël, ils reçoivent l’ordre d’obliquer vers
Saint-Tropez, mais à ce moment Jacobi se plaint du changement de pas de son
hélice et doit faire demi-tour. Les deux pilotes restant aperçoivent douze Fiat
CR.42 qui volent comme à la parade, en quatre sections espacées (on peut lire ailleurs : en un
« V » très allongé) sans se soucier de ce qui peut surgir sur
leurs arrières. Ils font route à vitesse de croisière vers le sud-ouest. Ils
n'ont pas repéré les deux Dewoitine.
Ceux-ci basculent et
effectuent un virage aussi serré que possible pour se retrouver dans le sillage
des biplans Il est juste midi quand les deux Français ajustent calmement leur
visée sur la dernière section, Le Gloan sur l'ailier gauche et Assollant sur
l'ailier droit. Le premier Fiat pique instantanément en flammes vers
Beauvallon. Le second est sérieusement atteint, mais son pilote peut sauter en
parachute tandis que son appareil en flammes s’abat près de Ramatuelle. Le chef
de section réussit à fausser compagnie à ses agresseurs ; Assollant qui a
viré en sens inverse de Le Gloan plus rapidement que lui s’est bien retrouvé
derrière l’Italien, mais emporté par son élan il l’a manqué.
Assollant se rapproche de
Le Gloan et par signes lui fait comprendre que ses armes sont enrayées et qu'il
rentre au bercail. Le Gloan décide de poursuivre la patrouille et son attention
est attirée par des flocons de DCA à la verticale de Hyères. Parvenu sur les
Lieux il tombe nez à nez avec un groupe de deux (trois ?) CR.42 qui repartent vers l'Italie. Au cours du bref
engagement qui s'ensuit, Le Gloan descend l'un d'eux qui s'écrase près du Cap
Camarat. Huit autres surgissent des nuages et tentent de surprendre le
Français. Mais Le Gloan les a vus et déjoue leur manœuvre en piquant
violemment.
Pendant ce temps, le
terrain du Luc reçoit la visite d'autres avions italiens et Le Gloan reçoit par
radio l'ordre de rentrer sans tarder. Surprenant deux (un ?) Fiat dans leur passe de mitraillage (un ? ), il en abat un d’une courte
rafale, à moins d'un kilomètre de la piste, à la ferme des Thermes, près du
Cannet-des-Maures. Il reprend de l'altitude pour maintenir une couverture du
terrain puis aperçoit vers 4 000 mètres un Fiat BR.20 venu probablement photographier
le résultat de l'attaque. Après plusieurs passes le bimoteur va s’abattre en
flammes dans un champ de la ferme du Moulin Rouge.
Au cours de cette sortie,
qui n'a pas duré plus de trois quarts d'heure, Le Gloan est crédité de cinq
victoires confirmées, dont les deux premières en collaboration avec
Bernache-Assollant. C'est un exploit qu'aucun pilote français n'a accompli
depuis René Fonck. D'ailleurs, le grand as de 14-18, alors lieutenant-colonel
et chef du groupe de contrôle aux armées, dépendant de l'état-major général de
l'armée de l'Air, se rend quelques jours plus tard au Luc pour féliciter son
cadet et lui annoncer sa promotion au grade de sous-lieutenant. »
LE TÉMOIGNAGE DE MICHAL
CWYNAR
PILOTE POLONAIS AU GC III/6
LE 15 juin 1940
« Mon chef
d’escadrille s’appelait
Une fois, lui et moi
étions "d’alerte", c'est-à-dire prêts à décoller en cas d'urgence
pour défendre notre aérodrome ou la base navale de Toulon située à proximité.
Normalement, ceux qui étaient d’alerte devaient bien sûr rester à l'aérodrome
quand les autres montaient dans le camion qui les emmenait déjeuner au Luc, à
cinq kilomètres de là. Mais ce jour-là,
Lorsque le Commandant lui
rappela qu'il y avait plus de soixante-dix avions dispersés autour de
l'aérodrome, en comptant les vieux Morane 406,
Un peu plus tard nous
étions au Luc autour de la table du restaurant. Le Commandant n’a pas eu le
temps de porter le traditionnel toast à la "République" car nous
avons entendu des bruits d’avion. En fait douze biplans CR42 viraient sur leur
droite pour s’aligner sur notre terrain et le mitrailler. Nous avons couru vers
le jardin et avons regardé incrédules ce qui se passait.
Il n'y avait pas de poste
de radio dans le camion qui nous ramenait à la base. Il était trop tard.
Toutefois, l'honneur
français a été, dans une certaine mesure, préservé. Au moment où les Italiens
entamaient la première passe de mitraillage,
Il tira une courte rafale
de canon de 20 mm sur le côté droit de la queue de l’Italien, et le petit
biplan, avec sans doute une doute structure essentiellement faite de bois,
s’abattit tandis que son pilote sautait. On apprit par la suite que cet avion était
le quatrième que le Gloan avait abattu depuis le début de sa patrouille.
Dans le camion qui nous
ramenait du restaurant au terrain nous étions catastrophés à l’idée des
horribles dégâts que les Italiens avaient dû infliger à nos tout nouveaux
Dewoitine. Mais quand nous sommes arrivés à l'aérodrome nous avons été
agréablement surpris. Tous les Dewoitine étaient intacts. Seuls trois Morane
406 avait été légèrement endommagés.
[…] »
Traduit de l’anglais - FXB 2008
Texte de Michal CWYNAR - vers 1990 - cité par Wilhelm
Ratuszynski
Voir
le texte complet de Michal CWYNAR
UN POINT DE VUE ITALIEN
« Le
15 juin 1940, le quartier général italien donna l’ordre aux 150ème,
18ème et 23ème Groupes d’attaquer les terrains d'aviation
français de « Le Cannet des Maure - Le Luc », à 2 km au sud-est du Luc et de «
Cuers
Le Cannet des Maures était
la base du GC III/6, qui y était arrivé le 3 juin avec des chasseurs Morane
Saulnier MS.406 et qui avait depuis déjà remplacé la moitié de ses vieux
appareils par les nouveaux Dewoitine D.520 (le 15 juin 1940, le groupe a au
moins 13 D.520 en main).
Le terrain de « Cuers
Bloch 151
Vought 156F
L’attaque du
23° Groupe sur Le Luc - Le Cannet des Maures
À midi, 25 CR 42S du 23°
Groupe sont partis de Cervère, une petite ville du Piémont près de la frontière
française, pour attaquer le terrain d'aviation de « Le Cannet Des Maures ».
Le premier groupe,
sous le commandement du commandant Tito Falconi (1), commandant le 23° Groupe
dans un CR 42 de l’escadrille 70, devait procéder à un mitraillage en
rase-mottes. Ce groupe était composé du capitaine Luigi Fillippi (2),
commandant l’escadrille 75, des lieutenants Mario Rigatti (3) et Calogero Mazza
(4), des s/Lt Malvezzi (5), du maréchal Luigi Pasquetti (6), des sgt/major
Renzo Borrro (7), Davini (8), Germano Gasperoni (9), tous de l’escadrille 75,
du capitaine Guido Bobba (10), commandant l’escadrille 74, des sgt/major
Arnaldo Sala (11) et s/Lt Domenico Tessera (12).
Le reste de la
formation, devait rester en couverture supérieure. Il y avait là le capitaine Ottorino Fargnoli (13),
commandant l’escadrille 70, le lieutenant Claudio Solaro (70°) (14), le s/Lt
Oscar Abello (70°) (15), le Lt Ezio Monti (75°) (16), le sgt/major Balilla
Albani (70°) (17), le sgt Carlo Scarselli (70°) (18), le sgt/major Celso
Zemella (70°) (19), le Lt Lorenzo Viale (74°) (20), le Lt Mario Benedetti (74°)
(21), le Lt Mario Pinna (74°) (22), le sgt/major Renzo Bocconi (74°) (23), le
sgt Raffaele Marzocca (74°) (24)et le sgt Emilio Stefani (74°) (25).
Ils sont arrivés au-dessus
de la cible à 13h00 et l’ont attaqué sous un violent feu anti-aérien. Ils ont
prétendu avoir atteint quinze Curtiss et quatre vieux bombardiers qui étaient
stationnés sur les côtés de la piste d'atterrissage, en particulier le capitaine
Bobba a revendiqué des coups au but sur trois avions, de même que le s/Lt
Tessera, tandis que le sgt Sala a prétendu avoir détruit deux avions au sol (il
semble qu'au moins trois D.520 ont été détruits en flammes, les n°257, 294 et
304).
Capitaine Luigi Filippi (*)
(*) Après sa libération le capitaine Luigi
Filippi reprend du service à la 75ème escadrille du 23ème
Groupe devenu autonome. En Sicile il détruit un Gladiator dans le ciel de Hal
Far (Malte) le 31 juillet 1940. Il est nommé commandant le 3 octobre 1940. Au
début de 1942, le 23ème fusionne avec le 18ème Groupe au
sein de la 3ème Escadre (sur Macchi 202) et se trouve engagé en en
Afrique du Nord où il obtient 6 nouvelles victoires : 5 individuelles et 1
collective (sur P.40). Il est tué en Tunisie le 20 février 1943 dans des
circonstances singulières et dramatiques : alors qu'il tente de rejoindre
Sfax à la recherche du carburant nécessaire à son service, il est tué à un
barrage routier.
Pendant l’attaque un
certain nombre de chasseurs français identifiés en tant que « quatre ou cinq
Morane » ou alternativement « Dewoitine » a engagé les Fiat pendant leur
mitraillage au sol. Le capitaine Filippi (MM4361) a été abattu par l’adjudant
Les pilotes du 23° Groupe
ont observé qu’en dépit de coups au but sur des avions au sol, ceux-ci
n'avaient pas brûlé. Il s’est avéré que cela avait été provoqué par une série
défectueuse de munitions incendiaires
L’attaque du
150° Groupe sur Cuers -
La formation du 150°
Groupe décolla de Villanova D'Albenga, en Ligurie près de la mer, à
12h 00. Elle était composée de 27 Fiat CR.42s divisé dans trois groupes.
Leur cible était le terrain d'aviation de Cuers
Le premier groupe
de huit avions était commandé par le capitaine Giorgio Graffer (1), commandant
de l’escadrille 365a, et composé du Lt Franco Gatti (2), du s/Lt Lorenzo
Clerici (3), du maréchal Felice Sozzi (4), du maréchal Virginio Bodini (5), du
Sgt/major Guido Fibbia (6), du Sgt/major Felice Squassoni (7)et du Sgt
Le second groupe de
neuf chasseurs de l’escadrille 363a, était mené par le commandant du Groupe, le
lieutenant-Colonel Rolando Pratelli (9), avec les capitaine Luigi Mariotti
(10), commandant l’escadrille, Lt Pietro Garfagnoli (11), s/Lt Mario Daverio
(12), maréchal Giuseppe Salvadori (13), sgt/major Natale viola (14), sgt/major
Fiat CR 42 du Groupe 150 - Escadrille 363
Le troisième groupe
de huit, de l’escadrille 364, était placé sous le commandement du Colonel
Arrigo Tessari (18) commandant du 53° Stormo, avec les capitaine Nicola Magaldi
(19), commandant l’escadrille), capitaine Nino Caselli (20), Lt Zuffi (21), Lt
Alberto Spigaglia (22), maréchal Delfino Fratini (23), maréchal Ugo Guidi (24),
sgt/major Virgilio Pongiluppi (25), sgt Giovanni Negri (26)et sgt Achille
Pacini (27)
Le second et le troisième
groupe avaient pour mission de couvrir Greffer et ses hommes pendant l'attaque
au sol.
Le groupe de couverture
mené par Colonel Tessai (troisième groupe) a engagé six chasseurs français,
tandis que le groupe de Greffer (premier groupe), après quatre ou cinq passages
de mitraillage au sol s’en prenaient aussi aux « Morane » en regagnant le groupe
de huit avions de Tessai.
A la fin des fins les
revendication sont été les suivantes ; quatre Morane abattus, tous les Bloch
151s du AC3 détruits (ce qui est confirmé par les rapports français) et 15
« Morane » détruits au sol (en fait ce sont au moins six Vougier 156s
de l AC3 qui ont été détruits). Les victoires ont été créditées comme «
partagées » à tous les pilotes du Groupe.
Les avions du capitaine
Nino Casella (MM5579) et du lieutenant Zuffi de la 364°(MM5590) ont été perdus.
Le Fiat de Casella a été abattu par les chasseurs français et il a été tué,
alors que Zuffi de posait sans dommage à Cuers
Profil et maquette du Fiat CR 42 du lieutenant
Giuseppe Enrico Zuffi repeint aux couleurs françaises
Les
Fiat de Greffer et de Clearing ont été aussi endommagés par les chasseurs
français pendant l’affrontement.
Lire :
Le
Fiat CR 42 MM5590 aux couleurs françaises
La mission
du 18° Groupe
Enfin, le 18° Groupe avec
15 Fiat CR.42s a décollé de Villanova d'Albens juste après le 150° Groupe. Ils
ont patrouillé sur l’axe Cuers
Mené par le commandant
Ferrugineux Silla (1), commandant du Groupe, la formation était composée des
capitaine Giulio Agnelli (2), commandant l’escadrille 85, OLt Giulio Cesare
Giuntella (3) et sgt/major Giuseppe Ruzzin (4) de la 85°, capitaine Gino Lodi (5)
commandant de l’escadrille 95, s/Lt Eugenio Salvi (6), maréchal Felice Longhi
(7), maréchal Giovanni Ferrari (8) et sgt/major Giacomo Grillo (9) de la 95°
-Vosilla ayant Salvi et Longhi comme ailier - et aussi du Colonel Fortunato
Rolando (10), comandant le 3° Stormo avec le maréchal Francesco Colombo
(11) et le sgt/major Eudo Parmiggiani (12) comme ailier, ainsi que le capitaine
Edoardo Molinari (13), commandant de la 83a°, s/Lt Carlo Lolli (14) et maréchal
Gaetano Bortolini (15)
Fiat CR 42 - 180 Groupe - Escadrille 83
À une altitude de 5500
mètres au-dessus de Beau Champ ils ont été interceptés par les chasseurs
ennemis, sortant soudainement d'un banc de nuages. Ils ont été identifiés comme
des « Morane 406 » et des « appareils d’un autre type non connus ». Dans le combat
qui s’en suivi les Italiens déclarent en avoir abattu trois d’entre eux et en
avoir atteint quatre autres, sans pouvoir s'assurer des dommages réellement
infligés (ces revendications ne peuvent pas être vérifiées avec des sources
françaises). Ces victoires n’ont pas été créditées à des pilotes en particulier
et ont été attribuées en collaboration aux quinze pilotes participant à la
mission.
Pendant ce combat, deux
avions de l’escadrille 83a ont été perdus ; le sgt/major Parmiggiani (MM4449)
qui a été abattu, a pu sauter en parachute et a été fait prisonnier, et le
maréchal Colombo (MM4366) a été tué. Tous les deux ont été probablement abattus
par Le Gloan et Assollant du GC III/6 qui avait attaqué le « vic » du
commandant du Stormo. Tous les combattants de la 85° escadrille ont eu les
armes enrayées et ont été forcés de fuir. Le capitaine Anelli, en particulier,
a pu disparaître dans les nuages pour échapper aux chasseurs ennemis, mais il
se perdit et fut contraint de se poser à Dorniella, près de Grosseto en Toscane
en cassant le train d'atterrissage de son avion ; celui-ci (MM4372) a été
fortement endommagé (RD).
Enfin le Fiat du maréchal
Gaetano Bortolini a été frappé par un coup de canon qui a ouvert un trou de 60
centimètres dans l'aile supérieure. Plus tard dans la journée, deux appareils
supplémentaires ont été fortement endommagés (RD) en se posant en catastrophe à
Villavona d'Albenga en raison des mauvaises conditions dues au terrain inondée
par une forte pluie. La perte de ses avions est donc sans rapport avec les
combats précédents.
L’analyse
des rapports français par les Italiens
Les
Français ont rapporté que dans les premières heures du 15 juin le mauvais temps
avait entraîné la suspension des activités aériennes, mais qu’au milieu de la
matinée, le temps s’étant éclairci, une patrouille composé de l’adjudant Diaz,
du sergent Pimont et du sous-lieutenant Stagé a décollé à 10h 00 pour
couvrir la mission de reconnaissance d'un Potez 63. Cette mission a été
accomplie avec succès.
À 11h 40, le poste de
commandement de Toulon a signalé que de grandes formations d’appareils lourds et
de bombardiers avaient passées la frontière et se dirigeaient vers le
sud-ouest. Cinq minutes plus tard un patrouille simple (groupe de trois avions)
de Dewoitine D.520, avec l’adjudant
La patrouille s’est
dirigée vers Saint-Raphaël, sur la côte près de la frontière italienne, où un
groupe de quinze avions ennemis a été signalé. Quatre minutes plus tard, à 11h
49, une deuxième patrouille simple, capitaine Guerrier, adjudant Japiot, sous-lieutenant
Capdeviolle, cette fois de la 6ème escadrille, décolle à son tour
pour aider la première. Cependant, elle a décollé trop tard et n'a pas pu
participer au combat.
Après l'arrivée au-dessus
de Saint-Raphaël, la patrouille de Le Gloan a reçu par radio l’ordre d'aller
au-dessus de Saint-Tropez, à 30km environ au sud-ouest. En même temps, le
capitaine Jacobi a été forcé de revenir à cause de problèmes de moteur. Le Gloan
a aperçu alors une formation de douze Fiat CR.42s se dirigeant vers le
sud-ouest. Il les a rejoints rapidement et les attaqué à 12h 00. Le Gloan
et Assollant ont déclaré que dans un bref combat ils avaient abattu en
coopération les deux derniers avions de la formation italienne. Le premier
s’est écrasé en flammes près de Beauvallon (probablement le maréchal Colombo de
la 83a°), tandis que l'autre s’est écrasé en flammes près de Ramatuelle, mais
son pilote a été vu sautant en parachute (probablement le sergent Eudo
Parmiggiani du 83a°).
À ce moment les deux
pilotes de la patrouille se sont trouvés séparés. Le Gloan a viré sur
Saint-Tropez et a perdu le
L’adjudant Le Gloan a
alors vu des tirs antiaériens dans la direction du terrain d'aviation de Hyères
(étant au-dessus du saint Tropez cette direction est effectivement voisine de
la direction du terrain de Cuers-
Cette revendication n'est
pas confirmée avec les comptes-rendus italiens mais est-il pourrait s’agir d’un
combat avec un avion du 150° Groupe revenant de l'attaque sur Cuers ou alors de
retardataires de la formation de 18° Groupe
Le Gloan a été alors
attaqué par huit chasseurs italiens et il s’est désengagé en piquant au loin.
En même temps, vers
12h 15, il a reçu par radio l’ordre de revenir à Le Cannet des Maures qui
était soumis aux attaques. Il a obéi immédiatement, et il est arrivé au-dessus
de son terrain d'aviation tandis que les Italiens le mitraillaient en rase-mottes.
Il a plongé sur deux ou trois assaillants et avec un seul coup de canon il a
descendu l'un d'entre eux (capitaine Filippi). Cet avion est tombé en flammes
près de la ferme du Thermes, juste à 1km du terrain d'aviation du Le Cannet.
Continuant sa patrouille
Le Gloan a vu un bombardier Fiat BR.20 effectuant une mission de reconnaissance
au-dessus du Cannet des Maures, probablement dans le but de vérifier les
dommages infligés au terrain d'aviation. Le Gloan l'a attaqué et, n’ayant plus
de munitions pour son canon, l’abat en cinq passages avec ses mitrailleuses. Le
bombardier s’est abattu près de la ferme du Moulin Rouge.
C'est en fait le Fiat
BR.20 MM21873 de l’escadrille de reconnaissance stratégique 172a, qui a été
abattu au-dessus du Luc. Deux membres d'équipage ont été tués ; le caporal
mécanicien Giovanni Bonanno et le caporal photographe Egisto Di Croce. Les
trois autres membres de l’équipage ont été fait prisonniers de guerre, à savoir
le commandant Mario Salvadori, un agent de renseignement du QG de l'Armée de
l'Air à bord en tant que passager, le capitaine Giorgio Parodi, commandant de
l’escadrille et le mitrailleur Attilio Imparato. Bonanno a été à titre posthume
décoré de Médaille d’Or de la Bravoure Militaire pour avoir aidé son
commandant, qui était blessé, à sauter de l'avion en chute, sans pouvoir le
faire lui-même et qu’il s’en est suivi sa mort dans le crash de l’appareil.
Pour l’aérodrome de Cuers
Deux autres sections de CA
3 ont décollé tandis que les Italiens arrivaient au-dessus de Cuers. La section
commandée par le lieutenant de Vaisseau Ziegler, commandant l’AC3, était
composée par le second-maître Miramont et Briet. Gagnant de l'altitude au-dessus
de Cuers, cette section a été attaquée par les chasseurs italiens. Ziegler a eu
son Bloch 151 (numéroté AC3.1, numéro de série 77) sérieusement endommagé et
blessé, il a été forcé d’atterrir sur le ventre à sa base avec son train
d'atterrissage gauche coupé à moitié. Briet, pour sa part, a été mis rapidement
en difficulté par les attaques des Italiens supérieurs en nombre, avec les
ailerons endommagés et le réservoir troué. Il s’est donc désengagé et a rejoint
la première section au-dessus de Toulon.
Miramont a engagé combat
au nord-est de du terrain d'aviation, au-dessus des collines de Hyères. Son
Bloch 151 (numéroté AC3.3, numéro de série 69) a été sérieusement endommagé,
mais dans l’ardeur du combat, il s'est retrouvé à 50 mètres derrière un Fiat
CR.42 (capitaine Nino Caselli) et l’a abattu avec une simple rafale de ses
quatre mitrailleuses. Il ne pouvait plus continuer le combat après ceci et il a
dû se poser à Hyères.
La troisième section de
AC3 a beaucoup plus souffert. Elle était commandée par l'adjudant-chef
Hourcade, un pilote de l'Armée de l'Air attaché à l'Aéronautique Navale depuis
1939, (Bloch 151 AC3.15 n°51) et comprenait Soulimant (Bloch 151 AC3.8 n°348 de
Bloch 151) et le second-maître Le Bihan (Bloch 151 AC3.9 n°37). Quelques
secondes après le décollage, Hourcade a été abattu et tué par les Fiat en
maraude. Soulimant a engagé les Italiens mais a été immédiatement mis hors
combat et contraint de se poser en catastrophe avec un avion criblé de balles.
Le Bihan a reçu un obus dans le moteur et cinq minutes après a tenté de se
poser dans le voisinage de Rocbaron. Malheureusement, son avion a heurté un
arbre et a explosé en des flammes en touchant terre. Il a réussi à se dégager
de l'épave brûlante, mais il est mort cinq heures plus tard à l'hôpital.
Quelque temps après Le
Bihan a été crédité d'une victoire aérienne obtenue par collision volontaire,
mais au regard des comptes-rendus originaux des combats il n’y a aucune trace
d’un tel fait d’armes.
Il est intéressant de
noter que toutes les revendications de Le Gloan ont été homologuées par le
commandement de la Zone d'Opérations Aériennes Alpes (Z.O.A.A.). Or dans
l’Armée de l'Air Française, « l'homologation », ou confirmation définitive
d'une victoire aérienne, devait être corroborée par des évidences et était tout
à fait difficile à obtenir.
Ses victoires ont été
créditées comme suit :
- Fiat
CR.42 - Ramatuelle - Individuelle
- Fiat
CR.42 - Saint-Amé, baie de Pampelonne - Partagé avec Assollant,
- Fiat
CR.42 - Beauvallon - Individuelle
- Fiat
CR.42 - Ferme des Termes le Luc - Individuelle
- Fiat
BR.20 - Ferme du Moulin Rouge - Joués, Vidauban.
Ceci
n'est pas en accord complet avec la reconstitution ci-dessus. Il est également intéressant
de noter que les victoires revendiquées par l’AC3 n'ont pas été apparemment
homologuées. »
Traduit de l’anglais - FXB 09/2008
UN SECOND POINT DE VUE ITALIEN
« 15 Juin :
Les CR42 du 150°Gruppo
attaque l'aérodrome de Cuers, où 6 AB3 Vought 156 AB3 sont détruits au sol.
Trois patrouilles de Bloch
151 de l’AC3 décollent sur alerte.
La première attaque 15
CR42 au-dessus du Luc, sans résultats de chaque côté, bien que les Français ont
été crédités de 2 victoires, à la suite quoi elle retourne au-dessus de Toulon.
La seconde patrouille est
attaquée alors qu’elle tente de prendre de l'altitude. L’avion du chef de
patrouille, le lieutenant de vaisseau Ziegler (Bloch n ° 77) est atteint et
s’écrase au sol, celui du 2ème maître Briet est endommagé, mais il
réussit à se désengager et à rejoindre à la première patrouille au-dessus de
Toulon. Le troisième avion, celui du 2ème maître Miramont (Bloch n °
69) est également endommagé, mais il réussit à abattre le Fiat MM 5579 du Cne
Nino Caselli (365a /150ème Gruppo) avant d’atterrir à Hyères et de
retourner à Cuers 30 minutes plus tard.
La troisième patrouille
est massacrée: Le Bloch 151 AC3/15 n°51, de l’a/c Hourcade est abattu peu de
temps après son décollage. Le pilote est tué en s’écrasant au sol. Soulimant à
bord de l’AC3/8 n°348 a à peine le temps d'engager le combat avant d’être contraint
de se poser en catastrophe Enfin, l’AC3/9 n°37, du 2ème maître Le
Bihan est également abattu et s’écrase au sol : il mourra peu après de ses
blessures. Il sera crédité d'une victoire obtenue en percutant un appareil
ennemi, ce qui semble douteux.
Les Italiens ont perdu un
avion et son pilote Caselli dans le combat. Une autre a été forcé d'atterrir à
Cuers, et a donc été capturé par les Français. Les Italiens revendiquent 4
victoires ce qui est correct.
Aux environs de 11h45,
deux patrouilles de trois avions du GC III/6 sur D.520 décollent du Luc pour
intercepter l’attaque italienne. La première est dirigée par Le Gloan, avec le
Cne Assollant et le Cne Jacobi, mais ce dernier rentre à cause de problèmes
moteur. La seconde patrouille comprend le Cne Guerrier, s/Lt Capdeviolle et
l’Adj Japiot.
Le Gloan et Assollant
reçoivent l’ordre d’aller sur Saint-Tropez où ils interceptent une douzaine de
CR42 du 23ème Gruppo. Ils en « descendent » un premier
ensemble, mais en fait c'est probablement l'un des 2 chasseurs du 23ème
Gruppo qui bien que gravement endommagés parviendront néanmoins à revenir à
leur base. Vraisemblablement, l'avion a plongé vers la mer et les pilotes
français ont estimé qu'il s'est écrasé, puis un second qui s’écrase au sol
tuant son pilote, le capitaine Filippi de la 75a (en fait le capitaine Filippi a été fait prisonnier).
Assollant poursuit le dernier
jusqu'à ce que ses armes s’enrayent et il doit rentrer. Le Gloan attaque
ensuite un second groupe de CR42 en se portant sur Hyères où il a repéré des
tirs anti-aériens : il abat un appareil et plonge hors de portée des 8
autres.
Pendant ce temps, une
autre formation de CR42 effectue un mitraillage au sol sur l'aérodrome du Luc
et détruit 3 D.520. Le Gloan et la seconde patrouille sont appelés par radio et
l’As français abat un autre CR42 qui s’écrase à proximité de l'aérodrome. Il
reprend de l'altitude et repère un BR20 du Sq 172bis qu’il abat en 5 passes.
Le Gloan est crédité de 5
victoires mais les Italiens ont seulement perdu 3 CR42 (un du 23ème
Gruppo et 2 du 18ème Gruppo) et ont eu aussi deux appareils du 23ème
Gruppo lourdement endommagés. »
Traduit de l’anglais - FXB 09/2008
http://forum.axishistory.com/viewtopic.php?t=93260
Lire : Un
troisième point de vue italien ! Le Fiat CR 42 MM5590 aux couleurs
françaises
AÉRONAUTIQUE NAVALE - LES
OPÉRATIONS DE LA F1C
F1C :
1ère flottille de Chasse composée des escadrilles AC1 et AC2
« [...]
En marge des
escadrilles AC1 et AC2, il faut se rappeler qu’une troisième, l’AC3, était
stationnée à Cuers-
Le 10 juin
l’Italie nous déclare la guerre. Le 14 de ce mois, 9 avions de l’escadrille
effectuent une mission de protection de l’escadre qui bombarde des objectifs
italiens dans les environs de gênes. Le lendemain en représailles, 27 Fiat 42
du groupe de chasse d’Albenga attaquent et bombardent nos terrains (six Vought
de l’AB3 sont détruits au sol). Les BLOCH 151 de l’AC3 décollent alors de
Cuers. Deux d’entre eux sont abattus au cours de ce décollage, HOURCADE (1), un
moniteur de l’armée de l’air qui décède et second-maitre Marcel LE BIHAN sur
l’autre. Ce dernier, blessé, et aux commandes de son appareil gravement
endommagé, percute alors volontairement un Fiat italien, et s’écrase ensuite
près du village de Rocbaron. Transporté à l’hôpital de Brignoles, il y décède
quelques heures plus tard.
Deux bâtiments
de la Marine nationale ont porté après-guerre, le nom du second-maître LE
BIHAN »
(1)
Adjudant–chef
Stèles du second maître Marcel LE BIHAN à
Rocbaron
Stèle de l’adjudant-chef
nommé ici
LE POINT DE VUE D’UN
SPÉCIALISTE DE L’AÉRONAUTIQUE NAVALE
« Le Service
historique de l'Aéronautique militaire italienne donne comme pertes pour le
15 juin 1940 :
- Fiat CR.42 MM4361 - 13° Gruppo, abattu,
pilote : Cap Filippi, prisonnier
- Fiat CR.42 MM4366 - 18° Gruppo, abattu,
pilote : Adjt Colombo, tué
- Fiat CR.42 MM???? - 18° Gruppo, abattu,
pilote : sgt Parmiggiani, prisonnier
- Fiat CR.42 MM5579 - 150° Gruppo, abattu,
pilote : Cne Caselli, tué
- Fiat
CR.42 MM5590 - 150° Gruppo, posé en panne, pilote : Lt
Zuffi, prisonnier
- Fiat BR.20 MM21873
- 172° Squadriglia, abattu, équipage : Caporaux
Bonnano et Di Croce, tués, Cdt Salvadori, Cne Parodi et Cal Imparato,
prisonniers.
Les deux
appareils du 150° Gruppo ayant été perdus au cours des combats contre
l'escadrille AC3 de la Marine, au-dessus et autour de Cuers, cela ne nous en
laisse que quatre à mettre au crédit du III/6 et/ou de Le Gloan.
[…] »
Lucien
Morareau - 13/08/2008
Une carte postale de 1944 due à L-M. BAYLE
illustrant la légende de Marcel Le BIHAN
LE POINT DE VUE D’UN
CONTRIBUTEUR BIEN CONNU DU FORUM «
Les italiens ont
surestimé leurs victoires, tout comme l'Aéronautique Navale, à contrario de
l'Armée de l'Air.
Les
revendications françaises ce jour-là sont :
12h 00
CR.42 : Cne Bernache-Assolant &
A/C Le Gloan GC III/6
CR.42 : Cne Bernache-Assolant &
A/C Le Gloan GC III/6
Ce sont les :
CR.42 MM.4366 83ª Sq. 18°
Gr. Mar. Colombo †
CR.42 MM.4449 83ª Sq. 18°
Gr. Serg. Parmiggiani PG
Le premier
CR.42 a été vu tombé en flamme, le second évacué par son pilote.
Vers 12h 00
CR.42 : SM Miramond
AC3
C’est le :
CR.42 MM.5579 365ª Sq 150 Gr° Cap. Caselli †
CR.42 : EV1 Carmeille,
SM Saint-Vanne, SM Helf
CR.42 : EV1 Carmeille,
SM Saint-Vanne, SM Helf
Victoires sans
doute infondées, aucun des pilotes n'a vu de crash. Ils ont sans doute été
crédités par confusion avec les appareils abattus par Le Gloan et Assollant,
d'après le témoignage d'un officier d'une batterie côtière ayant vu 2 chasseurs
italiens abattus vers la même heure.
CR.42 : SM Le Bihan
Il aurait
abordé un CR.42, mais ses propos ont sans doute été mal compris, car confus. On
a souvent attribué à Le Bihan le Fiat de Caselli, mais en fait aucune perte
italienne ne semble correspondre à cet évènement. On ne retrouve apparemment
pas cette victoire parmi les revendications de l'escadrille.
12h 10
CR.42 : A/C Le Gloan GC III/6
C’est peut-être le :
CR.42 de la
75ª Sq. 23° Gr. CT endommagé, Mar. Pasquetti blessé.
Le Gloan a vu
le CR.42 désemparé après avoir été touché. Il n'a pu observer le résultat final
car lui-même fut attaqué par d'autres CR.42.
12h 15
CR.42 : A/C Le Gloan GC III/6
C’est le :
CR.42 MM.4361 75ª Sq. 23° Gr. CT Cap. Filippi PG.
L'appareil
s'est écrasé près du Cannet-des-Maures
Et plus
tard :
BR.20 : A/C Le Gloan GC III/6
C’est le :
BR.20 MM.21873 172ª Sq. RS 2† 3 PG
Il faut enfin
ajouter le CR.42 MM.5590 posé intact à
Cuers.
BILAN
Pertes
italiennes :
GC III/6 : 4 CR.42 & 1 BR.20 homologués
AC3 : 3 ou 4 victoires revendiquées.
Reconnues par les Italiens :
5 CR.42 & 1 BR.20 perdus.
Les revendications de l'Armée de l'Air cadrent relativement bien
avec les pertes italiennes.
Pertes françaises : Elles sont plus élevées :
Aéronautique Navale :
AC3
MB.151 n° 51 abattu, A/C Hourcade †
MB.151 n° 37 abattu, SM Le Bihan †
MB.151 n° 348 endommagé, SM Soulimant OK ; atterrissage
forcé, réformé
MB.151 n° 77 endommagé, LV Ziegler blessé ; cassé à
l'atterrissage.
MB.151 n° 69 endommagé, SM Miramond
OK ; réformé en juillet 1940
MB.151 n° 394 endommagé, SM Briet OK
AB3
6 V.156F détruits au sol
Armée de l'Air :
GC III/6
D.520 n° 294 détruit au sol
D.520 n° 257 endommagé au sol
D.520 n° 304 endommagé au sol
Soit en tout 11 avions perdus, dont 7 suite
au strafing des Fiat.
Les CR.42 italiens ont revendiqué quelque chose comme 9 avions
détruits en combat aérien et une quinzaine au sol.
En guise de réflexions
provisoires, car on ne pourra sans doute jamais conclure…
Les deux livres de marche de
la 5ème et de la 6ème s’interrompent le 13 juin. Ils ont
été malheureusement reconstitués plus tard à Alger en ne fournissant que peu
d’informations sur la journée du 15 juin.
Le premier historique
officiel du Groupe, sans doute rédigée vers la fin de l’année 1940, signale un
décollage sur alerte de deux patrouilles, celle de Le Gloan - Assollant (5ème)
et Guerrier - Capdeviolle (6ème) sans citer le cne Jacobi et l’adj
Japiot (!), avec cette expression ahurissante : « Le Gloan qui passait par
là ! ». Le second, qui n’est qu’un « copié-collé »
amendé du premier, a été rédigé vraisemblablement après septembre 1942. Il ne
mentionne plus cette patrouille de la 6ème escadrille.
Le « Compte Rendu
d’Opérations pour la journée du 15 juin » du Groupe, daté du 16 juin et
signé par son Commandant, le capitaine Stehlin, cite deux missions décollant
l’une 5 minutes, et l’autre 9 minutes après l’alerte reçu par message à 11h 40.
On pourrait en déduire que ce serait la patrouille de la 5ème qui a
décollé la première et celle de la 6ème, 4 minutes plus tard, soit à
11h 49, mais qui se serait posée 5 minutes avant le Gloan, seul de la 5ème
encore en vol à cet heure-là, alors que les avions de la 6ème
étaient approvisionnés en munitions tandis que Le Gloan tirait ses dernières
cartouches au-dessus du terrain du Luc ! Pourquoi ?. Notons que ce
rapport réglementaire à ses supérieurs de la Z.O.A.A. ne fait pas mention de
l’attaque du terrain par les italiens et des avaries subies par plusieurs
appareils (MS.406, mais aussi 3 Dewoitine 520 venant juste d’arriver de
Toulouse). La précision chirurgicale de l’heure de décollage de la seconde
patrouille est tout à fait inhabituelle dans un tel document. Enfin, ce sont
initialement dans ce texte : « un avion de grande reconnaissance, un
bombardier, et 3 chasseurs » qui ont été abattus + « 2 »
(chiffre effacé remplacé à la main) autres avions probablement abattus »,
mais comme on peut le voir ci-dessous, le signataire a, ou a fait apporter des
modifications manuelles à ce bilan qui ressortirait finalement à 5 victoires
homologables et deux victoires probables jamais évoquées par ailleurs.
Le « Cahier
d’Ordre » de la cinquième escadrille est surprenant. Il dit uniquement et
sans aucune précision que l’adj Le Gloan sur le Dewoitine codé « 2 » (donc le n°301 du lt
Martin), le cne Jacobi sur le
« 1 » (n°229) et le cne Assollant sur le
« S » (n°302) effectuent un « Départ
sur alerte à 11h 35 - Dirigé vers Saint-Raphaël – 15 avions ennemis »
et que « L’adjudant Le Gloan abat 5 italiens dont 1 en collaboration avec
le cne Asollant ». Très bizarrement ce départ sur alerte aurait eu lieu à
11h 35... soit 5 minutes avant qu’elle ne soit reçue (?), et contrairement à
tous les autres jours, le capitaine Jacobi ne signe pas le Cahier d’Ordre le 16
mai 1941.
Le « Cahier
d’Ordre » de la sixième escadrille, signé de son commandant, le capitaine
Guerrier, rédigé avant ou après ? que la version « officielle »
du scénario des affrontements de la mi-journée avec les avions italiens ne soit
établie, dit que le capitaine Guerrier sur le Dewoitine n°313 a décollé
sur alerte à 11h 50 pour une couverture sur Saint-Raphaël à 11h 50
avec l’adj Japiot, n°326 et le lt Capdeviolle, n°330, que la patrouille n’a
rien vu sur ce secteur mais a trouvé « Fiat CR 32 et BR 20 au Luc vers
12h15 » (sans préciser le nombre). L’adjudant Japiot a attaqué « un » CR 32 (comme s’il y en avait
eu plusieurs !) et se met en vrille. Le s/lt
Capdeviolle a attaqué et atteint le BR.20 qui a été achevé par l’adj Le
Gloan...
Le fait que 3 avions de la 6ème
escadrille auraient participé aux combats (attaque d’un CR.32 par l’adj.
JAPIOT et du BR 20 par le s/lt Capdeviolle ; que fait donc le capitaine
Guerrier pendant ce temps ?) tandis qu’au fil des mois les rapports
gomment maladroitement cette participation sont des éléments supplémentaires
éminemment troublants qui s’ajoutent à bien d’autres.
Ce qui peut aussi poser problème est le rôle exact d’Assollant dans
cette affaire. Il ne fait pas de doute qu’il attaque la première patrouille
italienne avec le Gloan au-dessus de Saint-Tropez. Plusieurs documents laissent
à penser qu’ils s’en prennent d’abord chacun à un appareil différent, ce qui
parait logique vu le rapport de force entre un Dewoitine et un Fiat 42.
Assollant doit abandonner ensuite le combat, armes enrayées. Dans ce cas les
deux premières victoires auraient dû être attribuées individuellement à chacun
d’entre eux, alors qu’au fil du temps on parle de deux victoires partagées,
puis d’une seule… La légende de Jean Assollant était déjà gravée dans le marbre
depuis le 15 juin 1929, 11 ans plus tôt jour pour jour, lorsqu’il effectua la
fabuleuse première traversée française de l’Atlantique nord aux commandes de
l’« Oiseau canari ». Elle fut renforcée ensuite par son rôle éminent
dans le développement de l’aviation civile africaine et de celle de Madagascar
en particulier. Peut-être que sa grande modestie a pu finalement contribuer le
15 juin 1940 à écrire différemment « la plus belle page de
l’aviation française de la Campagne de France » et aux honneurs qui furent
ainsi rendus à son valeureux cadet
Dernier document d’archives à
prendre en compte pour terminer cette réflexion, en ajoutant un peu plus de
confusion, c’est ce qui a été préparé pour la demande initiale d’homologation
de 5 victoires au Groupe pour ce 15 juin 1940 (5 victoires pour le Gloan dont 2
en collaboration avec le cne Assollant) et comme brouillon pour une citation de
l’adj Le Gloan à l’ordre de l’Armée : « L’adjudant
Le Gloan du G.C. III/6 vient de se signaler par un
exploit peut-être sans précédent dans l’aviation de chasse. Engageant un combat
à deux contre douze chasseurs, il a abattu en quelques secondes trois avions,
une demie heure à peine après une triple victoire ». Un sextuple en
sorte !
Le D.520 n°277 codé « 6 » a été
immortalisé dans l’iconographie d’après-guerre comme étant l’appareil du
« quintuple » de LE GLOAN
En fait LE GLOAN a volé sur le n°301 codé
« 2 » du lt MARTIN le 15 juin 1940.
Les mémoires de Paul Stehlin
ont été écrites en 1964. On peut bien entendu penser que les faits du
15 juin 1940 n’étaient plus très précis dans sa mémoire, mais de
nombreux autres auteurs ont cependant fait l’effort de s’appuyer sur les
documents historiques pour rédiger leur biographie. La très brève description
épique et romancée de son implication dans la journée 15 juin 1940 ne
résiste évidemment pas à l’analyse. Elle ne peut qu’engendrer des doutes sur
tout le reste de son ouvrage et donc sur les souvenirs de « l’Attaché de
l’Air à l’Ambassade de France » qu’il était à Berlin avant la guerre
(« … en moins de dix minutes, sous nos yeux, sous les yeux des habitants
du Luc, Le Gloan abat seul quatre chasseurs italiens… », alors que les
trois premiers combats se passent au-dessus de Saint-Tropez à plus de 30
kilomètres de là et qu’Assollant y participe en partie !!!).
La « Notice biographique
du lieutenant Le Gloan », annexe VI de l’historique du Groupe GC III/6 est
tout aussi surprenante. Il faudrait connaître son origine exacte et sa
destination pour l’analyser plus avant ; elle est un exemple flagrant de
document officiel qui peut concourir à fausser la réalité historique.
Enfin, le texte tout à fait
troublant du sergent polonais Michal Cwynar ici retrouvé ne peut pas être
écarté d’un simple revers de la main. Certes le poids des années sur la mémoire
entraîne toujours une part de subjectivité, et si les témoignages ne sont pas
recoupés par des récits d'autres provenances, il y a lieu de se montrer
circonspect. Mais il faut aussi se méfier des communiqués français de cette
époque ; les États-majors, quels qu’ils soient, avaient tendance à broder
un peu pour masquer la situation catastrophique dans laquelle le pays se
trouvait...
En conclusion, le témoignage
de Michal Cwynar apporte un jour nouveau à cette journée du
15 juin 1940, et s’il est juste, il est des faits dont Paul Stehlin
n'a pas eu envie de trop parler, contrairement aux victoires de le Gloan !
J’ai tenté de demander un
jour à mon père qui même au soir de sa vie ne voulait pas parler de
« sa » guerre. « Et les
victoires de Le Gloan ? » « Ça
ne l’a pas rendu plus facile à vivre ! Moi je n’étais pas là (1), mais il s’est passé de
drôles de choses au Luc ce jour-là ! ». Je n’ai pas pu en savoir
plus !
(1) En stage
chez Dewoitine à Toulouse il ne regagne Le Luc que le lendemain.
Mise en ligne
11/10/2008
Images
extraites d’une petite vidéo due à un contributeur anonyme
COMPLÉMENTS et COMMENTAIRES
Ci site n’est
pas un forum. Mais il existe certainement d’autres documents importants pouvant
apporter un éclairage intéressant sur la journée du 15 juin 1940 au
GC III/6. Si donc quelques passionnés arrivaient sur cette page et étaient en
mesure de fournir des archives ou explications complémentaires, leurs
informations pourraient être publiées.
Merci d’avance.
Cliquez sur ce lien pour envoyer un message
MESSAGE de Lionel PERSYN du
04/12/2008
Lionel PERSYN est passionné
par, et grand amateur de l'histoire de la chasse française en 39/40, son nom
n'est peut-être pas inconnu des lecteurs de la revue « Avions », dont
il est l'un des collaborateurs. Il a également participé à la rédaction du
livre incontournable « Le Morane Saulnier MS 406 » et récemment
publié le bel et important ouvrage « Curtiss
H-75 de l'Armée de l'Air », chasseur de fabrication américaine utilisé également à cette
époque, ce qu’on oublie souvent.
Suite à la
lecture de vos pages sur la journée du 15 juin 1940 au GC III/6, et
des questions que vous y posiez, j’ai voulu confronter un maximum d’archives,
notamment en fonction de leurs dates. Je suis allé au SHD et y ai retrouvé les
cahiers d'ordres et rapports de combats du Groupe. Le principal intérêt de ces
documents est qu'ils sont donc datés, et que l'on peut donc y voir pas mal de
petites différences "chronologiques".
1er document : le cahier d'ordres de la 5ème
escadrille :
Le plus
important point concerne l'heure de décollage, 11h35, et la confirmation que
trois pilotes ont décollé, dont Le Gloan qui ne pilotait pas son n°277
« 6 », mais le n°301 « 2 » du lt MARTIN.
2ème document : le cahiers d'ordres de la 6ème
escadrille :
Il reprend
également cette journée. On a donc bien une patrouille qui décolle à 11h50, et
qui, mieux, participe aux combats ! Là, ça devient plus logique.
3ème document : le rapport de combat :
Ce n'est
malheureusement pas un rapport personnel de le Gloan, mais quelque chose de
plus aseptisé, daté du 16 juin, et disons, proche de la version “officielle”.
Je note pêle-mêle que la patrouille de Guerrier n'a soi-disant pas été engagée
et que les heures de décollage (11h45 et 11h49) sont d'une précision presque
ridicule.
4ème document : Les demandes d'homologation :
Je n'en ai
retrouvé que 4, ce qui ne veut pas dire non plus que la cinquième n'existait
pas, et toutes datées du lendemain. Il existe également un récapitulatif avec
les cinq demandes.
En résumé, on
a :
-11h55 :
Un Fiat CR 42 à Ramatuelle : Le Gloan et Assollant
-12h00 :
Un Fiat CR 42 à Beauvallon (4kms sud de Grimaud) : Le Gloan seul
-12h25 :
Un Fiat CR 42 à la ferme des thermes (1km du terrain) : Le Gloan seul
-12h30 :
Un Fiat Br 20 à la ferme du Moulin rouge, près de Vidauban : Le Gloan seul
Manque donc
celle de 12h10 en collaboration (d’après le récapitulatif des demandes
d'homologations), un Fiat CR 42 à Saint-Amé, baie de St-Tropez, anse de
Pampelonne.
Et c'est là
que ça en devient amusant car il y a forcément erreur quelque part. Les
incohérences :
-
D'après le récapitulatif des demandes d'homologations, Assollant et le Gloan se
partagent celles de 11h55 et de 12h10.
-
D'après le rapport de combat, Assollant a déjà abandonné lorsque le 3ème
chasseur Italien est descendu. Ils se partageraient donc les deux premières
(supposition, car le récapitulatif ne parle que des victoires, pas de leurs
vainqueurs, ce qui n'éclaircit pas la chose).
-
D'après les demandes individuelles d'homologation, Le Gloan descend seul celui
de 12h00.
-
Sur le Cahier d'ordres de la 5ème escadrille, le Gloan
descend bien cinq avions Italiens, mais un seul en collaboration avec
Assollant.
-
Capdeviolle a tiré le Br 20, mais n'a pas eu, lui, de victoire en
collaboration.
-
Sur les documents postérieurs, le Gloan et Assollant se partagent les deux
premières.
Cela ne me
trouble pas tant que ça que l'on ait estimé au niveau de la ZOAA qu'Assollant
avait également participé à la chute du second chasseur. Ce qui est vraiment
troublant, c'est ce récapitulatif qui indique clairement qu'Assollant a
participé à la chute du 3ème. Ce qui ne colle avec rien d'autre. Ça
ressemble à du bricolage (histoire que tout le monde soit content), Assollant
ayant bien tiré un troisième chasseur, mais qui ne peut pas être le même que
celui que le Gloan a finalement revendiqué. Le rapport est assez équivoque.
Le second
point noir est donc cette troisième victoire, les autres étant rapidement
associées à des épaves retrouvées au sol. Mais ce qui est clair, c'est que l'on
a « favorisé » les homologations pour créditer la chasse d'un dernier
exploit. La symbolique de cinq succès (nécessaires pour devenir un as) en une
seule sortie y est peut-être pour quelque chose. Et personne ne s'en est
plaint : ni le Gloan, ni Stehlin,
ni la ZOAA, ni le haut commandement. Mais cette victoire est la seule à
laquelle aucune épave n'est vraiment associée.
Le Cne Filippi
de la 75a, 23ème Gruppo à 12h25 et le Br 20 ne souffrent d'aucune contestation
possible.
Reste à
identifier les trois premières :
-
Celui de Ramatuelle a sauté en parachute. Le 1er rapport Italien parle de
Parmiggiani de la 83a, 18ème Gruppo. Ça colle.
-
Celui de Beauvallon est mort. Le 1er rapport Italien parle de Colombo de la
83a, 18ème Gruppo. Ça colle.
-
Il n'en reste donc plus qu'un possible pour la troisième : Caselli du 150ème
Gruppo. Mais on peut plus sûrement le rapprocher de la revendication du SM
Miramond de l’AC3. Il est donc plus que probable que ce troisième chasseur,
endommagé, ait pu redresser à temps et rentrer… Il pourrait s’agir de Pasquetti
de la 75a, 23ème Gruppo, blessé en combat.
Quoiqu’il en
soit, Le Gloan a donc réalisé un joli exploit en ce 15 juin 1940. Si
l’on peut avec le recul se poser certaines questions sur les motivations des
uns et des autres pour le mettre en avant, il apparaît néanmoins que Le Gloan a
revendiqué en toute honnêteté ses cinq victoires, le fameux cinquième pouvant
être rapproché de l’un ou l’autre appareil italien endommagé. Et au final, cinq
victoires homologuées pour quatre réelles et un avion endommagé, c’est un ratio
dont bien peu de forces aériennes durant la seconde guerre mondiale peuvent se
vanter. Il n’y a vraiment pas matière à polémique à ce niveau.
Seul le rôle
de Stehlin, peut-être pas irréprochable dans son rôle de commandant, reste un
peu plus obscur. Son propre livre, que j'ai pu lire grâce à vous, n’est que la
version romancée des faits. On ne peut rien en tirer. La lecture du
témoignage de Michal Cwynar présente un tout autre aspect des choses, sans
doute plus proche de la réalité. Il semblait vivre au Luc comme sur une base
arrière, ce qui n'était plus le cas depuis la déclaration de guerre de
l'Italie. On peut aussi s’étonner du faible nombre de pilotes en alerte, mais
d’un autre côté, il ne faut pas oublier que le groupe, en cours de
transformation sur D.520, n'était pas au complet. Il n’y avait pas tant
d’avions disponibles que cela, et trois d'entre eux, rentrés à 11h15 d'une
mission de protection, ne pouvaient redécoller. Stehlin, jeune commandant de
groupe, manquait certainement d’expérience. Il se serait certes fait taper sur
les doigts si les dégâts au sol avaient été encore plus importants : deux
Dewoitine endommagés laissés sur place, ainsi que deux Morane 406 et un
appareil britannique détruits, mais de toute façon, les victoires de Le Gloan
ont tout occulté…
Lionel Persyn
Dans son autobiographie tardive « Une vie avec le ciel comme
horizon », Armand
VIGUIER qui
termina la campagne de France 39-40 comme commandant du III/9 (et non commandant de la base de Lyon comme
il l’écrit (1) ; c’est dommage de déformer ainsi la vérité
historique... ), décédé en 1985, parle du combat de Le Gloan du 15
juin 1940 au-dessus du Luc. Attention, il reprend simplement des propos qui lui
auraient été rapportés à l'époque puisqu’il n’a pas pu être réellement témoin
des faits. Mais ce texte est intéressant pour rappeler que les « souvenirs
tardifs », doivent toujours être examinés avec la plus grande des
précautions et pour comprendre comment des légendes peuvent ainsi se créer...
Extraits… « Le Luc Les premiers avions du GC 3/9 se posèrent au Luc quelques
minutes après le départ des derniers D.520. L'avant‑veille, l'adjudant
LE GLOAN, atterrissant le dernier de sa patrouille entendit à la radio que 10
Fiat semblaient se diriger vers le Luc, ce qui se révéla exact. Le Gloan leur
tomba dessus avec une telle impétuosité qu'il réussit à en abattre 5 dans un
rayon de 20 km ! Les autres, n'écoutant que leur courage, retournèrent chez
eux. Au moment d'atterrir et presqu'à bout d'essence, Le Gloan aperçut vers
la côte un bi-place d'observation italien se dirigeant vers Toulon.
Naturellement il piqua dessus. Mais avant qu'il ait eu le temps de tirer,
l'appareil se mit à descendre pour se poser au milieu d'une vigne, train
rentré. A l'atterrissage, on récupérera dans la carlingue, à plat-ventre un
observateur à demi-mort de peur. Quand il fut enfin debout, on se trouva face
à un officier en grande tenue et constellé de décorations. Il était très
proche parent du Roi d'Italie. Croyant la France sans défense, in extremis il
décida d'effectuer quand même une mission de guerre. Quand il se vit attaqué,
il se blottit dans le fond de la carlingue. Le pilote voyant qu'il n'était
pas défendu, se posa au plus vite n'importe où. Cette anecdote me fut contée
par le général italien Piccio, venu au Luc pour prendre en charge le GC 3/9
conformément aux conventions d'armistice. Les Italiens, après cette rossée
maison ne s'aventurèrent plus dans la région, sauf la nuit pour quelques
missions de reconnaissance. Fort heureusement d'ailleurs car durant 2 jours
consécutifs la pluie qui inondait le terrain n'aurait pas permis un
décollage. Un D.520 piloté par le Capitaine De Beaumont, député de la
Martinique (2), s'embourba jusqu'aux essieux et il fallut attendre plusieurs
jours pour le ramener au sec. De Beaumont me confia en secret qu'il
était venu au Luc pour faire de l'essence et regagner l'Afrique du Nord. Le
terrain boueux contraria ses projets à mon avis plus ou moins sincères.
Sait-on jamais avec un député ! » |
(1) Le
Commandant VILLERMOZ, commandant la base aérienne 105, est assisté du Capitaine
BURDIN, commandant de la Compagnie de l'Air 210/105, et du Capitaine PAOLI qui
à la tête du Parc 5/105 gère le personnel civil (affectés spéciaux) et les
activités techniques. Le Groupe de Chasse III/9, n'a jamais été implantée dans
l'enceinte de la base aérienne de Bron. Elle se situait sur le terrain
d'aviation de Bron dans des baraques et des hangars situés à l'opposé de la
base aérienne et à proximité des installations aéroportuaires civiles.
(2)
Témoignage étrange ! : Robert Maurice la BONNINIÈRE de
BEAUMONT(1904/2002), ancien pilote de chasse et capitaine de réserve, était
Député de Cochinchine de 1938
à 1940. Passionné de sport et d'aviation, il avait proposé de transférer les
cendres de Roland Garros au Panthéon (1938), réclamé des crédits plus élevés et
une meilleure organisation de la poste aérienne (budget de 1938), et proposé de
créer une école militaire préparatoire de l'armée de l'Air (1940). Il a été, en
outre, Commissaire du Gouvernement à San Francisco en 1939. Il a fait partie de
ceux qui ont voté à Vichy la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940 donnant
tous les pouvoirs au Maréchal Pétain et il a cessé ensuite de participer à la
vie Politique...
NOUVEAU – JANVIER 2020
Le numéro 602 de janvier 2010 d’une des principales revues
d’Aviation française, le « Fana » contient la première partie d’un
article intitulé «
A SUIVRE…
UN PEU D’HISTOIRE
La journée du
15 juin 1940 restera à jamais une des journées les plus dramatiques
de l’histoire de France.
Le premier
Conseil des ministres à la préfecture de Bordeaux se réunit à 16 heures, sous
la présidence d'Albert Lebrun. L'affrontement entre les partisans de
l'Armistice, avec à leur tête le Maréchal Pétain et Camille Chautemps, et ceux
de la lutte à outrance, derrière le Président du Conseil Paul Reynaud, devient
de plus en plus vif.
Albert LEBRUN – Président de la République –
1871/1950
Paul REYNAUD – Président du Conseil – 1878/1966
Camille CHAUTEMPS – Vice-président du Conseil
-1885/1963
Maréchal Philippe PÉTAIN– Vice-président du
conseil – 1856/1951
Ce dernier
déclarera cinq ans plus tard lors du procès du Maréchal Pétain à propos de ce
Conseil des ministres : « Mon impression fut telle que je pris une
feuille de papier que je divisai en deux par la hauteur. J'inscrivis à droite
les noms de ceux qui parlaient pour la proposition Chautemps qui visait à
demander aux Allemands quelles seraient les conditions d'un armistice, et, à
gauche, ceux qui parlaient dans mon sens, c’est à dire ceux qui avaient la
volonté de poursuivre la lutte à partir de notre empire encore intact. Il y
avait treize noms à droite pour la proposition Chautemps, et six à gauche pour
la mienne ».
Alors Paul
Reynaud se tourne vers le Président de la République, Albert Lebrun : « Il
ne me reste qu'à vous donner la démission de mon gouvernement ». Albert
Lebrun refuse, et Paul Reynaud accepte finalement de ne pas encore
démissionner.
Ce Conseil des
ministres prend fin à 19h55. Paul Reynaud, sitôt sorti de la salle où se tenait
le Conseil, s'adresse au général Weygand et lui ordonne de demander la
capitulation de l’armée française. Le général Weygand refuse en lui répondant
sèchement qu'il s’interdit définitivement une telle démarche : « C'est
au gouvernement, qui a déclaré la guerre, de prendre ses responsabilités et de
demander l'armistice ! »
Général Charles de GAULLE - Sous-secrétaire
d'État à la Défense nationale et de la Guerre – 1890/1970
Général Maxime WEYGAND – Commandant suprême de
l’Armée Française -1867/1965
Amiral
Entre temps, à
16h30, le général de Gaulle a quitté Brest à bord du contre-torpilleur Milan,
mis à sa disposition par la marine nationale française. Le Milan accoste à
Plymouth à 22 heures. Le général de Gaulle monte dans la voiture qui l'attend
et qui arrivera à Londres le dimanche 16 juin 1940 au lever du jour.
Ce dimanche 16
juin 1940 verra pas moins de trois Conseils des ministres se tenir à la
préfecture de la Gironde. Peu à peu Paul Reynaud va perdre pied face aux
partisans de l'armistice et finalement il jettera l'éponge dans la soirée…
La République
exsangue, assaillie de toutes parts, vient de céder sous les assauts de ceux-là
mêmes qui étaient censés l'incarner et la défendre. Le régime tombe, victime
d'un « coup d'Etat dans la défaite » sans effusion de sang et porte
le maréchal Pétain au pouvoir. Paradoxe suprême, ce sont les militaires,
Pétain, Weygand, Darlan, qui ont voulu cesser le combat, et les civils,
Reynaud, Mendès-France, Mandel, qui ont voulu le poursuivre. Les premiers ont
eu raison des seconds, animés par une détermination puisant sa force dans une
haine viscérale de la République et dans la peur bleue que leur a inspirée le
Front populaire. Et ce sont les responsables de la défaite militaire qui en
seront les premiers bénéficiaires politiques.
A Londres, le
Général de Gaulle, rebelle et visionnaire, seul et sans moyens, allume la
flamme de la résistance française et entreprend aussitôt de la veiller pour
préparer la restauration de l’honneur de la Nation, une fois la guerre gagnée
avec la participation de la France Libre.
BLOCH 151 (152) |
|
Mise en service |
1939 |
Date de retrait |
|
Nombre construit |
140 (651) + 488 (152) |
Équipage |
1 pilote |
Motorisation |
|
Moteur |
1 Gnome et Rhône 14 N-11 ou N-25 ou N-49 |
Puissance |
910 à 1100 ch |
Dimensions |
|
Envergure |
10,54 m |
Longueur |
9,10 m |
Hauteur |
3,96 m |
Surface alaire |
17,32 m² |
Masses |
|
À vide |
2 150 kg |
Avec armement |
2 730 kg |
Maximale |
2 760 kg |
Performances |
|
Vitesse maximale |
510 km/h |
Plafond |
11 000 m |
Vitesse ascensionnelle |
590 m/min |
Distance franchissable |
540 km |
Armement |
|
Interne |
4 mitrailleuses MAC 34 de 7,5mm2
(151) 2 canons Hispano-Suiza HS 404 de
20mm + 2 mitrailleuses MAC 34 de 7,5mm
(152) |
VOUGHT
156 F Version
française du SB2 U
VINDICATOR |
|
Mise en
service |
1937 (EU) - 1939 (France) |
Date de
retrait |
Après l’armistice en France - 1942 (EU) |
Nombre
construit |
Environ 170 dont 40 pour la France |
Équipage |
1 pilote et 1
bombardier |
Motorisation |
|
Moteur |
1 Pratt
& Whitney R-1535-96 Twin Wasp |
Puissance |
850 CV |
Dimensions |
|
Envergure |
12,80 m |
Longueur |
10,36 m |
Hauteur |
3,12 m |
Surface
alaire |
28 m² |
Masses |
|
À vide |
2 140 kg |
Avec
armement |
2 900 kg |
Maximale |
3.330 kg |
Performances |
|
Vitesse
maximale |
400 km/h |
Plafond |
8 400 m |
Vitesse
ascensionnelle |
400 m/min |
Distance
franchissable |
1 000 km |
Armement |
|
Interne |
1 mitrailleuse
de 7,5mm dans l’aile tribord 1
mitrailleuse de 7,5mm arrière maniée par le bombardier |
Externe |
1 bombe
de 450 kg ou 2 bombes de 225 kg |
Principaux
liens relatifs à cette page à découvrir :
Les Hommes du
Groupe de Chasse GC III/6
Le
rapport d’engagement officiel intégral du GC III/6 du 15 juin 1940 -
Note n° 410 du 16 juin 1940
« 5
victoires – 46 minutes » - Le Bulletin des Jeunes n°14 du 30 novembre 1941
– Imprimé à Vichy
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site de François Xavier Bibert