IL
Les Hommes du
Groupe de Chasse GC III/6
Pierre
Le Gloan – As du GC III/6
Gabriel
Mertzisen – Du GC III/6 au Normandie-Niemen
Page d’accueil du
site de François Xavier Bibert
GROUPE de
CHASSE GC III/6
24 Mai 1941
Départ
d’Alger pour Rayack (Rayak)
Escales
de Tunis, Catane, Brindisi, Athènes et Rhodes
Faits de
guerre - Témoignages
Pour mieux comprendre le
contexte de la campagne du Levant de 1941 :
L’aviation
en Syrie – Colonel Gérard - 1927
Campagne
du Levant : Liban et Syrie 1941
L’affaire
de Syrie, par le Général Mascaro
Syrie
1941, par le Général Roignet
Notes du
Capitaine Ducrocq – Campagne du Levant : au service du Führer
Combats
fratricides sur la Syrie par J-Y. Morant et B. Palmieri (2011)
Ruban commémoratif « Levant 1941 »
Pour connaître plus en
détail le déroulement de la campagne du Levant pour le Groupe de chasse III/6
(6ème Escadrille), se reporter au document suivant :
Livre de
Marche de la 6ème Escadrille – Seconde partie – Campagne du Levant
PHOTOGRAPHIES – EFFECTIFS
– TÉMOIGNAGES -
ARTICLES DE PRESSE
|
Les Dewoitine 520 de la 5ème escadrille
sortis des hangars de Maison-Blanche début mai 1941 D.520 n°368 Sgt COISNEAU (4) - D.520 n°284
Sgt/C CHARDONNET (8) Photographie Joseph
Bibert – Droits réservés Silhouette du D.520 n°277 du s/lt LE GLOAN (6) Infographie « Aéro-Journal » - Hors-Série N°8 - 12/2004 – Merci à
M. Christian |
LE GC
3/6 AU LEVANT EFFECTIFS Les
pilotes au départ d’Alger le 24/05/1941 |
LÉGENDE X n°
XXX Avions
perdus pendant la campagne X n° XXX Avions perdus
pendant la campagne Cliquez sur le numéro pour voir
une photographie de l’avion AA Cliquez sur le carré rouge pour
voir le profil de l’avion |
COMMANDANT : Cdt
GEILLE |
Cdt SECOND : Cne de RIVALS-MAZÈRES |
5e ESCADRILLE : Cne JACOBI |
6e ESCADRILLE : Cne
RICHARD |
Affectation
des avions pour le transfert Mais les
pilotes ne volent pas forcément sur cet avion pendant la campagne |
État-major |
A n° 331 Cdt Geille |
33 n°
382 Cne de Rivals-Mazères |
5ème escadrille |
1 n° 229 AA Cne Jacobi [cp] ( + 12/06/1941) |
2 n°
369 AA Lt Martin [cp] (prisonnier le 08/06/1941) |
3 n°
309 S/c Ravily (*) (détaché du 1/3) ( + 8/06/1941) |
4 n°
368 Sgt Coisneau |
5 n°
146 S/c Elmlinger (détaché
du 1/3) |
6 n° 277 AA S/lt Le Gloan [cp] |
7 n° 132 S/c Monribot |
8 n° 284 S/c Chardonnet |
9 n° 329 AA S/lt Brondel |
10 n° 361 AA Sgt Mequet |
12 n° 314 Cne Sautier [cp] |
6ème escadrille |
21 n°313 Cne Richard [cp] |
22 n° 357 Lt Legrand [cp] |
23 n°
307 Sgt Savinel ( + 23/06/1941 sur n° 382) |
24 n°
330 Lt Boiries [cp] ( + 18/06/1941 sur n° 389) |
25 n° 370 Lt Steunou ( + 23/06/1941 sur n° 370) |
26 n° 389 S/lt Rivory (prisonnier le 09/06/1941) |
27 n°
347 S/lt Satgé |
28 n°
174 AA Adj Japiot |
29 n° 52 AA Sgt
Michaux |
30 n° 302 S/c Macia (avion récupéré par les FAFL) |
31 n° 321 Sgt Pimont (prisonnier le 18/06/1941) |
32 n°
145 Sgt Ghesquière |
Pilotes de complément : Lt Guillou (5ème), Sgt Gauthier (6ème) |
(*) Avion endommagé à l’escale de Catane [cp] Chef de patrouille |
Autres
pilotes : « Le 19 juin
1941, le G.C. III/6 est laissé au repos. Il reçoit un renfort de cinq Dewoitine
D.520 arrivant de France avec leur pilote. Les adjudants-chefs DENIAU et
LEVASSEUR (*), les sergents-chefs BARBERIES et HONORAT sont affectés à la 5ème
escadrille ; l'adjudant BALMER à la 6ème escadrille.
Par contre,
l'adjudant JAPIOT et le sergent-chef ELMLINGER retournent en métropole chercher
de nouveaux « zincs ». Le potentiel écorné du groupe remonte quelque
peu et le 20 juin, grâce à l’incessant labeur des mécaniciens, douze Dewoitine
peuvent être alignés. » (C-J. Ehrengardt (1987) – L’aviation de Vichy au combat – La
campagne de Syrie 8 juin 1940 – 14 juillet 1941)
(*) Depuis la
publication de l’ouvrage de référence duquel cet extrait est cité, des
recherches plus approfondies ont démontré que l’a/c LEVASSEUR n’a pas convoyé
d’appareil au Levant et qu’il n’a pas en fait quitté Châteauroux. Lionel PERSYN
nous a communiqué en 2020 les renseignements suivants : les cinq appareils
du III/6 convoyés au levant le xx./06/1941 sont les 276 (BARBERIS), 388
(NAUDY), 392 (DENIAU), 398 (MOURIER) 399 (BALMER). NAUDY et MOURIER repartent
en métropole le 20 juin en D.338 et reviennent le /04/07/1941 avec FARRIOL et
LOÏ (n°25, 190, 300 et 423). Et lorsque le groupe rejoint Athènes le 9 juillet,
eux en repartent le 11 pour retourner à Muslimiyé,
mais au cours de ce vol, MOURIER a une fuite d'huile et finit par se poser sur
une plage turque avec le n°25.
|
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Le commandant Frédéric GEILLE |
Le Dewoitine n°331 codé A du commandant du Groupe GC III/6 |
LE GC
3/6 AU LEVANT EFFECTIFS Les
mécaniciens au départ d’Alger le 24/05/1941 |
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Nom |
Grade |
Qualification |
ANDREYS |
|
Mécanicien avion |
ASSENS |
Sgt/chef |
Mécanicien électricien |
BERTRAND |
|
Mécanicien avion |
BOEDOZ |
Adjudant |
Mécanicien armement |
BORDAS |
Cal/chef |
Mécanicien électricien |
BORREYE |
Sgt/chef |
Mécanicien |
BOUDAUD |
|
Mécanicien armement |
COLIN |
|
Mécanicien avion |
COLIN |
Adjudant |
Mécanicien avion |
COLLOTTE |
Cal/chef |
Mécanicien avion |
DANET |
|
Mécanicien électricien |
DOMENECH |
|
Mécanicien |
FAUQUENBERGUE |
|
Mécanicien |
GODEFROY |
Sgt/chef |
Mécanicien |
GOYARD |
|
Mécanicien avion |
HOULES |
|
Mécanicien |
ILTIS |
Adjt/chef |
Mécanicien |
LEVEQUE |
|
Mécanicien |
LIMEUIL |
|
Mécanicien équipement |
MEISSONNIER |
|
Mécanicien |
MEYER |
|
Mécanicien avion |
NICOLAS |
Lieutenant |
Mécanicien |
PESIN |
Cal/chef |
Mécanicien avion |
PIESVAUX |
|
Mécanicien |
PORTES |
|
Mécanicien |
POUJEAUD |
|
Mécanicien |
ROBERT |
|
Mécanicien avion |
ROHR |
|
Mécanicien avion |
ROSSO |
|
Mécanicien |
SICHEZ |
|
Mécanicien |
SOCQUET |
|
Mécanicien |
STEPHAN |
Sgt/chef |
Mécanicien avion |
TESQUET |
|
Mécanicien radio |
UMBERT |
|
Mécanicien |
Alger - Tunis - 24 mai 1941 – 2h 00 de vol
(pour les D.520)
Les 6 photographies ci-dessous du départ d’Alger
Maison-Blanche du GC III/6 pour le Levant ont été prises par Joseph BIBERT -
Chef mécanicien au GC III/6
Reproduction interdite sans autorisation - François Xavier BIBERT 2008
|
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FARMAN 223.3 n°4 « Lieutenant
CASSE » Bombardier lourd utilisé par le Groupe de
transport GT I/15 Au fond le Dewoitine 520 n° 330 du
lieutenant BOIRIES (24) (*) Chef de patrouille - 6ème
escadrille (*) appareil
incendié lors d’un mitraillage au sol le 08/06/1941 |
Deux POTEZ 650 du GT II/15 Au premier plan le n°15 « Adj Chef
RENOUARD » |
|
|
FARMAN 223.3 n°4 « Lieutenant
CASSE » Quadrimoteur en tandem |
FARMAN 223.3 n°4 « Lieutenant
CASSE » POTEZ 650 n°15 « Adj Chef
RENOUARD » |
|
|
FARMAN 223.3 - N°4 « Lieutenant
CASSE » À gauche avec la gourde, le sergent Georges
GAUTHIER Pilote de complément - 6ème
escadrille |
Le sergent-chef Omer BORREYE (à droite) -
Mécanicien - 5ème escadrille En arrière-plan le Dewoitine 520 n°321 codé
« 31 » du Sgt PIMONT baptisé « ouah !
ouah ! » par son pilote |
Les 4 photographies suivantes proviennent de la collection
de Jules Piesvaux, mécanicien de la 5ème
escadrille « masque sévère »
Reproduction interdite sans autorisation
|
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Pilotes et mécaniciens de la 5ème
escadrille Jules PIESVAUX : second à gauche |
Avant l’embarquement dans un Potez 650 Jules PIESVAUX : premier à gauche |
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Jules PIESVAUX à bord d’un des 4 Potez 650 |
Arrivée à Tunis, vue vers l’arrière gauche
de ce Potez 650 |
|
La page du carnet de vol du sergent/chef
Maurice CHARDONNET de la 5ème escadrille qui fit le parcours Alger – Rayack aux commandes de son Dewoitine D.520 n°284 codé 8 Transmise par |
|
La page du carnet de vol du sergent Lucien
ROBERT qui fit le parcours Alger – Rayack à bord du Potez 650 n°13 « Pour le trajet Athènes Rayack
la mention n°8 est une erreur (lire sans doute n°5) : les 4 Potez 650 qui ont en effet assuré
cette mission étaient les n°5,11, 13 et 15. Transmise par |
Profil du Potez 650 n°15 « Adj Chef
RENOUARD » du GT II/15
Infographie
Pierre
DUMOLLARD : « POTEZ Types 62 et 65 » - Avia Editions- Rochemaure
- 2003
Ci-dessous : Collection Joseph Bibert
|
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Les Dewoitine 520 du GC III/6 à Tunis le 24
mai 1941 À gauche, le lieutenant STEUNOU qui perdra
la vie exactement un mois plus tard... |
Le Dewoitine 520 n°309 codé
« 3 »de la 5ème escadrille du sgt
RAVILLY à Tunis. Il sera accidenté le lendemain à Catane et
devra être abandonné aux Italiens |
Tunis – Catane – Brindisi - 25 mai 1941 – 3h
et 45mm de vol
(1h 50 + 1h 55)
Catane
Aérodrome de Catane et ses hangars vers 1940
Les 4 photographies suivantes de l’escale de Catane en
Sicile sont d’origine allemande et proviennent d’une collection inconnue
|
À leur arrivée pour leur escale à Catane, le
25 mai 1941,les pilotes du GC III/6 se font un devoir de garer leurs
appareils dans un ordre parfait Un an après la « Campagne de
France », l’accueil des aviateurs allemands et italiens se fait comme si
elle était oubliée ! Premier plan : Junkers 88 de la
Luftwaffe – Au- dessus- : Potez 650 (GT II/15) et Farman 223.3 n°4
« Lieutenant Casse » n°4 (GT I/15) Au centre :Messerschmitt 110 allemand –
Au fond : les 24 Dewoitine 520 français des deux Escadrilles du GC III/6
et de son État-major Ici le D.520 n°229 codé « 1 » du
capitaine JACOBI, commandant la 5ème escadrille |
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Au premier plan le Dewoitine 520 n°361 codé
« 10 » du sgt MEQUET de la 5ème
Escadrille et plus loin l’appareil du commandant du Groupe |
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À Catane, Le D.520 n°331 codé
« A » du commandant Frédéric GEILLE, commandant le Groupe GC III/6, avec les
insignes des 2 Escadrilles |
Après l’escale, le Potez650 n°15 « Adj
Chef RENOUARD redécolle de Catane pour Brindisi |
Les 12 photographies suivantes de l’escale de Catane en
Sicile sont d’origine italienne et proviennent de la collection Celloni Yuri -Droits réservés
|
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Dewoitine 520 n°382 codé « 33 »du cne de RIVALS MAZÈRES Appareil perdu pendant la campagne |
Dewoitine 520 n°329 codé « 9 »du
s/lt BRONDEL Appareil perdu pendant la campagne |
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Dewoitine 520 n°314 codé « 12 » du
cne SAUTIER Appareil perdu pendant la campagne |
Alignement des Dewoitine 520 du GC III/6 – Catane 25 mai 1941 |
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D.520 n°52 codé « 29 » du sgt MICHAUX et n°313 codé « 21 » du cne RICHARD 52 : appareil perdu pendant la campagne 313 : appareil rapatrié à Alger en fin
de campagne |
Alignement des Dewoitine 520 du GC III/6 – Catane 25 mai 1941 |
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D.520 n°145 codé « 32 » du sgt GHESQUIÈRE dit « Achille » à bord et S/lt SATGÉ -
Appareil rapatrié à Alger en fin de campagne |
Deux italiens posent devant le D.520 n°142
codé « 7 » du sgt MONTRIBOT –
Appareil perdu pendant la campagne |
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FARMAN 223.3 n°4 « Lieutenant
CASSE » du GT I/15 |
POTEZ 650 n°15 « Adj Chef
RENOUARD » du GT II/15 |
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À Catane, des aviateurs allemands (tenues
foncées) et italiens (tenues claires) peuvent voir de près les Dewoitine
D.520 du GC III/6 qui ont été si efficaces en juin 1940 contre
la « Régia Aéronautica »
- Ici le D.520 n°382 codé « 33 » du cne
de RIVALS MAZÈRES |
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Ici le D.520 n°229 codé « 1 » du
capitaine JACOBI, commandant la 5ème escadrille |
Voir une superbe
maquette de cet appareil
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FARMAN 223.3 n°4 « Lieutenant
CASSE » du GT I/15 Lieu indéterminé |
D.520 n°302 codé « 30 du s/c MACIA Lieu indéterminé |
Brindisi
Dans de nombreux ouvrages des photos légendées par erreur
« Brindisi » ont été faites à Athènes
Hangars de Brindisi vers 1940
Brindisi - Eleusis / Athènes – 26 mai 1941 – 2h 05mm de vol
L’arrivée du GC III/6 à Athènes
Vue d’artiste utilisée en couverture du « Fana de
l’Aviation » N°287 d’octobre 1993
Paul Lengellé
Hangars de Athènes / Eleusis vers 1940
Les 6 photographies ci-dessous de l’escale d’Athènes font
partie de la collection « Bundesarchiv »
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Les Dewoitine 520 du GC III/ codés 6 – 2 –
10 – 12 – 11 – A, bien alignés sur l’aérodrome d’Eleusis
Athènes, sont survolés par un Junkers JU 52 allemand qui décolle
pour la Crète... |
L’équipage du Potez 650 n°11 du GT II/15 et
des mécaniciens du GC III/6, sur le même aérodrome, viennent d’assister à
l’atterrissage d’un Junkers JU 88 allemand qui a terminé sa
course sur le ventre... |
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Autre photographie prise le 26 mai 1941 sur
l’aérodrome d’Eleusis Athènes : D.520 n°330 codé « 24 » du lt BOIRIES - 6ème escadrille, masque rieur et n°331 codé « A » du commandant
GEILLE, masque rieur + masque sévère, etc. |
Toujours à Athènes, sans doute un mécanicien
du GC III/6 non identifié... Peut-être Charles ILTIS ? |
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Un des Dewoitine 520 du GC III/6 à l’escale
d’Athènes le 26 mai 1941 examiné sous toutes ses coutures par les
pilotes et mécaniciens de la Luftwaffe |
Le D.520 n°368 codé « 4 » du sgt COISNEAU piloté par le s/lt.
BRONDEL. Il sera détruit à Beyrouth le 14 juin 1941 |
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D.520 n°229 codé « 1 » du
capitaine JACOBI à Eleusis Photographies Bundesarchiv |
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Rare photographie du capitaine Emile JACOBI,
commandant de la 5ème escadrille prise à l’escale d’Athènes, le 26 mai 1941 –
D.520 n°229 codé « 1 » Le capitaine JACOBI sera abattu et tué le 12
juin 1941 : sa tombe existe toujours dans le carré militaire du cimetière de Rayack, tout comme le monument aux morts français de l’Armée du
Levant érigé entre les deux guerres. Photographies
ci-dessous prises par |
|
Athènes - Rhodes – Rayack
- 28 mai 1941 – 4h 50mm de vol
(1h 50 + 3h 00)
Rhodes
Collection privée italienne - Droits réservés
|
Un des Dewoitine 520 du GC III/6 en cours de
ravitaillement par des mécaniciens de la Regia
Aeronautica lors de l’escale de Rhodes du 27 mai
1941 |
Rayack
Collection
|
La plateforme de Rayack
(ici avant-guerre) où se posèrent les aviateurs du GC IIII/6 lors de leur
arrivée au Liban en mai 1941 |
L’arrivée
du GC III/6 avec
L’entretien
des D.520 devant les hangars
L’attaque
d’une colonne de la « France Libre » du Général De GAULLE par Le
GLOAN
Une image
romancée d’un D.520 abattu dans le désert
Nota : Le 7 juillet 1941, le capitaine RIVALS-MAZÈRES doit
effectivement se poser en panne dans le désert, sans dommage, et effectuer une
marche de 30 km pour trouver du secours ; mais son appareil était le n°302
codé « 30 », sans bande des as, et il sera récupéré ensuite par la
« France Libre » et utilisé par les « FA.F.L ».
Images extraites d’une
superbe bande dessinée de Philippe PINARD et Olivier DAUGÉ aux Éditions PAQUET,
« Alerte en Syrie », publiée en novembre 2015.
C’est le tome III/IV de
leur série « Ciel de Guerre » portant sur l’Armée de l’Air française
de 1939 à 1942 : cet album explique fort correctement les grandes lignes
de la campagne du Levant, conflit fratricide longtemps occulté et donc méconnu
du grand public...
« Alerte
en Syrie - Ciel de Guerre tome III » – Editions Paquet
|
Sgt/c et sgt COISNEAU à Rayack en tenue de vol |
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Les Dewoitine 520 n°277 codé « 6 »
et n°329 codé « 9 » des s/lt LE GLOAN
et BRONDEL - 5ème escadrille |
Le Dewoitine 520 n°369 codé « 2 » du s/lt MARTIN |
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Le Dewoitine 520 n°382 codé « 33 »
du capitaine RIVALS MAZÈRES à Rayack – Appareil
abattu le 23 juin : sergent SAVINEL tué |
Collection
|
Octobre 2017 - Quasiment au même endroit,
superbe vue sur la chaîne du Mont Liban Situation du cimetière militaire français et
du monument au mort ; ce dernier est situé dans l’enceinte de l’actuelle
base militaire |
Collection
Remarque : Si le Dewoitine
D.520 était encore un chasseur relativement moderne en 1941, il fallut pour
cette campagne fratricide racler les « fonds de hangar » pour faire
voler beaucoup d’appareils complètement désuets pour les unités d’observation,
de bombardement et de transport qui perdirent ainsi beaucoup d’hommes bien
inutilement. Pour s’en rendre compte, il suffit de regarder la photo ci-dessous
d’un appareil de l’Escadrille E1 de l’Aéronautique Navale qui fit également
escale à Athènes Eleusis à la fin de la campagne... C’est un antique Lioré & Olivier LeO 257bis
« à roulettes », puisqu’il s’agit à l’origine d’un hydravion
quadriplace de torpillage et de bombardement modifié, biplan à structure
métallique entoilée, ne disposant que d’une vitesse maximum de 240 km/h !
Il fallait une sacrée dose de courage aux équipages pour pénétrer en zone de
combats avec de tels engins et pour affronter les regards incrédules et
moqueurs des aviateurs de la « Luftwaffe » basés à Athènes !
Lioré & Olivier LeO
257bis « à roulettes » – Insigne « Tête de loup » de la SPA
79 – Athènes Eleusis
Un des trois appareils de ce type de
l’Escadrille E1 de l’Aéronautique Navale envoyés au Levant à la fin de la
campagne.
Ils furent tous détruits, mitraillés au sol
par les Australiens.
Merci à
DOCUMENTS
et TÉMOIGNAGES
Croquis de la plupart des appareils français
qui ont évolué dans le
ciel du Liban et de la Syrie pendant la
campagne du Levant en 1941
Beaucoup ont été perdus ou capturés par les
forces anglaises et australiennes
Lien vers : Photographies
des appareils capturés en juillet 1941 (archives australiennes)
Carte simplifiée des opérations de la
campagne du Levant en 1941
Document historique exceptionnel :
carte « SYRIE LIBAN » de 1940
utilisée par le pilote Albert BALMER pendant
la campagne du Levant à bord de son Dewoitine 520 n°399
Merci à M. Brunet, son petit- fils qui a permis sa publication sur cette
page
Quelques Photographies de la campagne du
Levant...
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Rayack - GC III/6 - Attaque des Curtiss Tomahawk
australiens |
Photographies Jules Piesvaux
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Deux vues du D.520 n° 329 codé
« 9 » du Sgt/c MERTZISEN abattu le 8 juin 1941 par la D.C.A. et
examiné par les Britanniques à son point de chute, près l'Ezraa L'avion est en bien piteux état et c'est un
miracle si Le pilote s'en tire avec seulement des blessures superficielles et
des contusions |
Archives australiennes
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En haut à gauche des pilotes de la 6ème
escadrille à Rayack, avec le fanion du masque
« Rieur » dans les mains du Sgt MICHAUX Cne RICHARD (3ème à gauche) - S/lt SATGÉ à droite – 15 juin 1941 - Ils viennent d’être
décorés de la Croix de Guerre À droite, sur le terrain de Rayack, devant un Dewoitine D.520, pilotes et mécaniciens
En bas à gauche, à Alep, aux abords d’un
puits à eau traditionnel – Sgt MICHAUX accroupi - adj/c BALMER (casquette
noire et pipe) - Lt LEGRAND (pipe) à droite. |
Collection Lucien Robert - Droits réservés
Citations des pilotes du Groupe de Chasse GC
III/6
On peut trouver dans les différentes annexes à cette page (voir en haut de page) les informations
principales sur l’origine et de déroulement et la Campagne du Levant 194 ainsi
que le
livre de marche de la 6ème Escadrille. Rappelons que les combats
ont cessé le 12 juillet et que l’armistice de Saint-Jean d’Acre a été signé
officiellement le 14 juillet 1941. Mais dès le 7 juillet 1941, c’est déjà
terminé pour le III/6 qui a été replié au nord-Liban à Mouslimiyé
et qui s’apprête à regagner l’Algérie, via Athènes. Il est symptomatique de
trouver dans les archives de l’Armée de l’Air, en date de ce 7 juillet, un
courrier adressé à Vichy par le général de brigade aérienne JANNEKEYN,
Commandant de l’Air au Levant, au Secrétaire d’État à l’Aviation… afin de
proposer pour des pilotes du Groupe III/6, six citations à l’Ordre de l’Armée
et 4 citations à l’Ordre du Groupe de Chasse ! En fait les machines à
écrire fonctionnaient, elles, parfaitement bien au moment où « l’Armée de
l’Armistice » de Vichy était chassée du Levant et comptait ses
pertes : 1000 morts, 3500 blessés, 3000 prisonniers !
Lien vers : Lettre
du Général JANNEKYEN (Levant) au Secrétaire d’État à l’Aviation (Vichy)
Finalement, par le « Journal Officiel » du 10 octobre
1941 et du 12 janvier 1942, on sait que la quasi-totalité des pilotes du III/6
a été finalement cité à l’Ordre de l’Armée Aérienne avec attribution de la
Croix de Guerre avec palmes.
Journal officiel – 10 octobre 1941 |
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( † ) |
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( † ) |
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( † ) |
( † ) |
Journal officiel – 12 janvier 1942 |
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« Dans le ciel de Syrie –
L’Aviation Française au Service de l’Empire »
de Gilbert Poincelet
En 1941 de nombreux ouvrages consacrés à l’aviation française sont
parus en zone libre, encouragés par les services de propagande du gouvernement
de Vichy, pour tenter de redonner une image positive de son action au cours de
la Campagne de France en 1940 ou de la désastreuse Campagne du Levant de l’été
1941. Ainsi est paru dès le mois de septembre « Dans le ciel de Syrie » (Editions Sequana), écrit par Gilbert Poincelet et préfacé
par le Général Jannekyn.
Le 23 juin 1941, le III/6 a perdu le s/l Steunou (D.520 n° 382) et
le sgt Savinel (D.520 n°
370), abattus et tués par le Flying Officer Bothwell, qui endommagea également gravement
l’appareil de Le Gloan. C’est le second Dewoitine de
la journée qu’a ramené ainsi l’As du III/6 à ses mécaniciens, sans que par la
suite ceux-ci puissent d’ailleurs les remettre en état avant la fin de la
campagne.
Il est donc intéressant, par l’extrait suivant, de voir comment
« l’Histoire » peut être écrite quand les motivations d’un auteur ne
sont pas conditionnées par la seule volonté de raconter les faits dans leur
brutale réalité.
Nota :
lire également le récit de cette journée dans la page consacrée au lieutenant
Pierre LE GLOAN
UNE RUDE JOURNEE
23 juin
1941. — Terrain de Rayack.
« Depuis le matin une patrouille simple assure en permanence
et par relève la couverture de la ville et du port de Beyrouth. Au poste de
commandement, du groupe, l'officier de service maintient régulièrement la
liaison radiophonique avec la patrouille de couverture.
— Rien à signaler sur Beyrouth...
Tout à coup, sonnerie de téléphone. C'est le terrain de Madjaloun qui appelle — le groupe 1/39....
— Allô... Une dizaine de chasseurs ennemis attaquent le terrain.
Vous demande de les intercepter au retour...
Du terrain de Rayack d'ailleurs, distant
d'une vingtaine de kilomètres, on aperçoit nettement trois colonnes de fumées
noires, s'élevant à l'horizon, en direction du nord. Ce sont trois Glenn-Martin
qui brûlent, atteints au sol par les balles incendiaires des chasseurs britanniques.
Aussitôt l'ordre de décoller est donné aux deux escadrilles...
Mais déjà un ronflement inquiétant se fait entendre. À l'ouest du
terrain trois avions, trois Hurricane, se dirigent à toute allure vers le sud.
Brusquement l'un d'eux se détache, plonge vers le terrain et dans une passe
rapide lâche quelques rafales vers les avions. Tout le monde se jette à terre.
Il n'y a pas de mal, fort heureusement ; la mise en route des moteurs s'en
trouve à peine retardée.
Les mécaniciens bondissent dans les appareils tandis que les
pilotes achèvent d'attacher leur parachute. Bientôt les moteurs tournent et
neuf Dewoitine, par petits groupes, prennent leur piste et décollent dans un
ronflement assourdissant.
À ce moment même, huit Hurricane défilent
à quelques kilomètres à l'ouest de la piste, se dirigeant vers le sud. Ils
volent à 300 mètres à peine. Mais déjà les nôtres ont, pris de l'altitude et
passent à l'attaque.
Un Hurricane qui se détache du groupe est pris à partie par un
Dewoitine et immédiatement descendu.
La mêlée devient générale, à quelques kilomètres au sud du terrain.
Cela vire, pique, cabre à quelques centaines de mètres du sol. Les moteurs
rugissent, les mitrailleuses crépitent... C'est une fantasia diabolique.
Un deuxième Hurricane, tiré par plusieurs des nôtres, s'abat en
flammes et percute comme un bolide.
À ce moment se produit fortuitement une véritable concentration.
Une des patrouilles qui assurait la couverture de Beyrouth regagne le terrain,
sa mission terminée. Elle aperçoit trois avions ennemis qui filent plein sud,
cherchant à prendre de l'altitude.
Aussitôt, la poursuite s'engage, implacable. Tour à tour deux
avions ennemis sont abattus : l'un tombe en flammes, l'autre s'écrase au
sol tandis que le pilote descend en parachute.
Pendant ce temps, la patrouille, de relève qui venait de quitter le
terrain aperçoit deux autres Hurricane qui fuient le long de la côte. Les trois
Dewoitine les prennent à partie, mais l'ennemi, qui ne tient pas à soutenir le
combat, force l'allure.
Les nôtres, après quelques passes vigoureuses abandonnent"
bientôt la poursuite pour reprendre leur mission principale. Aucun résultat
décisif, mais il se pourrait bien que les autres aient du plomb dans l'aile...
Sur toute la ligne, l'ennemi abandonne le combat et cherche son
salut dans la fuite. Son expédition sur le terrain de Madjaloun
a été sévèrement punie : quatre Hurricane descendus dans la plaine de la Békaa ou sur les pentes du Liban...
Cependant, nos douze Dewoitine regagnent le terrain par
patrouilles, comme s'ils revenaient de la parade... Les pilotes exultent. C'est
du beau travail. Seul l'un des appareils a été fortement touché par une rafale
qui a notamment coupé les commandes de direction. Rien d'irréparable.
Les commentaires vont leur train. Pourquoi les pilotes ennemis
n'ont-ils par cherché à prendre l'initiative ? Ils avaient l'avantage de
l'altitude.
Pourquoi ont-ils soutenu si mal le combat ? Peut-être, après le
mitraillage du terrain de Madjaloun, avaient-ils
épuisé la plus grande partie de leurs munitions et cherchaient-ils à éviter
l'engagement ?
En tous cas, ils ont commis une grosse faute — et ils l'ont payée
cher — en venant passer à proximité du terrain dont ils n'ignoraient
certainement pas l'occupation par les chasseurs.
Mais il n'était pas dit que les chasseurs ennemis resteraient sur cet
échec. Deux heures après, une nouvelle expédition surgit, dirigée maintenant
contre le terrain de Rayack. Cette fois, il s'agit
d'une douzaine de Curtiss P.40. L'ennemi tient à sa revanche.
Curtiss P.40 « Tomhawk » australiens
du n°3 squadron de la R.A.F. dans le ciel libanais
Les nôtres sont inférieurs par le nombre et la qualité de leur
matériel. Qu'importe. Neuf Dewoitine décollent. Aussitôt un combat confus
s'engage. Le sergent S... pris à partie par une patrouille ennemie, est
descendu près du terrain. Le lieutenant S... gravement touché, va s'écraser
quelques instants après, près du village de Zahlé. Un Curtiss est abattu dans
la même région par le capitaine R...
Après une série d'engagements très durs, sept Dewoitine regagnent
le terrain. Plusieurs sont gravement touchés par les balles ennemies...
Le lendemain, les corps du lieutenant S... et du sergent S...
étaient pieusement inhumés au cimetière de Rayack.
Ils avaient jusqu'au bout accompli leur glorieux devoir de chasseur qui est de
vaincre ou mourir. »
Représentation d’un Dewoitine
520 du GC III/6 dans le ciel du Liban
Témoignage du Père BAUDOIN (1912-1993)
Ordonné prêtre trappiste
en 1951, alias Bernard CORDIER.
Pilote à Air-France et
réserviste de la chasse en 1939, il a combattu au GC II/4 sur Curtiss
H-75a et a été crédité de 3 victoires en coopération. Il a repris son
poste à Air-France après l’armistice.
« En juin 1941, c'est la guerre en Syrie. Le gouvernement
réquisitionne 8 Dewoitine 338 pour faire une navette entre Athènes, occupée par
les Allemands et Alep en Syrie et tous les vols se font de nuit. Le
Gouvernement de Vichy affirmait qu'aucun avion allemand ne s'était posé en
Syrie en allant vers l'Irak, or je vois un Heinkel 111 endommagé au milieu du
terrain d'Alep. On me confirme que plusieurs avions allemands avaient été
ravitaillés à Alep.
(...) On m'envoie plus tard à Rayack où
est stationné un groupe de Chasse de Dewoitine 520 et j'assiste à des beaux
combats juste au-dessus du terrain où 6 Anglais sont descendus en quelques
minutes. ( ???)
À Rayack, j'ai une aventure assez
ridicule : pendant un repas au mess, un jeune Officier me prend à parti en
disant que tous les pilotes d'Air France sont des lâches. Il tombait mal
puisque j'étais le seul pilote d'Air France à avoir combattu et que j'avais 4
victoires (3 ???) sur les Allemands alors que lui n'en avait aucune. Je
suis soutenu par mon ami Le Gloan qui était l'as de
ce Groupe. Mais ce qui m'a le plus surpris c'est que le Commandant Geille qui commandait le Groupe me dit :
« Puisque vous êtes l'offensé, vous avez le choix des armes pour un
duel ». C'était tellement stupide que je me suis contenté de lui
répondre : « ma religion m'interdit le duel » et les choses en
sont restées là.
Etant à Rayack, j'ai assisté à un breefing où les Dewoitine devaient se tenir en alerte pour
protéger des bombardiers allemands qui devaient bombarder la flotte anglaise au
large de Beyrouth. Mais les Allemands ne sont pas venus.
J'ai repris la navette entre Alep et Athènes, une quinzaine en
tout. C'est au dernier voyage que s'est posée une décision qui est le remords
de ma vie. On avait embarqué à bord de mon avion, une vingtaine de pilotes
anglais descendus par la chasse française pour les remettre aux Allemands à
Athènes. Lorsque j'étais à peu près au-dessus de Chypre, un pilote anglais est
venu au poste de pilotage en me demandant d'aller plutôt au Caire qu'à Athènes.
J'ai hésité et refusé car j'avais ma famille à Marseille, mon père, ma mère et
ma sœur avec ses deux enfants dont son mari avait déjà rejoint de Gaulle à
Londres, et c'est moi qui faisais vivre toute la famille.
J'ai pensé plus tard que ce n'était pas une raison suffisante car il
y avait une question d'honneur que je n'avais pas assurée. Ces pilotes anglais
ont d'ailleurs été rendus aux Anglais en raison des conditions d'armistice qui
terminaient la guerre en Syrie. Mais deux ans plus tard, je me trouvais en
Ecosse dans une base de la R.A.F., un soir du 31 décembre. Il y avait une fête
où l'on buvait beaucoup et un officier anglais vient me prendre à partie en
m'insultant copieusement. Nous allions en venir aux mains lorsque le Group Captain s'interposa et me dit ; « Il ne faut pas
en vouloir à ce pilote, il a été descendu en Syrie et les Français l'ont livré
aux Allemands ». Je ne pense pas qu'il était dans mon avion et qu'il
m’avait reconnu, mais ce mauvais souvenir se ravivait. »
Lire la biographie complète de Bernard Cordier sur le site
« henri.eisenbeis.free.fr »
Témoignage (condensé) du Général Guillaume de RIVALS MAZÈRES (en 1980)
Capitaine en 1941 – Commandant en second du
Groupe GC III/6
« Le motif de la guerre invoquée était que les Allemands,
ravitaillés à Rayack, envoyaient leurs avions chez
Rachid Ali en Irak... J’étais à Rayack avec le GC
III/6 et j’entends encore la voix à la radio anglaise qui disait « ...cette nuit, sont passés à Rayack 10 Dornier, ils s’y sont ravitaillés, voilà leur
emplacement sur le terrain... ». Nous dormions sur la base de Rayack et nous savions très bien qu’il n’y avait pas eu
d’avions allemands ! Conclusion pour nous, qui ne savions en rien de
toutes ces histoires internationales ; ces gens-là sont des menteurs affreux.
Ils faisaient leur propagande et ce faisant, ils jetaient le discrédit sur nous
et le trouble dans les esprits...
Et alors, on rentrait dans le chou des Anglais, avec beaucoup de
joie, sans espèce de doute et sans aucune espèce de scrupule ! Ce que je dis
sera apprécié ou non, mais je n’en ai toujours pas de remords, quoi qu’il se
soit passé après !
0La campagne du Levant a duré trois semaines. Le III/6 a eu des
victoires... J’ai tiré sur des Britanniques, j’ai obtenu des victoires... [une seule en fait, un Gladiator descendu le 15 juin 1941 à Ezraa]. Si je les rencontrais maintenant, j’en serais navré, j’en serais
désespéré mais qu’est-ce que vous voulez y faire, c’est comme ça !
Et les gens d’en face ont eu aussi des victoires. Nous avons
beaucoup de camarades ; ça ne nous mettait pas de baume au cœur de les voir se
faire trouer la peau.
Le Gloster Gladiator
était un biplan certes ancien, mais pas commode ; il virait très fort mais nous
avions un excédent de vitesse considérable sur lui. Le D.520 était globalement
équivalent au Hurricane, mais légèrement inférieur au P-40 « Kittyhawk ». La lutte était moins inégale qu’en
1940...
J’ai cependant été descendu sur l’Euphrate par la D.C.A. des Hindous
en plein désert. Je n’ai pas été blessé et j’ai pu m’en tirer par un hasard
fantastique grâce à des cavaliers arabes qui passaient par là et qui m’ont
ramené. En effet, il valait mieux ne pas tomber entre les pattes des Hindous.
On était prévenus. Ce n’était pas des tendres ces types-là…
Après la signature de l’armistice, nous entendions les incitations
des Gaullistes à la désertion à la radio, mai pour nous, il n’en était
absolument pas question. Personne dans mon Groupe et à ma connaissance très peu
dans l’aviation n’y ont répondus. Nous ne nous sommes même pas posé la
question. Nous n’avions pas une véritable haine contre les Anglais. Il était
difficile tout de même d’oublier que la veille, on se battait ensemble...
Pour comprendre notre mentalité il faut citer cette anecdote :
un jour, on a vu un Anglais qu’on venait d’attaquer percuter dans les djebels
tout à proximité près de Rayack. Nous avons pris une
voiture de liaison pour récupérer le corps de ce malheureux et avons trouvé le
pauvre pilote écrabouillé dans les rochers, un gars jeune, la moitié de la
figure en moins. Une bande d’Arabes autour ricanaient et crachaient dessus. Alors
nous les avons éloignés, violemment, nous avons fait respecter une minute de
silence et on a enlevé le corps pour le ramener. Tout ça pour vous dire que ce
n’était pas une haine profonde qui nous animait ; finalement on se
respectait tout de même mutuellement...
Témoignage d’un « Second couteau »
Roger RAYMOND
Le mécanicien Roger
RAYMOND se trouvait affecté à Rayack en mai 1941.
Lors de l’arrivée du GC III/6, il fut provisoirement détaché dans ce Groupe et
participa avec lui à toute la campagne du Levant. Il raconte en 1989 :
À Rayack, le 5 mai 1941 commença pour
tous ceux qui y étaient présents le drame de cette période noire comme l'on en
trouve d'autres, hélas, dans l'histoire de France.
L'après-midi, nos chefs nous avaient réuni, officiers,
sous-officiers et soldats, dans le réfectoire de la troupe, seul lieu à l'ombre
et assez vaste pour pouvoir nous contenir.
Nous attendions le colonel qui devait nous entretenir de la
situation militaire, et nous l'espérions tous de la nôtre en particulier. La
période était cruciale et il faut le dire, nous étions un peu décontenancés,
surtout les jeunes et le contingent. Nous savions que nous avions perdu la
bataille de France, que nous avions en ce qui concernait la plupart d’entre
nous écourtée puisque nous avions fait mouvement cers le Liban fin mars 1940.
Nous connaissions la situation par les journaux et par les
émissions de radio très difficile à capter. Nous savions aussi que les Anglais
étaient groupés sur la frontière de la Palestine et avaient déclaré être prêts
pour envahir la Syrie et le Liban.
Déjà un courageux pilote (le Commandant Tuslane)
avait fait la centaine de kilomètres nécessaires pour rejoindre ceux que nous
appelions les ennemis, en laissant toutefois à ses amis de soin de rapatrier sa
motocyclette. Tout cela échauffait les idées car ce n’était pas à la portée de
chacun. Cette attente et l’ignorance des ordres de nos chefs directs étaient de
qui empoisonnait notre vie.
Mais quel devait être notre sort ?
À peine le colonel était-il monté sur la scène qui servait aux
soirées théâtrales que la sirène d'alerte se fit entendre. Tout le monde
sortit.
Deux avions anglais, volant environ à mille mètres, arrivaient
au-dessus du terrain. Des cris : « Les Anglais vont se poser et nous
allons continuer la guerre ensemble. » se firent entendre. Tous levaient les
bras en signe de bienvenue en se dirigeant vers le milieu du terrain car le
premier avion venait de lâcher des tracts. Mais quelques secondes après, un
bruit fracassant sema le désordre ; le deuxième appareil venait de
bombarder. Nous nous figeâmes sur place et un sinistre silence s'ensuivit, vite
trahi par des cris de douleur car il y avait des blessés. Les pilotes du II/7
équipé de Morane 406 se mirent à courir vers les avions, mais les Anglais
étaient déjà loin.
Le rêve venait de s'évanouir et fit place à la colère, bientôt
teintée de haine. La campagne de Syrie venait de mal commencer. Et il y avait
déjà un mort et quel mort ! Un aspirant du contingent, un instituteur que tout
le monde aimait parce qu’il avait fini par organiser, on pourrait dire créer,
les loisirs, le théâtre et un orchestre qui permettait dans ce pays éloigné de
tout, de penser à autre chose. Pour les hommes de troupe du contingent,
certains de la classe 36, rappelés et déplacés dans ce trou, dans un pays
étranger et tout différemment de notre culture, il était bon d’oublier parfois,
d’autant que nous n’avions pratiquement plus de courrier, à l’exception de
cartes « interzone » ne portant que des phrases qui ne reflétaient
peut-être pas la vérité.
Le lendemain 16 mai, la base était de nouveau bombardée.
Pendant que nos avions étaient en vol nous nous regroupions autour
de la voiture SFR qui servait de tour de contrôle et nous suivions les combats
du terrain de Rayack car les pilotes parlaient sur la
même longueur d'ondes ; le sergent-chef radio Doumerc
avait installé un haut-parleur. C'est ainsi que nous suivions le combat au
cours duquel un pilote obligea le pilote anglais à se poser sur le terrain de Rayack renouvelant ainsi les exploits très appréciés des
pilotes de la guerre de 1914. Une fête s’ensuivit au mess comme dans le temps.
Pour l’instant la guerre de Syrie semblait prendre un côté sportif.
Un soir, presque à la tombée de la nuit arriva le III/6. CE fut une
heureuse surprise, le secret du déplacement de cette glorieuse formation que
nous connaissions grâce aux exploits de Le Gloan
ayant été bien gardé.
On mit les avions un peu partout sous les ordres d'un
sous-lieutenant pilote. Lorsque tout fut terminé, il vint avec nous au mess et
me présenta Le Gloan. Tous ceux qui étaient là ne
pourront jamais oublier d’avoir bu un verre avec un as de guerre. Heureusement,
ce n’était pas le dernier car ce fameux pilote, fameux tireur était un sacré
boute-en-train.
Je quittais le Parc de Rayack pour être
détaché au GC III/6 à ma plus grande joie. Le personnel rampant arriva en
suite, ainsi qu’un aumônier qui ne nous lâchait pas, surtout les soirs de
fiesta. À partir de ce moment, avec l’arrivée des D.520, la guerre prit une
autre allure. Les pilotes, Le Gloan en tête cassaient
des Anglais à tour de bras.
Il y avait aussi sur le terrain le GB III/9 équipé de Bloch 200. Un
dimanche, je me souviens qu’un de ces avions piloté par le sergent-chef Jane
pilonna, au large de Beyrouth, le porte-avions « Arc Royal » de la
marine royale britannique. Nous apprîmes que l'équipage laissa l'avion
s'approcher, ne voulant pas croire que cet appareil de musée serait capable de
les attaquer. Les avions embarqués, qui n'étaient pas plus récents que les
Bloch 200 désertèrent le navire lorsque les troupes anglaises entrèrent au Liban.
Le Gloan décida, s'il rencontrait, ces
joujoux de ne se poser qu'après en avoir descendu trois, ce qu'il réalisa deux
ou trois fois. Un jour, à sa descente d'avion et avant d'aller déjeuner, il fut
décoré, en vitesse, devant nous de la croix de guerre portant trois
palmes ; ce qui ne s'était parait-il jamais vu. Nous étions fiers de lui
et aussi des autres décorés. Cela concrétisait pour nous le dur travail que
nous exécutions nuit et jour.
Les P-40 anglais, nouveaux avions, nous menaient la vie dure. Ils
passaient plusieurs fois par jour, mitraillant en rase-mottes. Il y avait des
blessés parmi les mécaniciens qui sautaient des avions et couraient à travers
les débris de toute sorte, s’aplatissant n’importe où dès les premières
rafales, s’écorchant à tout ce qui dépassait, s’empêtrant dans les chicanes de
barbelés de tranchées. À chaque attaque les dégâts étaient importants. Les
rustines en toile colée ne suffisaient pas toujours. Le plus souvent, les
tuyauteries étaient percées, des paquets de fils électriques à réparer ainsi
que des câbles de commande de gouverne, des amortisseurs, des hélices et des
moteurs. Il y avait aussi les dégâts causés par la DCA, les troupes au sol et
les combats aériens lorsque les avions revenaient. Nous avions aussi des
accidents à l'atterrissage au retour de mission, à cause d'un circuit hydraulique
endommagé ou une roue crevée en l'air par un une balle ou un éclat ou un
pare-brise pulvérisé.
Hélas parfois, le pilote était blessé. Je me souviens d'un jour où
nous dûmes extraire un pilote ruisselant de sang à l'aide d'une grue de
changement de moteur. À Rayack, nous eûmes un mort.
Un jeune pilote qui fut attaqué par derrière reçut une seule balle dans la tête
alors qu'il décollait. Nous assistâmes impuissant à ce véritable massacre. La
guerre devint de plus en plus horrible. Les combats se poursuivaient jusqu'au-dessus
du terrain et je suppose que les nôtres en faisaient autant sur ceux de
Palestine. Les luttes ne se terminaient qu'avec la mort d'un des combattants ou
la retraite par manque de munitions.
Les Anglais approchaient toujours et l'on nous demanda de nous
préparer à quitter la base.
C'est alors qu'au cours d'une mission, notre pilote Le Gloan se posa dans un geyser d'huile et d'eau, heureusement
épargné, mais presque asphyxié par les vapeurs du liquide de l'extincteur de
cabine percé d'une balle comme la culasse du moteur.
L'officier mécanicien était un jeune lieutenant (le lt NICOLAS), toujours
sur la piste faisant en sorte que le degré d'urgence des dépannages ou des
réparations ne soit pas fonction du grade ou de l'amitié que les mécaniciens
pouvaient avoir pour certains pilotes. Nous faisions pour le mieux, obligés
parfois de choisir la rapidité. Nous prélevions les bonnes pièces sur les
appareils très endommagés, la cannibalisation étant notre principale source de
ravitaillement
C’est ce qui se passa pour l’avion de Le Gloan
ce jour-là.
Nous dûmes prélever une culasse de moteur sur un avion à moitié
détruit au sol et démonter celle du « 6 » (numéro fétiche de l’avion
de Le Gloan). C’est au cours du remontage, en pleine
nuit, alors que la base était pratiquement évacuée, que le premier obus de 155
tomba à moins de 100 mètres du hangar où nous travaillions à la lueur de nos
lampes de poche ; depuis bien longtemps, il n’y avait plus d’électricité.
Nous ne croyions pas les Anglais si près. Le tir des troupes au sol avait
succédé à un bombardement aérien qui ne nous avait pas empêchée de poursuivre
notre travail. Nous n’avions pas entendu les avions et encore moins la sirène.
Le Gloan était avec nous depuis le début travaillant
comme un forcené, luisant d'huile comme nous tous. Le lieutenant Delataille qui commandait la compagnie de base ou ce qui en
restait, arriva avec deux camions. Il nous ordonna d'évacuer sur le champ et
c'est avec un Le Gloan en pleurs que nous montâmes
dans les camions. Nous abandonnions cet avion non dépanné, ce fameux 6 cravaté
de tricolore. Il a dû faire la plus belle photo d'un correspondant de guerre si
toutefois il n'a pas été détruit avant. Nous ne l'avions pas saboté. Le Gloan ayant affirmé qu'il reviendrait le chercher. Nous
abandonnions tout, y compris les blessés que nous ne pouvions pas évacuer, nous
n'avions avec nous que nos caisses à outils.
Nous partîmes vers le nord. Les appareils capables de voler, en
pissant pas mal d’huile et d’essence car ils étaient parfois troués comme des
passoires, s’étaient envolés dans la journée pour aller se poser dans les
environs de Hama sur un terrain de fortune.
Les Anglais étaient maintenant équipés d’avions modernes. Nous
décrochâmes à nouveau pour le terrain de Nerab près
d’Alep.
Ici, nous avions éparpillé les appareils restants, tout autour du
terrain ouvert sur le désert, mais heureusement bordé d'orangeraies et de
pistachiers assez hauts pour y glisser les avions dessous. Les réparations
devenaient de plus en plus difficiles ; notre parc de pièces de rechanges,
en l'occurrence les D.520 cassés à cannibaliser, étant resté à Rayack La distance mise entre nous et l'ennemi, nous créa
un autre problème car depuis quelques temps, des trous de balle dans les bords
d'attaque qui étaient aussi des réservoirs non protégés empêchaient de
compléter tes pleins et réduisaient ainsi le rayon d'action de ces avions. Il
fallait arriver à bout de ce problème. Nous avions fabriqué des pièces en sole
intérieures et extérieures, en laiton, la partie intérieure portait des vis en
cuivre soudées qui passaient à travers la pièce extérieure, le tout boulonné en
prenant les deux joints en fibre interposés de chaque côté de la sole du
réservoir. En plus de la difficulté de fabrication, les pièces étaient galbées
au « pif » sur le bord des escabeaux et l’étanchéité manquait de
perfection. Il aurait fallu une pâte insoluble dans l’essence. Deux ou trois
quadrimoteurs Farman nous ravitaillaient un peu et nous apportaient aussi le
courrier. Nous pensâmes qu’un mécanicien navigant pourrait peut-être nous
dépanner en nous rapportant cette fameuse pâte à l’occasion d’un prochain
voyage, à moins, mais c’était espérer un miracle, qu’il possédât un produit
semblable. En parlant de notre problème avec les mécaniciens navigants, l’un
deux nous répondit que la solution se trouvait dans l’utilisation de la pâte de
dattes et nous assura que cette astuce avait été très utilisée en Mauritanie au
temps de l’Aéropostale. Aussitôt nous utilisâmes ce tuyau et nous n'eûmes plus
de fuite d'essence autour de nos emplâtres métalliques.
Plus personne ne couchait sur la base, hormis la défense.
D'ailleurs, il n'y avait plus un bâtiment debout. Le paludisme et la dysenterie
firent bientôt leur apparition. Depuis longtemps, nous nous nourrissions un peu
n'importe comment. Nous mangions surtout des fruits, des œufs, des tomates et
des poivrons que nous vendaient les indigènes. À la popote, les repas étaient
assez irréguliers, mais ils arrivaient à faire griller de la viande sur les
braises. Il n'y avait plus d'eau et nous nous lavions
avec l'eau de la piscine du mess des officiers. Début juillet, le III/6
rejoignit Athènes pour être ré équipé.
Nous dûmes encore décrocher.
Un convoi, rassemblé avec peine et comprenant des véhicules
rafistolés, nous permit de rejoindre la gare de l’Orient express près de la
frontière turque. Tout le personnel, y compris les pilotes sans avion prit
position autour de quelques hangars vides et désertés. Cette gare était la
dernière station du train international. Avant la guerre, les voyageurs qui
continuaient leur voyage changeaient de convoi car l’écartement des rails était
différent en Syrie et au Liban.
Nous creusâmes des positions pour fusils mitrailleurs. Nous
réussîmes à compléter le plein des derniers avions capables de voler et qui,
ainsi, purent partir.
Deux jours après, nous étions entourés d’automitrailleuses qui,
après un dernier baroud au cours duquel je réussis à mettre le feu à un engin,
nous fûmes faits prisonniers. Nous fûmes menacés d'être fusillés car le
cessez-le-feu avait été décidé la veille à Saint-Jean d'Acre.
Nous revîmes Rayack quelques jours plus
tard, les Anglais, Australiens et Néo-zélandais, nous ayant enfermés dans des
wagons à bestiaux pour le voyage.
En septembre 1941, nous sommes rentrés en France avec les honneurs
de la presse. Par un temps de Toussaint, toutes les familles et amis des morts
et disparus de cette lutte fratricide vinrent assister à Toulouse-Francazal à
une cérémonie de remise de décorations souvent à titre posthume.
J'ai vécu cette malheureuse période, qui a été ensuite été un peu
cachée, comme une faute impardonnable qui nous laissa tous amputés de plusieurs
camarades, moralement et physiquement meurtris.
On peut également trouver ce témoignage dans un fascicule
en deux tomes d’
« Groupe de
Chasse GC III/6 – Escadron de Chasse 1/11 (1er mai 1939 – 1er
mai 1958 et 2 mai 1958 – 31 juillet 1995) »
Publié par l’Amicale des Anciens de la 1ère
Escadre en 2009
Le cas d’un « Troisième couteau »
Clément PLO
Le mécanicien Clément Plo se trouvait affecté à Rayack
en mai 1941 et comme Roger Raymond, lors de l’arrivée du GC III/6, il fut
provisoirement détaché dans ce Groupe et participa à la campagne du Levant,
avant d’être gravement blessé lors d’un bombardement anglais et évacué vers
Tripoli. Une discussion s’est ouverte dans les « Aéroforums » au sujet de l’attribution du nouveau « Diplôme
d’Honneur » que le Gouvernement Français, en 2010, a décidé de décerner
dorénavant lors des cérémonies du 18 juin ou du 8 mai, à tous les anciens
combattants vivants de la Seconde Guerre mondiale. Un
condensé de ces échanges sur les « Aéroforums »
peut être lu en cliquant sur ce lien. Il permet de s’apercevoir que la
question « que penser de l'action de ceux qui ont combattu dans l’armée de
Vichy ? » est loin d’être close, et que faute de savoir prendre de la
hauteur et de culture historique certains manquent cruellement de tolérance et
du sens de l’histoire... ; bref, d’un minimum d’humanité et de bon
sens ! Ils oublient ainsi de rendre hommage à tous les seconds, troisièmes
et quatrièmes couteaux qui se sont retrouvés entraînés bien malgré eux et
broyés dans ce conflit, qui n’aurait jamais dû avoir lieu si les Dirigeants des
pays européens d’entre les deux guerres avaient été un tant soit peu à la
hauteur...
|
Les mécaniciens du GC III/6 restés à Alger pendant la campagne du
Levant et qui avaient « bichonnés » leurs beaux Dewoitine 520 avant
le départ du Groupe, n’en virent pas revenir beaucoup ! Celui-ci, le
n°423, arriva intact à Maison Blanche le 15 juillet 1941 avec l’adjudant-chef
Albert BALMER aux commandes. C’est un nouveau pilote et un nouvel avion
qu’ils ne connaissaient pas encore. Ils avaient rejoint le Levant le 18 juin
1941 en renfort, venant de Châteauroux, via Istres, Rome, Brindisi et Athènes
pour compenser les pertes. |
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Si l’adj/c Albert BALMER a ramené du Levant le
Dewoitine D.520 n°423, il avait convoyé à l’aller le n°399. Il était affecté
en juin 1941 au GC II/1 au Luc en Provence, Groupe qu’il a quitté pour aller
récupérer cet appareil à Châteauroux. Il a été pris en photo avec cet
appareil le 15 juin 1941 à Istres avant de s’envoler le lendemain vers le GC
III/6 au Levant. Ci-dessous le détail des vols de l’adj/c Albert BALMER
à l’aller vers la Syrie et au retour du Liban sur son carnet de vol Merci à Lionel BRUNET, le petit-fils du
pilote, pour la transmission de ces documents en mars 2020 |
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Ci-dessus la note du commandant GEILLE qui
fait l’état des pilotes disponibles au GC III/6 à la date du 20 juin 1941 après les arrivées des adj/c BALMER et
DENIAU et les départs de l’adj JAPIOT et su s/c ELMINGER Merci à Lionel BRUNET, le petit-fils d’
Albert BALMER, pour la transmission de ce document en mars 2020 |
ARTICLES
DE PRESSE
À lire en se rappelant
que la presse de l’époque était une presse de propagande soumise à la
censure...
JOURNAL DES DÉBATS POLITIQUES ET LITTÉRAIRES –n° 469 - Lundi 28 et
mardi 29 juillet 1941
À Alger, le général Weygand
remet la croix de guerre à l'escadre de chasse retour de Syrie
Alger, 27 juillet - L'aviation de chasse qui s'illustra, pendant la
campagne de Syrie était aujourd'hui à l'honneur : deux groupes qui avaient
été envoyés pour renforcer une unité stationnée au Levant et dont on sait
quelle fut l'action, héroïque et efficace, furent, en effet, présentés ce matin
au général Weygand, délégué général du gouvernement pour l'Afrique française,
au cours d'une magnifique prise d'armes
Sur l'aérodrome de Maison Blanche, les vignes et les blés de la
plaine qui s'adosse aux montagnes de Kabylie, sous un soleil éclatant, étaient
réunis les plus fameux parmi les as de l'aviation de chasse française, quand
arriva le général Weygand dont la vareuse était seulement ornée de la médaille
militaire, suivi des généraux Vuillemin, ancien chef d'état-major de d'armée de
l'air ; Rozoy, sous-chef d'état-major de l'armée
de l'air ; Odic, commandant supérieur des forces
aériennes en Afrique du Nord ; du vice-amiral Ollive,
commandant les forces maritimes du Sud ; du vice-amiral Fenard, secrétaire général permanent de la délégation
générale en Afrique française ; du général Beynet,
commandant le 19ème corps ; de M. Pagès, préfet d'Alger.
Face aux immenses hangars, les glorieux appareils, de retour de Syrie
formaient les trois côtés d'un grand rectangle que bordaient les délégations
des troupes de la garnison d'Alger ; tirailleurs sénégalais, aviateurs,
fusiliers-marins, zouaves et auto-mitrailleuses de cavalerie. Au centre se
tenaient les drapeaux des unités combattantes et tout le personnel ayant
participé à la campagne, présenté par le lieutenant-colonel Cathal
et les commandants Geille et Morlat.
Le général Weygand
passant en revue les escadrilles ayant combattu au Levant
Alger – 26 juillet 1941
Après l'appel des morts que les deux groupes perdirent en Syrie, le
général Weygand épingla la croix de guerre au drapeau de l'escadre, qui
recevait ainsi sa troisième palme et sur des coussins, les décorations des tués
et disparus, objets de citations.
Puis un officier supérieur décora les survivants récompensés au
nombre de 21. Les 33 croix de guerre ainsi décernées comportaient, pour la
plupart, plusieurs palmes et étoiles et s’ajoutaient souvent à une croix
conquise durant la guerre 1939-40
Les lauriers les plus lourds allèrent au sous-lieutenant le Gloan - 4 palmes, une étoile qui remporta en Syrie sept
victoires et qui, avec 22 victoires, prend la tête du palmarès des pilotes de
chasse de l'aviation française, au capitaine Richard, six victoires, au
sous-lieutenant Satgé, 4 victoires.
Relevant dans son allocution les sacrifices dont ces succès furent
payés, le Général Weygand exalta l'abnégation totale de tels serviteurs
« Vous avez, dit-il, illuminé de fierté et de gloire les
heures de tristesse du temps présent et nous savons quel supplément de forces
matérielles et morales votre présence nous apporte »
Les troupes défilèrent ensuite devant le général Weygand qui, avant
de se retirer, félicita personnellement tous les pilotes, héros de Syrie.
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Samedi 26 juillet 1941 - Terrain d’Aviation
d’Alger Maison Blanche Retour de la campagne du Levant pour les
deux Groupes de Chasse GC II/3 et GC III/6 Cérémonie en présence du Général WEYGAND Collection Joseph Bibert – Droits
réservés |
L’ÉCHO D’ALGER – Samedi 26 juillet 1941
Ce matin,
à Maison-Blanche
Notre glorieuse aviation de chasse recevra
l'hommage mérité par ses héroïques exploits dans la guerre de Syrie
Samedi dernier, à Istres, le général Romatet,
chef d'état-major général de l'armée de l'air, rendait hommage au cours d'une
prise d'armes, aux éléments de l'aviation de bombardement qui avaient pu
regagner la France après avoir héroïquement Combattu en Syrie.
Ce matin à 9 heures, à Maison Blanche, l'aviation de chasse recevra
à son tour la récompense que lui a méritée sa bravoure, des mains du général
commandant en chef Weygand, délégué général du gouvernement en Afrique
Française, Gouverneur général de l'Algérie.
C’est en effet Alger — plus exactement Maison-Blanche, aérodrome de
la grande ville — qu'ont ralliée les deux groupes de chasse envoyés en Syrie
pour renforcer le 1/7, la seule unité qui se trouvait au Levant au moment de
l'agression britannique et qui ne disposait d'ailleurs que d'appareils
surclassés par tous ceux de l'adversaire, des Morane 406.
Ces deux groupes — le 3/6 et le 2/3 — sont ainsi revenus sur le
terrain d'où ils étaient partis.
Hélas, tous les hommes de ces glorieuses phalanges ne sont point
encore de retour et certains ne reviendront jamais : en une campagne qui
n'a pas duré beaucoup plus d'un mois, le 3/6 a perdu 8 pilotes sur 26, 5
officiers et 3 sous-officiers, dont 4 ont été tués, deux sont prisonniers et
deux disparus ; ses mécaniciens sont demeurés provisoirement sur le sol
syrien et le groupe ne ramène que 14 appareils, criblés, harassés.
Parti également avec 23 avions, le 2/3, lui, n'en compte plus à son
retour que 13 ; 10 de ses pilotes n'ont pu être évacués, faute de
machines ; à son martyrologe, s'inscrivent un pilote tué en vol, 3
mécaniciens tués au sol par un bombardement, 1 prisonnier, un blessé resté à
l'hôpital.
Ainsi l'aviation a-t-elle payé de nouveaux et lourds sacrifices les
pages de gloire qu'elle ajoute au mémorial des armes françaises.
Cette contribution des deux groupes envoyés en terre lointaine
prend plus de valeur encore si l'on considère les lauriers et les deuils dont
les deux formations étaient sorties chargées de la campagne de France : le
3/6 formé à Chartres, en mai 1939, avait abattu 26 appareils ennemis ; le
2/3 parti de Dijon, avait remporté 46 victoires dont 34 officielles.
Le groupe 3/6
En Syrie, le 3/6 enrichit son palmarès de 23 victoires dont 19
certaines. Il accomplit 124 missions, ce qui comporte 549 sorties. Ses premiers
exploits lui valent d'être décoré par le général Bergeret, lors du voyage au
Levant du Secrétaire d'Etat à l'aviation : et son fanion qui porte les
deux masques emblèmes des deux escadrilles, noir sur champ bleu, jaune sur
champ vert, arbore la nouvelle croix de guerre avec palme.
Parti le 24 mai, le groupe s'installe à Rayak,
déjà bombardé. Il opère simultanément contre les colonnes adverses qui montent
vers Damas et Beyrouth. Il appuie la défense de Merdjayoun.
Il protège les escadrilles de bombardement qui, au large de Saïda attaquent la
flotte britannique, celle-ci pilonnant les positions françaises. Les bâtiments
anglais sont eux-mêmes éclairés par des Hurricane. Des combats s'engagent. Les
8 et 9 juin, 7 avions britanniques sont abattus contre trois des nôtres, dont
un touché par une D.C.A. très active.
Cependant que, sur les eaux, le « Guépard » et le
« Valmy » font stopper deux navires anglais, les appareils de
bombardement obligent l'escadre britannique à Interrompre son œuvre de
destruction. Leur mission a pleinement réussi ; ils n'ont subi aucune
perte ; leur escorte a été vigilante.
Mais l'action du groupe se développe sur plusieurs secteurs. Le 15
juin, frayant le chemin à une contre-attaque terrestre entre Soueida et Deraa, une patrouille double, soit 6 avions,
engage le combat avec une dizaine de Gloster-Gladiator.
Trois de ces derniers sont certainement abattus, deux probablement. Un de nos
pilotes réussit à conduire jusqu'à Rayak son appareil
quasi désemparé qui s'écrase sur l'aérodrome : il est indemne. Un autre,
contraint de se poser à 50 kilomètres à l'intérieur des lignes ennemies,
réédite en mieux un exploit précédent : à travers ce Djebel-Druse,
autrefois si hostile, il marche durant cinq jours, guidé par des Bédouins et, à
force de courage et de ruse, vainc le désert et trompe la surveillance de
l'adversaire.
Contre la colonne qui menace Beyrouth, les actions ne vont pas sans
risque : un chef d'escadrille est mortellement frappé en plein vol ;
plusieurs pilotes sont blessés ; les avions reparaissent, percés de part
en part. De reconnaissances armées menées sur l'axe de Damas, 2 pilotes ne
reviennent pas.
L'ennemi progresse ; ses attaques contre les aérodromes de Rayak et des environs deviennent plus fulgurantes. Le 23
juin, au cours d'un combat furieux, engagé presque au ras du sol, quatre
« Hurricane » s'écrasent dans la vallée de la Beka ;
un autre s'engouffre probablement en Méditerranée. Le même jour, trois heures
après, l'adversaire veut venger ses pertes ; il abat deux de nos
appareils, mais un de ses Curtiss P. 40 est descendu.
Le 27 juin, le groupe doit se replier sur Alep. Il appuie la
défense de Palmyre au cours de laquelle son compagnon, le 2/3 s'illustrera
également ; il contre-attaque les colonnes motorisées qui semblent surgir
des sables, dans le désert du nord-est, mais viennent en réalité de l'Irak et
dont une, à l'improviste, occupe Raqqa. La piste de l'Euphrate, vers Deir Ez Zor, devient la grande voie
stratégique ; les engins britanniques y progressent comme d'innombrables
chenilles.
Alep, à son tour, très fréquemment et violemment bombardée — ville
et aérodromes — civils et militaires, doit être évacuée par nos aviateurs pour
un petit terrain plus septentrional. Mais déjà la résistance approche de son
dénouement. Deux jours plus tard, le 9 juillet, les pilotes s'envolent pour une
mission au cours de laquelle ils doivent faire renouveler une partie de leur
matériel. La suspension d'armes les surprendra hors de Syrie ; ils n'y
reviendront pas et rejoindront Maison-Blanche.
Pourtant, leurs pensées sont restées là-bas, auprès de leurs
camarades tombés, autour de leurs mécaniciens qui doivent attendre un
rapatriement collectif, collaborateurs au dévouement silencieux mais acharné
que n'arrêtaient ni les bombardements, ni la chaleur du jour, ni l'obscurité de
la nuit, ni la faim ni le sommeil.
L'action du groupe 2/3
Parti plus tard, le 15 juin, le 2/3 n’est pas pour cela arrivé trop
tard. Il est engagé dès le 17 juin et accomplit au Sud des missions de
protection de bombardement et de mitraillage au sol. Surtout, à partir du 21
juin, il coopère avec une efficacité extraordinaire à la défense de Palmyre qui
restera à jamais un fait d'armes entre les plus glorieux.
Cinq à six mille Anglais affrontent une compagnie de la Légion, une
compagnie de méharistes et quelques partisans. L'esprit de sacrifice des
troupes à terre, l'abnégation des aviateurs, leur ténacité, leur allant, font
pièce à la supériorité quantitative de l'adversaire. Les deux tiers des
véhicules anglais sont rendus indisponibles. Des camions-citernes sont en
flammes. Les troupes hindoues, démoralisées, doivent être relevées par des
Australiens. Ainsi Palmyre tient ; ainsi Palmyre étonne le monde...
Quand, enfin, elle doit céder, le 2/3 poursuit infatigablement son
action contre les colonnes britanniques. Un officier est descendu alors qu'il
repérait une batterie antiaérienne. La D.C.A. de l'adversaire se révèle en
effet très mobile et précise.
Le 27 juin, de Homs, le groupe se replie sur Alep. Le rayon de ses
actions s'en trouve augmenté d'autant. Il atteint parfois 350 kilomètres. C'est
beaucoup ; c'est trop, pour des avions de chasse qui repartent au combat
sans jamais de repos.
Pourtant, le 11 juillet, le 2/3 couronne sa campagne ; il
attaque à l'aube le terrain de Palmyre et malgré un barrage de D.C.A., il
détruit au sol une quinzaine d'appareils ennemis. Le soir, l'ordre est donné du
départ. Voici scellée une série d'exploits parmi lesquels le hasard a fait
d'ailleurs peu de place aux rencontres aériennes ; des deux combats qu'il
a eu à soutenir, le groupe s'est brillamment sorti : le 2 juillet,
au-dessus de Deir-Ez-Zor, deux de ses pilotes descendent un Hurricane et un
seul abat deux Blenheim : le 11 juillet, un équipier revenant de mission,
avec des difficultés de moteur, rencontre une patrouille de Curtiss ; il
en descend le chef et il réussit à poser sur le sol son propre appareil touché
à mort.
Les récompenses des héros
On voit, par ce simple récit, quelle part importante a prise à la
bataille de Syrie, si inégale par les effectifs et le matériel en présence,
l'aviation française de chasse : aux côtés de rares Morane surclassés, 52
Dewoitine 520 ont tenu tête à leurs égaux, les Hurricane, aux Gladiator plus maniables, aux Curtiss plus rapides,
toujours nombreux, toujours renouvelés.
« Que leurs équipages,
que leurs fidèles mécaniciens en soient loués. Qu'ils soient à l'honneur après
avoir été à la peine. »
Ainsi parlaient les chefs qui les avaient conduits au feu, les
commandants Geille et Morlat.
Cependant, les noms des héros ne viendront sur leurs lèvres qu'au jour prochain
des récompenses.
... Déjà le travail a repris, dans la sérénité habituelle aux vrais
patriotes et aux braves, à ceux que les trahisons ne font point hésiter.
L’ÉCHO D’ALGER – Dimanche 27 juillet 1941
À l’aérodrome
de Maison-Blanche
Le général Weygand remet la croix de guerre
aux groupes de chasse retour des glorieux combats de Syrie.
« Vous avez illuminé de
fierté et de gloire les heures de tristesse du temps présent. »
Une vision de gloire et le sentiment d'un grand deuil nourrissaient
hier l'indicible émotion de ceux qui participèrent à cette cérémonie si ample
dans son décor, si profonde dans son dessein.
À la lumière brûlante de cette matinée, sur le vaste aérodrome
militaire de Maison-Blanche, entourée de l'hommage de toutes les armes de la
garnison d'Alger et des étendards des escadres aériennes d'Afrique du Nord, se
trouvaient réunis à l'honneur les équipages de chasse d'Algérie, retour des
combats de Syrie.
Derrière eux, témoins immobiles et muets collaborateurs de tant
d'héroïsme, les petits « Dewoitine 520 » passés à la flamme des engagements
épiques, portant dans leurs membrures les incicatrisables blessures du métal et
du feu.
La glorieuse carrière de deux
groupes de chasse en Syrie
Voici deux groupes autour de leurs drapeaux. Parti en renfort le 25
mai, l'un d'eux parvenait à Rayak le 28 mai, après un
voyage de 3 800 kilomètres. Dès le 8 juin, il était engagé dans une lutte
Inégale, protégeant les bombardiers français à Damas, à Merdjayoun,
à Saïda et sur le littoral, attaquant à la mitrailleuse et au canon les
colonnes motorisées et les troupes d'assaut. En un mois : 124 missions
périlleuses représentant 549 sorties d'avions.
L'as des as de la chasse française
Au cours de ces missions, un groupe a abattu en combats aériens 23
avions ennemis.
Parmi ces glorieux combattants de l'air figure le sous-lieutenant
Le Gloan, avec sept victoires, dont deux en
collaboration avec d'autres camarades d'escadrille.
Ce pilote d'élite qui avait, au cours de la bataille de France,
abattu quinze avions à lui seul, prend désormais, avec vingt-deux victoires, la
première place, Jusqu'alors tenue par Marin de La Meslée,
au palmarès des pilotes de chasse français.
Près de lui, c'est le capitaine Richard, avec six victoires, dont
quatre en collaboration ; le sous-lieutenant Satgé,
avec quatre victoires en collaboration ; le lieutenant Steunou avec trois
victoires en collaboration ; le sergent Michaux, trois victoires, dont
deux en collaboration ; les sergents-chefs Macia
et Mertzisen, chacun trois victoires en
collaboration ; le sergent Coisneau, deux
victoires en collaboration ; le capitaine de Rivals,
une victoire ; les lieutenants Legrand et Boiries ;
le sous-lieutenant Rivory ; les sergents-chefs Montribot, Ehmlinger, les
sergents Savinel, Mequet, Gesquières, chacun une victoire en collaboration.
Cependant, un autre groupe quittait à son tour Maison-Blanche, le
13 juin. Le 15, il était à Homs et était engagé contre les colonnes motorisées
venant de l'Irak vers Palmyre, Deir-Ez-Zor, Alep. C'est dans la défense
inoubliable de la petite garnison de Palmyre qu'il s'illustra surtout
effectuant 213 missions de mitraillage.
Replié le 12 Juillet sur Alep, il attaque à 350 kilomètres de la
base le terrain de Palmyre occupé par l'ennemi. En une seule passe, onze de nos
pilotes détruisent ou endommagent douze appareils britanniques et regagnent
tous leur base. Et ce n'est là qu’une des quatre cent quatre missions de guerre
effectuées en moins de trois semaines par ce groupe.
Au cours de ces opérations, ce groupe livra trois combats aériens
remportant ainsi quatre victoires : le sous-lieutenant Patin, deux
victoires ; le lieutenant Lété, une
victoire ; l'adjudant-chef Leblanc et le sergent Hurtin,
une victoire.
Hommage aux morts et aux disparus
Mais la rançon est lourde de tant de succès.
Aussi, la première phase de cette cérémonie sera-t-elle consacrée à
la mémoire des héros tombés au champ d'honneur et à leurs camarades disparus.
Aussitôt après l’arrivée du général Weygand, salué par la «
Marseillaise » que joue l'excellente musique au 13ième régiment de
tirailleurs sénégalais, et qu'accompagnent le général Rozoy,
sous-chef d'état-major de l'armée de l'air venu de Vichy ; le général
Vuillemin, le général Odic, commandant supérieur de
l'air en Afrique du Nord ; l'amiral Ollive,
commandant supérieur des forces maritimes du Sud ; le général Beynet, commandant la 19ième région ;
l'amiral Fenard, secrétaire général de la délégation
du Gouvernement en Afrique française ; Pagès, préfet d'Alger ; le
colonel Rignot, représentant le général Girier, commandant l'air en Algérie ; Séguier,
directeur de la navigation aérienne ; Dupuy, maire de
Maison-Blanche ; le commandant du groupement aérien ; le
lieutenant-colonel Cathal, fait l'appel poignant des
tués et des disparus ou prisonniers.
La sonnerie « Aux Morts » retentit longuement tandis que toutes les
troupes présentent les armes.
Le général Weygand décore le drapeau d'une escadre et le commandant
Geille
Le colonel Cathal donne alors la lecture
de la magnifique citation de l'armée à l'une des escadres. L'étendard s'incline
et c'est le général commandant en chef Weygand qui épingle la croix de guerre
dans la soie de l'emblème, cependant que la musique du 13ième R.T.S.
joue l'hymne national. Puis le gouverneur général décore un chef de groupe, le
commandant Geille.
Le drapeau d'une autre escadre devait être également décoré au
cours de cette seconde phase de la cérémonie. Mais les citations de cette unité
ne sont pas encore parvenues de Syrie.
Maintenant, c'est le colonel Rignot qui
lit les citations et remet la croix de guerre, aux héros. Certains ont quatre
et cinq citations à l'ordre de l'armée, du corps d'armée ou de l’aviation de
chasse, et leur croix de guerre orne d'une étoile et parfois de quatre palmes.
On entend successivement les noms des lieutenants Martin,
sergent-chef Ravily, sous-lieutenant Rivory, capitaine Jacobi, lieutenant Boiries
et sergent Pimont, lieutenant Steunou, sergent Savinel ; capitaine Bordier, sergent-chef Cathurla, sergents Allègre et Berteau.
Puis les noms des capitaines de Rivals,
Richard, Sautier, lieutenant Legrand, sous-lieutenants Le Gloan,
Satgé, Brondel ;
sergents-chefs Chardonnet, Mertzisen, Montribot, Macia, Loy ;
sergents Coisneau, Gesquiéres,
Michaux ; les capitaines Duval et Menu ; sous-lieutenant Patin ;
adjudant-chef Leblanc ; sergent-chef Killy ; le lieutenant Lété ; le sergent Burtin...
Une allocution du général Weygand
Le carré des délégations de troupes se resserre autour des nouveaux
décorés et du général Weygand qui s'est avancé vers eux, et prend la parole.
C'est pour exalter l'esprit de sacrifice et de totale abnégation de nos
soldats, et notamment de nos aviateurs en Syrie :
— Vous avez, dit-il, en
terminant, illuminé de fierté et de gloire les heures de tristesse du temps
présent. Et nous savons quel supplément de force morale et matérielle votre
présence nous apporte.
Le défilé
Cependant qu'un gros avion survole le terrain, on assiste ensuite à
un court mais très beau défilé, rythmé par la musique du 13ième
R.T.S. : les drapeaux des escadres aériennes d'Afrique du Nord, entourés
de leurs gardes d'honneur ; des détachements remarquablement tenus de la
marine, du 1er tirailleurs algériens, quelques automitrailleuses représentant
les bataillons de chars de combat.
Très chaleureusement, le général Weygand félicita le
lieutenant-colonel Cathal de la présentation des
troupes, cependant que l'assistance, peu nombreuse en raison des difficultés de
transport, se dispersait, profondément émue par le spectacle de cette cérémonie
prestigieuse dans son développement très simple. On venait d'entendre lire une
des pages les plus réconfortantes de notre histoire au cours de cette guerre...
CITATION
par ordre en date du 21 août 1941
Groupe de chasse III/6
« Arrivé en renfort, le 7 juin 1941, après avoir franchi par la
voie des airs les étapes d'Afrique du Nord au Levant, a commencé à combattre
immédiatement.
« Sous l'énergique impulsion de son chef, le commandant Geille, a exécuté, au cours de huit jours- de bataille, 250
sorties, 350 heures de vol de guerre. À remporté
11 victoires certaines et 3 probables. Se dépensant sans compter, sans qu'aucun
jour de repos ait pu être donné à ses équipages, a obtenu dans les missions de
toute nature qui lui ont été confiées, y compris des missions de reconnaissance
profonde dont certaines ont été des missions de sacrifice, un rendement que
n'ont pas diminué ses pertes.
À été un des
facteurs essentiels de la défense des Etats sous mandat français au
Levant ».
Lette du Général HUNTZINGER au Général
BERGERET
du 24 août 1941
23 août 1941
Le Général d’Armée Huntziger
Commandant en Chef des forces terrestres
Ministre Secrétaire d’Etat
à la Guerre
à
M. le Secrétaire d’Etat à
l’Aviation
« Vous avez bien voulu me communiquer une note faisant le
bilan des victoires et des pertes de l’armée de l’air au cours de la campagne
du Levant. Cette note illustre les faits que je connaissais déjà par les
rapports d’opérations qui m’ont été adressés. L’aviation du Levant s’est très
bravement et très efficacement battue aux côtés de l’armée de terre ;
grâce à une collaboration étroite dans la zone de combat, elle a prolongé et
soutenu la résistance offerte par les unités terrestres. Tous les renseignements
qui me sont parvenus me montrent que le commandement et les troupes du Levant
gardent une profonde reconnaissance aux équipages de l’air pour la lourde tâche
qu’ils ont accomplie avec tant de valeur. Je vous demande, si vous le jugez
opportun, de faire connaître aux unités sous vos ordres, cette reconnaissance
de l’armée de terre. »
Médaille commémorative de
la campagne du Levant de 1941
« L’Aviation de
Vichy au combat » de Christian
Editions Lavauzelle - 1985
L’ouvrage de référence
indispensable en deux tomes
Liens complémentaires à cette page :
L’aviation
en Syrie – Colonel Gérard - 1927
Campagne du
Levant : Liban et Syrie 1941
L’affaire
de Syrie, par le Général Mascaro
Syrie
1941, par le Général Roignet
Notes du
Capitaine Ducrocq – Campagne du Levant : au service du Führer
Combats
fratricides sur la Syrie par J-Y. Morant et B. Palmieri (2011)
Livre
de Marche de la 6ème Escadrille – Seconde partie – Campagne du Levant
Pierre
Le Gloan – As du GC III/6
Gabriel
Mertzisen – Du GC III/6 au Normandie-Niemen
Page d’accueil du
site de François Xavier Bibert
Les Hommes du
Groupe de Chasse GC III/6
À