P
Lieutenant PIERRE MARIE LE GLOAN
Pilote au GROUPE de CHASSE
GC 3/6
5ème Escadrille
(1913 – 1943)
Le sous-lieutenant
et le célèbre masque « sévère » ou
« tragédie » de la 4ème Escadrille du GC III/6
Cliquez sur la photographie
pour voir la célèbre photographie du lieutenant LE GLOAN devant son Dewoitine
520 à Alger en septembre 1941
Page
d’accueil du site de François-Xavier BIBERT
Les
hommes du GC III/6 - Historique
officiel du GC III/6 - Livre du marche
de la 5° - Livre de marche de la 6°
GC
3/6 - La journée du 15 juin 1940 – Rapport
d’engagement du 15 juin 1940
Pierre LE GLOAN sur le site « Memorial-genweb »
Pierre LE GLOAN
sur le site « Mémoire des Hommes »
A la déclaration de guerre
A la signature de l’armistice,
neuf mois plus tard, un nouveau LE GLOAN est né ; il est sous-lieutenant
depuis quelques jours, il est un des « AS » de la campagne de France,
puisqu’il a officiellement onze avions allemands ou italiens à son tableau de
chasse, dont quelques uns en collaboration avec ses
équipiers, 7 citations, la croix de guerre, la médaille militaire et qu’il va
recevoir la Légion d’Honneur quelques jours plus tard. Tout le monde parle de
lui !
C’est le 15 juin au Luc (Var)
que tout s’est décidé, lorsqu’en moins de 3/4 d’heure et en une seule sortie à
bord d’un Dewoitine D.520
flambant neuf qu’il ne pilote que depuis quelques jours, il va abattre
plusieurs avions italiens. Cinq victoires seront très ou trop rapidement
homologuées à son actif par l’Etat-major, dont deux en collaboration avec le
capitaine Jean Assollant.
Une promotion et une légende
digne de l’épopée napoléonienne ou des meilleurs faits d’armes de 1914, toutes
proportions gardées…
Breton pas toujours commode, ses
amis sont rares. Fin février 1936, le GC 1/6 de Chartres, où
GC I/6 à Chartres, puis en AFN à partir de
mars 1939
Insigne « tête de guerrier
gaulois », tradition SPA 96
Insigne « Fanion Bleu et Blanc »,
tradition SPA 12
A Sétif/Aïn-Arnat,
en mai 1939, des Morane 406 du GC I/6 et du GC 1/7 qui composent l’Escadre de
Marche d’Afrique du Nord (EMAFN)
Au premier plan le n°31 codé « 3 »
portant l’insigne de la 2ème escadrille du GC I/6 – SPA 12
« Fanion bleu et blanc »
Collection
Personnels de l’Escadre de Marche d’Afrique
du Nord (EMAFN) à Sétif/Aïn-Arnat en mai 1939 - LE
GLOAN, accroupi, est le 3ème en partant de la gauche
A droite, un Morane 406 portant l’insigne de
la 1ère escadrille du GC I/6 – SPA 96 (« Tête de guerrier
gaulois »
Collection
Acte de naissance
de Pierre LE GLOAN
Issu d’une modeste famille de
paysans de Kergrist-Moëlou, ancien département des Côtes du Nord, au lieu-dit Moustermeur »,
A cette époque, les pilotes
étaient brevetés au fur et à mesure de l'exécution des épreuves ; montée
en altitude, voyage triangulaire, etc. Ce n'est que plus tard que les
promotions seront brevetées « en bloc » à la même date. Les camarades
de
Orfila Jean |
23336 |
10/07/1931 |
Gamaury |
23384 |
30/07/1931 |
Bruckert Henri |
23337 |
10/07/1931 |
Cayol |
23402 |
05/08/1931 |
Manscourt Raymond |
23339 |
11/07/1931 |
LE GLOAN |
23419 |
07/08/1931 |
Beaudelin Jean |
23338 |
11/07/1931 |
Lérat Georges, |
23423 |
08/08/1931 |
Brian Georges |
23345 |
18/07/1931 |
Lieure Gaston |
23446 |
10/08/1931 |
Sotty Henri |
23346 |
18/07/1931, |
Vidal Armand |
23447 |
11/08/1931 |
Vogel Auguste |
23357 |
24/07/1931 |
Boyer René |
23448 |
12/08/1931 |
Pascal Gabriel |
23358 |
27/07/1931 |
Masson Raoul |
23449 |
13/08/1931 |
Rêves et… engagement…
A droite, en détente à Bandol, sur un bateau
vers l’Ile de Bendor : LE GLOAN, HUVET et TITARD
Les trois escadrilles du 2ème RAC
(Régiment d’Aviation de Chasse) de Strasbourg en 1932/133
7ème Escadrille, SPA 57,
« Mouette en vol » - 9ème Escadrille, HD 174, « Tête
de Mercure » - 10ème Escadrille, SPA &24, « Buste de
Jeanne d’Arc »
Après un complément de formation
au centre de perfectionnement au pilotage d’Istres, il rejoint le 2ème
Régiment de Chasse de Strasbourg où il est affecté avec le grade de caporal le
15 mai 1932 au 3ème groupe
commandé par le commandant Rougevin Baville aîné, qui comporte 3 escadrilles, la 7ème (SPA 57,
insigne « Mouette en vol »), la
9ème (HD 174, insigne « Tête de Mercure ») du
capitaine Monnot et la 10ème (SPA 124, insigne « Buste de
Jeanne d'Arc ».) commandée par le lieutenant Castanier qu’il retrouvera
commandant au GC III/6 plus tard. Le service militaire dure à l’époque
18 mois, les pilotes sont normalement nommés caporaux au bout de 9 mois et
sergent de réserve lors de leur démobilisation. Ainsi, au début de l’année
1933,
Rare photo d’un Nieuport-Delage 620 de la 9ème
escadrille du 3ème groupe du 2ème RAC de Strasbourg avec
la « Tête de Mercure »
Appareil que pilotait
Collection
Pour la petite histoire, c’est à
Strasbourg qu’il a fait la connaissance de Jean Yves (Yvon) Ehrhard.
Ce mécanicien alsacien, qui le suivra fidèlement pendant de nombreuses années,
a raconté en 1980 une anecdote le concernant (1), lors d’une réunion des
« anciens de la BA 122 de Chartres » à laquelle il participait avec
son grand ami Joseph Bibert.
(1) Yvon EHRHARD (1912/1986)
parle de
«...
avec nos chaussures à clous appelées « Clémenceau » nous ne passions
pas inaperçus, ne serait-ce que par le tapage... Nous avons particulièrement
sympathisé au cours de la campagne de tir qui se déroula durant l’été 1933 chez
les marins, à Hyères Palivestre. Les 3 groupes du 2ème
R.A.C. y effectuèrent, à tour de rôle une période de 15 jours. C'était la 1ère
campagne de tir de
Nous avons été nommé sergent en même
temps, le 1er septembre 1933. Selon la coutume nous avons préparé un arrosage
en commun en délaissant les apéritifs traditionnels au profit, province oblige,
d'un « gewurztraminer » de derrière les fagots, ramené de Turckheim,
en oubliant de passer par la Régie.
Le jour du pot arrivé, avant le déjeuner, devant les tables
impressionnantes, garnies de flacons, d'amuses gueules et de cigarettes, les
officiers et sous-officiers du groupe, pilotes et mécanos étaient rassemblés.
Il manquait hélas un nouveau promu et pas n'importe lequel. C'était notre
L'absent se faisant toujours attendre, la majorité du personnel
présent dans le local des futures agapes, sortit sur le terrain pour scruter l'horizon.
Enfin le ronflement caractéristique d'un 500 Hispano ! C'était bien l'avion du
patron qui se présentait dans l'axe de la piste. Aux premières loges, le
Commandant de Groupe ouvrait grand ses yeux pour suivre cet atterrissage. La
première « bosse mobile » paraissait inévitable ; elle fut suivie par
plusieurs autres rebondissements qui se terminèrent, en bout de terrain, par un
retournement sur le dos spectaculaire. Les secours furent immédiats, mais le
taxi était H.S.
Le grand
Maintenant d’active, et redevenu
provisoirement caporal, LE GLOAN est rapidement nommé sergent et il rejoint
lors de sa création en septembre 1933 à Reims, la 6ème escadre de
Chasse, mise sur pied suite à la dissolution du 2ème Régiment
d'Aviation de Chasse de Strasbourg (2ème RAC). Elle réunit alors
deux groupes ; le GC I/6 avec les escadrilles SPA 95 (Hirondelle) et SPA
153 (Gypaète) et le GC II/6 avec les escadrilles SPA 26 (Cigogne allongée) et
SPA 124 (Buste de Jeanne d’Arc). Fin 1934, la 6ème escadre de
chasse, avec LE GLOAN, est transférée de Reims à Chartres, alors que la 42ème
Escadre Mixte (42ème EM) de Chartres s'installe à Reims. A
l'occasion de cette permutation géographique, ces deux escadres s'échangent
leur premier groupe. C'est ainsi que le nouveau groupe de chasse I/6, équipé de
Nieuport Delage 62, puis 621 C, perpétue dès lors les traditions des SPA 96
(Tête de guerrier gaulois) et SPA 12 (Fanion bleu et blanc). Dans ce groupe, LE
GLOAN, pilote confirmé et naturellement doué, tireur d’élite de surcroît, a été
en conséquence nommé rapidement chef de patrouille puis sergent-chef.
Joseph Bibert, d’une manière
parallèle et simultanée obtiendra son brevet de mécanicien et sera affecté au
GC 1/6 de Chartres. Entre Bretons, Alsaciens ou autres « fortes
têtes » de nos belles provinces françaises, l’ambiance était chaude certains
soirs dans les escadrilles… et dans les bals du samedi soir où ils étaient
courtisés !
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Nieuport
Delage 621 C |
Joseph BIBERT en 1935 à Chartres
|
Chartres 1935 - GC I/6
Ils se retrouveront en 1939 au GC III/6
Photographie Joseph Bibert – Droits réservés
LA GUERRE
L’histoire de LE GLOAN pendant
la campagne de France et celle du Levant avec le GC III/6, cinquième
escadrille, arborant à partir de février 1940 le fameux masque noir
« Tragédie » ou « Sévère » ne peut pas être entièrement
racontée à partir du journal et du livre de marche de son escadrille
extrêmement succincts et souvent reconstitués. Mais heureusement, quelques
passionnés de l’aéronautique, dans des livres et des revues, ont tenté
patiemment de reconstituer au mieux les combats aériens de la seconde guerre
mondiale, grâce à d’autres archives militaires françaises et étrangères et à
divers témoignages. Merci à eux.
Une des nombreuses représentations épiques
du Morane Saulnier MS 406 n°597 de
arborant le numéro 6 et le masque
« Tragédie » de la 5ème escadrille du GC III/6
LES VICTOIRES de PIERRE LE GLOAN :
CAMPAGNE DE FRANCE
Profil du Morane Saulnier MS 406 n°597 de
23 novembre 1939 n°1 en coopération
(2 pilotes)
Venant de Bouillancy, le Groupe
GC III/6 s’est installé depuis quelques jours à Wez-Thuisy,
près de Reims. Une patrouille
légère constituée du s/c LE GLOAN et du s/lt
Martin (MS 406 n°413 « La Sardine ») est envoyée à la poursuite d'un
appareil ennemi vers midi. Après une heure de vaines recherches, alors que la
mission semble terminée, une nouvelle position leur permet enfin de mettre la
main sur un Do 17P isolé qu'ils prennent en chasse. Lors de la première passe
par l'avant, le s/c LE GLOAN l'ajuste de très près, puis après un virage serré,
les deux Morane ouvrent le feu par l'arrière.
Le bimoteur de reconnaissance du
5.(F)/122 alors basé à Köln-Wahn
(Cologne) tente une manoeuvre pour se dégager en
piquant à la verticale, mais les chasseurs restent collés à son sillage.
Finalement, après pratiquement 1/4 d'heure de rase-mottes et une dernière
rafale, le Dornier est contraint de faire un atterrissage en catastrophe à Bras-sur-Meuse au nord de
Verdun. Les trois membres d’équipage - Lt K. Behnke, Uffz. H. Schrutek et Uffz. A. Hermann –
sont faits prisonniers.
C'est la première victoire du
Groupe.
(voir « Le Morane Saulnier 406 » – Avions)
L’épave du Dornier 17 du 5(F)/122 abattu par la patrouille du s/c LE GLOAN (à gauche) et du s/lt MARTIN (à droite) le 23 novembre 1939 à Bras-sur-Meuse
Première victoire du Groupe GC III/6
Lire : « Schwarzer Donnesrstag » (Le
jeudi noir de l’aviation de reconnaissance allemande)
3 février 1940
Lors d’une prise d’armes sobre,
solennelle et glaciale sur le terrain de Wez, après
la remise par le général Vuillemin, Chef d’état Major
de l’Armée de l’Air, des insignes de Grand Officier de la Légion d’Honneur au
général d’Astier de la Vigerie, commandant la
Z.O.A.N., le lt Martin et le s/c LE GLOAN reçoivent
leur Croix de Guerre.
2 mars 1940 n°2 en coopération (2 pilotes)
Le Groupe est toujours à Wez Thuisy. L’hiver a été très
long, très calme et très neigeux. Les pilotes ont peu volé et s’ennuient ferme.
La chasse au lapin bat son plein dans la campagne…
Mais ce jour
là, le lt Martin et l'adj LE GLOAN sont en
l’air et ils réussissent à coincer un Dornier 17P de reconnaissance. La
poursuite s'engage et tourne à l'avantage des Morane qui au bout de 7 à 8 minutes
ouvrent le feu sur le Dornier par l'arrière. Celui-ci (WNr
17360, codé 6M+AM, du 4.(F)/11) part en descente, le
combat se poursuivant au ras des arbres, mais les rafales de plus en plus
précises, qui endommagent son empennage, achèvent le bimoteur qui va se poser,
train rentré, à 2 km au sud-est de Bouzonville, au lieu-dit La Ferme
Sainte-Marie.
Le livre de marche de la 5ème
précise simplement : « LE GLOAN a huit balles dans la queue. »
(SIC).
Pour la petite histoire, il faut
savoir que les trous de balles dans l'entoilage des Morane furent rebouchés par
les mécaniciens à l'aide de pastilles frappées de la croix gammée !
(voir aussi :
« Le Morane Saulnier 406 » – Avions)
Le Dornier 17 WNr
17360, codé 6M+AM, du 4.(F)/11) abattu par l’adj LE
GLOAN et le lt MARTIN le 2 mars 1940 à Bouzonville
FF Fw Heinz BÄR, BO
Oberlt Adolf LEUPOLT, BF Fw
Karl LEJCYK blessés etcapturés.
Mars 1940 - Cornillet,
aérodrome de Wez-Thuisy sous la neige
Rare photographie du sgt/c
LE GLOAN en tenue de vol, au retour d’une mission avec le sgt/c
CHARDONNET
Le capitaine JACOBI, commandant la 5ème
escadrille du GC III/6, accueille ses pilotes
Mars 1940 - Cornillet,
aérodrome de Wez-Thuisy – Pilotes et mécaniciens de
la 5ème escadrille du GC III/6 devant leur PC
A cette époque,
Collection personnelle Jules Piesvaux
– Droits réservés
1 avril 1940
11 mai 1940 n°3 en coopération (7 pilotes)
Le GC III/6 est depuis le début
du mois à Chissey sur Loue dans le Jura quand la
grande offensive allemande débute. Bien qu’assez loin de la zone principale des
combats le Groupe est mis à contribution.
Au début de la matinée, les
Morane du GC II/7 de Luxeuil ont décollé pour protéger leur terrain et s’en
prennent à un dispositif de Heinkel 111 venu les bombarder. Un appareil
allemand est difficilement abattu et tombe finalement sur l'église du village
de Brassy dans le Morvan.
Seule la patrouille du s/c Doudiès n'a pas participé à ce combat. En rentrant, elle
tombe sur un autre groupe de 16 Heinkel 111H du Stab
I/KG 51 partant bombarder Châteauroux. Arrivée à bonne distance, elle passe à
l'attaque, mais les équipiers du s/c qui ont des problèmes doivent abandonner
le combat. Doudiès obtient heureusement l’aide près
de Gray d’une patrouille
double du GC
III/6 composée de LE GLOAN – sgt Trinel
– sgt de Gervillier (MS
n°803 « Le Dahu ») et cne Jacobi – s/lt Salaün – s/lt
Cavaroz.
Le livre de marche de la 5ème
signale deux avions touchés et un abattu. Les rapports de combat signalent que
le premier avion que LE GLOAN a attaqué part en spirale, mais il ne pourra pas
être homologué. Un second, le Heinkel codé 9K+GH, s'écarte à son tour sous les
coups en dégageant de la fumée. Les 6 Morane du GC III/6 et celui du GC II/7
s’acharnent les uns après les autres sur l’allemand pour l’abattre. Ce
bombardier peut cependant se poser sur le ventre vers 10h 00 à Pirey dans le
Jura. Son équipage tente de l'incendier avant d’être fait prisonnier ; Fw K. Zähnle qui est légèrement
blessé est hospitalisé à l'hôpital St-
(voir aussi le
« Le Morane Saulnier 406 » – Avions et Histavia21.net)
14 mai 1940 n°4 en coopération (4 pilotes)
Junkers 88
Les journées du 11 et du 12 ont
été relativement calmes pour le GC III/6, excentré de la zone des combats
principaux. Mais le 14 sera plus animé, car les Allemands ont lancé leurs
bombardiers sur Dijon. A partit de 11h00 l’envol des patrouilles est soutenu.
La patrouille polonaise ouvre le bal et s’en prend à un peloton de Junkers 88.
Le s/lt Kawnick (2)
abat un appareil qui tombe à Preigney (Ju 88-A1 W.Nr.4008 9K+EL 3./KG 51 - formation de 9 appareils + formation de 11 -
Pilotes prisonniers) (fait d’armes indiscutable non signalé dans le livre de
marche de la 5ème escadrille à laquelle la patrouille polonaise
était pourtant rattachée).
(2) Kawnick
dans tous les documents français, mais Kawnik dans les documents polonais
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Le Junkers 88-A1 W.Nr.4008
9K+EL 3./KG 51- abattu le 14 mai 1940 à
Preigney par le sous-lieutenant Kawnick en fin de
matinée Archives |
Une demi
heure après le s/c Boymond de la 6ème,
qui s’est retrouvé isolé, attaque vaillamment 3 Heinkel 111 et disparaît ;
son corps ne sera retrouvé que le lendemain dans les débris de son MS 406 n°
684 tombé à Prenois.
La patrouille adj LE GLOAN, sgt Trinel et sgt
de Gervillier arrive à Dijon après le terrible
bombardement de l’aéroport et elle est envoyée vers Vesoul. Ces trois pilotes,
rejoints par le s/lt Stenou
qui volait initialement avec le s/c Boymond, s’en
prennent au dessus de Gray à un Heinkel 111 (n°.2648
9K+DD Stab III/KG 51) dont les moteurs fument
rapidement et qui atterrit en catastrophe au Val d’Ajol,
près de Fougerolles vers 12h45, au lieu-dit « Larrière ».
Le radio Uffz Gerhard Schildt sera tué en vol, les
autres Allemands sont faits prisonniers. Il s’agit du pilote Obfw Herbert Matt, de l’observateur blt
Siegfried Barth, du mécanicien Heinz Kazmirowski et
du mitrailleur Gefr Fritz Backhaus. On raconte qu’au
moment de leur arrestation, ils semblaient certains d’être bientôt libérés par
l'armée hitlérienne !
Mais ces combats du milieu de la
journée du 14 mai ont été menés par les patrouilles du III/6 d’une manière
assez confuse, ce qui n’échappera pas au lieutenant-colonel Dauphinet
(3),
commandant le sous-groupement 41, et qui à ce titre avait la charge d’analyser
les comptes-rendus d'engagement des pilotes, avant de les transmettre au
Général commandant la zone des opérations aériennes Sud.
Fait assez exceptionnel, il
rédigera l'avis ci-après, qui malgré certaines précautions de rédaction, se
montre finalement assez critique, puisqu’il parle de « faute », alors
que les escadrilles sont plutôt habituées dans ces jours difficiles à recevoir
des « citations ». Il est vrai aussi que les gros dégâts occasionnés
à la base de Dijon-Longvic par les bombardiers allemands devaient trouver une
explication…
« Dans cette affaire, les éléments
du Groupe III/6 engagés contre un ennemi très supérieur en nombre, ont fait
preuve d'un allant digne des plus grands éloges.
Il est vraisemblable que les résultats
obtenus auraient été bien supérieurs si les patrouilles avaient agi avec plus
de cohésion.
L'examen des comptes rendus montre, en
effet, des départs successifs de patrouilles.
·
Patrouille polonaise 11h05
· s/c. BOYMOND 11h35
· adj LE GLOAN 11h 40
·
s/lt VILLEMIN 11h45
Exception faite pour la patrouille
polonaise décollant sur un renseignement déterminé, les trois autres
patrouilles devaient constituer un tout et s'attaquer, toutes forces réunies, à
l'expédition de bombardement de la base aérienne de LONGVIC.
Au contraire, les efforts ont été
dispersés, le sergent-chef BOYMOND, le sous-lieutenant KAWNICK se trouvant
isolés, attaquent chacun un peloton alors qu'une patrouille entière
(patrouille de l'adjudant LE GLOAN) s'attaque à un seul HEINKEL 111.
Il est parfaitement admissible
d'excuser cette faute de manoeuvre après
quatre jours de combats intensifs.
Les résultats de l'engagement (deux
avions abattus) ont heureusement couronné les efforts individuels ;
toutefois, nous avons à déplorer la perte de sergent-chef BOYMOND, qui
avec le plus grand courage, s'est porté seul à l'attaque de trois avions
ennemis. »
(3) Le lieutenant-colonel
DAUPHINET a succédé au colonel LAMON (+ 10/05/1940) comme Commandant du
Groupement de Chasse 24. A la date du 15 mai, ce Groupement devient le
Sous-Groupement 41. Un nouveau Groupement 24 est formé sous les ordres du
colonel TURENNNE ; il comprend toutes les formations de l’Aviation de
Chasse de la Zone d’Opérations Aérienne des Alpes.
Début juin 1940 – Le Luc en Provence
A la terrasse de l’hôtel restaurant« L’Etape »,
59 avenue Jean Jaurès
Second plan : LE GUENNEC,GABARD
et PIMONT, pilotes à la 6ème escadrille
En bas, Madame CHARDONNET, son mari et LE
GLOAN, pilotes à la 5ème escadrille qui entourent la fille des
propriétaires de l’établissement.
Celle-ci porte sur son corsage les deux
insignes métalliques du GCIII/6 : « masque sévère » à gauche et
« masque rieur » à droite
Collection personnelle Raymond GABARD – Droits réservés
Le même lieu, en 2013
10 juin 1940 – Le Luc en Provence
Prise d’Armes au GC III/6 – Avant la remise
de la Croix de Guerre au Capitaine STEHLIN par son second, le capitaine
CHAINAT, quelques pilotes de la 5ème escadrille :
Une semaine plus tard,
Collection personnelle Jean Menneglier
– Droits réservés
13 juin 1940 n°5 et 6 en coopération (2 pilotes)
Le GC III/6 a été durement
éprouvé du 20 juin au 3 mai sur l’aérodrome de Coulommiers. Il est au bord de
la rupture. L’Etat-Major décide de le rééquiper en Dewoitine 520 au Luc. Le GC
III/6 se retrouve ainsi face aux Italiens quand Mussolini, tel un vautour,
déclare la guerre à la France pour récupérer quelques dépouilles.
Le 13 juin, dix bombardiers BR
20 italiens du 43ème groupe d’assaut, décollent du camp de Cascina Varga, dans le nord de l’Italie vers 9h20. Leur
objectif est le bombardement de l’aéroport de Fayence (3ème
escadrille) et de la base aéronavale de Hyères (4ème escadrille).
L’opération doit se dérouler en synergie avec également 10 appareils du 13ème
groupe. Des chasseurs sont chargés de leur sécurité.
Mais de mauvaises conditions
météorologiques, inhabituelles pour la saison, provoquent un tel retard que les
bombardiers arrivent sur zone longtemps après le début des opérations. Les
chasseurs sont repartis entre temps, car à court de carburant, et les laissent
sans protection. Après le bombardement (version italienne) trois appareils, les
MM 21503, MM 21504 et le MM 21505, se trouvent isolés de leur formation.
Pendant ce temps, alertés par le
guet du centre de Toulon, une patrouille de trois chasseurs Dewoitine D.520 du
Groupe III/6 conduite par l’adj
Le Dewoitine 520 de
Profil à la même échelle que celui du BR 20 et du CR 42
ci-dessous
Les rapports italiens permettent
d’en savoir un peu plus.
En fait, le MM21504, dont les
français ne parlent pas, est d’abord touché par plusieurs rafales. Son
Commandant, le s/lt Mario Rondinelli est tué sur le
coup et trois membres d’équipage blessés. Le copilote, le maréchal Raffaelo Bruni parvint à revenir à Cascina
Varga. Il recevra la médaille d’argent de la valeur militaire.
Le Fiat BR 20 MM21504 après son retour à Cascina Varga, posé endommagé par le copilote Raffaelo BRUNI
L’histoire du MM21503 est
dramatique. Pris de panique, son Commandant, le lieutenant Aldo Sammartano abandonne l’avion et son équipage et saute en
parachute par la trappe de secours. Il tombe en mer et ne sera jamais retrouvé.
Le reste de l’équipage, avec des blessés graves, parvient à quitter au dessus d’Agay l’avion fou, qui tombe au large du Cap
Camarat. Les parachutistes sont accueillis par des tirs de mitrailleuses. Deux
sont déjà morts en touchant le sol. Le troisième, le sergent
chef Giuseppe Goracci périt lynché par la foule (3). Le quatrième,
Natale Vanuzzo, ne doit la vie qu’à la protection de
deux courageuses personnes qui le recueillent et le soustraient à la vindicte
populaire. Ensuite, les gendarmes doivent sortir leurs armes pour le protéger
jusqu’à l’hôpital.
Le Commandant du troisième, le
MM21505, est le lieutenant Simone Catalano. Il essaie
de maintenir en vol le lourd bombardier mais, touché par une balle, sa blessure
est mortelle. Le pilote en second, le maréchal Ottavio Aliani
essaie de l’aider. Ils passent la frontière malgré un moteur droit hors d’usage
et le gauche ne fonctionnant plus qu’à 50%. Cependant en baie de San Stefano,
juste après San Remo, il n’y a pas d’autre choix que de tenter l’amerrissage.
Ils réussissent cette prouesse, mais le bombardier s’enfonce rapidement dans
l’eau. Seuls Aliani et le mécanicien Raffaelo Ferraris sortent avec
peine de la carlingue avant que l’eau ne prenne possession de l’épave,
entraînant avec elle le corps du lieutenant Catalano
et les deux autres membres d’équipage, le radio télégraphiste Salvatore Gaeta
et le sergent major mitrailleur Tommaso Ferrari. Les deux survivants attendent
les secours pendant près de deux heures. A titre posthume, Simone Catalano recevra la médaille d’or de la valeur militaire.
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Le trajet du Fiat BR 20 MM 21505 |
Son épave en baie de San StéfanoO |
De nos jours, l’épave est
souvent visitée par des plongeurs. Elle gît par 50 mètres de fond.
Le Fiat BR
20 « Cigogna » MM 51203
Profil à la même échelle que celui du D.520 ci-dessus et du
CR 42 ci-dessous
FIAT BR 20
- CIGOGNA Constructeur :
Fiat Aviazone Type : bombardier moyen Année du projet :
1936 Concepteur :
Celestino Rosatelli Membres d’équipage :
5 Envergure :
21,56 m. Superficie alaire :
74,0 m2 Longueur :
16,70 m Hauteur :
4,75 m Train d’atterrissage :
rétractable Moteurs :
2 Fiat A.80.RC.41
18 cylindres en étoile
Refroidissement à l’air Puissance :
1 014 CV chacun. Masse à vide :
6 700 kg Masse maximale :
10 100 kg Vitesse maximale :
430 km/h à 5 000 m Vitesse de croisière :
340 km/h Vitesse ascensionnelle :
? Plafond pratique :
9 000 m Autonomie opérationnelle :
2 750 km Armement défensif :
3 mitrailleuses Breda SAFAT
calibre 7,7 mm à l’avant
calibre
12,7 mm au centre, sur le dos du fuselage Chargement en bombes : 1 600 kg |
|
(3) Citation Né le 3 mars 1917 à Spoleto - Tué en combat aérien
au-dessus de Hyères (France) le 13 juin 1940 « Sous-officier copilote d'un bombardier, au cours d'une
attaque contre une base ennemie fortement défendue, malgré les conditions
météorologiques et le puissant barrage de l'artillerie antiaérienne, a
brillamment assisté son Commandant d'avion dans la réussite de l'attaque
contre l'ennemi. Attaqué par une nombreuse formation de chasseurs
ennemis est demeuré le seul pilote en état de contrôler l'appareil
et de soutenir un long et constant combat avec ses assaillants, réussissant à
en abattre un en flammes, alors qu'à bord de l'appareil, dont un moteur était
en feu, le mécanicien de bord avait été tué et les autres membres de
l'équipage blessés. A tenté de diriger sa machine, avec sa cargaison de
gloire et de morts, vers les cieux de sa Nation. Au milieu des flammes qui se
propageaient dans le fuselage, avec calme et détermination, a donné l'ordre à
ses compagnons blessés d'attacher le corps sans vie de leur camarade mort à
un parachute et de le lancer dans le ciel, afin que son corps glorieux ne
soit pas consumé dans l'enfer. Blessé et gravement brûlé, est descendu en parachute
au-dessus de la France, où une foule furieuse, contre laquelle il a épuisé sa
dernière énergie, lui a apporté son ultime récompense, la couronne des
martyrs. Dans son dernier souffle, a crié « Viva l'Italia ! ». |
15 juin 1940 n°7 et 8 en coopération (2 pilotes)
n°9, 10 et 11 individuelles
On est à huit jours de
l’armistice. Le GC III/6 est toujours au Luc.
En représailles aux
bombardements des ports italiens de Gênes et de Vado
par une escadre française, la « Regia Aeronautica » monte une opération de grande envergure
ayant pour cible les terrains d’aviation français de Cuers -
Deux groupes de 15 et 12 biplans
italiens ont pour mission le mitraillage en rase-mottes des avions au sol sur
les deux aérodromes, protégés à plusieurs niveaux par trois autres groupes
d’une douzaine d’avions chacun.
Quelques Bloch 151 de
l’escadrille AC 3 de l’Aéronautique Navale de Cuers tentent
d’affronter les italiens qui en abattront deux et détruiront au sol au moins
six Vought 156. Plusieurs avions seront aussi
détruits ou endommagés au Luc ; Morane et Dewoitine.
Les Italiens reconnaîtront la
perte de 5 Fiat en territoire français, ce qui paraît juste, des dommages
irrémédiables sur plusieurs autres biplans qui parviendront cependant à
regagner l’Italie et la perte d’un bombardier BR 20 en mission d’observation au dessus du Luc.
Le Fiat CR 42 « Falco » du
capitaine FILIPPI
Profil à la même échelle que celui des D.520
et BR 20 ci-dessus
FIAT CR
420 - FALCO Constructeur :
Fiat Aviazone Type :
chasseur Année du projet :
1938 Concepteur : Celestino
Rosatelli Membres d’équipage :
1 Envergure :
9,70 m. Superficie alaire :
Longueur :
8,30 m Hauteur :
3,30 m Train d’atterrissage :
fixe Moteurs : Fiat A.74.RC.38 Puissance :
840 cv Masse à vide :
1 720 kg Masse maximale :
2 295 kg Vitesse maximale :
440 km/h Vitesse ascensionnelle :
730 m/mn Plafond pratique : 10 500 m Distance franchissable :
785 km Armement interne :
2 mitrailleuses Breda SAFAT de 12,7 mm Armement externe :
200 kg de bombes |
Une des 3 pales de l’hélice d’un des 2
moteurs du bombardier Fiat BR 20 MM21873 de l’escadrille de reconnaissance
stratégique 172a de la Regia Aenonautica,
abattu au dessus du
terrain du Luc le 15 juin 1940 par LE GLOAN, est conservée de nos jours au
« Musée historique du Centre Var » dans ce village provencal.
Merci à Madame Christiane Benazet,
adjointe à la Culture, pour les deux photos ci-dessus.
Du coté
français deux victoires seront décernées à l’Aéronautique Navale et 5
homologuées à l’adjudant LE GLOAN, dont une ou deux, suivant les documents et
les époques, en coopération avec Jean Assollant. Le
compte, comme souvent, n’y est pas tout à fait…
Le dispositif italien devait se
trouver éparpillé sur plus de 40 km dans tout le triangle Saint-Raphaël -Hyères
- Le Luc, avec des avions en retard volant encore vers l’ouest et des avions ne
pouvant sans doute plus combattre repartant par l’est. De ce fait, le film
exact de l’affrontement ne pourra sans doute jamais être parfaitement connu.
Mais cette journée a permis à
l’adjudant LE GLOAN et à son Dewoitine 520 n°277 codé « 6 », même
n’il n’a pas volé avec cet appareil fétiche pour cette mission d’entrer dans la
légende, et à d’autres d’écrire leur légende...
Cliquez sur
le titre ci-dessus pour savoir comment le Figaro raconte la journée de LE GLOAN
du 15 juin 1940
Une page spécifique a été
rédigée pour cette journée du 15 juin 1940 : on peut y trouver une petite
partie des éléments pouvant permettre à chacun de se faire une opinion de ce
qu’elle fût réellement (voir le lien ci-dessous).
GC
III/6 - LA JOURNÉE DU 15 JUIN 1940
Cliquez sur le lien
ci-dessus pour connaître tous les détails de la journée du 15 juin 1940
Quoi qu’il en soit,
Aucun pilote français n’a en
effet abattu autant d’avions en une seule sortie depuis René Fonck, avec ses
deux sextuples victoires pendant la guerre précédente. De ce fait, juste avant
le départ du III/6 pour Perpignan et son transfert pour l’Algérie, le grand as
de 14-18, alors lieutenant-colonel et Chef du Groupe de Contrôle aux Armées,
dépendant directement du général Vuillemin, Chef l'Etat-major de l'Armée de
l'Air, se rend donc au Luc pour féliciter son cadet. Il va aussi lui annoncer
sa promotion exceptionnelle au grade de sous-lieutenant.
Journal officiel du 14 juillet 1940
La propagande gouvernementale
française, reprenant les communiqués des états-majors qui avaient tendance à
broder un peu pour masquer la situation catastrophique dans laquelle le pays se
trouvait, s’empare de ce nouveau héros, pour avoir à parler d’autre chose que
de l’armistice qui s’annonce. La « légende
des 1 000 victoires de l’Armée de l’Air de 1939-1940 » va bientôt
être écrite et elle aura la vie dure. Les différents travaux faits depuis par
de nombreux historiens, de simples passionnées et aussi, malheureusement, par
certains auteurs mercantiles, sans aboutir finalement à mettre tout le monde
d’accord, ont permis cependant de réduire la fourchette du nombre d’avions
ennemis abattus ou détruits sur les différents fronts, de septembre 1939 à
juillet 1940. L’approche purement comptable des victoires de l’Armée de l’Air
est d’ailleurs sans intérêt primordial (4) : les recherches sont
faites trop souvent partialement sur des archives sujettes à caution, et sans
trop se préoccuper de ces jeunes hommes qui pilotaient des avions démodés et
inadaptés, avec une fougue et un enthousiasme jamais démentis,
souvent jusqu’au sacrifice suprême. Qu’ont-ils pu ressentir quand, vaincus, ils
ont pris conscience que la défaite de la France était celle des gouvernements
irresponsables et des états-majors incompétents des années 1930/1940, et non
celle de ceux qui ont fait sans broncher leur devoir en première ligne ?
Seules, l’analyse des causes et des conséquences de ces incuries servent l’Histoire
pour nous permettre d’assurer notre propre « devoir de mémoire »
envers eux !
(4) Pour se faire une idée de certains excès en la matière, lire : « 14
mai 1940 - Henschel 126 et Fairey Battle Sedan »
ALGER - MAISON BLANCHE -
1940/1041
Le sous-lieutenant
Eté1940 à Alger–Maison Blanche avec ses
mécaniciens, devant son fameux Dewoitine 520 n°277
Les mécaniciens sont l’adudant
Colin dit « Le père CO », le soldat Guillemette et le sergent Colin
dit « Le fils CO »
Le GC III/6 est maintenant
replié à Alger, en semi léthargie ; on vole peu…
La cinquième escadrille du GC III/6
Alger-Maison Blanche – 15 octobre 1940
Départ pour Vichy du commandant STEHLIN
De gauche à Droite Sgt PIMONT, s/Lt SATGÉ, Lt LEGRAND,Cne SAUTIER, Cne
JACOBI, s/lt BRONDEL, Cdt STEHLIN, Lt BOIRIES, s/Lt LE GLOAN, s/c
MERTZISEN, Sgt/C HARDONNET, Sgt/c LE GUENEC, Adj GOUJON
Collection Joseph Bibert
Le sous-lieutenant
avec la bande tricolore des « As » et
le « masque sévère » - Alger-Maison Manche et Casablanca– De l’été
1940 au début 1941
La casserole de l’hélice et la dérive du
chasseur seront peintes ensuite en jaune pour la campagne du Levant
Le Dewoitine 520 n°277 dans son hangar à
Maison-Blanche
Photographie Jean Menneglier –
Droits réservés
A gauche : adjudant Guy JAPIOT et
sous-lieutenant
A droite : lieutenant Robert MARTIN et
sous-lieutenant
Atterrissage à Bouïra
(Kabylie) lors du déplacement de quelques pilotes du III/6 d’Alger à
Constantine pour aller récupérer les Dewoitine D.520 encore sur place :
Un des moteurs du Potez 650 (n°2) qui les
transportait se mit à cafouiller et il dut se poser précipitamment en campagne
pour le plus grand plaisir des enfants autochtones...
Photographies Jean Menneglier –
Droits réservés
Alger -Maison Blanche – Début mai 1941
Le sergent Georges GAUTHIER de la 6ème
escadrille, qui vient de rejoindre le GC III/6 après un séjour dans les camps
de jeunesse,
pose avec son béret et son cuir de pilote à coté de son camarade devenu célèbre, le sous-lieutenant
Collection
CAMPAGNE DU
LEVANT - LIBAN et SYRIE - 05-07/1941
Quelques liens sutiles :
Quelques éléments
historiques sur la campagne du Levant
Le
Groupe GC III/6 et la campagne du Levant
Tout change en mai 1941. La
Syrie et le Liban, pays toujours sous l’administration de Vichy, sont menacés
par la Grande Bretagne. Le haut commandement donne l’ordre le 17 mai 194l au
commandant Geille, qui commande alors le GC III/6, de
se tenir prêt à être envoyé en renfort. Les Allemands, qui vont s’engager
contre la Russie vont laisser les Français faire face, en leur fournissant
cependant une aide logistique.
Le palmarès de LE GLOAN va donc
pouvoir s’étoffer pendant la campagne qui va avoir lieu, mais non pas par des
victoires sur des avions des forces de l’axe, mais sur des avions britanniques.
LE GLOAN est probablement le seul pilote français à avoir abattu des Allemands,
des Italiens et des Anglais…et il fallut une météo défavorable pour qu’il n’ait
pas à affronter les Américains lors de l’opération « Torch »,
le 8 novembre 1942, jour de leur débarquement en A.F.N.
C’est la fleur au fusil et avec
enthousiasme qu’on se prépare à aller se battre à nouveau dans les airs ;
va pour le Moyen-Orient ! Il est vrai que les avions sont magnifiques…
Les 26 Dewoitine, nez peints en
jaune à la demande de la commission d’armistice pour éviter toute méprise
pendant leur voyage par Tunis, Catane et Brindisi, Athènes et Rhodes, quittent
Alger le 24 mai 1941, pour atterrir à Rayack au
Liban (50 km plein est de Beyrouth) 4 jours plus tard, après 3 800 km
de vol dont 2 800 au dessus de la mer. Lors des
escales, les pilotes et les mécaniciens de la Regia Aeronautica et de la Luftwaffe ont eu tout loisir d’admirer
de près les splendides chasseurs aux couleurs de l’aviation de Vichy.
Le déplacement du GC III/6 d’Alger à Rayack
Croquis original annexé à « l’historique
officiel » du Groupe
Les pilotes sont fatigués,
surtout qu’ils ont été accueillis aux escales comme des visiteurs de marque. A
Athènes certains ont dû trouver le monde bien petit. ! En effet, lors de
leur victoire du 2 mars 1940, LE GLOAN et Martin avaient « récupéré »
le lieutenant allemand, chef de bord du Dornier abattu, et l’avaient invité à
dîner avant de l'envoyer en camp de prisonnier, poursuivant ainsi la tradition
chevaleresque des aviateurs de la grande guerre de 14-18. Or cet officier, bien
entendu libéré après l’armistice, se trouvait justement dans une unité de la
Luftwaffe basée à Athènes lors du passage du GC III/6. C’est donc lui qui pris en charge ses deux « amis » français à leur descente
d’avion et il les emmena ensuite faire le tour des boîtes de nuit de la ville
en les initiant à toutes les traditions bien germaniques de ces soirées très ou
trop festive. Cet officier survécut d’ailleurs au conflit puisqu’il eut
l’occasion de croiser lors d’un stage à l’EOAC 700 à Baden-Baden, en 1957, Jean
Menneglier et
26 mai 1941 - Pilotes du GC III/6 en visite
à Athènes avec leurs hôtes Allemands
Collection personnelle
Collection personnelle Jules Piesvaux
– Droits réservés
Dewoitine 520 sur la base de Rayack
n°382 du capitaine RIVALS MAZERES (33)
Collection personnelle
Les hostilités entre les forces
de Vichy et les anglais, rejoints par les F.F.L. (Forces Françaises Libres)
commencent le 8 juin.
8 juin 1941 n°12 individuelle
Dés l’aube une patrouille double
est détachée sur le terrain de Damas. LE GLOAN - Chardonnet, et Mertzisen - Coisneau, Ravilly – Meguet vont effectuer
un total de 10 sorties. A la mi-journée, Mertzisen
aux commandes du D.320 n° 329 est touché par des tirs anti-aériens de petit
calibre et doit se poser en catastrophe lors du mitraillage d’une colonne
motorisée. Pourtant blessé, le s/c Mertzisen pourra
regagner ses lignes à pied le lendemain. LE GLOAN passe au travers et découvre
peu après le Hurricane MK1 Z4364 du lieutenant J.R. Aldis
volant seul (N°208 Squadron) et il l’abat sans
difficulté en bordure du terrain de Damas.
Le Dewoitine 520 n°277 de LE GLOAN pendant
la campagne du Levant
Maquette (envergure : 1,80 m) appartenant à Michel
Sollacaro - Photo (Dunes de Temet au Niger) et
montage © fx-bibert 1988-2012
9 juin 1941 n°13 et 14 individuelle
Une fois n’est pas coutume,
commençons simplement par le rapport de mission rédigé par Le s/lt Gloan :
« 15h25 : sous-lieutenant LE GLOAN voit trois
chasseurs Hurricane venant de l’ouest dans le soleil La patrouille monte et se
place dans le soleil. Les chasseurs ennemis foncent sur les Bloch, mais nous
intervenons avant l'attaque. La patrouille Montribot
reste en protection. Le sous-lieutenant LE GLOAN attaque le chef de patrouille
anglais et l'abat en flammes; le pilote saute en
parachute au large. Le sergent Mequet attaque
l'équipier droit. Le troisième Anglais poursuit son attaque sur les Bloch, mais
ces derniers sont dégagés par Montribot. Le Hurricane
disparaît en fumée. Après avoir fait demi-tour, le sous-lieutenant LE GLOAN
voit un Dewoitine (sergent Mequet) dans la queue d'un
Hurricane. Mequet dégage, armes enrayées. Le
sous-lieutenant LE GLOAN attaque cet Anglais et l'abat en flammes. Le pilote
saute en parachute au large. La patrouille double rentre au terrain au complet.
»
Ce jour là,
le GC III/6 a en fait pour mission de protéger un groupe hétéroclite d’avions
partis pour bombarder l’escadre anglaise. Il s’agit de 6 Glenn Martin 167F du
GB 1/39 et de six antiques Bloch 200 du 3/39, ayant tous décollé de Madjaloun au Liban pour attaquer la flotte britannique.
Heureusement pour eux, deux Bloch ont été contraints à faire demi-tour avant
l’affrontement, car deux des quatre restants vont être abattus par des
Hurricane du 80ème squadron. Ceux-ci,
« voyant les bombardiers sans protection, ont pu se mettre en position
pour leur attaque sans avoir été repérés », d’après les rapports anglais.
Il y aura 3 tués dans les deux Bloch français.
|
|
Glenn Martin 167F |
Bloch 200 |
Lecture faite de son rapport, on
ne sait finalement pas très bien si LE GLOAN a attaqué le premier groupe de trois
Hurricane qui s’en sont pris finalement aux bombardiers français qu’il devait
protéger ou s’il est parti au devant d’un second
groupe de trois avions du 80ème squadron
venant rejoindre le premier.
Les Anglais, qui parlent bien de
deux groupes distincts de trois appareils, reconnaissent la perte de deux
avions avec les Pilot Officer Lynch et Crowther qui sont tués.
Le capitaine
Richard, le sergent Michaux et le s/lt Rivory alertés prennent la suite et affrontent aussi trois
Hurricane. Richard pique avec le feu à Bord mais rejoint Rayack.
Un Hurricane et le Dewoitine n° 346 de Rivory entrent
en collision frontale. Les deux pilotes s’en sortent vivant mais Rivory est fait prisonnier. Le sergent Michaux revendique
une victoire, mais deux Hurricane sont en fait bien rentrés à leur base…
Une fois de plus les comptes ne
sont pas justes… et le livre de marche de la 5ème escadrille ne
parle malheureusement pas de cette journée.
Le 10 en tout cas, le Groupe n’a
plus que 14 appareils « Bons de Guerre ». Le 12, le capitaine
Jacobi, qui commandait la 5ème escadrille depuis le premier jour
de la guerre est atteint par des armes légères lors d’un mitraillage au sol et
s’écrase « plein gaz » à 6 km au sud de Saïda. Le même jour un autre
D.520, celui du sergent-chef Montribot sain et sauf,
est perdu à l’atterrissage à Rayack. Le 14 c’est le
s/lt Brondel qui est pris à
parti par des Hurricane et par la D.C.A. et qui retourne son appareil sur une plage
de Beyrouth : il est juste légèrement commotionné. Le capitaine Sautier,
affecté à l’Etat Major du Groupe jusque là, devient
le nouveau patron de LE GLOAN comme commandant de la 5ème
escadrille.
15 juin 1941 n°15 individuelle
L’affrontement du jour a lieu
vers 9h45 à Ezraa. Il concerne coté anglais une
patrouille de six Gloster Gladiator
du 10ème Flight menée par le Flying
officier Young qui a décollé 15 minutes plus tôt pour le secteur de Kissoué. Coté français, le s/lt Gloan est à la tête d’une
patrouille triple de 6 D.520 qui a décollé beaucoup plus tôt en protection du
secteur Ezraa-Soueïda où les troupes de Vichy ont
lancé une contre-attaque.
Sur le papier il n’y a pas photo
entre les modernes D.520, rapides et bien armés et les biplans britanniques,
datant de 1934… mais ceux -ci sont plus maniables ! De plus les Français ont l’avantage ; la
patrouille haute de LE GLOAN plonge sur 3 Gladiator
qui volent à 2400m d’altitude et il abat immédiatement le F/O Craigie, dont l’avion, le n° K7947 s’abat avec son pilote 5
km à l’est d’Ezraa. Puis les choses vont assez mal
tourner. Selon la doctrine en vigueur dans la chasse française depuis la première guerre mondial et par excès de confiance, LE
GLOAN et ses équipiers se lancent malheureusement dans un combat tournoyant à
basse altitude très confus. Le capitaine Rivals-Mazères
croit avoir abattu un appareil. Le s/c Mertzisen,
sévèrement touché par le F/O Jeffrey, détruit son Dewoitine n°367 en se posant
en catastrophe dans les lignes anglaises. « Il réussira au bout de
quelques jours après une véritable odyssée à rejoindre son Groupe grâce au
loyalisme des tribus druzes : deuxième aventure » (livre de marche de
le 5ème escadrille). LE GLOAN, sévèrement accroché par le sgt Appleby, tuyauteries d’huile et circuit de mise à feu
des armes coupés, est « raccompagné » sur 50 km par deux Anglais
agressifs. Il peut cependant rentrer à Rayack, mais
en se posant violement sur le ventre (voir photo), il détruit complètement son
fameux D.520 n°277 codé « 6 »: seul
son amour propre est atteint.
Pendant ce temps la patrouille
basse française, les s/c Chardonnet, et Elmlinger et
le sgt Mequet se sont fait
surprendre par les trois autres Gladiator et rentrent
dans la mêlée. Ils revendiquent également un anglais abattu. Mais au final, les anglais ne perdent que
l’appareil du F/O Craigie abattu par LE GLOAN puisque
les autres rentrent, même celui du P/O Watson qui le ramène à la base avec un
empennage en bouillie.
Exceptionnelle et sans doute dernière photographie,
jamais publiée, du mythique Dewoitine D.520 n°277 codé « 6 »
du sous-lieutenant Pierre LE GLOAN après son
atterrissage sur le ventre le 15 juin 1941
Collection
Le livre de marche de la 5ème
escadrille fait état de 3 Gladiator descendus + 1
probable : toujours des problèmes de concordance dans les chiffres !
Cette journée n’est pas pour le III/6 une des plus glorieuses du et elle
laissera à tous un goût amer : le malaise a été d’ailleurs renforcé par la
perte du « 22 », le D.520 n°357 affecté
ordinairement au lieutenant Legrand, que l’adjudant Japiot, en panne de freins,
brise à l’atterrissage en début de soirée au terme d’un magnifique cheval de
bois.
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Gloster Gladiator |
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Les Français, qui semblaient
avoir gagné la supériorité aérienne dans les premiers jours de la guerre vont
petit à petit la perdre et le 18 les Gladiator
sortent encore victorieux d’un nouvel affrontement où les Français perdent deux
appareils (les n° 382 et 89), ceux du lieutenant Boiries
qui est tué et du sergent Pimont fait prisonnier, qui
après avoir encore une fois commis l’erreur d’engager un combat tournoyant, est
contraint à se poser dans les lignes ennemies. LE GLOAN n’a pas participé au
combat, n’ayant vraisemblablement pas compris les signes d’un de ses équipiers affolé. Il ne reste plus que 6 Dewoitine
« Bons de Guerre » au Groupe ce soir là. Le
20 juin, après l’arrivée de 5 nouveaux pilotes sur de nouveaux appareils et de
nouveaux prodiges des équipes de mécaniciens, le GC III/6 peut aligner 12 D.520
opérationnels.
Le sous-lieutenant
Collection
23 juin 1941 n°16 individuelle
Les Anglais changent de tactique
et mènent une attaque généralisée sur les aérodromes français en vue de
détruire le maximum d’avions au sol. A Rayack des
avions sont en l’air et les autres peuvent décoller avant l’attaque en deux
vagues de huit et six Hurricane (80ème et 260ème squadron) à quelques minutes d’intervalle.
Dans la mêlée qui s’ensuit 3 ou
4 Hurricane sont abattus. Le premier par LE GLOAN, le second par le capitaine
Richard, le s/c Mertzisen et le sgt
Coisneau en collaboration, le troisième par le lt Steunou seul et le dernier, sans certitude, par toute la
patrouille du lt Steunou qui vole avec le s/lt Satgé et le s/c MACIA.
Le nouvel avion de l’adjudant LE
GLOAN est cependant touché et il doit revenir rapidement se poser.
Faute d’avoir mené leur projet à
bien dans la matinée, c’est au tour de 12 puissants Curtiss P-40
« Tomahawk » des Australiens du 3ème RAAF squadron de s’en prendre aux Dewoitine de Rayack vers 18h40. LE GLOAN est touché par le Flying Officer Bothwell pendant
qu’il décolle, et pour la deuxième fois de la journée, doit revenir se poser,
cette fois avec le feu à bord. ; « L’avion
de LE GLOAN a les commandes coupées en combat, il se met deux fois en vrille,
redresse la deuxième au ras du sol et rentre au terrain en rasant les
cailloux » (livre de marche de la 5ème escadrille, qui ne
cite que cet incident pour toute la journée du 23 juin). Malgré tous les efforts des
mécaniciens, l’appareil ne pourra pas être remis en état avant l’évacuation du
terrain quelques jours plus tard :
Curtiss P-40 « Tomahawk »
Le s/L Steunou, D.520 n° 382 et
le sgt Savinel, D.520 n°
370 sont abattus et tués par le même Bothwell. Le capitaine Richard selon toute
vraisemblance touche l’appareil du Flying Officer Peter Turnbull qui va
s’écraser, sans dommage pour lui, avec son Tomahawk AK463 lors de son
atterrissage tandis qu’un de ses équipiers se pose avec un avion endommagé. Coté français, une victoire probable est aussi attribué à l’adjudant Balmer sans qu’il soit aujourd’hui
possible de la corroborer avec les rapports britanniques.
Flying Officer (FO)
P.St-G.B Turnbull (à gauche) et J.H.W Saunders, pilotes du N°3 Squadron RAAF au
retour d’une mission sur Curtiss P-40 Tomahawk
L’As australien Peter Saint-George BruceTurnbull
terminera la campagne du Levant avec un score de 4 Glenn Martin 167F (3
détruits et 1 endommagé) et 2 Dewoitine 520 abattus. Il perdra la vie en avril
1942 en affrontant les japonais en Nouvelle Guinée, avec un total de 10
victoires.
Le 27 juin après avoir encore
subi des pertes en matériel la veille, lors d’attaques au sol australiennes et
anglaises, le GC III/6 se replie, en Syrie, sur l’aérodrome d’Alep-Nerab loin au nord, où va se concentrer dans les jours qui
suivent tout ce qui reste encore de la chasse de Vichy au Levant, soit une
vingtaine de Dewoitine du GC I/3 et GC III/6 et quelques Morane 406 du GC I/7.
Début juillet, la petite vingtaine de bombardiers Glenn Martin 167F et de Bloch
200 du GB 1/39 et EB 1/39 présents au début de la campagne a été décimée par la
chasse australienne avec des pertes en hommes importantes. Il ne reste plus
qu’environ 25 Lioré et Olivier LeO
45, récemment arrivés au moyen orient, sur les aérodromes de Hama et de Homs un
peu plus au sud. Les quelques chanceux Martin 167F de l’Aéronautique Navale
survivants sont encore au Liban à Madjaloun.
Le GC III/6 participe à des opérations de mitraillage et de protection des
bombardiers, dont les équipages sacrifiés font preuve d’un courage trop souvent
oublié.
5 juillet 1941 n°17 et 18 en collaboration
Malgré quelques renforts (arrivée
des capitaine Naudy, lieutenant Mourrier,
sergent-chef Loï et sergent Farriol
le 4 juillet), les pilotes sont épuisés. Dans la chaleur de désert d’Alep il
faut maintenant voler plus de deux heures et demi pour une vingtaine de minutes
de présence sur les zones de combats. Le front à l’est se rapproche de plus en
plus, après la chute de Palmyre puis de Deir el Zor.
L’escadrille AC 1 de l’ Aéronautique Navale se pose
tardivement en renfort à Alep avec 12 D.520 avant de regagner Madjadoun au secours des bombardiers restants.
La dernière bagarre des GC III/6
et du GC I/3 a lieu le 5 juillet 1941 au dessus de
Deir et Zor où sont alignés 12 D.520. Les anglais
sont là avec 4 Gladiator et 2 Hurricane du 127ème
squadron. Le GC I/3 ne trouve pas les Gladiator qui s’en sortiront mais le GC III/6 pourra mettre
à son tableau de chasse les deux Hurricane. LE GLOAN, Mertzisen
et Barberis abattent le premier à 15 km au nord-est
de Deir et Zor (victoire homologuée en collaboration
pour les deux premiers pilotes) et le second est contraint à se poser dans le
désert par le capitaine Richard et le sgt Loï (victoire homologuée en collaboration pour les deux
pilotes et l’adjudant LE GLOAN). Les deux pilotes des Hurricane, le flying lieutenant Cremin et le squadron leader Jim Bodman,
commandant du 127ème s’en sortiront, et après quelques aventures
avec les tribus locales, pourront rejoindre leurs lignes peu après. Il existe
une lettre précieuse (5) du canadien Jim Bodman dans laquelle il raconte son combat.
(5) Lettre de
Jim Bodman
« J'ai regardé sur ma gauche et j'ai eu un coup au cœur en
apercevant une formation de sept bombardiers ennemis au même niveau que nous
et, au-dessus d'eux et bien au-dessus de nous, cinq chasseurs Dewoitine. Comme
convenu, les quatre Gladiator ont immédiatement viré
pour faire une attaque par l'arrière, tandis que je me suis tourné vers les
chasseurs.
Un a foncé droit sur moi et je pense que nous avons ouvert le feu
en même temps, parce que j'ai vu les éclairs rouges de ses armes. Nous avons
tous les deux rompu en virant à droite. Les autres me
sont tombés dessus de tous les côtés et j'entendais les balles siffler autour
de moi, un bruit très désagréable. J'ai ouvert la suralimentation d'urgence
pour me donner le maximum de puissance et j'ai réussi à tirer quelques rafales
sans grand effet apparent. Après environ cinq minutes qui m'ont paru cinq ans,
ils m'ont forcé à perdre de l'altitude progressivement jusqu'à ce que l'un
d'entre eux se glisse derrière moi. Une rafale a touché le moteur qui s'est
arrêté net et j'ai été arrosé par l'essence qui a jailli dans l'habitacle. Des
taches rouges sont apparues sous la jambe gauche de mon short et sur le bras
gauche de ma chemise, mais je ne sentais rien. Une autre rafale m'a balancé une
volée de plomb sur le flanc et de petits copeaux de métal arrachés à l'aile
m'ont frappé à la tête, au-dessus de l'œil droit et à la jambe gauche. Mais, je
ne m'en apercevrai que plus tard. Je ne pensais qu'à une chose, me poser en
douceur en évitant l'incendie parce que je dégoulinais d'essence et elle
risquait de s'enflammer à la moindre étincelle.
J'ai regardé en bas, le paysage était très accidenté et sans
végétation avec des dunes hautes de 50 à 150 mètres à perte de vue. Ce n’était
pas du joli sable ondulant comme on voit sur les photos mais un mélange de
caillasses et d’argile. J'avais très peu de temps pour choisir un lieu
d'atterrissage car l'essence m'aveuglait en partie et le pare-brise était
maculé d'huile. Le train a refusé de s'abaisser, alors j'ai prié comme un
malade, j'ai tout coupé et j’ai redressé l’avion à trois mètres du sol. Par la
grâce de Dieu, j'ai pu poser la machine sur le ventre entre deux longues dunes
et j'ai glissé tout le long sans problème.
L'arrêt a été brutal, mais je m'en suis sorti indemne. Ma
première pensée a été que les Français pouvaient venir me mitrailler au sol,
alors j'ai détaché mes harnais et mon parachute, j'ai sauté hors de l'avion et
couru comme un dératé vers le plus proche ravin où je suis resté caché pendant
près d'un quart d'heure avec le cœur qui battait la chamade. Mais, ils étaient
partis, me laissant à mon problème de me sortir de ce pétrin… »
D’après
« Aéro Journal » hors
série n°8 - Le Dewoitine 520 - 12/2004
L’amiral Dentz et les forces de Vichy ont perdu la partie. Le
retour du GC III/6 vers l’Algérie est sa seule issue. Il est d’abord replié sur
le petit terrain de Moulimiyé, 20 km plus au nord. Le
GC I/3, n’a pas cette chance, faute de carburant. Quelques dernières missions
sont effectuées ; au cours de l’une d’elle le capitaine de Rivals-Mazères, ancien et futur commandant du Groupe après
l’intermède du commandant Geille doit poser sont
D.520 dans le désert près d’Abou-Hareira et parcourir
une trentaine de kilomètres à pied pour rejoindre la vie civilisée. L’appareil
sera récupéré par les F.A.F.L. et réutilisé pour l’entraînement des pilotes du
Groupe Alsace, créé début septembre 1941 à Rayack et
commandé par le commandant Pouliquen et le capitaine Tuslane,
puis par René Mouchotte qui aura comme jeune ailier
Le retour de la douzaine de
D.520 rescapés du GC III/6 se déroule dans une certaine confusion à partir du 9
juillet, via Rhodes, Athènes, Brindisi. Ils se posent le 15 à Alger, sauf LE
GLOAN retenu une nuit supplémentaire à Athénes, qui
ne rentre que le lendemain (5), le sgt Montribot en panne à Rhodes, de retour quelques jours plus
tard, et le lieutenant Mourier dont le moteur a pris feu, contraint à se poser
en Turquie où il sera interné et qui s’évadera en mars 1943 pour rejoindre le
Normandie-Niemen. Les pilotes sans avion et les « rampants » sont
embarqués dans la nuit du 8 au 9 juillet pour Athènes-.Eleusis dans un Dewoitine 338 d’Air France
Si le GC III/6 a remporté 24
victoires dont 21 sûres, il perd 8 pilotes ; 5 tués et 3 prisonniers Il
est arrivé à Rayack avec 25 avions sur les 26 au
départ d’Alger puisqu’un appareil avait du être abandonnée à Catane, il en a reçu 8 en renfort ou en
remplacement, mais il en a perdu 8 en combat aérien et 4 par des tirs de D.C.A.
En outre 2 appareils ont été détruits au sol, 4 accidentés et 4 abandonnés.
Son Dewoitine 520 n°277 ayant été détruit au
Levant,
Illustrations de Michel Martraix
Maquettes du D.520 n°277 du s/lt
réalisées par Lionel BRUNET, en hommage à son
grand-père Albert BALMER qui a cotoyé l’As au GC
III/6 penant deux ans, de la campagne du Levant en
1941 jusqu’aux sables du bled algériens en 1943
(5) Charles ILTIS (1902/1993)
parle de
Charles Iltis effectua la campagne du
Levant avec le détachement du GC III/6 comme Chef Mécanicien. C’était un
alsacien tout comme son grand ami Joseph Bibert, qui lui était resté à Alger.
Ils restèrent après la guerre en relation tout au long de leur vie. Charles Iltis aimait à raconter cette anecdote :
Le 14 juillet 1941 au matin, sur le terrain d'Athènes alors qu’il
prenait la piste d'envoi pour décoller vers Brindisi, sur la route d'Alger,
LE GLOAN, têtu comme un breton, voulait être dépanné rapidement
pour rentrer à Alger. Le terrain d'Athènes était occupé à ce moment par
l'aviation allemande qui disposait bien entendu d’ateliers bien organisés. Iltis, qui parlait évidemment couramment l'allemand, essaya
d’y trouver une hélice adaptable au D.520, mais hélas il ne trouva pas la
moindre hélice tripale en « substitute product ».
Il proposa donc à
L'hélice incriminée fut démontée et amenée à l'atelier industriel
de l'Air le 17 juillet. Le service des expertises dirigé par un ingénieur
militaire de l'Air n'a jamais produit son rapport contestant les possibilités
de vols d'Athènes à Brindisi avec une hélice ainsi modifiée et ceci malgré les
affirmations du capitaine Richard, commandant l'escadrille.
Alger - 26 juillet 1941 – En A.F.N. :
« L’Echo d’Alger » du 27 juillet 1941 – En métropole, à titre d’exemple :« Le Journal » du 28 juillet 1941
et les « InformationsGénérales de Vichy »
du 5 août 1941
Après la journée du 15 juin 1940
et la « récupération » de ses victoires contre les Italiens par le
Gouvernement de Vichy, les avions anglais abattus par LE GLOAN dans le ciel de
Syrie sont une aubaine pour « l’État Français », qui peut ainsi
alimenter sa propagande et reparler du « Héros National » qu’est devenu
« L’Aviation de Vichy au combat »
de Christian
Editions Lavauzelle
- 1985
L’ouvrage de référence indispensable
ALGER - MAISON BLANCHE -
1941/1943
Sur la plage d’Alger et sur l’aérodrome de
Maison Blanche en 1942
Sur la photo de Gauche, STEPHAN, GOUJON et
LE GLOAN
Sur la photo de droite, quelques mécaniciens
devant l’avion du Commandant du Groupe aux nouvelles couleurs de l’armistice
Le s/c BIBERT est à droite et le s/c ROBERT
à coté de lui
Photographies Joseph Bibert – Droits réservés
Le 9 septembre 1941, Pierre LE
GLOAN est promu au grade de lieutenant à titre exceptionnel. Plusieurs pilotes de
son escadrille qui avaient subi des fortunes diverses peuvent la
rejoindre ; le lt Martin (5/11/1941), prisonnier
en Syrie, qui a été libéré, le lt Salaün
(15/11/1941) prisonnier en Allemagne depuis le 21 juin 1940, qui a réussi à
s’évader (il sera malheureusement tué par la D.C.A. d’un croiseur britannique
le 18 mai 1942) et le lieutenant Cavaroz
(15/11/1941), blessé le 21 mai 1940, qui est enfin sorti de l’hôpital.
Un nouveau pilote est arrivé à
l’escadrille le 15 septembre ; il s’agit du lieutenant André
Sauvage qui rejoindra comme volontaire le Groupe Normandie fin 1943, tout
comme Gabriel Mertzisen. Il a survécu à la guerre avec 16 victoires
(dont 14 en Russie avec son Yakolev) et s’est rendu
aussi célèbre par son livre « Un de Normandie Niémen » qui fut un
best-seller dans les années 1950.
Une des plus belle
représentation du Dewoitine D.520 n°300 de
Illustration de George Olivereau
pour « Airfan n°65 de mars 1984 »
Pierre LE GOLAN, portant ses galons de
lieutenant, et le commandant Raymond DESTAILLAC, le 7 juillet 1942 à Alger -
Maison Blanche lors d’une remise de décorations
29 octobre 1942 – Passage en revue des
troupes de la garnison d’Alger par l’Amiral de la Flotte
Le lieutenant Pierre LE GLOAN est le porte drapeau de l’Aviation
« L’Echo d’Alger » du 30 octobre
1942
Dans la nuit du 7 au 8 novembre
1942 les Anglo-Américains débarquent en A.F.N. Le livre de marche de la 5ème
est laconique : « Les
américains débarquent à l’aube. Ils occupent hangars et locaux de Maison
Blanche. Nous nous retirons à Oued-Smar. Le
commandant Destaillac nous annonce officiellement que
nous allons reprendre la guerre contre les Allemands. Il faut attendre le
matériel américain… »
Oued Smar,
est un vieux cantonnement à deux kilomètres de Maison Blanche et non un terrain
d'aviation comme beaucoup d'écrits le laissent à penser ; les Dewoitine
immobilisés sont toujours garés en limite du terrain de Maison Blanche occupé
par les Alliés. Du coup les pilotes du III/6 s'ennuient ferme : certains
partent en permission et d'autres ont ainsi le loisir de fraterniser avec leur
nouveaux « amis », les pilotes britanniques et américains. Ils ont failli se
mesurer quelques jours plus tôt avec eux, mais un providentiel brouillard, que
certains regrettent, a interdit aux appareils français de décoller de Maison
Blanche le jour de l’opération « ‘Torch »,
contrairement à Oran et Casablanca où les combats furent sévères.
Début décembre LE GLOAN est
détaché quelques jours chez les Américains sur le terrain de Nouvion
(maintenant El Ghomri, 50 km au sud de Mostaganem),
avec le lt Rivory, l’adj Mertzisen et le s/c Farriol, pour
faire connaissance avec le nouveau fleuron de la chasse américaine, le puissant
bimoteur Loockeed P-38 « Lighting ».
Les conditions météorologiques sont détestables et seul LE GLOAN fera voler son
appareil. Rivory écrase le sien en bout de piste,
tandis que Mertzisen et Farriol
s’embourbent.
Du drapeau de l’État-Fançais
au drapeau des États-Unis -
Le Groupe II/5, escadrille des
« Sioux » du commandant ROZANOFF, qui a donné aux Américains avant
leur débarquement des gages de sa détermination à se battre avec eux, a échangé
à Casablanca ses vieux Curtiss H-75 contre des Curtiss P-40F courant décembre
et devient le Groupe « Lafayette ». Il arbore toujours l’insigne de
la célèbre escadrille américaine de 1914/1918, la « tête d'indien Séminole ».
Devenu rapidement opérationnel, il part se battre en Tunisie et passe par
Alger, où le 9 janvier 1943 une importante cérémonie de prise en compte et de bénédiction
des appareils est faite au cours d’une prise d’armes, en présence du général
BERGERET. Ceux du III/6 y participent et
Dans le journal de marche de la
sixième Escadrille du GC III/6 : «
...Giraud prend le commandement de l'armée d'Afrique. Après nous avoir laissé
entendre qu'il ne faut pas être avec lui, on nous apprend qu'il devient notre
chef. On ne sait plus que penser. Nous retournons notre veste une fois de plus.
Evidemment les événements nous y forcent. Mais notre désarroi est bien grand...
», et plus loin : « ...on a vite
oublié le 8 novembre. Il est vrai que maintenant l'avenir est sous un jour
nouveau. La vieille haine anti-germanique commence à
souder, et reprend le dessus. Il s'agit de faire partir de France ceux qui s'y
trouvent actuellement et qui font souffrir 40 millions de français. Une
politique positiviste, arriviste en somme, remplace la politique attentiste.
Nous verrons bien... ». Ce n'est pas vraiment le grand enthousiasme (6),
et bien malins ceux qui peuvent aujourd'hui savoir ce que chacun pensait
réellement au fond de lui-même à cette époque. On ne demandait finalement rien
d'autres aux soldats que d'obéir aux ordres de leurs supérieurs, pas de les
choisir. Ceux qui, plus tôt, avaient pris courageusement une autre direction,
guidés par un sens aigu de leur devoir, n'en méritent que plus d'honneurs.
(6) De nos jours, certains auteurs veulent gommer cette réalité
pour réécrire autrement la légende du pilote, voire « l’Histoire de
France ». On se demande bien pourquoi ils disent tant de bêtises par
ignorance ou idéologie sur ce sujet épineux !
Au printemps 1943 le GC III/6 est transformé
sur Bell Airacobra P.39 américains – Les Dewoitine
520, utilisés quelques jours en juin 1940 contre l’Italie puis malmenés en 1941
par les Britanniques, sont à bout de souffle
Mais c’est sur cet appareil que
Collection Joseph Bibert et Albert Balmer
Le GC III/6 s’installe fin
janvier à Aïn-Sefra (voir carte du
terrain d’aviation), 400 km plus au sud, à la frontière marocaine et
différents personnels sont envoyés en stage chez les, à Biskra (à 400km au
sud-est d’Alger, vers la Tunisie) et à Bir-Réchid
(Casablanca - Maroc), pour se familiariser sur le matériel américain. En mai,
le GC III/6 et LE GLOAN touchent finalement leurs nouveaux appareils ; Ce
seront des Bell Airacobra P 39.
Bell P-39 « Airacobra »
du GC III/6 – 5ème escadrille
Le moteur Allison du Bell P-39 « Airacobra » est placé au centre de la cellule, ce qui
complique énormément la maintenance
Photographies d’un appareil américain
ci-dessous
Le lieutenant LE GLOAN est
pressenti au cours de même mois de mai pour devenir le Commandant d’une 3ème
escadrille en projet pour le III/6 rebaptisé « Roussillon ». Elle
devrait reprendre les traditions de la SPA 84, le « renard au
monocle », mais cette 3ème escadrille embryonnaire ne verra
finalement pas le jour, contrairement à ce qui est généralement écrit, même
s’il semble que le lt le GLOAN aurait été
effectivement nommé le 26 juin 1943 à un commandement qu’il n’a jamais exercé.
Groupe GC III/6 « Roussillon » -
Projet de 3ème escadrille
Quelques jours plus tard, le 26
mai, lors d’une simulation de combat, il est aux commandes d’un P-39 en cours
de tests. Dans des circonstances obscures, sans doute un obscur défi personnel
entre les deux pilotes, un prolongement de leur « compétition »
engagée pendant la campagne du Levant, le capitaine Léon Richard qui lui
donnait la réplique sur le Dewoitine 520 n°162 se tue. Tous deux, ainsi que d’autres
pilotes du III/6 étaient restés des fervents partisans du régime de Vichy et
leurs sentiments anti-britannique et anti-gaulliste, n’avaient que peu
diminués, malgré le fait que l’activité aérienne de « l’Armée française de
l’Armistice » ne dépendait que du bon vouloir des Américains depuis le
débarquement des Alliés de novembre 1942 ! (Voir l’éloge posthume et la
biographie du capitaine
Léon RICHARD). L’enquête officielle de ce terrible accident conclura très
rapidement à une simple « panne d’essence » !
Capitaine Léon RICHARD
Commandant la 6ème escadrille du
GC III/6
Collection personnelle
En juin le III/6 est à Berkane, à
25 km au sud-ouest de Port-Say (sur la côte algérienne, juste à la frontière
marocaine, maintenant Marsa Ben M'hidi). En août, le
III/6 est envoyé à Lapasset (entre Oran et Blida,
maintenant Aïn-el-Hamman) (voir carte du terrain
d’aviation) et se trouve engagé dans des missions de patrouilles côtières,
une activité que n’aime pas les pilotes, parce qu’il faut se concentrer sur les
problèmes de navigation et aussi et surtout parce que les moteurs Allison de l’Airacobra sont sujets à des pannes fréquentes.
Le 11 septembre, LE GLOAN et le sergent Colcomb décollent tôt le matin en patrouille simple pour
une de ces fastidieuses missions. Au retour à la base, le moteur du P-39 de LE
GLOAN stoppe brusquement. Lui qui s’est toujours vanté d’avoir pu ramener son
appareil à la base, quel qu’en soit sont état, ne
veut pas s’éjecter et tente courageusement un atterrissage forcé.
Malheureusement, soit il oublie le réservoir auxiliaire placé sous le fuselage
de son avion, soit il ne s’aperçoit pas que le « belly
tank » ne s’est pas détaché s’il a voulu procéder à son largage, et
l’appareil disparaît dans une formidable explosion au moment même où il touche
le sol dans un champ de vignes en cuvette, près de Lapasset.
Rapport officiel de
l’accident du lieutenant Piere LE GLOAN
Âgé de 30 ans, marié depuis
seulement deux mois avec Mme Mireille FISCHER (7),
Pierre LE GLOAN est « Mort en Service Aérien Commandé (MSAC) » 26 ans
jour pour jour, heure pour heure, après Georges
Guynemer. Il est Chevalier de la Légion d'honneur, titulaire de la Médaille
Militaire et de la Croix de Guerre 1939-1945 avec dix palmes et une étoile et
il a reçu de multiples citations. Il a été inhumé à Mostagadem,
en présence de son vieux compagnon Gabriel Mertzisen
et de son mécanicien Omer Borreye. Ce n’est qu’un an
jour pour jour après sa mort, par la note n°4666/OREC du 11.09.44, qu’il fut
déclaré « Mort pour la France » (MpF). Cinq
ans après la fin de la guerre, sa famille a pris l’initiative de faire rapatriller son cercueuil et il
repose depuis le 7 octobre 1950 dans le petit cimetière de Plougernével,
dans sa Bretagne natale...
(7) Mireille Antoinette Louise IZERN, divorcée
de Louis FISHER (1911/2009)
Quelques erreurs sont à noter...
Lieutenant
Sa tombe à Plougernével
à la fin des années 1950
Bulletin de l’A.A.A.M.B.A.C.
Au moment où l'Etat-major a les
plus grandes difficultés à faire
fusionner les forces aériennes d'Afrique et des F.A.F.L (Forces Aériennes
Françaises Libres), si la disparition brutale du lieutenant LE GLOAN a été
douloureuse pour les quelques équipiers de la première heure encore à ses cotés en cette année 1943, elle a aussi retiré une belle
épine du pied au général d'Armée Aérienne René Bouscat, le nouveau Chef d’Etat
Major Général de l’Armée de l’Air depuis le 1er juillet 1943, qui aurait eu
certainement beaucoup de mal à lui confier un nouveau commandement sans faire
de vagues.
On se saura donc jamais si
(8) Jean Sauvage (1917/2014) à ne pas confondre avec Roger Sauvage (1917/1977), l’As aux 16
victoires, tous deux au « Normandie Niemen »,
mais c’est Roger Sauvage qui est l’auteur de « Un du Normandie Niemen »
(9) A Chartres au début des années 2000, parmi les rares survivants de celles
ou ceux qui ont bien connu les aviateurs de La Base
aérienne 122 d’avant
guerre, certains ont la certitude que LE GLOAN est mort glorieusement au
« Normandie Niémen »… Comme quoi il faut toujours se méfier des
légendes…
En 1950 sa Veuve, sa Famille et
la municipalité de Plouguernével organisèrent le rapatriement de la dépouille
de l’aviateur et son inhumation dans la sépulture familiale. La cérémonie eut
lieu le 7 octobre. Un télégramme de René PLEVEN, Président du Conseil, a été
reçu le 5 octobre par le Maire de la commune : « Serai représenté obsèques lieutenant aviateur Le Gloan – Stop - Ai donné instructions honneurs militaires
soient rendus – Stop – Cordialement. ». Ce qui fut fait par un
détachement d'aviateurs de Rennes et de Villacoublay, placé sous les ordres de
l'adjudant-chef Gadona. C’est le chef de cabinet de
la préfecture de Rennes qui représenta à la fois le Président du Conseil et le
Préfet. Le Ministre de l’Air, le Commandant de la 3ème Région
Aérienne et le Commandant de la base de Rennes s’étaient faits également
représenter par des officiers subalternes ; un service minimum donc, signe
évident de l’embarras des autorités civiles et militaires de l’époque. Voir
les informations sur cette cérémonie par ce lien.
La tombe de LE GLOAN, son nom
même tombèrent alors plus ou moins dans l’oubli en France et c’est sans doute
la publication de « L’Aviation de
Vichy au combat » de Christian
Mais le pilote avait gardé
cependant de solides amitiés. En Algérie, quand le colonel
(10) Les Généraux René
Chesnais et
Disons pour conclure que l’on
assiste très bizarrement depuis le début des années 2 000 à une certaine
« réécriture » de l’Histoire de 1941 et 1942, ainsi qu’à des
manifestations de « mémoire », qui font la part moins belle pour ceux
qui ont rejoint la France Libre les premiers et qui par contrecoup recherchent
les mérites oubliés de certains de ceux qui ont été fort compromis avec
l’occupant, voire condamnés à la libération ! Ce n’est certainement pas
par hasard !
(*) Note de l’État
–major de l’Armée de l’Air au sujet des archives du GC III/6 en en 1952 Campagne de Syrie « Cette partie sera momentanément séparée de l’historique
du groupe jusqu'à ce que les renseignements qui s'y trouvent ne puisent plus être exploités à des fins que purement
historiques. La décision d’utiliser le groupe en Syrie, les conditions dans
les quelles il a exécuté ses missions, les noms de
ceux qui ont participé aux opérations risqueraient en effet, actuellement
encore (avril 1952), d'être utilisés contre certains des anciens exécutants et
contre les divers échelons du commandement de cette époque. Cette partie de l’historique est donc considérée jusqu’à
nouvel ordre comme confidentielle et ne devra pas être diffusée. |
« Camp lieutenant
Collection
« Les AILES » – 29
septembre 1956 UNE BASE QUI PERPÉTUE LE
SOUVENIRDU LIEUTENANT PIERRE LE GLOAN Ce n’est pas encore le désert, avec ses rares oasis et ses
nomades chameliers. Ce n’est pas non plus la mer de sable des immensités
sahariennes, mais un petit coin de ce pays déshérité situé au pied de la
chaîne montagneuse des Aurès. Ce lieu où l’été est torride, l’hiver froid, sec où neigeux,
c’est Télergma. A la ronde, ni eau, ni végétation ! C’est pourtant ici, qu’en 1955 et en moins de deux mois, une
Base Aérienne est née qui porte, depuis, le nom du « Lieutenant-Pierre
Le Gloan ». Le 3 septembre 1955, à 8 heures, sous la présidence effective
du Général de Maricourt, Commandant le Groupement Aérien Tactique n° 1
d’Algérie; et en présence de la totalité des officiers, sous-officiers et
hommes de troupe de la Base Aérienne d’Opérations en Afrique du Nord n°211,
ainsi que du personnel civil ayant travaillé à sa réalisation, le
lieutenant-colonel André Duranthon prononçait
l'allocution rituelle pour le batême du nouveau camp « Lieutenant Pierre
Le Gloan » Il rappela brièvement la carrière
de celui qui fut un chasseur émérite, un prestigieux pilote, un
« as » de la guerre 1939-1940 et qui se tua accidentellement, à Ouillis, entre Mostaganem et Alger, le 11 septembre 1943,
à 8 heures 20, date et heure anniversaires de la mort du héros légendaire de
1914-1918, Georges Guynemer, dont on a célébré le 11 septembre 1956, le
souvenir. Après lecture de la dernière citation du Lieutenant Le Gloan, sur qui un lourd silence s’était fait depuis la
Libération, citation qui le liait indissolublement à Guynemer dans la
légende des ailes françaises, retentit la sonnerie « Aux Morts ».
Dans l’air pur, la sonnerie « Aux Couleurs », scandée par les
tambours de la clique du 3ème Régiment de Tirailleurs Algériens,
succéda à la minute de silence. Un immense drapeau fila le long du mât,
découvrant la stèle érigée à la mémoire du héros, et claquant pour la
première fois dans le vif éclat du ciel africain sur la Base Aérienne
« Pierre Le Gloan » de Télergma. C’est avec beaucoup de fierté et d’émotion, que les aviateurs
de la précédente génération, présents dans les rangs, assistèrent à cette
cérémonie. Le Gloan reprenait la place qui lui
revient parmi ceux dont la France a le droit de s’enorgueillir. Chaque « allée », chaque « avenue » de la
nouvelle Base porte le nom d’un de ces anciens, formés aux exaltantes et
rigoureuses disciplines de l’air, qui surent, en leur temps, faire face à
l’ennemi dans tous les ciels de bataille. Le Gloan
avait faite sienne la devise de Georges Guynemer : « Faire
Face ». Avec ce magnifique exemple de courage, la voie est ouverte,
toute droite, aux jeunes, dans la loyauté des esprits et des cœurs, dans la
justice des paroles et des actes. Venus de toutes les provinces d’Afrique et
de Métropole, ces jeunes aviateurs ont œuvré pour faire sortir de terre ce
qui est aujourd’hui « leur Base » |
Promotion
1941
« Lieutenant
Trois
pages extraites du « Cahier de marche » de la promotion réalisé par
l’aspirant Bernard Gaillac – Via
VICTOIRES
HOMOLOGUÉES de PIERRE LE GLOAN Adjudant-chef 23.11.39 (2) Do 17 Verdun [55] 02.03.40 (2) Do 17 Bouzonville
[55] 11.05.40 (7) He
111 Pirey
[25] 14.05.40 (4) He
111 Fougerolles
[70] 13.06.40 (2) BR.20 Agay [83] 13.06.40 (2) BR.20 Cap Camarat
[83] 15.06.40 (2) CR.42 Beauvallon [83] 15.06.40 (2) CR.42 Ramatuelle [83] 15.06.40 (1) CR.42 St-Amée [83] 15.06.40 (1) BR.20 Ferme Moulin Rouge [83] 15.06.40 (1) CR.42 Ferme des Thermes [83] Sous-lieutenant 08.06.41 (1) Hurricane Damas [Levant] 09.06.41 (1) Hurricane Saïda [Levant] 09.06.41 (1) Hurricane Saïda [Levant] 15.06.41 (1) Gladiator Ezraa [Levant] 23.06.41 (1) Hurricane Rayack [Levant] 05.07.41 (2) Hurricane Deir-ez-Zor [Levant] 05.07.41 (3) Hurricane Deir-ez-Zor [Levant] (*) Nombre de
participants |
Mise en ligne le 08/10/2008
« Taïhaut ! » - Dewoitine 520 de (Gouache : 70 x 50 cm) -
Benjamin Freudenthal |
Une des dernières photographies du
lieutenant
en Algérie, en compagnie d’aviateurs
américains
Collection
Cinquantième anniversaire de
la mort de
Cette cérémonie a été organisée à
l’initiative de son neveu, Monsieur Guy RAOULT
Centième anniversaire de la
naissance de de
Devant le monument au mort
Au cimetière de Plouguernével
Photograhies transmises par M. Raymond Thouelin,
neveu de
Les cérémonies ont eu lieu à
Plouguernével avec un an de retard, le 6 janvier 2014, à l’initiative de la
Municipalité et de diverses associations militaires telles que l’A.N.O.R.A.A et
l’A.N.S.O.R.A.A. (Officiers et Sous-Officiers de Réserve de l'Armée de l'Air)
et en présence de différents membres de la famille le
l’as disparu. Après un dépôt de gerbe Monument aux Morts, le cortège s’est
rendu au cimetière sur la tombe du pilote. Divers hommages ont été rendus ;
par M. Guéguen (Maire) et
Ciquez sur l’image
LA LÉGENDE DE PIERRE LE GLOAN
AU XXIème SIÈCLE – SES DEWOITNE 520 DANS LES JEUX ÉLECTRONIQUES DE SIMULATION
Campagne de France
13
juin 1940 – Contre les Fiat BR 20 « Cigogna »de
la « Regia Aeronautica »
italienne…
15 juin 1940 – Contre les Fiat
CR 42 « Falco »
Campagne du Levant
Juin 1941 – Aux couleurs de
Vichy contre les chasseurs de la RAF en Syrie…
Merci au contributeur
anonyme : attention, la numérotation des appareils n’est pas conforme à la
réalité
Cliquez sur le titre
ci-dessus pour savoir comment le Figaro raconte la journée de l’adjudant
Les
hommes du GC III/6 - Historique
officiel du GC III/6 - Livre du marche
de la 5° - Livre de marche de la 6°
GC
3/6 - La journée du 15 juin 1940 – Rapport
d’engagement du 15 juin 1940
Page
d’accueil du site de François-Xavier BIBERT
Et pour conclure, un grand merci aux différents « auteurs »
qui utilisent recherches, textes et images de cette page internet, sans
vergogne, pour publier dans des revues spécialisées la Nième
histoire de
15 juin 2000 – Le Luc – Journée du timbre
80ième anniversaire du combat aérien de