Groupe de Chasse GC 3/6 – 6ème
escadrille
Livre de marche – Première partie
27/08/1939
– 28/10/1940
Livre
de Marche de la 6ème escadrille – Seconde partie – Campagne du
Levant
Livre
de Marche de la 6ème escadrille – Troisième partie – A.F.N.
Livre de Marche de la 5ème escadrille
Page
d’accueil du site de François Xavier Bibert
27 août 1939
Après plusieurs
jours de bruit divers et de préparatifs un peu précipités, dans la nuit du 26
au 27, l’ordre est enfin donné de monter les valises et à 15 h l’ordre de
départ arrive. Nous qui pensions partir au front, nous nous contenterons de
Villacoublay.
Au départ il
y a ; Capitaine Guerrier, Lieutenant Legrand, S/Lt Steunou, S/Lt Le
Guennec, S/C Roussel, S.C Diaz, Sgt Gauthier, Sgt Grosdemanche.
Arrivée
convenable. Nuit très désagréable ; on dort sur le ciment, sans même une
couverture. Enfin c’est la guerre, tout du moins pour bientôt…
MORANE SAULNIER 406
28 au 31 août
Sur un
rugissement du « lion », on nous installe au Château des Roches, dans
le confort et même le luxe. D’ailleurs on n’apprécie pas : on attend des
nouvelles. Quelques essais radio coupent les journées.
1er septembre
Les essais
radio sont terminés. On s’ennuie. La T.S.F. et les journaux ne suffisent pas à
meubler les longues heures d’attente. On discute le coup à l’infini…
2 septembre
Cette fois,
ça y est. Elle est déclarée. Nouvelle accueillie avec calme : on se
doutait un peu que ça finirait bien par arriver. Quelques derniers essais radio
et la 6ème est prête au poil à recevoir les nazis.
3 septembre
Le Capitaine Chainat fait
2 voyages mystérieux. Il se refuse à toute déclaration et se fait discrètement
couvrir de commentaires imagés mais on se sait rien quand même. Bien, qu’on ait
attendu depuis 5 h l’arrivée des nazis avec tout un équipement encombrant, rien
ne vient tout le monde est déçu.
4 septembre
Brusquement
on reçoit l’ordre de départ : nous partons à Betz Bouillancy près de
Nanteuil le Haudouin : voila le mystère du Cne Chainat. C’est d’ailleurs
lui qui prend la tête et nous amène là bas, toute la 6éme sauf Diaz qui a des
ennuis mécaniques.
Le terrain
est très bien puisque introuvable, mais il n’y a rien d’installé. Tout est
prévu sauf nous. Vraiment nous avons conscience d’être importuns. Vers le soir,
ça s’arrange un peu.
CHARTRES – VILLACOUBLAY – BETZ BOUILLANCY
27 Août – 4 septembre 1939
LOCALISATION de BETZ BOUILLANCY
5 septembre
Diaz
rejoint, et, en arrivant, crève son plan fixe sur un gros caillou. On construit
2 cabanes, une grande, en botte de paille, salle des pilotes et une petite,
toujours en paille, P.C. du Capitaine. Excellente chose, il y a beaucoup de perdreaux et de lapins aux environs, mais
toujours rien de commun avec la guerre à laquelle nous nous attendions.
6 – 7 – 6 – 9 septembre
Rien à
signaler. On desserre les taxis et on s’organise. Des vocations d’architectes
et de chasseurs (braconniers !!!) se découvrent.
Le 9 vol
d’entraînement du S/C Diaz et du Lt Steunou qui vont reconnaître le terrain de Claye Souilly.
10 septembre
Roussel et
Le Guennec vont reconnaître le terrain de Claye Souilly.
On continue à s’organiser pour améliorer « l’ordinaire » et la
situation des gens en alerte. Toujours rien de neuf.
11 – 12 septembre
Le temps est
mauvais : Pas de vol. Une seule chose est à l’ordre du jour : chasser
le lièvre sur la piste. Le Capitaine Chainat est un chef de battue plein
d’autorité : les rabatteurs s’entraînent à la course à pied… Le St/L
Capdeviolle arrive à l’Escadrille.
13 septembre
Vols
d’entraînement du Lt Legrand, Sgt Grosdemanche, S/C Roussel, S/C Diaz, Lt
Steunou, Lt Guerrier, Sgt Gauthier. Le moral de l’escadrille remonte
verticalement. On commence à entendre parler d’engagements de Curtiss et de
Messerschmitt. Ici on se contenterait d’un Do 17,… à la rigueur !
14 septembre
Le Lt
Guerrier part en liaison à Meaux. Mauvais temps. Pas de vol à l’escadrille.
15 septembre
Visite du
Général Pinsard qui arrive de Chantilly et vient dîner à la popote. Toujours
gonflé à bloc, il nous invite à nous préparer toujours. Félicitations pour le
camouflage du terrain.
GÉNÉRAL PINSARD
AS 1914/1918
COMMANDANT le GC 21
16 septembre
Vols
d’entraînement du Lt Legrand avec Sgt Grosdemanche et du S/C Diaz avec le Lt
Steunou. R.A.S.
17 Septembre
Liaison du
Capitaine Chainat et du Lt Guerrier à Albert. Rien à l’escadrille.
19 septembre
Le
Lieutenant Legrand et le Sgt Grosdemanche vont reconnaître le terrain de Claye Souilly
au cours d’un vol d’entraînement.
20 septembre
Temps
splendide. L’entraînement des jeunes reprend à fond. Ce qui fait souhaiter à
certains anciens de revenir un peu en arrière. Enfin pour remonter un peu le
moral, tout le monde se lance un peu dans la nature et le soir le thermo a
beaucoup baissé, tout va bien. L’escadrille fait 8h1/2 de vol.
21 septembre
Mêmes bonnes
conditions atmosphériques, et même travail que la veille. Tout le monde vole et
tout le monde est content. Le tandem Roussel - Le Guennec s’entend bien en
l’air, mais à chaque fois, la rentrée est mouvementée et on s’attend un jour ou
l’autre à voir le pauvre Roussel complètement dévoré.
23 septembre
Vols
d’entraînement. Liaison à chartres du Lt. Legrand et le S/Lt Steunou au cours
de laquelle la voiture du Lt Legrand se fait couper la queue en rondelles par
un Morane 230 piloté par un marin, devant l’escadre de Chartres. Le marin ne
s’excuse même pas ; on n’est pas poli sans la marine…
24 Septembre
Retour du
Lieutenant Legrand et du S/Lt Steunou un peu fatigués mais bien contents quand
même.
25 septembre – 26 – 27 septembre
Entraînement
des jeunes, S/Lt Steunou et Sgt Grosdemanche, instruits par Lt Legrand, le S/C
Roussel, S/C Diaz.
Le 26,
visite au terrain du Général d’Harcourt qui arrive en Morane. Réunion de tout
le P.N. à qui le Général d’Harcourt donne le résultat des premiers engagements
entre Curtiss et Messerschmitt : groupe 2/4, 1/4, 2/5, etc. On commence à
se rendre compte que pendant que nous attendons, certains groupes travaillent
et on les envie.
Bernard d’HARCOURT – GÉNÉRAL de CORPS AÉRIEN
Inspecteur de la CHASSE
Futur Inspecteur Général de l’ARMÉE de l’AIR
Pour lire
l’article concernant le Général d’HARCOURT : cliquez sur l’image
28 – 29 septembre
Les S/Lt
Capdeviolle et Steunou et le Sgt Grosdemanche vont faire des tirs réels sur le
Mont Cornillet à Wez Thuisy. Accueil certainement sympathique des camarades du
1/4 installés sur le terrain, dont l’aménagement fait l’admiration des pilotes
du 3/6.
30 septembre
Au cours
d’un vol d’entraînement, en faisant une prise de terrain train et volets
sortis, le sergent Grosdemanche se met en perte de vitesse et percute en
lisière de piste. Par hasard sa tête s’étant trouvé dans un sillon, il ne se
tue pas, mais est cependant sérieusement touché. Transporté à l’hôpital de
Senlis il est déclaré indisponible pour plusieurs mois. L’escadrille perd un
jeune pilote épatant qui promettait beaucoup.
Couverture
sur alerte du sud-ouest de Reims par le Lt Legrand et le S/Lt Capdeviolle à
6000. Rien à signaler.
1er octobre
Vols
d’entraînement. Le S.C Diaz part à Orly chercher un avion neuf qu’il ramène
sans dommage à Bouillancy. Visite du Colonel Domino Cdt Air Régional.
2 octobre
Vol
d’entraînement du Lt Guerrier et du Sgt Gauthier.
3 octobre
Pas de vol.
Le sergent
mécanicien Ducorbier est affecté à la 6ème escadrille.
4 octobre
Liaison à
Saran du Lt Guerrier, qui rencontre par malchance un vieux Général pas commode.
5-6-7-8-9 octobre
Pas de vol.
Le temps devient mauvais et impose la création d’un abri plus sérieux que les
cabanes de paille. Le S/Lt Steunou attaque la création d’un abri souterrain.
Les travaux avancent assez vite. Tout le monde se met à chasser. Des vols de
pigeons rendent ce sport très intéressant (surtout avant les casse-croûtes…).
Les lapins aussi commence à comprendre les dangers que présente la guerre…
10 octobre
On nous
enlève nos vieux Morane équipés de H.S.9. pour nous donner des nouveaux munis
du 404. Toute l’escadrille part à Châteaudun et en revient dans d’excellentes
conditions. La pagaye d’avions anciens et modernes qui grouillent sur le
terrain fait une impression assez grosse.
11 – 12 – 13 – 14 octobre
Un temps
épouvantable. Pluies continuelles. Aucune possibilité de voler. On peut tout
juste chasser. R.A.S.
15 octobre
Le Lt
Guerrier et le Cne Chainat, chassant en voiture, se font arrêter par un garde
champêtre avec lequel ils échangent des « mots ». Comme il y avait
une dizaine de perdreaux dans la voiture, il était difficile de contester la
réalité des faits. Des « suites » seront données, paraît-il !!!
(En tout cas les perdreaux ont été confisqués…)
16 octobre
R.A.S.
17 octobre
Le sergent
chef Kulling est affecté à la 6ème escadrille (par erreur « 5ème
escadrille » dans le texte manuscrit : il faut bien lire « à la 6ème escadrille,
venant de la 5ème »). Pas de vol.
18 octobre
Le sergent chef Boymond arrivant
de l’Escadre de marche d’Afrique du Nord arrive à l’escadrille. Le temps est
toujours mauvais et on ne vole pas.
19 Octobre
Les sergents
mécaniciens Umbert et Pouyaud sont affectés à l’escadrille.
21 Octobre
Le sous
Lieutenant Villemin, l’adjudant Japiot et le sergent Pimont, venant d’Afrique
du Nord, sont affectés à l’escadrille. Décidément on se renforce, et beaucoup,
mais toujours rien à faire ; pas un seul nazi ne s’est montré.
22 octobre
L’aspirant
Bertrand est affecté à l’escadrille pour s’entraîner. Il part avec l’adjudant
Japiot et tous deux se perdent, se posent en campagne et rentrent. Voila
quelques bonnes bouteilles en perspective…
23 Octobre
Le Lt
Legrand reprend l’instruction de Bertrand. IL y a beaucoup à faire et c’est
même dangereux (parait-il…)
Le S/C Diaz
et le S/Lt Steunou partent à Orly pour chercher des avions. Petite corvée bien
agréable…
24 Octobre
2 vols
d’entraînement à l’escadrille.
Le S/C Diaz
et le S/Lt Steunou ne sont pas rentrés ; les avions n’étaient pas
disponibles. Ils ont gardé la voiture et le chauffeur…
25 octobre
Vols
d’entraînement. Retour du S/C Diaz et du S/Lt Steunou.
26 Octobre
Une mission
de couverture à priori de Paris est ordonnée mais ne peut avoir lieu à cause
d’un plafond insuffisant.
27 – 28 – 29 octobre
Temps
couvert. Pluies continuelles. Pas de vol. La pluie amène un résultat
inattendu : un sérieux éboulement se produit dans l’abri souterrain en
construction ; les dégâts matériels sont sérieux. Le moral des
constructeurs aussi en prend un bon coup, mais on décide quand même de
continuer en travaillant cette fois-ci à ciel ouvert.
30 octobre
Une
couverture à priori de Paris, encore non exécutée à cause du plafond
insuffisant. Vols d’entraînement à l’escadrille.
31 octobre
2
couvertures de Paris sont exécutées par les S/C Diaz, Boymond et Lt Guerrier,
Sgt Gauthier. Rien à signaler pour la première patrouille. La seconde
patrouille rentre au terrain ; plafond insuffisant. Vols d’entraînement
pour le reste de l’escadrille.
1er novembre
Une
couverture à priori décommandée. Pas de vol.
2 novembre
Une
couverture de Paris est exécutée par Villemin - Capdeviolle. R.A.S. Une autre
est décommandée.
3 novembre
Vols
d’entraînement à l’escadrille.
4 novembre
Vols
d’entraînement.
5 novembre
Couverture à
priori de la forêt de Villers
Cotterets assurée par la patrouille Diaz – Capdeviolle. R.A.S.
Vols
d’entraînement pour le reste de l’escadrille.
6 novembre
Même mission
que la veille exécutée par les patrouilles Roussel - Le Guennec et Legrand -
Japiot. Rien à signaler. 1 vol d’entraînement à l’escadrille.
7 novembre
Patrouilles
de couverture de Château-Thierry
assurée Diaz - Capdeviollle, Villemin -
Boymond, et de couverture du terrain : Roussel - Le Guennec. Au
cours d’une seconde mission de couverture de Château Thierry par la patrouille
Diaz - Capdeviollle, ce dernier quitte la patrouille et se pose à Château-Thierry,
son moteur chauffant. Il doit se laisser désembourber par une paire de bœufs,
les tracteurs s’étant aussi enlisés.
8 novembre
2 vols
d’entraînement.
9 novembre
3
patrouilles sont envoyées à Cambrai pour y tenir un secteur : ce sont Diaz - Capdeviolle,
Villemin - Gauthier, Roussel - Le Guennec. Le Lt Guerrier y part en Potez 63.
Rien à signaler. Tout le monde rentre sans avoir rien vu.
POTEZ 63
10 novembre
Mauvais
temps – Pas de vol.
11 novembre
Temps
couvert – Pas de vol.
12 novembre
L’aspirant
Bertrand rejoint le groupe 2/6 sans s’être beaucoup entraîné.
13 – 14 novembre
Pas de vol.
On continue l’abri souterrain qui est complètement terminé, avec un très joli
bar en planches. Le travail a été long mais maintenant c’est à peu près fini.
Le caporal-chef Minette quitte l’escadrille.
15 novembre
C’était
fatal. Maintenant que nous sommes installés nous partons à Wez-Thuisy. Tout se
passe d’ailleurs fort bien et on arrive sur un terrain « au poil »
avec des installations déjà faites et bien aménagées. En définitive on s’est
tout de même un peu rapprochés des nazis.
BETZ BOUILLANCY – WEZ THUISY
21 novembre 1939
LOCALISATION de WEZ THUISY
16 – 17 novembre
On
s’organise. Les avions sont desserrés dans des merlons. Les abris sont
réparés ; ça va aller bien. Les jours de mauvais temps on pourra chasser
sur le Cornillet qui parait-il grouille de lapins.
18 novembre
L’entraînement
reprend parallèlement au travail au sol.
19 -20 – 21 novembre
Pendant 3
jours aucun vol. On étudie toute l’organisation tactique de la défense de Reims
et du terrain et on s’installe matériellement le mieux possible. Une nouvelle
longtemps attendue, les permissions de détente commencent ; Japiot s’en va
le 21 tout frétillant d’avance…
22 novembre
3
patrouilles couvrent à priori la région de Chalons - Reims. Ce sont :
Roussel - Le Guennec, Diaz -
Capdeviolle, Villemin - Boymond.
Tout marche très bien, ils rentrent gelés, mais toujours sans avoir rien vu.
23 novembre
3
patrouilles de couverture encore aujourd’hui, même mission que la veille ;
Diaz - Capdeviolle, Villemin - Pimont, Guerrier - Diaz. Toujours rien à
signaler.
24 novembre
Un brouillard
épais interdit tous les vols. Journée peu aéronautique, intéressante quand
même ; chasse aux lapins généralisée, avec des résultats très
encourageants.
25 novembre
3
couvertures à priori du secteur Carignan - Stenay, faites par
Villemin - Pimont, Roussel - Boymond, Guerrier - Assollant,
à 8000. Il fait toujours froid, le Morane veut toujours descendre, et le ciel
est toujours vide de nazis.
Le Guennec
part en permission de trois jours, pour se marier !... Le Lt Legrand part
en permission de détente.
26 novembre
Mauvais
temps. Rien à signaler ?
27 novembre
Idem. Le
sergent Gauthier part en permission de convalescence, et en profite pour
prendre sa permission de 10 jours.
28 novembre
Obsèques de
l’adjudant Le Tallec et du S/C Lamazou, qui ont percuté dans le brouillard, la
veille, près de Mourmelon.
Lien vers la page :
« Les
missions du Groupement 23 et du Groupe de Chasse GC III/6 en décembre
1939 »
29 – 30 – 1 – 2 décembre
Mauvais
temps - Pas de vol - Les hommes de troupe s’installent dans leur cabane en
plein bois, où ils vont vivre comme de vrais sauvages, très confortablement
d’ailleurs. Le Lt Guerrier et le S/Lt Steunou travaillent à terminer la
« Boîte d’allumettes ».
3 décembre
3
couvertures à priori du secteur Stenay - Vilosnes
assurés par Villemin - Pimont, Roussel - Le Guennec, Guerrier - Boymond.
Missions non exécutés ; en arrivant sur le secteur, plafond trop bas.
Le Guennec
est rentré à l’escadrille marié et tout et tout…
4 décembre
Essais
d’armes par Lt Guerrier, Lt Assollant, S/C Boymond
Entraînement
du S/Lt Steunou par l’adjudant Japiot.
Nouveaux
départ en permission ; S/C Roussel, S/C Emery, S/C Chaminade, C/C Umbert.
Par contre le Lt Legrand rentre de permission.
5 – 6 décembre
Pas de vol –
Le Lt Guerrier part en permission.
7 décembre
Le Capitaine
De Place, Cdt le Groupe part au G.M.P. et est remplacé par le Cdt Castanier.
Prise d’armes pour la prise de commandement du Cdt Castanier Impression un peu
froide mais sympathique.
Le Lt
Legrand et le S/C Le Guennec font un décollage sur alerte et ne trouvent rien.
8 décembre
R.A.S.
9 décembre
Décollage
sur alerte de la patrouille Diaz - Capdeviolle qui ne trouve rien.
10 – 11 décembre
Temps
couvert – Pluie – Pas de vol - Rien à signaler.
12 décembre
Tirs sur
manche remorquée du Lt Assollant et Steunou. Résultats pas très
brillants ! Même loin de là…
Visite du
Général d’Astier, Cdt la Z.O.A.N. (Zone des Opérations Aérienne Nord, avec Laurent-Eynac,
alors Sénateur, premier « Ministre de l’Air » français en 1928 et
futur Ministre de l’air de Paul Raynaud entre 03/40 et 06-40))
GÉNÉRAL d’ASTIER de la VIGERIE
COMMANDANT LA Z.O.A.N
LAURENT-EYNAC
SÉNATEUR
13 décembre
Tirs réels
sur manche du S/Lt Villemin, Stenou ; Capdeviolle, Lt Assollant, adj
Japiot, S/C Boymond.
Résultats
identiquement mauvais.
Visite du
Field-Marshall, présentation d’un Morane par l’Adj Goujon (
14 et 15 décembre
Temps
couvert – Pas de vol – L’adjudant Japiot part à Toulouse comme instructeur de
vol à haute altitude. Le Sgt Pimont y part pour un stage d’inhalateurs.
16 décembre
Tir sur
manche du S/C Diaz et du S/Lt Steunou.
Bon résultat
du S/Lt Steunou. Le S/C Diaz ne trouve ni le biroutier, ni la biroute !!
17 décembre
Pas de vol.
Le Lt Guerrier rentre de permission. Il s’installe très confortablement dans la
« boîte d’allumettes » avec le S/Lt Steunou pour y vivre en sauvages
et pouvoir dormir tranquilles les jours de mauvais temps.
19 décembre
3
couvertures sur alerte du terrain exécutées par les patrouilles Villemin - Boymond, Legrand - Le Guennec et par le S/C
Boymond tout seul, sans résultat.
4 photos recto verso sur
un feuillet intercalé ultérieurement ; des
Morane en vol et des pilotes au sol, la soirée de réveillon du GC 3/6
avec Mrs James
20 décembre
Le S/Lt
Villemin part en permission avec le S/C Boymond.
Les Sgt
Gauthier et Chaminade rentrent.
Vols
d’entraînement et tirs réels.
21 décembre
Couverture
du Secteur Sedan – Ham les Moines par les patrouilles Guerrier - Gauthier, Diaz
- Capdeviolle, à 8000. Rien à signaler.
22 décembre
3 missions
de couverture du terrain assurées par les patrouilles Guerrier - Gauthier, Diaz
- Capdeviolle, Legrand - Le Guennec, sans résultat. Entraînement du Lt Steunou
et du Lt Assollant.
23 décembre
3
couvertures du terrain assurées par les patrouilles Guerrier - Gauthier,
Assollant - Capdeviolle, Legrand - Le
Guennec. Malgré quelques éclatement de D.C.A. aucun ennemi n’est aperçu :
1 Potez 63 rencontré par le Lt Legrand à 7500 !!
24 décembre
L’adjudant
mécano Pérales part en permission.
24 décembre (soir)
La marraine
de guerre Mrs James offre à tout le Groupe un arbre de noël et un réveillon
impeccables dans les caves Pommery. Tout se passe vraiment très bien et tout le
monde est content. A noter que le Lt Assollant adore les photographes !!!
25 décembre
R.A.S. 20
centimètres de neige sur toute la campagne. La chasse au lapin est très
amusante.
26 décembre
Le Lt Guerrier
part en stage à Bourges. S/C Diaz part en permission de détente. Le S/C Pimont
rentre de stage. Il neige continuellement.
27 – 28 – 29 décembre
Neige
partout. Rien à signaler. Le S/Lt Steunou part en permission. Le Lt Guerrier
rentre de stage.
30 – 31 décembre
Rien à
signaler
1 janvier
L’adjudant
Pérales est affecté aux M.G.T. Le S/C Bibert devient chef de hangar de
la 6ème Le S/Lt Villemin part en permission.
2 janvier
2 missions
de couverture assurées par les patrouilles Guerrier - Gauthier et Villemin -
Pimont sur le terrain. Aucun résultat. L’an 40 dont on espère pourtant beaucoup
de choses, et tout au moins un peu de sport, s’annonce comme la suite de la
précédente…
3 janvier
Couverture
en alerte de Reims, patrouille Villemin - Pimont. Les patrouilles Legrand - Le
Guennec et Assollant - Capdeviolle font des exercices avec des Fairey-Battle de
reconnaissance anglais. Très amusant et très instructif.
FAIREY BATTLE
4 janvier
Brouillard
au sol. Pas de vol. Les Sgt Pimont, Morineau, Tourneur, Portes rentrent de
permission. Le S/C Le Guennec part en permission.
5 – 6 janvier
Brouillard –
Pas de vol – R.A.S.
7 janvier
Pluie. Le Lt
Legrand part en stage à Dugny. Le S/Lt Capdeviolle part en permission. Le S/Lt
Steunou part à Chateauroux avec le S/C Bibert et les Sgt Houles et Robert en
vue d’une transformation sur Bloch 152, très froidement accueillie d’ailleurs.
BLOCH 152
8 janvier
Brouillard
au sol. Pas de vol. Rien à signaler.
9 janvier
Essais radio
et vols d’entraînement.
10 janvier
Le Lt
Guerrier, S/Lt Villemin, S/C Boymond partent à Toul renforcer un groupe de
chasse d’armée. Ils partent très enviés par tout le monde et très fiers, mais
un peu inquiets tout de même.
Sgt
Gauthier ; tir sur manche remorquée.
11 janvier
Lt Assollant
et Sgt Gauthier ; couverture à priori du terrain. R.A.S.
A Toul, Lt
Guerrier, S/Lt Villemin, font une reconnaissance de secteur.
12 janvier
Le Lt
Legrand, rentré la veille su stage de Dugny, fait une couverture à priori sur
alerte de Reims - Chalons - Sissonne. Mission
interrompue, son train d’atterrissage ne rentrant pas.
13 janvier
Le Lt
Legrand et le Sgt Gauthier font un départ en alerte et rentre bredouilles.
A Toul la patrouille
Guerrier – Villemin - Boymond fait une couverture de Sarrebrück – Rohrbach,
sans résultat.
Visite au
terrain du Ministre de l’Air avec toute une suite ; Pas très drôle.
Guy LACHAMBRE – MINISTRE de L’AIR
14 janvier
La
patrouille Guerrier – Villemin - Boymond rentre de Toul ?
15 – 16 – 17 – 18 Janvier
Il neige.
Pas de vol. Le S/C Le Guennec et le C/C Umbert rentrent de P.L.D.
19 janvier
Boymond,
Pimont, Gauthier font un convoyage à Reims pour conduire des avions à la
peinture.
20 – 21 janvier
Il neige
encore. Rien à signaler.
23 janvier
Le S/Lt
Steunou, S/C Diaz, S/C Bibert, Sgt Houles rentrent du stage Bloch, encore plus
désenchantés qu’au départ.
23 janvier
Neige – Les
Sgts Robert, Houles, Levêque et Pimont partent en permission.
24 janvier
R.A.S. Il
neige toujours.
25 janvier
S/Lt
Steunou ; convoyage Reims – Wez Thuisy.
S/C
Boymond ; essai radio
Le S/Lt
Capdeviolle rentre de permission. Les C/C Berthier, Martineau, Umbert, Portes
passent sergents.
26 – 27 janvier
Il neige.
R.A.S.
28 janvier
Le sergent
Gauthier entre à l’hôpital.
28 – 29 – 30 – 31 janvier
Il neige
toujours. Le froid est très vif ; jusqu’à -28°. Des sapes de l’ancienne
guerre, mal bouchées, s’ouvrent sur le terrain et même sur la route. On ne vole
pas mais on chasse le lapin (au furet).
1er février
Le Lt
Guerrier est nommé Capitaine.
2 février
Rien à
signaler
3 février
L’adjudant
Japiot rentre de stage. Prise d’armes avec remise de croix de guerre au Lt
Martin et à l’adjudant Le Gloan (qui ont déjà descendu 2 Do 17), en présence du
Général Vuillemin. La cérémonie est impressionnante mais il fait au plus -15 à
-17 et cela rafraîchit un peu les enthousiasmes pendant ¾ d’heure d’attente.
Général VUILLEMIN
CHEF D’ÉTAT MAJOR De l’ARMÉE de L’AIR
4 février
R.A.S.
5 février
Les Sgts
Coutou et Guillaumin partent en permission, le Sgt Houles rentre.
6 – 7 – 8 Février
Le temps
reste très mauvais. Aucune activité aérienne ou autre…
9 février
Le S/Lt
Villemin rentre de permission.
10 - 11 – 12
Neige – Rien
à signaler
13 février
Enfin un
jour de beau temps. Le Lt Legrand et le S/Lt Steunou en profitent pour faire un
aller retour à Reims, et le reste de l’escadrille pour un faire un tour en
l’air. Ca va un peu mieux…
14 – 15 février
Le mauvais
temps recommence – Rien à signaler
16 février
Le S/C
Boymond part en stage P.S.V. à Toulouse.
19 février
La pluie et
la neige alternent. On a presque oublié le vol. Guillaumin et Coutou rentrent
de permission.
20 février
Les Sgts
Bertrand et Pouyaud partent en permission.
21 février
La
patrouille des « vernis », Diaz - Capdeviolle, décolle sur alerte
pour couvrir le terrain et rentre sans avoir rien vu. Le S/Lt Villemin rentre
de permission.
22 février
Le Cne
Guerrier et le Sgt Gauthier font un petit vol d’essais, pour se changer les
idées.
23 février
La
patrouille Diaz - Capdeviolle décollant sur alerte aperçoit un Heinkel 111 qui
réussit à les semer du coté de Vitry le
Couverture à
priori de Sissonne par les patrouilles
Guerrier - Gauthier et Legrand - Le Guennec. R.A.S.
L’adjudant
Japiot et le S/Lt Steunou font un aller retour à Reims.
2 photographies la même
série que précédemment, pilotes au sol et salle des opérations, sur la page de gauche lors du changement de
rédacteur)
Changement
de rédacteur
Samedi 24 février 1940
Dans une
semaine exactement il y aura six mois que nous sommes en guerre. Ces six longs
mois ne furent troublés par aucun incident marquant en ce qui concerne le
conflit actuel, sauf que la « guerre des nerfs » a battu son plein,
dans tous les domaines. Celle-ci heureusement a trouvé des nerfs bien tendus et
insensibles aux vibrations, ces messieurs les nazis auront fort à faire pour en
attaquer la charpente. L’escadrille, qui au début des hostilités se trouvait
dans l’Oise, a déménagé à destination de Wez Thuisy, situé dans la Marne au
pied du mont Cornillet de sinistre mémoire.
Il faut
signaler le pénible accident survenu dans l’Oise du sergent Grosdemanche, jeune
pilote à l’escadrille, charmant camarade, qui en raison de sa blessure ne
reviendra sans doute jamais parmi nous. Un autre excellent camarade, le
sergent-chef Roussel, disparaît aussi de l’escadrille à la suite d’une maladie
longue et pénible.
Jusqu’ici
les tenues de secteur à priori et les décollages sur alerte se sont succédés
sans résultat ; hier néanmoins la patrouille S/C Diaz - S/Lt Capdeviolle a
réussi à accrocher un Heimkel 111, malheureusement celui-ci ayant une grosse
supériorité d’altitude réussit à leur fausser compagnie.
Dimanche 25 février
Sombre
dimanche…, les boches abandonnent la région ! Seule, une
« certaine » patrouille (voir plus haut), favorisée par la poisse des
autres, ajoute une mission de plus à son palmarès. L’après midi, un coup de
téléphone envoie en l’air le Lt Villemin et le Sgt Pimont ; les nuages
s’acharnent contre Pimont, qui en désespoir se cause revient au terrain,
ah !... ces hélices Hamilton… !!! Puis la patrouille du Capitaine
Guerrier part en couverture à priori, vol sans histoire, les appareils
reluisent d’huile, mais sont en partie vidés de la terre qui les remplissait.
Le
Lieutenant Legrand décolle avec Le Guennec en fin de soirée, mais en fort
mauvais terme avec le circuit « Olaer », il de voit contraint
d’atterrir, celui-ci ne remplissant plus ses fonctions.
L’adjudant
Japiot nous a quitté ce matin pour aller à Chartres.
26 février
R.A.S. au
point de vue aérien. L’après midi, une agréable soirée nous est offerte par
« Pour ceux de l’escadrille » dans une salle de Reims.
27 février
Journée très
aéronautique grâce aux couvertures à priori. La patrouille S/Lt Villemin -
Pimont décolle à la recherche d’un ce ces introuvables boches. Le Cne Guerrier
- Gauthier vont sur la frontière belge, ainsi que la patrouille du Lt Legrand -
Le Guennec, pipe au bec et flegmatique, nous annonce dans le tuyau de l’oreille
qu’il va être papa ; qui l’eut cru… si petit !
28 février
Certains
membres de l’escadrille passe à la piqûre. Belle journée sans histoire (sauf
pour les piqués !)
29 février
Jour très
apprécié car nous ne le reverrons que dans 4 ans, inch Allah !... Tous les
pilotes prennent l’air dans la soirée et s’en donne à cœur joie. Une alerte, la
seule de la journée, envoie la patrouille Cne Guerrier - Gauthier à la
recherche de quelque avion français ou anglais, qui devait effrayer le
tenancier d’un poste de guet par trop nerveux.
1er mars
R.A.S. dans
la journée, sauf pour le Capitaine qui, en fin de soirée, apprend qu’il est de
nouveau papa d’une petite fille. Bel arrosage en perspective !...
2 mars
Le Capitaine
est parti ce matin pour Orléans. Les couvertures à priori battent leur plein
depuis 8h00 du matin jusqu’au soir 17h00. Une patrouille de la 5ème
escadrille, « vernie" parmi les « vernies », renouvelle son
exploit d’il y a trois mois en abattant un Do 17.
3 mars
R.A.S.
4 mars
Depuis 7h00
les couvertures à priori s’étendent sur la région. A 9h45 la patrouille Lt
Assollant - Sgt Gauthier accroche un nazi vers Chalons et le poursuit au-delà
de Troyes, malheureusement à 9000m le Morane est poussif et c’est à contre cœur
qu’ils doivent arrêter les frais
5 mars
Seule la
patrouille S/Lt Villemin fait une couverture le matin. Aucun vol dans la soirée
malgré un temps très acceptable.
7 mars
Ciel de mars
plein de giboulées, aussi coucous et pilotes restent sur terre et sous terre.
Retour d’Orléans du Capitaine.
8 mars
Le plafond
s’étant élevé vers midi, plusieurs patrouilles se succèdent sur l’axe n°1, dont
les « pavés » commencent à nous connaître. A quand l’axe n°X+1 qui
reliera Berlin à Berchtesgaden ??? (9 mai 1945) (que c’est loin) (annotations
ultérieures au crayon)
Deux
nouveaux pilotes arrivent à l’escadrille, le S/Lt
Menneglier et le sergent Maigret. Après
les présentations d’usage un arrosage de bienvenue réunit tous les membres de
la 6ème dans la « boîte d’allumettes ».
9 mars
De
nombreuses couvertures à priori ont lieu dès 9h00, les patrouilles S/Lt
Villemin - Pimont puis Cne Guerrier - Gauthier prennent successivement l’air
avant midi. A signaler l’attaque d’un « Fairey » ; même pas le plus
petit « cirus nazis » (1) à l’horizon ! Vers 17h00 le S/Lt
Menneglier et le Sgt Maigret effectuent leur premier vol à l’escadrille, vol
d’entraînement.
(1) Voir
S/Lt Capdeviolle
10 mars
Aujourd’hui
l’escadrille a eu les honneurs du cinéma, qui sous la forme de cinq opérateurs,
est venu prendre quelques scènes de la vie journalière. Le Lt Legrand et Le
Guennec (très photogénique) mobilisèrent au moins 30 mètres de film à eux
seuls ! L’après midi une démonstration de patrouille fut filmée, et à part
un train récalcitrant et réfractaire à l’escamotage, tout aurait été très
réussi ; qu’attend t-on pour fusiller le circuit « Olaer »,
cause de tant de déboire ???
11 mars
Journée sans
histoire ; trois patrouilles prennent successivement l’air et couvrent le
secteur habituel. La majorité du personnel est piqué, l’effectif est donc très
réduit.
12 mars
Profitant de
la belle matinée, les patrouilles Lt Legrand
- Boymond puis Diaz - Capdeviolle vont tenir un secteur très sympathique
entre Stenay et Dun sur Meuse.
La première patrouille fait battre les cœurs vers 10h00 du matin en signalant
un ennemi en vue, celui-ci malheureusement n’était qu’un petit plaisantin
« d’Hurricane » perdu quelque part sur la Meuse. Les anglais
décidemment nous donnent de belles et saines émotions !!
HAWKER HURRICANE
13 et 14 mars
Plafond bas,
vent soufflant en tempête ; le baromètre est au « beau fixe
mécanicien ».
15 mars
Le Lt
Legrand est parti en permission, retour du S/Lt Steunou, d’Emery et de
Morineau. Le temps passe terriblement vite et la guerre ne s’avance pas !
Le S/Lt Capdeviolle et Gauthier vont passer une visite à Reims, résultats
satisfaisants, la « mécanique » ne s’use pas trop vite en altitude.
16 mars
Il pleuvait,
il pleuvait toujours. Dans la matinée a lieu l’arrosage retour du S/Lt
Menneglier et du Sgt Maigret.
17 mars
Arrosage
sympathique en l’honneur des (blanc) ans du Capitaine ; celui-ci ouvre la
séance par une savoureuse histoire sans parole. Boymond, qui n’est jamais en
reste de bonnes histoires, nous en conte une vécue par un sinistre collègue,
qui aurait obtenu les grâces d’une femme… enceinte de 8 mois ½ !! Sans
commentaire… L’après midi, un car emporte vers Reims la plupart des s/officiers
de l’escadrille ; belle jeunesse dorée et « dédorée » (la fin de
mois approche !), dont la gaîté faisait plaisir à voir. Hitler peut
s’annoncer, le moral est là !...
18 mars
Décollage
sur alerte su S/Lt Villemin et de Pimont vers 9h00. Ce fut la seule alerte de
la journée. Plusieurs patrouilles s’entraînent l’après-midi. La patrouille
Diaz - S/Lt Capdeviolle Maigret, qui
devait faire une belle promenade au long cours se voit contrainte d’abandonner
devant l’adversité ; un train ne rentre pas, celui du S/Lt Capdeviolle,
quant à Diaz et Maigret, ils jouèrent au chat et à la souris parmi certains
aérodynes de la cinquième escadrille ! On faut ce qu’on peut ….
19 mars
Journée sans
histoire. En fin de soirée les patrouilles Boymond - S/Lt Steunou et Cne
Guerrier - S/Lt Menneglier - Gauthier effectuent un vol d’entraînement.
20 mars
Sans respect
pour nos pauvres carcasses un affreux message chiffré nous fait lever à 4h00 du
matin, messieurs les anglais s’étant amusés dans la nuit à bombarder l’île de
Sylt ! Mais manque de chance… le ciel reste couvert, et seule la
patrouille Cne Guerrier - S/Lt Menneglier - Gauthier prend l’air pour un vol de
courte durée.
22 mars
Tous les
pilotes font un tour dans la nature, excepté ce pauvre Pimont qui a un
commencement de sinusite (terme médical qui devient très courant dans le
langage aéronautique !).
23 mars
Mars nous
envoie encore ses giboulées. Journée calme.
24 mars
Le S/Lt
Menneglier et le Sgt Maigret s’entraînent et s’initient aux beautés de la
patrouille de chasse mise en sandwich entre deux tranches de patrouille serrée.
Nous avons la visite d’un ancien camarade de Chartres, le Sgt Lascurin, en
stage à Mourmelon.
25 mars
Nouvelle
journée d’entraînement pour les jeunes chasseurs. L’après midi le S/Lt
Capdeviolle part à Reims avec une « charrette », le 677 et ramène de
Courcy un Morane tout neuf (le 958) dont l’hélice électrique (le changement de
pas, et non l’hélice) fait pâlir de dépit le possesseur d’une certaine hélice,
licence Hamilton !
HÉLICE à PAS VARIABLE HISPANO-SUIZA - 1938
(LICENCE HAMILTON)
26 mars
Seule la
patrouille Diaz - S/Lt Capdeviolle
effectue une couverture à priori. L’après-midi, Japiot décolle avec le S/Lt
Menneglier ainsi que Boymond et le S/Lt Steunou. Enfin très tard dans la
soirée, le Cne Guerrier part effectuer un vol d’entraînement avec Gauthier et
Maigret ; celui-ci sera bientôt incorporé dans les missions de guerre
comme un grand garçon. Le Lieutenant Legrand rentre de permission.
24 mars
Journée
calme en raison du mauvais temps.
25 mars
Quatre
patrouilles légères tiennent chacune leur tour le sympathique secteur C. Le
fait marquant de la journée est la prise en chasse d’un appareil ennemi par le
Capitaine, qui s’est vu dans l’obligation d’abandonner la course, le
« nazi » allant aussi vite que le « 406 ».
30 mars
Retour au
nid de « la petite chose velue » (
31 mars
Les
nominations arrivent à l’escadrille, le Sgt-chef Diaz passe adjudant et
Chaminade passe chef. Espérons qu’ils n’oublieront pas leurs petits amis moins
vernis… (dessin d’une bouteille de
champagne). Aucune activité aérienne.
1er avril
Aucun
poisson ne fut posé, les traditions se perdent ; par contre à signaler une
recrudescence des couvertures à priori, qui de 6h45 à 18h00 couvrirent le
fameux secteur C. Diaz, notre adjudant tout neuf, part en permission.
2 avril
Les beaux
jours continuent à se faire désirer… activité aérienne nulle.
3 avril
La
patrouille Boymond - S/Lt Steunou
décolle à 7h00 pour se reposer immédiatement en raison de la crasse. Ce fut le
seul vol de la journée. Vers 19h00 l’escadrille a la visite de trois membres
d’un groupe de reconnaissance venus en P 63. « Discutage de coup »
traditionnel au bar de la 6ème.
4 avril
Un nouveau
pilote, le sergent Bouin arrive à l’escadrille.
5 avril
Temps
médiocre, Pas de vol. Dans la matinée une conférence du Capitaine nous documente
sur l’activité aérienne développée jusqu’à présent et sur les astuces employées
par les nazis dans leurs attaques. Dans la soirée l’arrosage arrivée de Bouin
réunit toute la famille au bar de l’Escadrille.
6 avril
R.A.S. on
nous annonce l’arrivée prochaine du groupe 1/16 de Potez 63 qui stationnera sur
le terrain.
7 avril
Journée très digne à tous les
points de vue. Quatre pilotes de l’escadrille reçoivent le baptême du feu et
l’un d’eux, le Lt Legrand, descend dans les Ardennes un « méchant parmi
les méchants », un Messerschmitt 110.
(texte
encadré de bleu-blanc-rouge sur le document original)
MESSERSCHMITT 110
8 avril
Zut, zut et
zut ! Voila que des revendication s’élèvent de la part de quelques
« sans coeur » du groupe de Suippes au sujet du Messerschmitt abattu
hier ; des Curtiss parait-il se trouvaient sur les lieux ; ils sont
toujours là où il ne faut pas !!!
9 avril
Le Capitaine part en permission. Nous
apprenons que « le groupe aux longues dents » se voit attribuer le BF
110 ; c’est à charge de revanche, nous leur en faucherons bien un, un de
ces jours…
Dans la matinée, par plafond très bas,
Japiot et le S/Lt Menneglier sont envoyés en vitesse sur Chalons sans résultat.
10 avril
Une patrouille tient le secteur dans la
soirée. Journée calme.
11 avril
Date à retenir dans les
annales de l’escadrille. A 7h30, la patrouille Boymond - S/Lt Steunou trouve un Do 17 sur Reims, le
poursuive en direction de Chalons, et enfin l’abattent à 5km du terrain. Le
Dornier percutant le sol se répandit dans la nature dans un rayon de 150m
autour du point de chute.
Mais ce n’est pas tout ;
une heure plus tard nous apprenions que la patrouille S/Lt Villemin – Pimont –
Maigret, était en prise avec un Heinkel 111 (111H-1
WNr 2305 du 3(F)/121), qu’ils descendirent dans la région de Sissonne (dans un bois à
Amifontaine) . L’appareil brûla au sol ; un caporal radio sauta en
parachute avec une balle dans la cuisse ainsi qu’un Lieutenant Colonel (!),
celui-ci grièvement atteint ne pu survivre ; les deux autres membres de
l’équipage descendirent avec leur appareil. A signaler qu’aucune balle
allemande ne toucha nos valeureux « 406 »
Voila donc une belle
journée : s’il pouvait y en avoir une comme celle-ci par semaine, tout le
monde serait satisfait
(texte encadré de
bleu-blanc-rouge sur le document original)
DORNIER 17
HEINKEL 111
12 avril
Mauvais temps. R.A.S. Un nouveau pilote
arrive à l’Escadrille, le sergent Gabard, venant du C.I.C. de Montpellier.
Les trophées ramassés sur le Heinkel
sont apportés au bar de l’escadrille ; ce sont une mitrailleuse et deux
chargeurs, le serre-tête d’un des nazis, et une superbe croix noire encore
intacte malgré le feu.
13 avril
Désormais nous allons apprécier le
sommeil ; à partir d’aujourd’hui le personnel de l’escadrille en alerte
devra se lever à 4 heures du matin (comme dans la chanson mais pas en musique
malheureusement !). Donc les yeux pleins de sommeil, la patrouille Le
Guennec - Gauthier décolle sur alerte, mais doit bientôt rendre la main en
raison d’un plafond trop bas ; que ne fait-on un appareil à dissiper les
nuages ! Le S/Lt Capdeviolle rode son nouveau moteur en fin de matinée.
L’après midi fut consacrée en partie à un bel arrosage en l’honneur de nos cinq
vainqueurs.
Le P.N. de la 5ème, les
officiers du P.C. et du groupe 1/16 assistaient aux agapes ; après la
« bataille », trente cadavres de bouteilles de champagne trouvées aux
alentours de la sainte table, goulots décapités, montraient la réussite de cet
arrosage. J’ai oublié de mentionner que notre sympathique toubib, le Lieutenant
Meltz, était aussi de la fête, prodiguant des conseils pleins de sagesse et
menaçant d’hypertension (quel mot splendide !) les réfractaires au régime
sec.
14 avril
Jour de repos complet, il pleut ;
le printemps doit avoir peur de la guerre car jusqu’à présent les jours de
soleil se comptent facilement !
15 avril
Dans la matinée le S/Lt Capdeviolle fait
un convoyage à Reims. Diaz, notre adjudant tout neuf, rentre de permission. Un
petit arrosage intime fête ses galons et son retour ; il a eu l’excellente
idée de nous apporter un phonographe ainsi que quelques disques. Notre
« toubib » vient prendre la tension de Maigret, Gabard, Bouin
nouvellement arrivés. Notre « inspecteur » a un peu de tension (sans
doute à cause du Heinkel de l’autre jour !), aussi se mit-il en devoir de
dévaliser le bar de quelques bouteilles d’eau de Vichy qui s’y trouvaient.
16 avril
Quelques vols ont lieu ; Diaz,
Bouin et Gabard font un petit tour en l’air. Aucune alerte de la journée au
grand désespoir de certains.
17 avril
De bonne heure, la patrouille S/Lt
Villemin - Pimont décolle sur alerte et découvre l’indiscret qui n’était autre
qu’un anglais. Puis Japiot et le S/Lt Menneglier décollent à leur tour, mais
pour se heurter au mauvais temps et font demi tour. Le phono de Diaz ne chôme
pas, et tangos, swings, congas se succèdent au grand désespoir de Le Guennec
qui va jouer à l’ermite dans son avion, maudissant à tout jamais la musique
moderne ! Ah : ces bretons… ils n’ont rien à envier aux
auvergnats !
18 avril
R.A.S. Un car va à Reims, emportant tout
le personnel volontaire vers quelques réjouissances et distractions de ce beau
bled.
19 avril
Une seule chose à signaler, l’infirmerie
va parait-il nous envoyer un brancard ; c’est vraiment très gentil !
D’autant plus qu’il trouvera sans doute son utilité après les arrosages ou
comme hamac les jours de chaleurs !
20 avril
Dès la première heure de nombreux nazis
sillonnent le secteur à très haute altitude, laissant derrière la trace de leur
passage. Malheureusement aucun de ces lascars ne fut rattrapé. A 12h30
l’escadrille prend l’alerte, et seule la patrouille Le Guennec - Gauthier va
faire une promenade à 8000, sans histoire d’ailleurs.
21 avril
Trois patrouilles volent dans la
matinée. Diaz et le S/Lt Capdeviolle vont sur le secteur A et reviennent sains
et saufs de cette sale région ! L’après midi, Boymond et Pimont partent en
promenade sentimentale à Laon.
22 avril
Malgré un temps splendide aucune alerte
ne trouble la douce quiétude dans laquelle nous sommes plongés. Japiot - Gabard
puis le Capitaine et Maigret font un vol d’entraînement dans l’après midi.
23
avril (vive la St Georges !)
Dès la première heure le secteur A est
couvert par les patrouilles adj Japiot - S/Lt Villemin - Cne Guerrier. Rien à signaler en raison du
plafond qui ne favorise pas les recherches.
Le Lt Legrand – Bouin puis le Guennec –
Gauthier décollent sur alerte, sans résultat à part certaines entrevues avec
des Hurricanes ou Spitfire.
SUPERMARINE SPITFIRE
25 avril
Par ciel très couvert la patrouille Diaz
– S/Lt Capdeviolle décolle sur alerte. Nos deux chasseurs trouvent un nazi
qu’ils poursuivent de nuages en nuages, puis le perdent de vue ainsi que le cap
de retour ! Comme de toute façon il faut retrouver le sol, les deux Morane
choisissent un terrain inconnu pour se poser ; mais celui-ci un peu mou
fait capoter l’ami Diaz, tandis que le S/Lt Capdeviolle se voit contraint de se
poser sur le ventre pour ne pas imiter son équipier ! Tout se terminera
bien au grand plaisir de tous !
27 avril
Montée en altitude du S/Lt Capdeviolle.
Belle journée sans histoire.
28 avril
Des bruits officieux courent comme quoi
le Groupe va changer de région. Pour la troisième fois depuis le début de la
guerre le Groupe arrive à un tournant de sa vie ; où ira-t-on ?...
29 avril
Le départ se confirme et est immédiat.
Chacun fait ses paquets, et nous déménageons à regret nos locaux d’escadrille
avec l’espoir d’un contre ordre possible…
30 avril
Grand branle bas depuis 4h00, les
différents échelons terrestres quittent Wez Thuisy à l’aube. Les avions
patientent jusqu’à midi en raison de la crasse, puis c’est l’envolée patrouille
par patrouille à destination du terrain de Chissey dans le Jura. A part
quelques orages et des ennuis de train d’atterrissage chacun retrouve la terre
ferme dans une vallée agréable et verdoyante ; cela change de la craie
champenoise et influe agréablement sur le moral.
WEZ THUISY – CHISSEY SUR LOUE
20 avril 1940
LOCALISATION de CHISSEY SUR LOUE
1 mai
Une alerte au début de l’après midi
envoie la patrouille Diaz – S/Lt Capdeviolle en l’air ; des difficultés de
radio gênent nos spécialistes de l’atterrissage en campagne (!) qui doivent se
poser.
2 mai
Alerte de bonne heure ce matin, Japiot
et le S/Lt Menneglier décollent et réveillent la moitié du pays, les
« sans-cœur » ! La Loue (rivière voisine de l’escadrille) va
nous procurer une distraction saine et agréable ; le Capitaine, craie en
main, nous dévoile toutes les astuces de la pêche à la truite.
3 mai
Tous les pilotes volent sur alerte ou à
l’entraînement ; belle journée dans un cadre montagneux ; ce
croirait-on en guerre ?
4 mai
Le temps couvert permet aux pilotes de
se rendre sur les bords de la Loue. Les touches sont multiples malheureusement
les petits poissons nous affectionnent plus que les gros ; néanmoins au
début de l’après midi la patrouille Le Guennec – Gauthier capture trois
truites ; qu’attend t-on pour décerner des citations à l’ordre de la
gaule ? L’ami Bouin part en permission de détente en fin de soirée.
5 mai
La citation du Lieutenant Legrand arrive
à l’escadrille. Je passe la plume au « calligraphe » Maigret qui va
reproduire cette première citation sur le journal.
Citation du Lieutenant Georges LEGRAND – Groupe de
chasse GC III/6
du 29 avril 1940
« Pilote de chasse de grande valeur de d’un
allant magnifique. Le 7 avril 1940, chef d’une patrouille légère, n’a pas
hésité à attaquer une formation de 15 multiplaces de chasse ennemis protégeant
deux avions de reconnaissance et a probablement atteint un de ces
chasseurs »
Signé : Général de BrigadeRonqtet - Commandant le Groupement de Chasse n°23
6 mai
Japiot et de S/Lt Menneglier décollent
sur alerte, mais gênés par le ciel nuageux ne voient pas l’indiscret nazi qui
depuis quelques jours s’intéresse particulièrement à la vallée du Doubs ;
ce doit être un pêcheur ou un amateur de beaux paysages !... Dans la
matinée, le S/Lt Steunou, mollets au vent, retire de l’eau une belle perche qui
« vilipendait » sa progéniture au grès des remous !
7 mai
Notre petit père Boymond rentre de
permission, apportant avec lui un ciel bleu immaculé, ainsi qu’un certain
nombre de belles histoires fumantes où il est plus ou moins question de femmes
mariés des mobilisés !!!
8 mai
La plupart des patrouilles décollent à
priori ou sur alerte. La journée est chaude. Diaz a l’excellente idée
d’apporter au bar un stock de canettes qui est le bienvenu !
Le radioguidage est une fois de plus mis
en pratique par le Lieutenant Legrand qui nous déclare qu’à cent degré près on
est ramené en toute sécurité au terrain ! C’est beau le progrès… Une
patrouile de la 5ème escadrille fait la connaissance d’un vilain
Dornier qui laisse un souvenir dans les plans du S/Lt Salaün. Avis aux
amateurs !
Par le
lien, un récit complet et détaillé de la Campagne de France au jour le jour du
GC III/6
Couverture
aux coups et aux vues – Attaque au sol
10 mai
Journée tout ce qu’il y a de plus
mouvementée après une nuit farcie de coups de la D.C.A. Les premières
patrouilles décollent à 4h40 et la première rencontre a lieu vers 5h30 entre le
S/Lt Steunou et un Heinkel 111 ; combat plutôt tournoyant, que vient
rompre l’arrivée de la patrouille Diaz – S/Lt Capdeviolle. Diaz reçoit trois
explosives dans l’avion, et l’une d’elle manque son but de peu en passant entre
les jambes du « Bicot » ; ayant un léger excédent de vitesse sur
les nôtres, le Heinkel parvint à se dégager de leurs griffes. Presque au même
moment la patrouille Japiot – Gabard (et
S/C Le Guennec : oubli du rédacteur) tombe sur cinq (six ?) autres Heinkel qu’ils
arrosent abondamment, mais doivent rentrer faute de munitions. Nous croyons
néanmoins que l’un deux a été abattu peu après. Pendant ce temps la patrouille
Boymond – S/Lt Steunou trouve un Do 17 au S.E. de Dijon ; la patrouille
Cne Guerrier – Gauthier se joint à eux, et l’aventure se termina par une
magnifique descente en flammes, genre feu d’artifice. Deux membres de
l’équipage sautèrent en parachute et l’appareil disloqué s’abattit à 6km de
notre terrain dans un bois ; le troisième membre tomba le parachute en
torche et ne fut pas retrouvé.
11 mai
Décidemment nous sommes bel et bien en
guerre et la vie devient intéressante. Hier soir la 5ème escadrille
a perdu deux appareils, ceux de l’Adj Goujon et du Sgt Hardouin qui
sautèrent en parachute.
Dés 3h30 les patrouilles d’alerte sont à
pied d’œuvre. La patrouille Lt Legrand – Le Guennec – Gabard trouve un Heinkel
111, deux patrouilles de la « 5 » à bout de munitions suivent cette
belle proie, qui finalement descend progressivement jusqu’au sol et s’abat sous
les yeux d’un troupeau de vaches ! Les quatre membres de l’équipage
quittèrent leur appareil, seul le pilote était blessé à la tête.
En fin d’après midi nous apprenons
qu’une fois encore notre voisine la « 5 » a joué de malchance quoique
ayant abattu deux Heinkel ; trois de ses pilotes, le Lt Martin, le S/C
Colonge et l’Adj Goujon (encore lui !) durent faire plus ou moins usage du
Lemercier, Goujon put se poser en campagne le « 406 » criblé de
balles.
12 mai
Journée relativement calme. La fatigue
se fait légèrement sentir en raison de la chaleur et de l’activité aérienne.
Quatre patrouilles légères tiennent néanmoins le secteur A mais rentrent
bredouilles.
13 mai
Un nouveau pilote est arrivé à
l’escadrille, le S/Lt Satgé venant du C.I.C. de Chartres, après un vol d’essai
il est aussitôt incorporé dans une patrouille légère. Journée calme, plusieurs
décollages sur alerte ont bien lieu sans résultat. En fin de soirée le S/Lt
Capdeviolle fait un essai de résistance de son gouvernail de direction contre
les grilles qui bordent le terrain ! Essai satisfaisant pour les
grilles !!!...
14 mai
Début de matinée calme. Vers midi de
nombreuses patrouilles décollent sur alerte. De retour au nid, tous les
appareils ne rentrent pas, il manque celui su S/C Boymond (MS 406 n° 684). Le S/Lt Steunou et une patrouille de la 5ème
ont abattu un Heinkel ; nous apprenons aussi que Boymond a certainement
abattu un Heinkel. Malgré tout l’angoisse subsiste à son sujet.
L’ATTAQUE à L’OUEST
13 MAI 1940
15 mai
Un deuil frappe l’escadrille, le premier
de la guerre ! Notre camarade Boymond, absent depuis la veille, est tombé
au champ d’honneur après avoir mené jusqu’au bout un combat inégal (vraisemblablement
mis en flammes par les mitrailleurs des Heinkel qu’il attaquait, il s’est
écrasé à Prenois) . Nous perdons en lui un véritable ami et un pilote
de grande classe. L’escadrille ne tardera pas à venger ce premier deuil.
Photo du S/C Boymond sur un
feuillet intercalé
16 mai
Cinq patrouilles décollent sur alerte
dans la matinée ; une traînée blanche créait un peu de perturbation dans
la patrouille Japiot. Vers midi Gauthier va à Dijon porter deux couronnes sur
le corps de Boymond. En fin de soirée une prise d’armes (Général Odic, commandant la Z.O.A.S ;
Zone des Opérations Aérienne Sud) a lieu sur le terrain, durant
laquelle le Lt Martin reçoit la légion d’honneur, l’Adj Le Gloan la médaille
militaire, le Lt Legrand, le S/Lt Villemin et de Sgt Maigret la croix de
guerre.
17 mai
Journée relativement calme. Dans la
matinée un intrus s’est fait entendre, invisible dans les nuages ; nous
avons appris par la suite que la D.C.A. suisse l’a forcé à se poser. Quelques
essais des canons de 25 de la défense du terrain font penser que nous sommes en
guerre.
J’ai oublié de mentionner le 14 mai la
poursuite engagée par la patrouille S/Lt Villemin – S/Lt Satgé contre plusieurs
Heinkel 111 (11h
45). L’un deux poursuivi jusqu’au Rhin qu’il passa de justesse (les
deux moteurs touchés), laissa dans l’appareil du S/Lt Villemin un mauvais
souvenir. Une explosive avait traversé le bord d’attaque du plan, puis l’un des
éclats s’arrêta dans le parachute du pilote. C’est ce qu’on appelle avoir chaud
aux fesses !
18 mai
Le temps couvert permet aux pilotes
d’utiliser en grand les matelas pneumatiques. Dans la soirée, la patrouille Lt
Legrand – S/Lt Steunou décolle sur alerte, sans résultat.
19 mai
Quelques couvertures à priori et sur
alerte restent sans résultat. En fin de journée un conseil va de tuyau
d’oreille en tuyau d’oreille comme quoi nous devons nous préparer armes et
bagages en vue d’un départ immédiat…
20 mai
Vers 11h00 du matin, l’ordre de se tenir
prêt à décoller pour l’après midi est donné à tous. Branle-bas sur toute la
ligne. A 14h00 les premiers Morane décollent à destination du terrain de
Coulommiers. Deux Bloch 220 d’Air France emportèrent « la mécanique »
ainsi que le petit biquet, fétiche cornu de l’escadrille qui compte à présent
1h30 de vol et 10 minutes de rouleur en Morane !
BLOCH 220
WEZ THUISY - COULOMMIERS
20 mai 1940
LOCALISATION de COULOMMIERS
21 mai
Un très gros travail nous attend à
Coulommiers. D’une D.A.J. relativement calme, le Groupe va effectuer des
missions de chasse d’armée plutôt laborieuses !
Dans l’après midi neuf pilotes de
l’escadrille (avec 9 pilotes de la 5ème ; deux patrouilles triples, soit
18 avions) décollent à destination de notre front
nord, secteur Cambrai – Bapaume. Gros tirs de D.C.A. ennemie qui sèment un peu
de perturbation dans les patrouilles non encore habituées aux « gros
tirs ». Tout le monde rentre à la « 6 ». Diaz (le spécialiste de
la question) ramène un éclat de D.C.A. dans une aile. La 5ème escadrille
est sans nouvelle de deux de ses pilotes, le S/Lt Salaün et de Sgt De Gervillier engagés
dans un combat entre des Me 109 avec le Commandant Castanier.
MESSERSCHMITT 109
22 mai
Nouvelle tenue de secteur de 40 minutes
dans la région de Cambrai (une patrouille triple avec 2 patrouilles triples de
D.520 du GC 1/3) ; la D.C.A. devient plus mordante et plus
dense. En fin de mission quelques « poissons bleus » (Messerschmitt
109 et 110) disloquent le dispositif. Bouin est pris à partie par deux
« sans cœur » d'outre Rhin mais parvient à s’en tirer après de
savantes évolutions plus ou moins sinusoïdales (il volait avec le S/Lt Kawnick (*) après
avoir perdu tous les deux le
(*) Kawnick dans
tous les documents français, mais Kawnik
dans les documents polonais
24 mai
Ventres creux à 13h00 six pilotes
partent vers le nord faire encore une promenade sentimentale, dont le retour
n’est pas toujours garanti. Au début de la tenue du secteur nos chasseurs
tombent sur un peloton de 20 à 40 bombardiers nazis (2 pelotons de 20 bombardiers chacun)
protégés par un imposant dispositif de chasse. La corrida commence, les
patrouilles supérieures plein d’allant (!) dégringolent des cieux sous le nez
des patrouilles basses qui doivent faire face pour éviter d’être
« seringuées » par les « poissons bleus » qui tombent sur
les 406 (Messerschmitt
1Bf 110C). Grosse mêlée d’avions à cocardes et croix noires. Pimont,
buveur d’essence invétéré et spécialiste de l’atterrissage en campagne se pose
à bout d’essence près de Beauvais, passe la nuit là-bas bercé par les coups de
canons et ne peut repartir que le lendemain. Le Commandant Castanier ne rentre
pas. La patrouille Diaz – Capdeviolle – Steunou fait deux départs sur alertes
dans résultat.
25 mai
Quatre des nôtres, le Lt Legrand, Le
Guennec, Diaz et le S/Lt Capdeviolle complètent une patrouille triple guidée
par un vieux guerrier, le Capitaine Chainat. Grosse bagarre sur les lignes, nos
7 Morane doivent faire face à un peloton de 24 bombings protégés par 18 Me
110 !!!
Les boches font les choses en grand…
Tout le monde rentre, Diaz ramène une
passoire à la place de son 674. Une explosive lui passa à 5cm de l’oreille
droite ! Le Cne Chainat rentre criblé lui aussi. Grâce au Lt Legrand,
l’ami Diaz doit d’être encore parmi nous.
Pendant ce temps le S/Lt Villemin et
Maigret décollaient sur alerte. Trouvant un Do 17 il l’abattirent de l’autre
coté de l’Aisne. Le S/Lt Villemin ayant le réservoir d’éthane troué parvint à
se poser en territoire français, l’appareil pris feu aussitôt, mais seuls les
sourcils de notre chasseur eurent à souffrir de la chaleur. Nous sommes sans
nouvelles du petit Maigret qui a du se poser chez l’ennemi.
26 mai
Le Cne Guerrier, Gauthier, Pimont, le
S/Lt Steunou et le Guennec sont convoqués dès le matin pour accomplir en
compagnie de Goujon une mystérieuse mission. Arrivés au Bourget par plafond
bas, ils eurent à accompagner jusqu’au large des côtes du Calvados un Dewoitine
d’Air France emportant le ministre Paul Reynaud vers Londres. Voyage sans
incident à part un ravitaillement à Mantes et quelques
« trouillomètres » à zéro au dessus de la mer ! Posés à midi,
nous n’étions pas déshabillés de quelques minutes que l’alerte sonne, tout le
personnel a le temps de se terrer sous une pluie de bombes (250 environs),
lâchées par un gros peloton de bombardiers nazis arrivés en tapinois de la
direction de Meaux. Peu de Morane sont abîmés, la piste est encore praticable.
Seul un soldat de la 5ème escadrille, grièvement blessé, meurt à
l’hôpital. L’armurerie de la 5ème, visitée par une bombe
incendiaire, nous fait revivre certains 14 juillet pendant quelques heures.
L’espoir de revoir le Commandant
Castanier pâlit de plus en plus.
DEWOITINE 338 d’AIR FRANCE
27/05/1940
PAUL REYNAUD ANNONCE…
SIX CHASSEURS FRANÇAIS CONTRE 18 MESSERSCHMITT
Copie des citations du Sous-Lieutenant
Villemin, du sergent Pimont et du sergent Maigret par le Général Commandant en
Chef Vuillemin, Commandant en Chef des forces aériennes -Ordre « C »
n°17 du 28 avril 1940 (entre le 26 et le 27 mai du livre de route)
Le
Sous-Lieutenant Villemin Alphonse, pilote au Groupe de Chasse III/6
« Chef
de patrouille calme et résolu. Le 11 avril 1940 a très brillamment mené sa
patrouille à l’attaque d’un He 111 et l’a abattu dans nos lignes »
Le
« Pilote
adroit et audacieux. Le 11 avril 1940 a participé à un combat aérien qui s’est
terminé par la chute d’un He111 dans nos lignes »
Le
« Jeune
pilote qui vient de donner sa mesure en participant le 11 avril1940 à un combat
aérien qui s’est terminé par la chute d’un He111 dans nos lignes »
Ces
citations comportent l’attribution de la Croix de Guerre avec palme.
27 mai
Une patrouille double de couverture part
sur la somme faire sa promenade journalière. L’attaque d’un appareil anglais
par notre fougueux « Cricri » (Le Guennec) et d’un Henschel par la
patrouille du Cne Guerrier met un peu d’animation. Quelques tirs de D.C.A.
tâchent le ciel de temps en temps. Rien de nouveau à signaler.
28 mai
Même mission qu’hier. La patrouille
triple est conduite par le Lt Legrand. Sur le retour de nombreux orages
obligent six pilotes à se poser sur le terrain de Bouillancy dans l’Oise,
vieille connaissance du début de la guerre ; c’est à ce moment que nous
apprenons la défection du Roi des Belges devant- l’envahisseur.
29 mai
Quatre pilotes partent couvrir la région
Beauvais – Gournay mais doivent interrompre par suite du mauvais temps.
30 mai
Des Morane du G.C. 3/2 sont convoyés au
3/6 par une dizaine de collègues, parmi lesquels nous retrouvons de vieilles
connaissances de Chartres. Nous sommes néanmoins très désappointés d’avoir
encore des Morane à casser. Quand verrons nous les D.520 ou Curtiss P-40 ???
DEWOITINE 520
31 mai
Comme un coup de foudre nous apprenons
dans la matinée notre départ immédiat dans le midi. Le contentement se lit sur
les visages, d’autant plus que cela présage une transformation prochaine sur
avions modernes…
A 16h00 pilotes et mécanos prennent
l’air à destination du Luc, dans le Var, via Lyon (pour essence).
Le départ de Lyon un peu tardif, oblige
certains à se poser à Aix, à Marignane, à Hyères !...
COULOMMIERS – LE LUC
31 mai 1940
LOCALISATION de LE LUC
1er juin
Les retardataires arrivent au Luc. En
fin de journée le Groupe est au complet. Dans l’après-midi, la patrouille
Japiot – Gauthier va couvrir Marseille qui vient d’avoir la visite de quelques
« fils de Goering ». Ces pauvres Marseillais non encore habitués à la
guerre, tirent pendant 20 minutes sur leurs anges gardiens, qui sont contraints
de se poser à Marignane afin de se faire reconnaître !
2 juin
Un peu avant midi nous apprenons le
départ pour Valence du Capitaine, du S/Lt Capdeviolle, de Japiot et de
Gauthier. Ceux-ci, avec six pilotes de la
« 5 » partent pour un temps indéterminé, défendre ma vallée du
Rhône qui depuis hier attire les Heinkel.
3 juin
La « campagne de Valence »
s’annonce calme. Aucun vol aujourd’hui. Au Luc, des réglages d’armes envoient
quelques pilotes à Hyères et à Cannes.
4 juin
Des essais radio occupent nos
« valentinois », et une petite couverture sur Valence envoie la
patrouille Cne Guerrier – Japiot – Gauthier chercher un peu de fraîcheur dans
l’atmosphère.
4 juin (au soir)
A valence, un message de C.R. annonce
l’arrivée d’une vague d’avions douteux. La patrouille d’alerte prend l’air en
même temps que se pose une vingtaine de Morane, qui n’étaient autres que les
avions douteux signalés !
5 juin
Le GC 3/1 nous ayant remplacé, le détachement
du GC 3/6 rejoint le Luc dans la matinée.
6 juin
Journée chaude et sans histoire ;
il est pénible de se sentir si près de la mer de et ne pouvoir s’y
plonger !...
En fin de journée nous apprenons que 12
pilotes du groupement vont partir à Toulouse « pedibus voie ferrée »
pour rapporter des… MS 406.
7 juin
Deux heures avant le départ pour
Toulouse le contre ordre arrive (il fallait s’y attendre…). Cela laisse
présager l’arrivée prochaine des D.520, d’autant plus que certains spécialistes
partent faire un stage aux usines Dewoitine. A midi, le Général Houdemond
accompagnée des frères Tharaud (célébrités de Paris-Soir) rendent visite à
l’escadrille.
8 juin
Dans la matinée, la patrouille Le
Guennec – Capdeviolle va faire un essai armes – radio vers Cannes. Japiot remet
ça le soir en compagne du S/Lt Capdeviolle, qui avait eu le matin des ennuis
avec son éthane-diol.
9 juin
Journée pénible. Phébus devient
gênant ; la pêche à la ligne reprend de dessus grâce à l’embryon de
rivière qui longe la bordure ouest du terrain.
10 juin
Il est écrit que tous les
« 10 » du mois nous aurons des surprises… En fin de journée, l’homme
au menton en galoche, sosie d’Hitler, annonce gentiment aux Français qu’il leur
déclare la guerre à partir de minuit (déclaration romantique mais saumâtre
néanmoins !)
11 juin
Journée calme quant à la guerre
franco-italienne.
Diaz rentre de Toulouse en compagnie
d’un beau D.520, très belle « voiture » dont nous tirerons le maximum
il faut espérer. La patrouille Legrand – Capdeviolle – Gabard décolle pour
Toulouse après un faux départ ; le Capitaine les imite dans la soirée. Un
sergent polonais est affecté momentanément à l’escadrille, le sergent Cwynar (à
prononcer « tzvinar » !)
12 juin
Décidemment la « 6 » rétrécit
de plus en plus… Cwynar et le S/Lt Satgé partent à Toulouse par la voie ferrée,
Japiot et Pimont par la voie des airs. Belle perspective d’alerte continuelle
et d’heures de « combine » pour les rescapés de cette émigration vers
la capitale du Cassoulet ! Restent donc le S/Lt Steunou (squadron leader
pour l’instant), le S/Lt Menneglier (préposé à la butte de tir), Le Guennec et
Gauthier. Diaz est planqué, ce sacré « bicot » s’entraîne sur son
D.520 et est dispensé du réveil matinal………
La patrouille Le Guennec – Steunou –
Gauthier décolle sur alerte, belle promenade au bord de la mer, rien à
signaler.
13 juin
La même patrouille couvre à priori la
région niçoise dans la matinée mais ne trouve pas « l’Italien de
service ». Vers midi nous apprenons qu’une patrouille de la
« 5 » a descendu deux Fiat Br.20 qui n’opposèrent aucune résistance
devant les D.520.
FIAT BR 20 « Cigogna »
Interruption du livre de
marche jusqu’au 20 juillet 1940
20 juillet 1940
« Les événements qui se sont
précipités depuis le 13 juin ont empêché l’auteur de ces lignes de tenir à jour
ce journal (livre) de marche ;
Voici néanmoins les grandes lignes de cette période, qui restera dans les
anales de l’aviation française…
Les
14 et 15 juin
Le Groupe se rend du Luc à Toulouse
recevoir des Dewoitine 520. Pendant ce temps les quelques pilotes munis de ces
nouveaux appareils ne chôment pas et un exploit peu banal est accompli par Le
Gloan (5ème escadrille), qui dans le même vol et en une demi-heure
fait mordre la poussière à 5 italiens.
Le
18 juin
Arrive au groupe l’ordre de se rendre
immédiatement avec arme et bagages sur le terrain de Perpignan la Salanque.
Remplis d’espoir de continuer la guerre en Afrique du Nord, nous arrivons le 18
juin au soir sur le terrain de la Salanque. Tous les groupes de chasse et de
reconnaissance, rescapés de la guerre, attendent l’ordre de sauter la
« mare aux harengs » pour se rendre en Algérie. Le tour du GC 3/6
arrive le 20 juin au matin. Quelques « trouillomètres » sont plus ou
moins à zéro, cela n’empêche pas les 36 pilotes du Groupe d’arriver sur la
terre africaine, après une belle leçon de navigation donnée par le Capitaine
Assollant.
LE LUC – PERPIGNAN (Navigants) et LE LUC - MARSEILLE (Personnel au
sol)
18 et 20 mai 1940
REGROUPEMENT à CONSTANTINE
entre le 20 et le 30 juin 1940
A Alger, où nous restons quatre jours,
sont affectés au Groupe les Capitaines Sautier et Boulard, et le Sgt Brondel.
Le
24 juin
Nous quittons Alger à destination de
Morsott, bled perdu dans les sables et la rocaille, situé entre Tébessa et
Souk-Ahras. Un providentiel vent de sable oblige la moitié du Groupe, conduite
par le Capitaine Sthehlin, à se poser sur le terrain de Constantine. Tout se
serait bien passé si les appareils du Cne Boulard et du Sgt Gauthier n’avaient
pas été pris d’une grande affinité l’un pour l’autre !
Du 24 juin au 11 juillet se déroule une
période de délassement physique et moral, et nombreux sont ceux qui se
souviendront de Sidi M’Sid !!!
Le
8 juillet
A lieu à Sétif une remise de nombreuse
décoration par le Général Vuillemin. A l’escadrille le Lt Legrand est fait
Chevalier de la Légion d’Honneur, Japiot
reçoit la médaille militaire, le Cne Chainat est fait Commandeur, Le Gloan
(S/Lt depuis peu) est fait Chevalier.
Le 11 juillet, à la suite du
bombardement de Mers-el-Kébir par nos ex-amis Anglais, le groupe retourne sur
le terrain d’Alger Maison Blanche, où nous attendent des combats assez
particuliers avec les « basiers » de l’endroit, dont l’esprit étroit
s’acclimate assez difficilement à nos caractères.
L’armistice fut signé les 23 et 24 juin
à l’avantage de nos ennemis, dont les longues dents s’useront espérons le
contre l’Angleterre qui continue la lutte plus que jamais. »
ARMISTICES avec l’Allemagne et l’ITALIE
23 et 24 JUIN
30 juillet
La vie du Groupe marche au grand
ralenti. Des convoyages de Dewoitine 520 (sur Constantine), Caproni et Potez 25
TOE (Sur Oran) ont rompu heureusement la monotonie de cette fin de mois. Par
contre, les services nombreux et plus ou moins superflus de la base de Maison
Blanche nous occupent suffisamment pour nous faire regretter le bon temps où
nous retrouvions les amis avec quelques trous dans les plans du
« taxi »……
Le 22 juillet, le camarade De Haut, peu
« verni » ce jour-là, fit une attaque plein avant au décollage sur
l’avion du « Sachem », ce qui l’envoya à l’hôpital pour une quinzaine
de jours.
CAPRONI 133
POTEZ 25 TOE
(Photo
Joseph BIBERT – Djibouti 1938)
31 juillet
Une commission italienne, techniciens
habillés de blanc à l’allure martiale, est venue vers 10h00 tâter le pouls de
nos « 520 », guidée par le Colonel commandant la base !... Nous
avons appris par la suite que « le Dewoitine était un avion très bien au
point de vue aérodynamique, mais qu’il se sustentait difficilement en l’air à
cause de ses petits plans !!!... »
Sur ce, nos frères latins repartirent,
certainement charmés de leur visite.
1 août
La bien aimée solde nous est payé par le
non mois bien aimé Lieutenant trésorier… Tous les pilotes restent en alerte,
l’escadre anglaise se promenant dangereusement dans les parages.
21 août
La démobilisation bat son plein à tous
les « étages » de la hiérarchie. Le Capitaine Chainat, le Cne
Assollant ont déjà quitté le Groupe, ainsi que le toubib, le S/Lt Brandon et le
Lt trésorier que nous ne verrons plus dans les sympathiques réunions de fin de
mois !
La chaleur et l’inaction fatiguent tout
le monde, heureusement que l’ami « Gras » est là pour faire oublier
tous ces maux ! Quelques convoyages d’avions de Constantine à Alger ont
rompu hier la monotonie de notre vie actuelle, et l’entraînement reprend au
détriment des avions, qui sont devenu très fragiles sous le climat
africain…… pas vrai le Guennec ?
Interruption lu livre de
marche jusqu’au 9 septembre 1940
9 septembre
Et bien oui !... Allah a voulu que
le Groupe résiste à la désagrégation générale de l’armée et le voilà plus
complet que jamais en compagnie du GC 2/3 sur le terrain de Maison Blanche. Le
personnel des groupes dissous est réparti dans les groupes qui subsistent
encore, et nous retrouvons ainsi avec plaisir d’anciens camarades de Chartres.
Deux nouveaux pilotes sont affectés à la
« 6 », les sergents Ghesquière et Michaux. Les vols d’entretien
continuent au ralenti ; s’ils entretiennent les pilotes ils ne font pas de
même avec les avions qui ont de plus en plus un grand Amour pour le plat
ventre… A quand la quintonine pour les trains Messier ?
Lundi 14 octobre
Depuis près d’un mois toutes les têtes
du groupe attendent le coup de hache fatal de la commission d’armistice qui en
trois mois, doit faire d’un aviateur invaincu, un civil plein d’amertume.
Un triste hasard et les circonstances
font que nous allons perdre le Commandant Stehlin, rappelé à Vichy vers des
fonctions plus importantes.
A 11 h00 eut lieu l’arrosage de son
départ, arrosage triste malgré l’ambiance et le soleil car le Commandant laisse
un souvenir ineffaçable dans le cœur de chacun d’entre nous.
16 octobre
Une patrouille est désignée par le Lt
Legrand pour aller accompagner en mer l’hydravion emportant vers Marignane le
Cdt Stehlin ; malheureusement l’hydravion décolla à 9h00 du matin, et la
patrouille à 9h30 !
La première liste noire arrive (dessin
d’une hache) et va nous faire perdre un officier estimé de tous, le Lieutenant
Legrand, qui atteint par la limite d’âge va bientôt partir en zone occupée, à
Chartres, d’où nous étions partis plein de courage et surtout d’espoir…. ;
triste retour au chose d’ici bas !
22 octobre
Un autre pilote de l’escadrille nous
quitte, affecté en Indochine ; c’est le « bicot », l’ami Diaz,
sorti numéro 1 à la loterie des futurs coloniaux.
23 octobre
Le Lt Legrand s’est embarqué ce matin,
plusieurs pilotes du Groupe allèrent à l’embarcadère l’accompagner.
Les vols continuent régulièrement à
raison de 2 heures par avion et par semaine et même le « cheval de
bois » périodique est respecté par le Lt Steunou qui le 18 de ce mois,
essaya le demi-tour de pied ferme avec son « 25 ». Japiot fit mieux
ce matin en nous montrant que le plat ventre train rentré se passait très bien
sur Dewoitine 520 !
28 octobre
Deux événement marquent le début de
cette journée et de la fin du mois ; le retour du « grand
Sachem » et le départ du groupe demain pour Casa.
A signaler le
« caméléonage »après un mois de la chevelure du « grand
Sachem » qui peut faire concurrence maintenant aux blondes oxygénées
d’Hollywood !
29 octobre 1940
Depuis huit heures du matin, tout le
Groupe attend en tenue de vol que les nuages acceptent de s’élever plus haut
pour permettre décollage vers Casa. Entre 11 heures et midi le Groupe décolle
par patrouille de trois via Oran
Atterrissage normal à Oran.
30 octobre 1940
Arrivée du groupe à Casablanca Gauthier
qui, ayant demandé une permission de détente n’effectue pas le déplacement part
en France […]
Transcription et illustrations:
Sans connaissance à ce
jour de la suite de ce document… si elle existe !
Si une bonne âme la
possède, merci de me
Monsieur Lionel BRUNET, petit
fils de l’adjudant-chef Albert BALMER
affecté au GC III/6 le 15
juin 1941, pendant la Campagne du Levant, nous a transmis en mars 2020 les
photographies du livre de marche de la
sixième Escadrille du GC
III/6 pour la période 21 mai 1941 / juillet 1943. La retranscription qui en a
été faite est accessible par le lien suivant :
Livre
de Marche de la 6ème escadrille – Seconde partie – Campagne du Levant (1941)
Livre
de Marche de la 6ème escadrille – Troisième partie – A.F.N.
Autres liens :
Livre de Marche de la 5ème
escadrille
Page
d’accueil du site de François Xavier Bibert
FAC SIMILÉ de la COUVERTURE et d’une DOUBLE PAGE
du LIVRE de MARCHE de la 6ème
ESCADRILLE