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Lieutenant PIERRE MARIE LE GLOAN

Pilote au GROUPE de CHASSE

GC III/6 (3/6)

5ème Escadrille

(1913 – 1943)

 

 

Pierre LE GLOAN

 

 

 

 

Insigne GC III/6 - 5ème escadrille - Masque tragédie

Pierre LE GLOAN en 1941 à Alger

Pierre LE GLOAN

 

 

 

 

Insigne GC III/6 - 5ème escadrille - Masque tragédie

 

Le sous-lieutenant Pierre LE GLOAN - As de la seconde guerre mondiale

et le célèbre masque « sévère » ou « tragédie » de la 4ème Escadrille du GC III/6

 

Cliquez sur la photographie pour voir la célèbre photographie du lieutenant LE GLOAN devant son Dewoitine 520 à Alger en septembre 1941

 

 

Page d’accueil du site de François-Xavier BIBERT

 

Les hommes du GC III/6 - Historique officiel du GC III/6 - Livre de marche de la 5° - Livre de marche de la 6°

 

GC 3/6 - La journée du 15 juin 1940Rapport d’engagement du 15 juin 1940

 

Pierre LE GLOAN sur le site « Memorial-genweb »

 

Pierre LE GLOAN sur le site « Mémoire des Hommes »

 

Note : même si elle a été corrigée ou complétée par la suite au fur à mesure de mon travail (*), cette étude a été mise en ligne dix ans avant que la revue le « Fana de l’Aviation » ne publie de janvier à mars 2020, en trois parties et sur 32 pages, une biographie de Pierre LE GLOAN. J’aurais apprécié que son auteur signale quelque part que ce site, qui lui a servi de trame, lui a fourni de nombreux documents iconographiques originaux et d’informations nouvelles, fruit de mes recherches et collectes de témoignages sur le III/6 et « Le GLOAN » en particulier, tout en oubliant certains éléments qui ne collaient pas à l’image qu’il voulait donner du pilote…

(*) En particulier, grand merci à Messieurs Raymond THOUÉLIN et Guy RAOULT (1931/2022), neveux de Pierre Le GLAON et à M. le Maire de Plouguernével : voir descendance de Jean Marie Le GLOAN et de Marie Françoise CADIOU

F-X. Bibert – Été 2020

 

 

 

 

 

A la déclaration de guerre Pierre LE GLOAN a 26 ans. Il est sergent-chef pilote à Chartres (BA 122) au Groupe de Chasse GC III/6 et vole depuis quelques mois comme ses camarades des deux escadrilles de ce nouveau Groupe sur les nouveaux Morane Saulnier MS 406, le « meilleur chasseur du monde » suivant l’Etat-Major !!!. Celui qui lui a été attribué est le n°163 codé « 6 ». Peu après le début de la guerre, il recevra un appareil plus moderne, le n°597.

 

A la signature de l’armistice, neuf mois plus tard, un nouveau LE GLOAN est né ; il est sous-lieutenant depuis quelques jours, il est un des « AS » de la campagne de France, puisqu’il a officiellement onze avions allemands ou italiens à son tableau de chasse, dont quelques-uns en collaboration avec ses équipiers, 7 citations, la croix de guerre, la médaille militaire et qu’il va recevoir la Légion d’Honneur quelques jours plus tard. Tout le monde parle de lui !

 

C’est le 15 juin au Luc (Var) que tout s’est décidé, lorsqu’en moins de 3/4 d’heure et en une seule sortie à bord d’un Dewoitine D.520 flambant neuf qu’il ne pilote que depuis quelques jours, il va abattre plusieurs avions italiens. Cinq victoires seront très ou trop rapidement homologuées à son actif par l’Etat-major, dont deux en collaboration avec le capitaine Jean Assollant.

 

Dewoitine 520

Fiat CR 42 "Falco"Fiat CR 42 "Falco"Fiat CR 42 "Falco"Fiat BR20 '"Cigogna"

 

Une promotion et une légende digne de l’épopée napoléonienne ou des meilleurs faits d’armes de 1914, toutes proportions gardées…

 

Breton pas toujours commode, ses amis sont rares. Fin février 1936, le GC 1/6 de Chartres, où Pierre LE GLOAN est déjà chef de patrouille, et le GC I/7 de Dijon sont envoyés en AFN, via Hyères, pour constituer l’Escadre de Marche d’Afrique du Nord (EMAFN), qui débarque du porte hydravion « Commandant’ Teste » les 7 et 8 mars à Bizerte avant de gagner Sétif où elle séjournera du 17 mars au 21 juin 1939 sur l’aérodrome de Aïn-Arnat. Mais lors de la création à Chartres du GC III/6, en mai 1939, le lieutenant-colonel Rougevin-Baville qui commande cette nouvelle escadre, profite un tant soit peu de l’occasion pour « réorienter » d’où il venait ce pilote au caractère un peu difficile… Ses inséparables camarades, Goujon et Lamazou, le suivront un peu plus tard...

 

Insignes du GC I/6 - Traditions SPA 06 et SPA 12

GC I/6 à Chartres, puis en AFN à partir de mars 1939

Insigne « tête de guerrier gaulois », tradition SPA 96

Insigne « Fanion Bleu et Blanc », tradition SPA 12

 

 

A Sétif/Aïn-Arnat, en mai 1939, des Morane 406 du GC I/6 et du GC 1/7 qui composent l’Escadre de Marche d’Afrique du Nord (EMAFN)

Au premier plan le n°31 codé « 3 » portant l’insigne de la 2ème escadrille du GC I/6 – SPA 12 « Fanion bleu et blanc »

Collection François-Xavier BIBERT – Archives famille Boymond

 

 

Personnels de l’Escadre de Marche d’Afrique du Nord (EMAFN) à Sétif/Aïn-Arnat en mai 1939 - LE GLOAN, accroupi, est le 3ème en partant de la gauche

A droite, un Morane 406 portant l’insigne de la 1ère escadrille du GC I/6 – SPA 96 (« Tête de guerrier gaulois »

Collection François-Xavier BIBERT – Archives famille Boymond

 

Acte de naissance de Pierre LE GLOAN

Ascendance de Pierre LE GLOAN

 

Issu d’une modeste famille de paysans de Kergrist-Moëlou, ancien département des Côtes du Nord, au lieu-dit Moustermeur », Pierre LE GLOAN est né le 6 janvier 1913. Il a 7 frères et sœurs plus âgés que lui. Passionné d’aviation, il va obtenir une bourse de l’Etat pour apprendre à piloter. Il s’agit en fait d’une sorte de préparation militaire avant la lettre et ce sont des écoles civiles qui forment sous contrat avec l’Etat, en six mois environ, des pilotes qui obtiennent à la fin de leur stage un brevet militaire. Pendant cette période, les élèves, occupés à plein temps, sont logés et nourris, mais pas payés. A tout juste 18 ans, Pierre LE GLOAN se retrouve ainsi à l’école CFA (Compagnie Française d’Aviation) de Nîmes au début de l’année 1931, avec une quinzaine d’autres camarades, où ils volent principalement sur Potez 25.

 

A cette époque, les pilotes étaient brevetés au fur et à mesure de l'exécution des épreuves ; montée en altitude, voyage triangulaire, etc. Ce n'est que plus tard que les promotions seront brevetées « en bloc » à la même date. Les camarades de Pierre LE GLOAN, tous boursiers CAD civils, qui ont été brevetés à l'école CFA de Nîmes-Courbesac au cours des mois de juillet et août 1931 sont :

 

Orfila Jean

23336

10/07/1931

Gamaury François

23384 

30/07/1931

Bruckert Henri

23337

10/07/1931

Cayol André

23402

05/08/1931

Manscourt Raymond

23339

11/07/1931

LE GLOAN Pierre

23419

07/08/1931

Beaudelin Jean

23338

11/07/1931

Lérat Georges,

23423

08/08/1931

Brian Georges

23345

18/07/1931

Lieure Gaston

23446

10/08/1931

Sotty Henri 

23346

18/07/1931,

Vidal Armand

23447

11/08/1931

Vogel Auguste 

23357

24/07/1931

Boyer René

23448 

12/08/1931

Pascal Gabriel

23358

27/07/1931

Masson Raoul

23449

13/08/1931

 

Escadrille "Les Cigognes" et les As de1914/1918 - Rêves d'enfant...   Affiche : Engagez vous dans les forces aériennes...   Pieerer le GLOAN à 20 ans - Pendant sa formation à Istres

 

Rêves et… engagement…

A droite, en détente à Bandol, sur un bateau vers l’Ile de Bendor : LE GLOAN, HUVET et TITARD

 

 

Pierre LE GLOAN a maintenant 18 ans 1/2, et il peut arborer fièrement ses « ailes » de pilote militaire obtenues sans problème le 7 août 1931. L’officier qui les lui a remis, sans doute un ancien pilote de 14/18, lui a certainement dit selon une tradition bien établie : « Je te remets l’insigne de pilote qui comporte les ailes qui te portent, l’étoile qui te guide et la couronne qui t’attend... Il doit être agrafé sur le côté droit de ta poitrine, tâche de lui faire honneur et pour cela, pense toujours aux anciens qui désormais en ont fait le symbole de ta vie... ». Le tout jeune nouveau pilote, Pierre LE GLOAN, doit maintenant rembourser sa dette à l’Etat en devançant l’appel pour faire immédiatement son service militaire... dans l’aviation bien évidemment, où beaucoup de pilotes ne sont à cette époque que de simples soldats. Par devancement d’appel, il s’engage le 8 décembre 1931 à l’intendance de Nîmes au 2ème Groupe des Ouvriers de l’Aéronautiques.

 

            

 

Les trois escadrilles du 2ème RAC (Régiment d’Aviation de Chasse) de Strasbourg en 1932/133

7ème Escadrille, SPA 57, « Mouette en vol » - 9ème Escadrille, HD 174, « Tête de Mercure » - 10ème Escadrille, SPA &24, « Buste de Jeanne d’Arc »

 

Après un complément de formation au centre de perfectionnement au pilotage d’Istres, il rejoint le 2ème Régiment de Chasse de Strasbourg où il est affecté avec le grade de caporal le 15 mai 1932 au 3ème groupe commandé par le commandant Rougevin Baville aîné, qui comporte 3 escadrilles, la 7ème (SPA 57, insigne « Mouette en vol »), la 9ème (HD 174, insigne « Tête de Mercure ») du capitaine Monnot et la 10ème (SPA 124, insigne « Buste de Jeanne d'Arc ».) commandée par le lieutenant Castanier qu’il retrouvera commandant au GC III/6 plus tard. Le service militaire dure à l’époque 18 mois, les pilotes sont normalement nommés caporaux au bout de 9 mois et sergent de réserve lors de leur démobilisation. Ainsi, au début de l’année 1933, Pierre LE GLOAN doit songer à son avenir. Pour lui, ce sera voler bien sûr ! Mais si les adolescents fortunés peuvent assouvir cette nouvelle passion à la mode qu’est l’aviation dans les aérodromes civils qui se créent un peu partout après la grande guerre, les plus modestes, rêvant aux exploits des As de 1914 tels Guynemer, Fonck et Nungesser, n’ont pas d’autre choix pour « voler » que celui de rejoindre « l’Aéronautique militaire », qui deviendra « l’Armée de l’Air » en 1933. C’est pourquoi Pierre LE GLOAN s’engage alors définitivement dans l’Armée le 2 mars 1933 par un contrat d’un an renouvelable, mais avec le ferme espoir de faire carrière... (merci à M. Morareau pour son aide).

 

 

Rare photo d’un Nieuport-Delage 620 de la 9ème escadrille du 3ème groupe du 2ème RAC de Strasbourg avec la « Tête de Mercure »

Appareil que pilotait Pierre LE GLOAN en 1932-1933

Collection François-Xavier Bibert via famille LE GLOAN

 

Pour la petite histoire, c’est à Strasbourg qu’il a fait la connaissance de Jean Yves (Yvon) Ehrhard. Ce mécanicien alsacien, qui le suivra fidèlement pendant de nombreuses années, a raconté en 1980 une anecdote le concernant (1), lors d’une réunion des « anciens de la BA 122 de Chartres » à laquelle il participait avec son grand ami Joseph Bibert.

 

 

(1) Yvon EHRHARD (1912/1986) parle de Pierre LE GLOAN…

 

 «... avec nos chaussures à clous appelées « Clémenceau » nous ne passions pas inaperçus, ne serait-ce que par le tapage... Nous avons particulièrement sympathisé au cours de la campagne de tir qui se déroula durant l’été 1933 chez les marins, à Hyères Palivestre. Les 3 groupes du 2ème R.A.C. y effectuèrent, à tour de rôle une période de 15 jours. C'était la 1ère campagne de tir de Pierre, et s'il rencontra parfois la maudite « bosse mobile » en posant son Nieuport, il se révéla dès les premiers tirs sur manche à air remorquée, parmi les meilleurs tireurs, sinon le meilleur, le tir aérien, qu'il adorait, étant inné en lui.

 

Nous avons été nommés sergent en même temps, le 1er septembre 1933. Selon la coutume nous avons préparé un arrosage en commun en délaissant les apéritifs traditionnels au profit, province oblige, d'un « gewurztraminer » de derrière les fagots, ramené de Turckheim, en oubliant de passer par la Régie.

 

Le jour du pot arrivé, avant le déjeuner, devant les tables impressionnantes, garnies de flacons, d'amuses gueules et de cigarettes, les officiers et sous-officiers du groupe, pilotes et mécanos étaient rassemblés. Il manquait hélas un nouveau promu et pas n'importe lequel. C'était notre Pierre national qui était encore dans les airs et que l'on ne voyait pas poindre sur la piste. Le Commandant de Groupe semblait passablement ennuyé par ce contretemps ; il avait, en effet, donné l'autorisation au chef de hangar et à son mécanicien de prêter « son avion » au nouveau sergent.

 

L'absent se faisant toujours attendre, la majorité du personnel présent dans le local des futures agapes, sortit sur le terrain pour scruter l'horizon. Enfin le ronflement caractéristique d'un 500 Hispano ! C'était bien l'avion du patron qui se présentait dans l'axe de la piste. Aux premières loges, le Commandant de Groupe ouvrait grand ses yeux pour suivre cet atterrissage. La première « bosse mobile » paraissait inévitable ; elle fut suivie par plusieurs autres rebondissements qui se terminèrent, en bout de terrain, par un retournement sur le dos spectaculaire. Les secours furent immédiats, mais le taxi était H.S.

 

Le grand Pierre réussit à se dégager de l'habitacle à l'arrivée des premiers coursiers, mais il avait pris un sérieux « casse-croûte pare-brise »... ; son appendice nasal, plutôt conséquent, s'était sérieusement marié avec le collimateur OPL. C'est donc avec un bel emplâtre sur la face qu'il se présenta à l'arrosage et plus particulièrement : à son arrosage... Les remontrances du Cdt Rougevin-Baville furent plutôt paternelles et les quolibets des pilotes plus chevronnés amicaux. Quant aux mécaniciens, leurs sourires sans rancune étaient un peu grimaçants, ce qui n'empêcha pas notre jeune Sergent pilote, blessé physiquement, mais aussi moralement, d'avaler sans sourciller un premier verre de gewurztraminer…

 

 

 

Maintenant d’active, et redevenu provisoirement caporal, LE GLOAN est rapidement nommé sergent et il rejoint lors de sa création en septembre 1933 à Reims, la 6ème escadre de Chasse, mise sur pied suite à la dissolution du 2ème Régiment d'Aviation de Chasse de Strasbourg (2ème RAC). Elle réunit alors deux groupes ; le GC I/6 avec les escadrilles SPA 95 (Hirondelle) et SPA 153 (Gypaète) et le GC II/6 avec les escadrilles SPA 26 (Cigogne allongée) et SPA 124 (Buste de Jeanne d’Arc). Fin 1934, la 6ème escadre de chasse, avec LE GLOAN, est transférée de Reims à Chartres, alors que la 42ème Escadre Mixte (42ème EM) de Chartres s'installe à Reims. A l'occasion de cette permutation géographique, ces deux escadres s'échangent leur premier groupe. C'est ainsi que le nouveau groupe de chasse I/6, équipé de Nieuport Delage 62, puis 621 C, perpétue dès lors les traditions des SPA 96 (Tête de guerrier gaulois) et SPA 12 (Fanion bleu et blanc). Dans ce groupe, LE GLOAN, pilote confirmé et naturellement doué, tireur d’élite de surcroît, a été en conséquence nommé rapidement chef de patrouille puis sergent-chef.

 

Joseph Bibert, d’une manière parallèle et simultanée obtiendra son brevet de mécanicien et sera affecté au GC 1/6 de Chartres. Entre Bretons, Alsaciens ou autres « fortes têtes » de nos belles provinces françaises, l’ambiance était chaude certains soirs dans les escadrilles… et dans les bals du samedi soir où ils étaient courtisés !

 

Profil du Nieuport Delage 621 C

Joseph BIBERT en 1935 devant un NIEUPORT DELAGE 621 C

Nieuport Delage 621 C

Joseph BIBERT en 1935 à Chartres

 

Chartres 1935 - GC I/6

Pierre LE GLOAN est pilote et Joseph BIBERT mécanicien

Ils se retrouveront en 1939 au GC III/6

Photographie Joseph Bibert – Droits réservés

 

LA GUERRE

 

L’histoire de LE GLOAN pendant la campagne de France et celle du Levant avec le GC III/6, cinquième escadrille, arborant à partir de février 1940 le fameux masque noir « Tragédie » ou « Sévère » ne peut pas être entièrement racontée à partir du journal et du livre de marche de son escadrille extrêmement succincts et souvent reconstitués. Mais heureusement, quelques passionnés de l’aéronautique, dans des livres et des revues, ont tenté patiemment de reconstituer au mieux les combats aériens de la seconde guerre mondiale, grâce à d’autres archives militaires françaises et étrangères et à divers témoignages. Merci à eux.

 

 

 

Une des nombreuses représentations épiques du Morane Saulnier MS 406 n°597 de Pierre LE GLOAN

arborant le numéro 6 et le masque « Tragédie » de la 5ème escadrille du GC III/6

 

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LES VICTOIRES de PIERRE LE GLOAN :

 

 

CAMPAGNE DE FRANCE

 

 

Profil du Morane Saulnier 406 de Pierre Le Gloan - Printemps 1940 

Profil du Morane Saulnier MS 406 n°597 codé « 6 » de Pierre LE GLOAN

 

23 novembre 1939                     1 en coopération (2 pilotes)

 

Venant de Bouillancy, le Groupe GC III/6 s’est installé depuis quelques jours à Wez-Thuisy, près de Reims. Une patrouille légère constituée du s/c LE GLOAN et du s/lt Martin (MS 406 n°413 « La Sardine ») est envoyée à la poursuite d'un appareil ennemi vers midi. Après une heure de vaines recherches, alors que la mission semble terminée, une nouvelle position leur permet enfin de mettre la main sur un Do 17P isolé qu'ils prennent en chasse. Lors de la première passe par l'avant, le s/c LE GLOAN l'ajuste de très près, puis après un virage serré, les deux Morane ouvrent le feu par l'arrière.

 

Le bimoteur de reconnaissance du 5.(F)/122 alors basé à Köln-Wahn (Cologne) tente une manœuvre pour se dégager en piquant à la verticale, mais les chasseurs restent collés à son sillage. Finalement, après pratiquement 1/4 d'heure de rase-mottes et une dernière rafale, le Dornier est contraint de faire un atterrissage en catastrophe à Bras-sur-Meuse au nord de Verdun. Les trois membres d’équipage - Lt K. Behnke, Uffz. H. Schrutek et Uffz. A. Hermann – sont faits prisonniers.

 

C'est la première victoire du Groupe.

(voir « Le Morane Saulnier 406 » – Avions)

Bras sur Meuse - Dornier 17 - 1ère victoire de Le Gloan - 23 novembre 1939

 

s/c LE GLOAN et s/lt MARTIN - 23 novembre 1939

 

 

L’épave du Dornier 17 du 5(F)/122 abattu par la patrouille du s/c LE GLOAN (à gauche) et du s/lt MARTIN (à droite) le 23 novembre 1939 à Bras-sur-Meuse

Première victoire du Groupe GC III/6

 

Lire : « Schwarzer Donnesrstag » (Le jeudi noir de l’aviation de reconnaissance allemande)

 

 

 

 

 

 

 

3 février 1940

 

Lors d’une prise d’armes sobre, solennelle et glaciale sur le terrain de Wez, après la remise par le général Vuillemin, Chef d’état-major de l’Armée de l’Air, des insignes de Grand Officier de la Légion d’Honneur au général d’Astier de la Vigerie, commandant la Z.O.A.N., le lt Martin et le s/c LE GLOAN reçoivent leur Croix de Guerre.

 

 

2 mars 1940  2 en coopération (2 pilotes)

 

Le Groupe est toujours à Wez-Thuisy. L’hiver a été très long, très calme et très neigeux. Les pilotes ont peu volé et s’ennuient ferme. La chasse au lapin bat son plein dans la campagne…

 

Mais ce jour-là, le lt Martin et l'adj LE GLOAN sont en l’air et ils réussissent à coincer un Dornier 17P de reconnaissance. La poursuite s'engage et tourne à l'avantage des Morane qui au bout de 7 à 8 minutes ouvrent le feu sur le Dornier par l'arrière. Celui-ci (WNr 17360, codé 6M+AM, du 4.(F)/11) part en descente, le combat se poursuivant au ras des arbres, mais les rafales de plus en plus précises, qui endommagent son empennage, achèvent le bimoteur qui va se poser, train rentré, à 2 km au sud-est de Bouzonville, au lieu-dit La Ferme Sainte-Marie.

 

Le livre de marche de la 5ème précise simplement : « LE GLOAN a huit balles dans la queue. » (SIC).

 

Pour la petite histoire, il faut savoir que les trous de balles dans l'entoilage des Morane furent rebouchés par les mécaniciens à l'aide de pastilles frappées de la croix gammée !

 

(voir aussi : « Le Morane Saulnier 406 » – Avions)

Bouzonville - Dornier 17 - 2ème victoire de Le Gloan - 2 mars 1940

 

Dornier 17 abattu par LE GLOAN et MARTIN le 3 mars 1940 à BOUZONVILLE

 

Le Dornier 17 WNr 17360, codé 6M+AM, du 4.(F)/11) abattu par l’adj LE GLOAN et le lt MARTIN le 2 mars 1940 à Bouzonville

FF Fw Heinz BÄR, BO Oberlt Adolf LEUPOLT, BF Fw Karl LEJCYK blessés et capturés.

 

MARTIN et LE GLOAN - Citations

 

 

Pierre LE GLOAN

 

Mars 1940 - Cornillet, aérodrome de Wez-Thuisy sous la neige

Rare photographie du sgt/c LE GLOAN en tenue de vol, au retour d’une mission avec le sgt/c CHARDONNET

Le capitaine JACOBI, commandant la 5ème escadrille du GC III/6, accueille ses pilotes

 

Pierre LE GLOAN

 

Mars 1940 - Cornillet, aérodrome de Wez-Thuisy – Pilotes et mécaniciens de la 5ème escadrille du GC III/6 devant leur PC

Pierre LE GLOAN, Omer BORREYE et COLIN « Le père CO » (mécaniciens), Maurice CHARDONNET, Jules PIESVAUX (mécanicien) et Charles GOUJON

A cette époque, Pierre LE GLOAN est déjà titulaire de deux victoires

Collection personnelle Jules Piesvaux – Droits réservés

 

 

 

 

 

 

 

1 avril 1940

 

Pierre LE GLOAN est nommé adjudant à compter du 1/04/1940 par décision du 20/03/1940.

 

 

11 mai 1940   3 en coopération (7 pilotes)

 

 

Le GC III/6 est depuis le début du mois à Chissey sur Loue dans le Jura quand la grande offensive allemande débute. Bien qu’assez loin de la zone principale des combats le Groupe est mis à contribution.

 

Au début de la matinée, les Morane du GC II/7 de Luxeuil ont décollé pour protéger leur terrain et s’en prennent à un dispositif de Heinkel 111 venu les bombarder. Un appareil allemand est difficilement abattu et tombe finalement sur l'église du village de Brassy dans le Morvan.

 

Seule la patrouille du s/c Doudiès n'a pas participé à ce combat. En rentrant, elle tombe sur un autre groupe de 16 Heinkel 111H du Stab I/KG 51 partant bombarder Châteauroux. Arrivée à bonne distance, elle passe à l'attaque, mais les équipiers du s/c qui ont des problèmes doivent abandonner le combat. Doudiès obtient heureusement l’aide près de Gray d’une patrouille double du GC III/6 composée de LE GLOAN – sgt Trinel – sgt de Gervillier (MS n°803 « Le Dahu ») et cne Jacobi – s/lt Salaün – s/lt Cavaroz.

 

Le livre de marche de la 5ème signale deux avions touchés et un abattu. Les rapports de combat signalent que le premier avion que LE GLOAN a attaqué part en spirale, mais il ne pourra pas être homologué. Un second, le Heinkel codé 9K+GH, s'écarte à son tour sous les coups en dégageant de la fumée. Les 6 Morane du GC III/6 et celui du GC II/7 s’acharnent les uns après les autres sur l’allemand pour l’abattre. Ce bombardier peut cependant se poser sur le ventre vers 10h 00 à Pirey dans le Jura. Son équipage tente de l'incendier avant d’être fait prisonnier ; Fw K. Zähnle qui est légèrement blessé est hospitalisé à l'hôpital St-Jacques de Besançon, les autres, Fw H Leinkeit, Uffz R. Lachmann, Uffz G. Geske, Gefr J. Heyer sont indemnes. Cette victoire est attribuée collectivement aux 7 pilotes.

 

(voir aussi le « Le Morane Saulnier 406 » – Avions et Histavia21.net)

Pirey - Heinkel 111 - 3ème victoirede Le Gloan - 11 mai 1940

 

 

 

 

 

 

 

14 mai 1940  4 en coopération (4 pilotes)

 

 

 

Junkers 88

 

Les journées du 11 et du 12 ont été relativement calmes pour le GC III/6, excentré de la zone des combats principaux. Mais le 14 sera plus animé, car les Allemands ont lancé leurs bombardiers sur Dijon. A partit de 11h00 l’envol des patrouilles est soutenu. La patrouille polonaise ouvre le bal et s’en prend à un peloton de Junkers 88. Le s/lt Kawnick (2) abat un appareil qui tombe à Preigney (Ju 88-A1 W.Nr.4008 9K+EL 3./KG 51 - formation de 9 appareils + formation de 11 - Pilotes prisonniers) (fait d’armes indiscutable non signalé dans le livre de marche de la 5ème escadrille à laquelle la patrouille polonaise était pourtant rattachée).

 

(2) Kawnick dans tous les documents français, mais Kawnik dans les documents polonais

 

 

 

 

 

 

 

Le Junkers 88-A1 W.Nr.4008 9K+EL 3./KG 51- abattu le 14 mai 1940 à Preigney par le sous-lieutenant Kawnick en fin de matinée

Ce sont des soldats VIème Groupe du 294ème R.A.L.P. (Régiment d’Artillerie Lourde Portée) qui firent prisonniers les aviateurs allemands, à savoir :

Fw. Friedrich WURTH (pilote), Fw.Richard BUCK (obs),  Uffz Hans SEIDEL (mécanicien), Uffz Gottfried PFEUFFER (radio)

Archives Pierre BIARD via Daniel GILBERTI que je remercie

 

 

Une demi-heure après le s/c Boymond de la 6ème, qui s’est retrouvé isolé, attaque vaillamment 3 Heinkel 111 et disparaît ; son corps ne sera retrouvé que le lendemain dans les débris de son MS 406 n° 684 tombé à Prenois.

 

La patrouille adj LE GLOAN, sgt Trinel et sgt de Gervillier arrive à Dijon après le terrible bombardement de l’aéroport et elle est envoyée vers Vesoul. Ces trois pilotes, rejoints par le s/lt Stenou qui volait initialement avec le s/c Boymond, s’en prennent au-dessus de Gray à un Heinkel 111 (n°.2648 9K+DD Stab III/KG 51) dont les moteurs fument rapidement et qui atterrit en catastrophe au Val d’Ajol, près de Fougerolles vers 12h45, au lieu-dit « Larrière ». Le radio Uffz Gerhard Schildt sera tué en vol, les autres Allemands sont faits prisonniers. Il s’agit du pilote Obfw Herbert Matt, de l’observateur Olt Siegfried Barth, du mécanicien Heinz Kazmirowski et du mitrailleur Gefr Fritz Backhaus. On raconte qu’au moment de leur arrestation, ils semblaient certains d’être bientôt libérés par l'armée hitlérienne !

 

Val d'Ajol - Heinkel 111 - 4ème victoire de Le Gloan - 14 mai 1940

 

Photo du Heinkel 111 abattu

 

Mais ces combats du milieu de la journée du 14 mai ont été menés par les patrouilles du III/6 d’une manière assez confuse, ce qui n’échappera pas au lieutenant-colonel Dauphinet (3), commandant le sous-groupement 41, et qui à ce titre avait la charge d’analyser les comptes-rendus d'engagement des pilotes, avant de les transmettre au Général commandant la zone des opérations aériennes Sud.

 

Fait assez exceptionnel, il rédigera l'avis ci-après, qui malgré certaines précautions de rédaction, se montre finalement assez critique, puisqu’il parle de « faute », alors que les escadrilles sont plutôt habituées dans ces jours difficiles à recevoir des « citations ». Il est vrai aussi que les gros dégâts occasionnés à la base de Dijon-Longvic par les bombardiers allemands devaient trouver une explication…

 

« Dans cette affaire, les éléments du Groupe III/6 engagés contre un ennemi très supérieur en nombre, ont fait preuve d'un allant digne des plus grands éloges.

Il est vraisemblable que les résultats obtenus auraient été bien supérieurs si les patrouilles avaient agi avec plus de cohésion.

L'examen des comptes rendus montre, en effet, des départs successifs de patrouilles.

·      Patrouille polonaise 11h05

·      s/c. BOYMOND 11h35

·      adj LE GLOAN 11h 40

·      s/lt VILLEMIN 11h45

Exception faite pour la patrouille polonaise décollant sur un renseignement déterminé, les trois autres patrouilles devaient constituer un tout et s'attaquer, toutes forces réunies, à l'expédition de bombardement de la base aérienne de LONGVIC.

Au contraire, les efforts ont été dispersés, le sergent-chef BOYMOND, le sous-lieutenant KAWNICK se trouvant isolés, attaquent chacun un peloton alors qu'une patrouille entière (patrouille de l'adjudant LE GLOAN) s'attaque à un seul HEINKEL 111.

Il est parfaitement admissible d'excuser cette faute de manœuvre après quatre jours de combats intensifs.

Les résultats de l'engagement (deux avions abattus) ont heureusement couronné les efforts individuels ; toutefois, nous avons à déplorer la perte de sergent-chef BOYMOND, qui avec le plus grand courage, s'est porté seul à l'attaque de trois avions ennemis. »

 

(3) Le lieutenant-colonel DAUPHINET a succédé au colonel LAMON (+ 10/05/1940) comme Commandant du Groupement de Chasse 24. A la date du 15 mai, ce Groupement devient le Sous-Groupement 41. Un nouveau Groupement 24 est formé sous les ordres du colonel TURENNNE ; il comprend toutes les formations de l’Aviation de Chasse de la Zone d’Opérations Aérienne des Alpes.

 

 

 

 

 

 

 

Morane SAu,ier MC 406 n°597 de Pierre LE GLOAN

 

Début juin 1940 – Transfert du GC III/6 de Coulommiers vers Le Luc en Provence

C’est la seule photographie connue de Pierre LE GLOAN aux commandes de son Morane Saulnier MS 406 n°597 codé « 6 »

sur lequel, contrairement à d'autres appareils du Groupe, le célèbre insigne « Masque Tragédie » de la 5ème n’a pas encore disparu

Collection personnelle Robert Rohr

 

 

 

Début juin 1940 – Le Luc en Provence

A la terrasse de l’hôtel restaurant« L’Etape », 59 avenue Jean Jaurès

Second plan : LE GUENNEC,GABARD et PIMONT, pilotes à la 6ème escadrille

En bas, Madame CHARDONNET, son mari et LE GLOAN, pilotes à la 5ème escadrille qui entourent la fille des propriétaires de l’établissement.

Celle-ci porte sur son corsage les deux insignes métalliques du GCIII/6 : « masque sévère » à gauche et « masque rieur » à droite

Collection personnelle Raymond GABARD – Droits réservés

 

 

Le même lieu, en 2013

 

 

 

10 juin 1940 – Le Luc en Provence

Prise d’Armes au GC III/6 – Avant la remise de la Croix de Guerre au Capitaine STEHLIN par son second, le capitaine CHAINAT, quelques pilotes de la 5ème escadrille :

Sergent-chef CHARDONNET, adjudant Pierre LE GLOAN, capitaine JACOBI et capitaine polonais Miescyslaw SULERZICKI

Une semaine plus tard, Pierre LE GLOAN sera sous-lieutenant avec 7 victoires supplémentaires mises à son crédit

Collection personnelle Jean Menneglier – Droits réservés

 

13 juin 1940   5 et 6 en coopération (2 pilotes)

 

Le GC III/6 a été durement éprouvé du 20 juin au 3 mai sur l’aérodrome de Coulommiers. Il est au bord de la rupture. L’Etat-Major décide de le rééquiper en Dewoitine 520 au Luc. Le GC III/6 se retrouve ainsi face aux Italiens quand Mussolini, tel un vautour, déclare la guerre à la France pour récupérer quelques dépouilles.

 

Le 13 juin, dix bombardiers BR 20 italiens du 43ème groupe d’assaut, décollent du camp de Cascina-Varga, dans le nord de l’Italie vers 9h20. Leur objectif est le bombardement de l’aéroport de Fayence (3ème escadrille) et de la base aéronavale de Hyères (4ème escadrille). L’opération doit se dérouler en synergie avec également 10 appareils du 13ème groupe. Des chasseurs sont chargés de leur sécurité.

 

Mais de mauvaises conditions météorologiques, inhabituelles pour la saison, provoquent un tel retard que les bombardiers arrivent sur zone longtemps après le début des opérations. Les chasseurs sont repartis entre temps, car à court de carburant, et les laissent sans protection. Après le bombardement (version italienne) trois appareils, les MM 21503, MM 21504 et le MM 21505, se trouvent isolés de leur formation.

 

Pendant ce temps, alertés par le guet du centre de Toulon, une patrouille de trois chasseurs Dewoitine D.520 du Groupe III/6 conduite par l’adj Pierre LE GLOAN, avec le lt Martin et l’adj Goujon a décollé à 10h55 du Luc. Parvenus à 4000 mètres, ils prennent rapidement en chasse ces BR 20 à la verticale d’Hyères, qui voyant les chasseurs français, se délestent de leurs bombes en mer (version française) et tentent de rejoindre l’Italie. LE GLOAN par dessous et Goujon par-dessus attaquent l’ailier droit et abattent rapidement le Fiat MM 21503. Un seul homme saute en parachute aux environs d’Agay. Le Dewoitine de Martin est victime d’une panne électrique qui l’empêche de tirer et il rentre à sa base. Un autre bombardier, le BR 20 MM 21505, pourtant touché à mort par LE GLOAN, réussit à s’échapper. Les français le voient disparaître au large des Iles de Lérins.

 

Profil du Dewoitine 520 de Le Gloan - Juini 1940

 

Le Dewoitine 520 de Pierre LE GLOAN

Profil à la même échelle que celui du BR 20 et du CR 42 ci-dessous

 

Agay - 2 Fiat BR 20 "Cigogna" 5ème et 6ème victoires de Le Gloan  - 13 juin 1940

 

Les rapports italiens permettent d’en savoir un peu plus.

 

En fait, le MM21504, dont les français ne parlent pas, est d’abord touché par plusieurs rafales. Son Commandant, le s/lt Mario Rondinelli est tué sur le coup et trois membres d’équipage blessés. Le copilote, le maréchal Raffaelo Bruni parvint à revenir à Cascina-Varga. Il recevra la médaille d’argent de la valeur militaire.

 

 

Le Fiat BR 20 MM21504 après son retour à Cascina-Varga, posé endommagé par le copilote Raffaelo BRUNI

 

L’histoire du MM21503 est dramatique. Pris de panique, son Commandant, le lieutenant Aldo Sammartano abandonne l’avion et son équipage et saute en parachute par la trappe de secours. Il tombe en mer et ne sera jamais retrouvé. Le reste de l’équipage, avec des blessés graves, parvient à quitter au-dessus d’Agay l’avion fou, qui tombe au large du Cap Camarat. Les parachutistes sont accueillis par des tirs de mitrailleuses. Deux sont déjà morts en touchant le sol. Le troisième, le sergent-chef Giuseppe Goracci périt lynché par la foule (3). Le quatrième, Natale Vanuzzo, ne doit la vie qu’à la protection de deux courageuses personnes qui le recueillent et le soustraient à la vindicte populaire. Ensuite, les gendarmes doivent sortir leurs armes pour le protéger jusqu’à l’hôpital.

 

Le Commandant du troisième, le MM21505, est le lieutenant Simone Catalano. Il essaie de maintenir en vol le lourd bombardier mais, touché par une balle, sa blessure est mortelle. Le pilote en second, le maréchal Ottavio Aliani essaie de l’aider. Ils passent la frontière malgré un moteur droit hors d’usage et le gauche ne fonctionnant plus qu’à 50%. Cependant en baie de San Stefano, juste après San Remo, il n’y a pas d’autre choix que de tenter l’amerrissage. Ils réussissent cette prouesse, mais le bombardier s’enfonce rapidement dans l’eau. Seuls Aliani et le mécanicien Raffaelo Ferraris sortent avec peine de la carlingue avant que l’eau ne prenne possession de l’épave, entraînant avec elle le corps du lieutenant Catalano et les deux autres membres d’équipage, le radio télégraphiste Salvatore Gaeta et le sergent major mitrailleur Tommaso Ferrari. Les deux survivants attendent les secours pendant près de deux heures. A titre posthume, Simone Catalano recevra la médaille d’or de la valeur militaire.

 

Trajet du Fiat BR20 20105 abattu par Le Gloan le 15 juin 1940 - Sources italiennes

Epave du BR 20 21505 abattu par Le Gloan le 15 juin 1940

Le trajet du Fiat BR 20 MM 21505

Son épave en baie de San Stéfano

 

De nos jours, l’épave est souvent visitée par des plongeurs. Elle gît par 50 mètres de fond.

 

Profil du BR 20 51203 abattu pare Le Gloan le 15 juin 1940

 

Le Fiat BR 20 « Cigogna » MM 51203

Profil à la même échelle que celui du D.520 ci-dessus et du CR 42 ci-dessous

 

 

FIAT BR 20 - CIGOGNA

 

Constructeur :                 Fiat Aviazone

Type :                         bombardier moyen

Année du projet :              1936

Concepteur :                   Celestino Rosatelli

Membres d’équipage :           5

Envergure :                    21,56 m.

Superficie alaire :            74,0 m2

Longueur :                     16,70 m

Hauteur :                      4,75 m

Train d’atterrissage :         rétractable

Moteurs :                      2 Fiat A.80.RC.41

                               18 cylindres en étoile

                               Refroidissement à l’air

Puissance :                    1 014 CV chacun.

Masse à vide :                 6 700 kg

Masse maximale :               10 100 kg

Vitesse maximale :             430 km/h à 5 000 m

Vitesse de croisière :         340 km/h

Vitesse ascensionnelle :       ?

Plafond pratique :             9 000 m

Autonomie opérationnelle :     2 750 km

Armement défensif :            3 mitrailleuses Breda SAFAT

                               calibre 7,7 mm à l’avant

                               calibre 12,7 mm au centre, sur le dos du fuselage

Chargement en bombes :            1 600 kg

 

 

Sergente Maggiore Pilota Goracci Giuseppe - Tué le 15 juin 1940

 

(3) Citation

Sergente Maggiore Pilota Goracci Giuseppe

 

Né le 3 mars 1917 à Spoleto - Tué en combat aérien au-dessus de Hyères (France) le 13 juin 1940

 

« Sous-officier copilote d'un bombardier, au cours d'une attaque contre une base ennemie fortement défendue, malgré les conditions météorologiques et le puissant barrage de l'artillerie antiaérienne, a brillamment assisté son Commandant d'avion dans la réussite de l'attaque contre l'ennemi. Attaqué par une nombreuse formation de chasseurs ennemis est demeuré le seul pilote en état de contrôler l'appareil et de soutenir un long et constant combat avec ses assaillants, réussissant à en abattre un en flammes, alors qu'à bord de l'appareil, dont un moteur était en feu, le mécanicien de bord avait été tué et les autres membres de l'équipage blessés. A tenté de diriger sa machine, avec sa cargaison de gloire et de morts, vers les cieux de sa Nation. Au milieu des flammes qui se propageaient dans le fuselage, avec calme et détermination, a donné l'ordre à ses compagnons blessés d'attacher le corps sans vie de leur camarade mort à un parachute et de le lancer dans le ciel, afin que son corps glorieux ne soit pas consumé dans l'enfer. Blessé et gravement brûlé, est descendu en parachute au-dessus de la France, où une foule furieuse, contre laquelle il a épuisé sa dernière énergie, lui a apporté son ultime récompense, la couronne des martyrs. Dans son dernier souffle, a crié « Viva l'Italia ! ».

 

 

 

 

 

 

 

 

15 juin 1940  7 et 8 en coopération (2 pilotes)

                         9, 10 et 11 individuelles

 

On est à huit jours de l’armistice. Le GC III/6 est toujours au Luc.

 

En représailles aux bombardements des ports italiens de Gênes et de Vado par une escadre française, la « Regia Aeronautica » monte une opération de grande envergure ayant pour cible les terrains d’aviation français de Cuers - Pierrefeu (Aéronautique Navale) et du Luc - Cannet des Maures (Armée de l’Air). Vers midi heure française, 13 heures en Italie, 67 Fiat CR 42 « Cigogna » arrivant soit de Cervère (Piémont), soit de Villanova D'Albenga (Ligurie), attaquent leurs objectifs. LE GLOAN et Assollant, pour des raisons assez mystérieuses semblent être les seuls pilotes du GC III/6 qui leur ont fait face. Son appareil n’étant pas prêt, LE GLOAN vole pour cette mission sur le D.520 n°301 codé « 2 » du lt Martin, et dans sa précipitation il n’aurait pas eu le temps de récupérer son parachute !

 

Deux groupes de 15 et 12 biplans italiens ont pour mission le mitraillage en rase-mottes des avions au sol sur les deux aérodromes, protégés à plusieurs niveaux par trois autres groupes d’une douzaine d’avions chacun.

 

Quelques Bloch 151 de l’escadrille AC 3 de l’Aéronautique Navale de Cuers tentent d’affronter les italiens qui en abattront deux et détruiront au sol au moins six Vought 156. Plusieurs avions seront aussi détruits ou endommagés au Luc ; Morane et Dewoitine.

 

Les Italiens reconnaîtront la perte de 5 Fiat en territoire français, ce qui paraît juste, des dommages irrémédiables sur plusieurs autres biplans qui parviendront cependant à regagner l’Italie et la perte d’un bombardier BR 20 en mission d’observation au-dessus du Luc.

 

Profil du FIAT CR 42 "Falco" du capitaine Filippi

 

Le Fiat CR 42 « Falco » du capitaine FILIPPI

Profil à la même échelle que celui des D.520 et BR 20 ci-dessus

 

 

 

FIAT CR 420 - FALCO

 

Constructeur :                 Fiat Aviazone

Type :                         chasseur

Année du projet :              1938

Concepteur :                   Celestino Rosatelli

Membres d’équipage :           1

Envergure :                    9,70 m.

Superficie alaire :           

Longueur :                     8,30 m

Hauteur :                      3,30 m

Train d’atterrissage :         fixe

Moteurs :                      Fiat A.74.RC.38

Puissance :                    840 cv

Masse à vide :                 1 720 kg

Masse maximale :               2 295 kg

Vitesse maximale :             440 km/h

Vitesse ascensionnelle :       730 m/mn

Plafond pratique :             10 500 m

Distance franchissable :       785 km

Armement interne :             2 mitrailleuses Breda SAFAT de 12,7 mm

Armement externe :             200 kg de bombes

 

 

 

Musée du Luc - Pale de l'hélice du Fiat BR 20 abattu par le GC III/6 le 15 juin 1940

 

Une des 3 pales de l’hélice d’un des 2 moteurs du bombardier Fiat BR 20 MM21873 de l’escadrille de reconnaissance stratégique 172a de la Regia Aeronautica,

abattu au-dessus du terrain du Luc le 15 juin 1940 par LE GLOAN, est conservée de nos jours au « Musée historique du Centre Var » dans ce village provençal.

Merci à Madame Christiane Benazet, adjointe à la Culture, pour les deux photos ci-dessus.

 

Du côté français deux victoires seront décernées à l’Aéronautique Navale et 5 homologuées à l’adjudant LE GLOAN, dont une ou deux, suivant les documents et les époques, en coopération avec Jean Assollant. Le compte, comme souvent, n’y est pas tout à fait…

 

Le dispositif italien devait se trouver éparpillé sur plus de 40 km dans tout le triangle Saint-Raphaël -Hyères - Le Luc, avec des avions en retard volant encore vers l’ouest et des avions ne pouvant sans doute plus combattre repartant par l’est. De ce fait, le film exact de l’affrontement ne pourra sans doute jamais être parfaitement connu.

 

Mais cette journée a permis à l’adjudant LE GLOAN et à son Dewoitine 520 n°277 codé « 6 », même n’il n’a pas volé avec cet appareil fétiche pour cette mission d’entrer dans la légende, et à d’autres d’écrire leur légende...

 

 

LA LÉGENDE DE PIERRE LE GLOAN – Article paru dans Le Figaro du 2 août 1940 – Edition de Clermont Ferrand

Cliquez sur le titre ci-dessus pour savoir comment le Figaro raconte la journée de LE GLOAN du 15 juin 1940

 

Le Jour de gloire de Le Gloan - 4 Fiat CR 42 et 1 BR 20 italiens abattus au dessus du Luc et de Saint-Tropez

 

Une page spécifique a été rédigée pour cette journée du 15 juin 1940 : on peut y trouver une petite partie des éléments pouvant permettre à chacun de se faire une opinion de ce qu’elle fût réellement (voir le lien ci-dessous).

 

GC III/6 - LA JOURNÉE DU 15 JUIN 1940

Cliquez sur le lien ci-dessus pour connaître tous les détails de la journée du 15 juin 1940

 

Quoi qu’il en soit, Pierre LE GLOAN en cette journée du 15 juin a accompli un bien bel exploit, et quand se termine cette triste « Campagne de France » son palmarès officiel est de 11 victoires dûment homologuées par les Etats-majors ; il fait incontestablement partie des meilleurs chasseurs français de la campagne de France et mérite bien la bande des « As » peinte maintenant en travers du fuselage de son appareil.

 

Aucun pilote français n’a en effet abattu autant d’avions en une seule sortie : on parle bien des deux sextuples victoires de René FONCK pendant la guerre précédente, mais obtenues au cours de plusieurs missions dans la même journée. De ce fait, juste avant le départ du III/6 pour Perpignan et son transfert pour l’Algérie, le grand as de 14-18, alors lieutenant-colonel et Chef du Groupe de Contrôle aux Armées, dépendant directement du général Vuillemin, Chef l'Etat-major de l'Armée de l'Air, se rend donc au Luc pour féliciter son cadet. Il va aussi lui annoncer sa promotion exceptionnelle au grade de sous-lieutenant.

 

L’homologation de 5 victoires à Le GLOAN en date du 15 juin 1945 est signée en moins de 24 heures par le lt/cl Armand de Turennne, commandant du groupement 24 : une rapidité tout à fait extraordinaire ! Tout comme le « Communiqué » gouvernemental officiel n°574 du 16 juin 1940 qui « cite » pour la première fois depuis septembre 1939 un pilote de l’Armée de l’Air : « Le sergent-chef Le Gloan a abattu à lui seul au cours d’une même sortie 5 avions italiens dont 3 chasseurs et 2 bombardiers ». Également inexplicable, l’article de presse du « Petit provençal » du 18 juin 1940 qui raconte en détail la mission victorieuse malgré la censure toujours vigilante : lire ces deux documents.

 

Journal officiel

 

Journal officiel du 14 juillet 1940

 

Extrait de « Fors L’Honneur » de Albert Rèche (Flammarion 1943) – 46 minutes de vol – 5 avions abattus

Extrait de « Les As de la guerre 1939-1945 de Daniel Porret et Franck Thévenet (1991) - 4 pages consacrées à Pierre Le Gloan

 

La propagande gouvernementale française, reprenant les communiqués des états-majors qui avaient tendance à broder un peu pour masquer la situation catastrophique dans laquelle le pays se trouvait, s’empare de ce nouveau héros, pour avoir à parler d’autre chose que de l’armistice qui s’annonce. La « légende des 1 000 victoires de l’Armée de l’Air de 1939-1940 » va bientôt être écrite et elle aura la vie dure. Les différents travaux faits depuis par de nombreux historiens, de simples passionnées et aussi, malheureusement, par certains auteurs mercantiles, sans aboutir finalement à mettre tout le monde d’accord, ont permis cependant de réduire la fourchette du nombre d’avions ennemis abattus ou détruits sur les différents fronts, de septembre 1939 à juillet 1940. L’approche purement comptable des victoires de l’Armée de l’Air est d’ailleurs sans intérêt primordial (4) : les recherches sont faites trop souvent partialement sur des archives sujettes à caution, et sans trop se préoccuper de ces jeunes hommes qui pilotaient des avions démodés et inadaptés, avec une fougue et un enthousiasme jamais démentis, souvent jusqu’au sacrifice suprême. Qu’ont-ils pu ressentir quand, vaincus, ils ont pris conscience que la défaite de la France était celle des gouvernements irresponsables et des états-majors incompétents des années 1930/1940, et non celle de ceux qui ont fait sans broncher leur devoir en première ligne ? Seules, l’analyse des causes et des conséquences de ces incuries servent l’Histoire pour nous permettre d’assurer notre propre « devoir de mémoire » envers eux !

 

(4) Pour se faire une idée de certains excès en la matière, lire : « 14 mai 1940 - Henschel 126 et Fairey Battle Sedan »

 

 

Pierre LE GLOAN par Junko Takamori   Pierre LE GLOAN

 

Pierre LE GLOAN vu par Junko Takamori à gauche - Origine inconnue à droite

 

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ALGER - MAISON BLANCHE - 1940/1041

 

 

Pierre LE GLOAN et ses mécaniciens

 

Le sous-lieutenant Pierre LE GLOAN

Eté1940 à Alger–Maison Blanche avec ses mécaniciens, devant son fameux Dewoitine 520 n°277

Les mécaniciens sont l’adjudant Colin dit « Le père CO », le soldat Guillemette et le sergent Colin dit « Le fils CO »

 

 

Le GC III/6 est maintenant replié à Alger, en semi léthargie ; on vole peu…

 

 

La 5ième escadrille du GC III/6 autour du commandant STEHLIN

 

La cinquième escadrille du GC III/6

Alger-Maison Blanche – 15 octobre 1940

Départ pour Vichy du commandant STEHLIN

De gauche à Droite Sgt PIMONT, s/lt SATGÉ, lt LEGRAND, cne SAUTIER, cne JACOBI, s/lt BRONDEL, cdt STEHLIN, lt BOIRIES, s/lt LE GLOAN, s/c MERTZISEN, sgt/C HARDONNET, sgt/c LE GUENEC, adj GOUJON

Collection Joseph Bibert

 

 

Dewoitine 520 n°277 de Pierre LE GLOAN - Eté 1941 - Alger Maison Blanche

 

Le sous-lieutenant Pierre LE GLOAN et son Dewoitine D.520 n°277 Codé « 6 » de la 5ème escadrille du GC III/6

avec la bande tricolore des « As » et le « masque sévère » - Alger-Maison Manche et Casablanca– De l’été 1940 au début 1941

La casserole de l’hélice et la dérive du chasseur seront peintes ensuite en jaune pour la campagne du Levant

 

 

Dewoitine 520 n°277 - Pierre LE GLOAN

 

Le Dewoitine 520 n°277 dans son hangar à Maison-Blanche

Photographie Jean Menneglier – Droits réservés

 

 

Dewoitine 520 n°277 dePierre LE GLOAN - Casablanca - Fin 1941

 

Dewoitine 520 de Pierre LE GLOAN - Casablanca - Fin 1941

 

 

Guy JAPIOT et Pierre LE GLOAN - Août 1940   Robert MARTIN et Pierre LE GLOAN - Octobre 1940

 

A gauche : adjudant Guy JAPIOT et sous-lieutenant Pierre LE GLOAN – Alger Maison-Blanche – Août 1940

A droite : lieutenant Robert MARTIN et sous-lieutenant Pierre LE GLOAN – 20 août1940

Atterrissage à Bouïra (Kabylie) lors du déplacement de quelques pilotes du III/6 d’Alger à Constantine pour aller récupérer les Dewoitine D.520 encore sur place :

Un des moteurs du Potez 650 (n°2) qui les transportait se mit à cafouiller et il dut se poser précipitamment en campagne pour le plus grand plaisir des enfants autochtones...

Photographies Jean Menneglier – Droits réservés

 

 

Georges GAUTHIER et Pierre LE GLOAN - MAI 1941

 

Alger -Maison Blanche – Début mai 1941

Le sergent Georges GAUTHIER de la 6ème escadrille, qui vient de rejoindre le GC III/6 après un séjour dans les camps de jeunesse,

pose avec son béret et son cuir de pilote à côté de son camarade devenu célèbre, le sous-lieutenant Pierre LE GLOAN, de la 5ème escadrille, en tenue de sortie.

Collection Georges Gauthier via Bernard Philippe – Droits réservés

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CAMPAGNE DU LEVANT - LIBAN et SYRIE - 05-07/1941

 

Quelques liens utiles :

 

Quelques éléments historiques sur la campagne du Levant

Le Groupe GC III/6 et la campagne du Levant

 

Tout change en mai 1941. La Syrie et le Liban, pays toujours sous l’administration de Vichy, sont menacés par la Grande Bretagne. Le haut commandement donne l’ordre le 17 mai 194l au commandant Geille, qui commande alors le GC III/6, de se tenir prêt à être envoyé en renfort. Les Allemands, qui vont s’engager contre la Russie vont laisser les Français faire face, en leur fournissant cependant une aide logistique.

 

Le palmarès de LE GLOAN va donc pouvoir s’étoffer pendant la campagne qui va avoir lieu, mais non pas par des victoires sur des avions des forces de l’axe, mais sur des avions britanniques. LE GLOAN est probablement le seul pilote français à avoir abattu des Allemands, des Italiens et des Anglais…et il fallut une météo défavorable pour qu’il n’ait pas à affronter les Américains lors de l’opération « Torch », le 8 novembre 1942, jour de leur débarquement en A.F.N.

 

C’est la fleur au fusil et avec enthousiasme qu’on se prépare à aller se battre à nouveau dans les airs ; va pour le Moyen-Orient ! Il est vrai que les avions sont magnifiques…

 

Les 26 Dewoitine, nez peints en jaune à la demande de la commission d’armistice pour éviter toute méprise pendant leur voyage par Tunis, Catane et Brindisi, Athènes et Rhodes, quittent Alger le 24 mai 1941, pour atterrir à Rayack au Liban (50 km plein est de Beyrouth) 4 jours plus tard, après 3 800 km de vol dont 2 800 au-dessus de la mer. Lors des escales, les pilotes et les mécaniciens de la Regia Aeronautica et de la Luftwaffe ont eu tout loisir d’admirer de près les splendides chasseurs aux couleurs de l’aviation de Vichy.

 

 

GC III/6 - Campagne du Levant - Carte des escales - Mai à Juillet 1941

 

Le déplacement du GC III/6 d’Alger à Rayack

Croquis original annexé à « l’historique officiel » du Groupe

 

Les pilotes sont fatigués, surtout qu’ils ont été accueillis aux escales comme des visiteurs de marque. A Athènes certains ont dû trouver le monde bien petit. ! En effet, lors de leur victoire du 2 mars 1940, LE GLOAN et Martin avaient « récupéré » le lieutenant allemand, chef de bord du Dornier abattu, et l’avaient invité à dîner avant de l'envoyer en camp de prisonnier, poursuivant ainsi la tradition chevaleresque des aviateurs de la grande guerre de 14-18. Or cet officier, bien entendu libéré après l’armistice, se trouvait justement dans une unité de la Luftwaffe basée à Athènes lors du passage du GC III/6. C’est donc lui qui prit en charge ses deux « amis » français à leur descente d’avion et il les emmena ensuite faire le tour des boîtes de nuit de la ville en les initiant à toutes les traditions bien germaniques de ces soirées très ou trop festive. Cet officier survécut d’ailleurs au conflit puisqu’il eut l’occasion de croiser lors d’un stage à l’EOAC 700 à Baden-Baden, en 1957, Jean Menneglier et Georges Gauthier (Georgy), deux anciens du III/6 de 1940, maintenant commandants, qui lui rappelèrent cette histoire mémorable !

 

 

GC III/6 - Visite d'Athènes avec leurs homologues de la Luftwaffe - 26 mai 1940

 

26 mai 1941 - Pilotes du GC III/6 en visite à Athènes avec leurs hôtes Allemands

Collection personnelle François-Xavier Bibert – Droits réservés

 

 

Pierre LE GLOAN

 

Pierre LE GLOAN devant un Heinkel 111 allemand du KG-29 à Athènes

Collection personnelle Jules Piesvaux – Droits réservés

 

 

Aérodrome de Rayack - Liban - Dewoitine 520 du Cne Rivals Mazères - Juin 1941

 

Dewoitine 520 sur la base de Rayack

n°382 du capitaine RIVALS MAZERES (33)

Collection personnelle François-Xavier Bibert- Droits réservés

 

Les hostilités entre les forces de Vichy et les anglais, rejoints par les F.F.L. (Forces Françaises Libres) commencent le 8 juin.

 

8 juin 1941    12  individuelle

 

Dès l’aube une patrouille double est détachée sur le terrain de Damas. LE GLOAN - Chardonnet, et Mertzisen - Coisneau, Ravilly – Méquet vont effectuer un total de 10 sorties. A la mi-journée, Mertzisen aux commandes du D.320 n° 329 est touché par des tirs anti-aériens de petit calibre et doit se poser en catastrophe lors du mitraillage d’une colonne motorisée. Pourtant blessé, le s/c Mertzisen pourra regagner ses lignes à pied le lendemain. LE GLOAN passe au travers et découvre peu après le Hurricane MK1 Z4364 du lieutenant J.R. Aldis volant seul (N°208 Squadron) et il l’abat sans difficulté en bordure du terrain de Damas.

 

 

Profil du Dewoitine 520 de Le Gloan - Campagne du Levant - Juin 1941

 

Le Dewoitine 520 n°277 de LE GLOAN pendant la campagne du Levant

 

 

Maquette (envergure : 1,80 m) appartenant à Michel Sollacaro - Photo (Dunes de Temet au Niger) et montage © fx-bibert 1988-2012

 

 

 

 

 

 

 

9 juin 1941    13 et 14  individuelle

 

Une fois n’est pas coutume, commençons simplement par le rapport de mission rédigé par Le s/lt Gloan :

 

« 15h25 : sous-lieutenant LE GLOAN voit trois chasseurs Hurricane venant de l’ouest dans le soleil La patrouille monte et se place dans le soleil. Les chasseurs ennemis foncent sur les Bloch, mais nous intervenons avant l'attaque. La patrouille Montribot reste en protection. Le sous-lieutenant LE GLOAN attaque le chef de patrouille anglais et l'abat en flammes; le pilote saute en parachute au large. Le sergent Méquet attaque l'équipier droit. Le troisième Anglais poursuit son attaque sur les Bloch, mais ces derniers sont dégagés par Montribot. Le Hurricane disparaît en fumée. Après avoir fait demi-tour, le sous-lieutenant LE GLOAN voit un Dewoitine (sergent Méquet) dans la queue d'un Hurricane. Méquet dégage, armes enrayées. Le sous-lieutenant LE GLOAN attaque cet Anglais et l'abat en flammes. Le pilote saute en parachute au large. La patrouille double rentre au terrain au complet. »

 

Ce jour-là, le GC III/6 a en fait pour mission de protéger un groupe hétéroclite d’avions partis pour bombarder l’escadre anglaise. Il s’agit de 6 Glenn Martin 167F du GB 1/39 et de six antiques Bloch 200 du 3/39, ayant tous décollé de Madjaloun au Liban pour attaquer la flotte britannique. Heureusement pour eux, deux Bloch ont été contraints à faire demi-tour avant l’affrontement, car deux des quatre restants vont être abattus par des Hurricane du 80ème squadron. Ceux-ci, « voyant les bombardiers sans protection, ont pu se mettre en position pour leur attaque sans avoir été repérés », d’après les rapports anglais. Il y aura 3 tués dans les deux Bloch français.

 

Glenn Martin 167 F - Bombardier moyen de l'Armée de l'Air française en 1939/1940

Bloch 200 - Bombardier moyen obsolète de l'Armée de l'Air française en 1939/1940

Glenn Martin 167F

Bloch 200

 

Lecture faite de son rapport, on ne sait finalement pas très bien si LE GLOAN a attaqué le premier groupe de trois Hurricane qui s’en sont pris finalement aux bombardiers français qu’il devait protéger ou s’il est parti au-devant d’un second groupe de trois avions du 80ème squadron venant rejoindre le premier.

 

Les Anglais, qui parlent bien de deux groupes distincts de trois appareils, reconnaissent la perte de deux avions avec les Pilot Officer Lynch et Crowther qui sont tués.

 

Le capitaine Richard, le sergent Michaux et le s/lt Rivory alertés prennent la suite et affrontent aussi trois Hurricane. Richard pique avec le feu à Bord mais rejoint Rayack. Un Hurricane et le Dewoitine n° 346 de Rivory entrent en collision frontale. Les deux pilotes s’en sortent vivant mais Rivory est fait prisonnier. Le sergent Michaux revendique une victoire, mais deux Hurricane sont en fait bien rentrés à leur base…

 

Une fois de plus les comptes ne sont pas justes… et le livre de marche de la 5ème escadrille ne parle malheureusement pas de cette journée.

 

Le 10 en tout cas, le Groupe n’a plus que 14 appareils « Bons de Guerre ». Le 12, le capitaine Jacobi, qui commandait la 5ème escadrille depuis le premier jour de la guerre est atteint par des armes légères lors d’un mitraillage au sol et s’écrase « plein gaz » à 6 km au sud de Saïda. Le même jour un autre D.520, celui du sergent-chef Montribot sain et sauf, est perdu à l’atterrissage à Rayack. Le 14 c’est le s/lt Brondel qui est pris à parti par des Hurricane et par la D.C.A. et qui retourne son appareil sur une plage de Beyrouth : il est juste légèrement commotionné. Le capitaine Sautier, affecté à l’Etat Major du Groupe jusque-là, devient le nouveau patron de LE GLOAN comme commandant de la 5ème escadrille.

 

 

 

 

 

 

 

15 juin 1941  15  individuelle

 

L’affrontement du jour a lieu vers 9h45 à Ezraa. Il concerne coté anglais une patrouille de six Gloster Gladiator du 10ème Flight menée par le Flying officier Young qui a décollé 15 minutes plus tôt pour le secteur de Kissoué. Côté français, le s/lt Gloan est à la tête d’une patrouille triple de 6 D.520 qui a décollé beaucoup plus tôt en protection du secteur Ezraa-Soueïda où les troupes de Vichy ont lancé une contre-attaque.

 

Sur le papier il n’y a pas photo entre les modernes D.520, rapides et bien armés et les biplans britanniques, datant de 1934… mais ceux -ci sont plus maniables !  De plus les Français ont l’avantage ; la patrouille haute de LE GLOAN plonge sur 3 Gladiator qui volent à 2400m d’altitude et il abat immédiatement le F/O Craigie, dont l’avion, le n° K7947 s’abat avec son pilote 5 km à l’est d’Ezraa. Puis les choses vont assez mal tourner. Selon la doctrine en vigueur dans la chasse française depuis la première guerre mondiale et par excès de confiance, LE GLOAN et ses équipiers se lancent malheureusement dans un combat tournoyant à basse altitude très confus. Le capitaine Rivals-Mazères croit avoir abattu un appareil. Le s/c Mertzisen, sévèrement touché par le F/O Jeffrey, détruit son Dewoitine n°367 en se posant en catastrophe dans les lignes anglaises. « Il réussira au bout de quelques jours après une véritable odyssée à rejoindre son Groupe grâce au loyalisme des tribus druzes : deuxième aventure » (livre de marche de le 5ème escadrille). LE GLOAN, sévèrement accroché par le sgt Appleby, tuyauteries d’huile et circuit de mise à feu des armes coupés, est « raccompagné » sur 50 km par deux Anglais agressifs. Il peut cependant rentrer à Rayack, mais en se posant violement sur le ventre (voir photo), il détruit complètement son fameux D.520 n°277 codé « 6 »: seul son amour propre est atteint.

 

 

Pendant ce temps la patrouille basse française, les s/c Chardonnet, et Elmlinger et le sgt Méquet se sont fait surprendre par les trois autres Gladiator et rentrent dans la mêlée. Ils revendiquent également un anglais abattu.  Mais au final, les anglais ne perdent que l’appareil du F/O Craigie abattu par LE GLOAN puisque les autres rentrent, même celui du P/O Watson qui le ramène à la base avec un empennage en bouillie.

 

Dewoitine D.520 n°277 de Pierre LEGLOAN détruit le 15 juin 1941

 

Exceptionnelle et sans doute dernière photographie, jamais publiée, du mythique Dewoitine D.520 n°277 codé « 6 »

du sous-lieutenant Pierre LE GLOAN après son atterrissage sur le ventre le 15 juin 1941

Collection Olivier Baillon – Droits réservés

 

Le livre de marche de la 5ème escadrille fait état de 3 Gladiator descendus + 1 probable : toujours des problèmes de concordance dans les chiffres ! Cette journée n’est pas pour le III/6 une des plus glorieuses du et elle laissera à tous un goût amer : le malaise a été d’ailleurs renforcé par la perte du « 22 », le D.520 n°357 affecté ordinairement au lieutenant Legrand, que l’adjudant Japiot, en panne de freins, brise à l’atterrissage en début de soirée au terme d’un magnifique cheval de bois.

 

Patrouille de Gloster Gladiator - Biplan anglais

Profil du Gloster Gladiator - Biplan anglais

Schéma 3 vues du Gloster Gladiator - Biplan anglais

 

Gloster Gladiator

 

 

Les Français, qui semblaient avoir gagné la supériorité aérienne dans les premiers jours de la guerre vont petit à petit la perdre et le 18 les Gladiator sortent encore victorieux d’un nouvel affrontement où les Français perdent deux appareils (les n° 382 et 89), ceux du lieutenant Boiries qui est tué et du sergent Pimont fait prisonnier, qui après avoir encore une fois commis l’erreur d’engager un combat tournoyant, est contraint à se poser dans les lignes ennemies. LE GLOAN n’a pas participé au combat, n’ayant vraisemblablement pas compris les signes d’un de ses équipiers affolés. Il ne reste plus que 6 Dewoitine « Bons de Guerre » au Groupe ce soir-là. Le 20 juin, après l’arrivée de 5 nouveaux pilotes sur de nouveaux appareils et de nouveaux prodiges des équipes de mécaniciens, le GC III/6 peut aligner 12 D.520 opérationnels.

 

 

Pierre Le GLOAN - Campagne du Levant

 

Le sous-lieutenant Pierre LE GLOAN pendant la campagne du Levant

Collection Georges Gauthier – Droits réservés

 

 

 

 

 

 

 

23 juin 1941  16  individuelle

 

Les Anglais changent de tactique et mènent une attaque généralisée sur les aérodromes français en vue de détruire le maximum d’avions au sol. A Rayack des avions sont en l’air et les autres peuvent décoller avant l’attaque en deux vagues de huit et six Hurricane (80ème et 260ème squadron) à quelques minutes d’intervalle.

 

Dans la mêlée qui s’ensuit 3 ou 4 Hurricane sont abattus. Le premier par LE GLOAN, le second par le capitaine Richard, le s/c Mertzisen et le sgt Coisneau en collaboration, le troisième par le lt Steunou seul et le dernier, sans certitude, par toute la patrouille du lt Steunou qui vole avec le s/lt Satgé et le s/c MACIA.

 

Le nouvel avion de l’adjudant LE GLOAN est cependant touché et il doit revenir rapidement se poser.

 

Faute d’avoir mené leur projet à bien dans la matinée, c’est au tour de 12 puissants Curtiss P-40 « Tomahawk » des Australiens du 3ème RAAF squadron de s’en prendre aux Dewoitine de Rayack vers 18h40. LE GLOAN est touché par le Flying Officer Bothwell pendant qu’il décolle, et pour la deuxième fois de la journée, doit revenir se poser, cette fois avec le feu à bord. ; « L’avion de LE GLOAN a les commandes coupées en combat, il se met deux fois en vrille, redresse la deuxième au ras du sol et rentre au terrain en rasant les cailloux » (livre de marche de la 5ème escadrille, qui ne cite que cet incident pour toute la journée du 23 juin). Malgré tous les efforts des mécaniciens, l’appareil ne pourra pas être remis en état avant l’évacuation du terrain quelques jours plus tard : Pierre LE GLOAN aura pourtant travaillé comme un forcené avec les mécaniciens jusqu’au dernier moment, et c’est en pleurs et luisant d’huile, qu’il est monté en catastrophe dans les deux derniers camions emportant les équipes au sol. Il n’a pas voulu que son appareil presque réparé soit saboté, espérant encore pouvoir venir le récupérer un peu plus tard (lire le témoignage d’un de ses mécaniciens)...

 

Curtiss P40 "Tomawak"  

 

Curtiss P-40 « Tomahawk »

 

Le s/L Steunou, D.520 n° 382 et le sgt Savinel, D.520 n° 370 sont abattus et tués par le même Bothwell. Le capitaine Richard selon toute vraisemblance touche l’appareil du Flying Officer Peter Turnbull qui va s’écraser, sans dommage pour lui, avec son Tomahawk AK463 lors de son atterrissage tandis qu’un de ses équipiers se pose avec un avion endommagé. Côté français, une victoire probable est aussi attribuée à l’adjudant Balmer sans qu’il soit aujourd’hui possible de la corroborer avec les rapports britanniques.

 

 

Flying Officer (FO) P.St-G.B Turnbull (à gauche) et J.H.W Saunders, pilotes du N°3 Squadron RAAF au retour d’une mission sur Curtiss P-40 Tomahawk

 

L’As australien Peter Saint-George BruceTurnbull terminera la campagne du Levant avec un score de 4 Glenn Martin 167F (3 détruits et 1 endommagé) et 2 Dewoitine 520 abattus. Il perdra la vie en avril 1942 en affrontant les japonais en Nouvelle Guinée, avec un total de 10 victoires.

 

Le 27 juin après avoir encore subi des pertes en matériel la veille, lors d’attaques au sol australiennes et anglaises, le GC III/6 se replie, en Syrie, sur l’aérodrome d’Alep-Nerab loin au nord, où va se concentrer dans les jours qui suivent tout ce qui reste encore de la chasse de Vichy au Levant, soit une vingtaine de Dewoitine du GC I/3 et GC III/6 et quelques Morane 406 du GC I/7. Début juillet, la petite vingtaine de bombardiers Glenn Martin 167F et de Bloch 200 du GB 1/39 et EB 1/39 présents au début de la campagne a été décimée par la chasse australienne avec des pertes en hommes importantes. Il ne reste plus qu’environ 25 Lioré et Olivier LeO 45, récemment arrivés au moyen orient, sur les aérodromes de Hama et de Homs un peu plus au sud. Les quelques chanceux Martin 167F de l’Aéronautique Navale survivants sont encore au Liban à Madjaloun. Le GC III/6 participe à des opérations de mitraillage et de protection des bombardiers, dont les équipages sacrifiés font preuve d’un courage trop souvent oublié.

 

 

 

 

 

 

 

5 juillet 1941 17 et 18  en collaboration

 

Malgré quelques renforts (arrivée des capitaine Naudy, lieutenant Mourrier, sergent-chef Loï et sergent Farriol le 4 juillet), les pilotes sont épuisés. Dans la chaleur de désert d’Alep il faut maintenant voler plus de deux heures et demi pour une vingtaine de minutes de présence sur les zones de combats. Le front à l’est se rapproche de plus en plus, après la chute de Palmyre puis de Deir el Zor. L’escadrille AC 1 de l’ Aéronautique Navale se pose tardivement en renfort à Alep avec 12 D.520 avant de regagner Madjadoun au secours des bombardiers restants.

 

La dernière bagarre des GC III/6 et du GC I/3 a lieu le 5 juillet 1941 au-dessus de Deir et Zor où sont alignés 12 D.520. Les anglais sont là avec 4 Gladiator et 2 Hurricane du 127ème squadron. Le GC I/3 ne trouve pas les Gladiator qui s’en sortiront mais le GC III/6 pourra mettre à son tableau de chasse les deux Hurricane. LE GLOAN, Mertzisen et Barberis abattent le premier à 15 km au nord-est de Deir et Zor (victoire homologuée en collaboration pour les deux premiers pilotes) et le second est contraint à se poser dans le désert par le capitaine Richard et le sgt Loï (victoire homologuée en collaboration pour les deux pilotes et l’adjudant LE GLOAN). Les deux pilotes des Hurricane, le flying lieutenant Cremin et le squadron leader Jim Bodman, commandant du 127ème s’en sortiront, et après quelques aventures avec les tribus locales, pourront rejoindre leurs lignes peu après. Il existe une lettre précieuse (5)  du canadien Jim Bodman dans laquelle il raconte son combat.

 

 

(5) Lettre de Jim Bodman

 

« J'ai regardé sur ma gauche et j'ai eu un coup au cœur en apercevant une formation de sept bombardiers ennemis au même niveau que nous et, au-dessus d'eux et bien au-dessus de nous, cinq chasseurs Dewoitine. Comme convenu, les quatre Gladiator ont immédiatement viré pour faire une attaque par l'arrière, tandis que je me suis tourné vers les chasseurs.

Un a foncé droit sur moi et je pense que nous avons ouvert le feu en même temps, parce que j'ai vu les éclairs rouges de ses armes. Nous avons tous les deux rompu en virant à droite. Les autres me sont tombés dessus de tous les côtés et j'entendais les balles siffler autour de moi, un bruit très désagréable. J'ai ouvert la suralimentation d'urgence pour me donner le maximum de puissance et j'ai réussi à tirer quelques rafales sans grand effet apparent. Après environ cinq minutes qui m'ont paru cinq ans, ils m'ont forcé à perdre de l'altitude progressivement jusqu'à ce que l'un d'entre eux se glisse derrière moi. Une rafale a touché le moteur qui s'est arrêté net et j'ai été arrosé par l'essence qui a jailli dans l'habitacle. Des taches rouges sont apparues sous la jambe gauche de mon short et sur le bras gauche de ma chemise, mais je ne sentais rien. Une autre rafale m'a balancé une volée de plomb sur le flanc et de petits copeaux de métal arrachés à l'aile m'ont frappé à la tête, au-dessus de l'œil droit et à la jambe gauche. Mais, je ne m'en apercevrai que plus tard. Je ne pensais qu'à une chose, me poser en douceur en évitant l'incendie parce que je dégoulinais d'essence et elle risquait de s'enflammer à la moindre étincelle.

J'ai regardé en bas, le paysage était très accidenté et sans végétation avec des dunes hautes de 50 à 150 mètres à perte de vue. Ce n’était pas du joli sable ondulant comme on voit sur les photos mais un mélange de caillasses et d’argile. J'avais très peu de temps pour choisir un lieu d'atterrissage car l'essence m'aveuglait en partie et le pare-brise était maculé d'huile. Le train a refusé de s'abaisser, alors j'ai prié comme un malade, j'ai tout coupé et j’ai redressé l’avion à trois mètres du sol. Par la grâce de Dieu, j'ai pu poser la machine sur le ventre entre deux longues dunes et j'ai glissé tout le long sans problème.

L'arrêt a été brutal, mais je m'en suis sorti indemne. Ma première pensée a été que les Français pouvaient venir me mitrailler au sol, alors j'ai détaché mes harnais et mon parachute, j'ai sauté hors de l'avion et couru comme un dératé vers le plus proche ravin où je suis resté caché pendant près d'un quart d'heure avec le cœur qui battait la chamade. Mais, ils étaient partis, me laissant à mon problème de me sortir de ce pétrin… »

D’après « Aéro Journal » hors série n°8 - Le Dewoitine 520 - 12/2004

 

 

Lieux des 7 victoires du lieutenant Pierre Le GLOAN en Syrie

 

Extrait de « Les As de la guerre 1939-1945 de Daniel Porret et Franck Thévenet (1991) - 4 pages consacrées à Pierre Le Gloan

 

L’amiral Dentz et les forces de Vichy ont perdu la partie. Le retour du GC III/6 vers l’Algérie est sa seule issue. Il est d’abord replié sur le petit terrain de Moulimiyé, 20 km plus au nord. Le GC I/3, n’a pas cette chance, faute de carburant. Quelques dernières missions sont effectuées ; au cours de l’une d’elle le capitaine de Rivals-Mazères, ancien et futur commandant du Groupe après l’intermède du commandant Geille doit poser sont D.520 dans le désert près d’Abou-Hareira et parcourir une trentaine de kilomètres à pied pour rejoindre la vie civilisée. L’appareil sera récupéré par les F.A.F.L. et réutilisé pour l’entraînement des pilotes du Groupe Alsace, créé début septembre 1941 à Rayack et commandé par le commandant Pouliquen et le capitaine Tuslane, puis par René Mouchotte qui aura comme jeune ailier Pierre Clostermann, mais ceci est une autre histoire…

 

Le retour de la douzaine de D.520 rescapés du GC III/6 se déroule dans une certaine confusion à partir du 9 juillet, via Rhodes, Athènes, Brindisi. Ils se posent le 15 à Alger, sauf LE GLOAN retenu une nuit supplémentaire à Athènes, qui ne rentre que le lendemain (5), le sgt Montribot en panne à Rhodes, de retour quelques jours plus tard, et le lieutenant Mourier dont le moteur a pris feu, contraint à se poser en Turquie où il sera interné et qui s’évadera en mars 1943 pour rejoindre le Normandie-Niemen. Les pilotes sans avion et les « rampants » sont embarqués dans la nuit du 8 au 9 juillet pour Athènes-.Eleusis dans un Dewoitine 338 d’Air France

 

Si le GC III/6 a remporté 24 victoires dont 21 sûres, il perd 8 pilotes ; 5 tués et 3 prisonniers Il est arrivé à Rayack avec 25 avions sur les 26 au départ d’Alger puisqu’un appareil avait dû être abandonnée à Catane, il en a reçu 8 en renfort ou en remplacement, mais il en a perdu 8 en combat aérien et 4 par des tirs de D.C.A. En outre 2 appareils ont été détruits au sol, 4 accidentés et 4 abandonnés.

 

 

Profil du premier Dewoitine 520 utilisé par Le Gloan au Levant en 1941Second Dewoitine 520 utilisé par Le Gloan au Levant en 1941Profil du second Dewoitine 520 utilisé par Le Gloan au Levant en 1941

 

Son Dewoitine 520 n°277 ayant été détruit au Levant, Pierre LE GLOAN vole après l’été 1941 sur le n°300, avec la nouvelle robe réglementaire des chasseurs du gouvernement de Vichy

Illustrations de Michel Martraix

 

 

Maquettes du D.520 n°277 du s/lt Pierre LE GLOAN de la 5ème esc. (avant la campagne du levant) et du D.520 n° 210 de l’adj Albert BALMER de la 6ème esc. (fin 1941/1942)

réalisées par Lionel BRUNET, en hommage à son grand-père Albert BALMER qui a côtoyé l’As au GC III/6 pendant deux ans, de la campagne du Levant en 1941 jusqu’aux sables du bled algériens en 1943

 

 

 

(5) Charles ILTIS (1902/1993) parle de Pierre LE GLOAN

 

Charles Iltis effectua la campagne du Levant avec le détachement du GC III/6 comme Chef Mécanicien. C’était un alsacien tout comme son grand ami Joseph Bibert, qui lui était resté à Alger. Ils restèrent après la guerre en relation tout au long de leur vie. Charles Iltis aimait à raconter cette anecdote :

 

Le 14 juillet 1941 au matin, sur le terrain d'Athènes alors qu’il prenait la piste d'envoi pour décoller vers Brindisi, sur la route d'Alger, Pierre LE GLOAN ne vit pas un petit fossé destiné à enterrer les câbles d'éclairage du terrain et il mit son Dewoitine 520 en pylône. Les dégâts se limitèrent à une pale de l’hélice tripale tordue à son extrémité.

 

LE GLOAN, têtu comme un breton, voulait être dépanné rapidement pour rentrer à Alger. Le terrain d'Athènes était occupé à ce moment par l'aviation allemande qui disposait bien entendu d’ateliers bien organisés. Iltis, qui parlait évidemment couramment l'allemand, essaya d’y trouver une hélice adaptable au D.520, mais hélas il ne trouva pas la moindre hélice tripale en « substitute product ». Il proposa donc à Pierre LE GLOAN, en accord avec Omer Borreye, le mécanicien attitré du D.520 de LE GLOAN, de scier sur 12 cm le bout de la pale tordue et d'en faire autant aux 2 autres, pour maintenir l'équilibrage statique et dynamique de l'hélice. Pour compenser sa perte de pénétration résultant de la réduction de la surface portante, le pas de l'hélice fut augmenté, au jugé de 2 millimètres. Après un rapide essai au sol qui se passa sans trop de vibrations, LE GLOAN décolla et rejoignit Alger sans encombre via Brindisi, Catane et Tunis.

 

L'hélice incriminée fut démontée et amenée à l'atelier industriel de l'Air le 17 juillet. Le service des expertises dirigé par un ingénieur militaire de l'Air n'a jamais produit son rapport contestant les possibilités de vols d'Athènes à Brindisi avec une hélice ainsi modifiée et ceci malgré les affirmations du capitaine Richard, commandant l'escadrille.

 

 

 

    

 

Alger - 26 juillet 1941 – En A.F.N. : « L’Echo d’Alger » du 27 juillet 1941 – En métropole, à titre d’exemple  :« Le Journal » du 28 juillet 1941 et les « Informations Générales de Vichy » du 5 août 1941

Pierre LE GLOAN décoré par le colonel RIGNOT

 

Après la journée du 15 juin 1940 et la « récupération » de ses victoires contre les Italiens par le Gouvernement de Vichy, les avions anglais abattus par LE GLOAN dans le ciel de Syrie sont une aubaine pour « l’État Français », qui peut ainsi alimenter sa propagande et reparler du « Héros National » qu’est devenu Pierre LE GLOAN. Le compte rendu de la cérémonie du 26 juillet à Alger fera les gros titres de la presse algérienne, et, la plupart des journaux de zone libre et de zone occupée en reproduiront de larges extraits. Jusqu’au débarquement anglo-saxon en A.F.N. de novembre 1942, Pierre LE GLOAN représentera l’Aviation à Alger et en sera le porte-drapeau, lors des nombreuses célébrations, manifestations patriotiques, hommages à des victimes de la guerre ou visites de hauts dignitaires du régime ; voir par exemple un peu plus bas la visite de l’Amiral Darlan du 26 octobre 1942.

 

L'aviation de Vichy au combat - Christian JAcques EHRENDARDT et Christopher SHORES

 

« L’Aviation de Vichy au combat » de Christian Jacques Ehrengardt et de Christopher Shores

Editions Lavauzelle - 1985

L’ouvrage de référence indispensable

 

 

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ALGER - MAISON BLANCHE - 1941/1943

 

 

GC III/6 à la plage - Printemps 1941   Mécaniciens du GC III/6 - S/C Bibert - S/C Robert - Alger Maison Blanche - Printemps 1941

 

Sur la plage d’Alger et sur l’aérodrome de Maison Blanche en 1942

Sur la photo de Gauche, STEPHAN, GOUJON et LE GLOAN

Sur la photo de droite, quelques mécaniciens devant l’avion du Commandant du Groupe aux nouvelles couleurs de l’armistice

Le s/c BIBERT est à droite et le s/c ROBERT à côté de lui

Photographies Joseph Bibert – Droits réservés

 

Le 9 septembre 1941, Pierre LE GLOAN est promu au grade de lieutenant à titre exceptionnel. Plusieurs pilotes de son escadrille qui avaient subi des fortunes diverses peuvent la rejoindre ; le lt Martin (5/11/1941), prisonnier en Syrie, qui a été libéré, le lt Salaün (15/11/1941) prisonnier en Allemagne depuis le 21 juin 1940, qui a réussi à s’évader (il sera malheureusement tué par la D.C.A. d’un croiseur britannique le 18 mai 1942) et le lieutenant Cavaroz (15/11/1941), blessé le 21 mai 1940, qui est enfin sorti de l’hôpital.

 

Un nouveau pilote est arrivé à l’escadrille le 15 septembre ; il s’agit du lieutenant André Sauvage qui rejoindra comme volontaire le Groupe Normandie fin 1943, tout comme Gabriel Mertzisen. Il a survécu à la guerre avec 16 victoires (dont 14 en Russie avec son Yakolev) et s’est rendu aussi célèbre par son livre « Un de Normandie Niémen » qui fut un best-seller dans les années 1950.

 

 

Nouveau Dewoitine de Pierre LE GLOAN - Eté 1952 - n°300

 

Une des plus belles représentations du Dewoitine D.520 n°300 de Pierre LE GLOAN avec le fameux « Masque sévère » de la 5ème escadrille du GC III/6 en 1942/1943

Illustration de George Olivereau pour « Airfan n°65 de mars 1984 »

 

Lieutenant Pierre LE GLOAN et Commandant DESTAILLAC

 

Pierre LE GOLAN, portant ses galons de lieutenant, et le commandant Raymond DESTAILLAC, le 7 juillet 1942 à Alger - Maison Blanche lors d’une remise de décorations

 

 

29 octobre 1942 – Passage en revue des troupes de la garnison d’Alger par l’Amiral de la Flotte François DARLAN

Le lieutenant Pierre LE GLOAN est le porte-drapeau de l’Aviation

« L’Echo d’Alger » du 30 octobre 1942

 

Dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942 les Anglo-Américains débarquent en A.F.N. Le livre de marche de la 5ème est laconique : « Les américains débarquent à l’aube. Ils occupent hangars et locaux de Maison Blanche. Nous nous retirons à Oued-Smar. Le commandant Destaillac nous annonce officiellement que nous allons reprendre la guerre contre les Allemands. Il faut attendre le matériel américain… »

 

Oued Smar, est un vieux cantonnement à deux kilomètres de Maison Blanche et non un terrain d'aviation comme beaucoup d'écrits le laissent à penser ; les Dewoitine immobilisés sont toujours garés en limite du terrain de Maison Blanche occupé par les Alliés. Du coup les pilotes du III/6 s'ennuient ferme : certains partent en permission et d'autres ont ainsi le loisir de fraterniser avec leur nouveaux « amis », les pilotes britanniques et américains. Ils ont failli se mesurer quelques jours plus tôt avec eux, mais un providentiel brouillard a interdit aux appareils français de décoller de Maison Blanche le jour de l’opération « ‘Torch », contrairement à Oran et Casablanca où les combats furent sévères. On sait que certains pilotes ont regretté cet épisode météorologique qui les a peut-être empêché d’améliorer leur « score » au palmarès des victoires…

 

Mais les américains sont pragmatiques : il y a en A.F.N. des bons pilotes qui n’ont qu’une seule envie ! Voler ! Et ils vont leur en donner les moyens : c’est ainsi que début décembre LE GLOAN est détaché quelques jours chez les Américains sur le terrain de Nouvion (maintenant El Ghomri, 50 km au sud de Mostaganem), avec le lt Rivory, l’adj Mertzisen et le s/c Farriol, officiellement pour faire connaissance avec le nouveau fleuron de la chasse américaine, le puissant bimoteur Loockeed P-38 « Lighting », mais aussi pour être à minima « évalués » ! Les conditions météorologiques sont détestables et seul LE GLOAN fera voler son appareil. Rivory écrase le sien en bout de piste, tandis que Mertzisen et Farriol s’embourbent : le GC III/6 ne sera pas équipé avec le plus spectaculaire appareil de l’armada US.

 

 

Du drapeau de l’État-Français au drapeau des États-Unis - Pierre LE GLOAN, le 9 janvier 1943 à Alger

 

Par contre, le Groupe II/5, escadrille des « Sioux » du commandant ROZANOFF, qui lui, a donné aux Américains avant leur débarquement des gages de sa détermination à se battre avec eux, a échangé à Casablanca ses vieux Curtiss H-75 contre des Curtiss P-40F courant décembre et devient le Groupe « Lafayette ». Il arbore toujours l’insigne de la célèbre escadrille américaine de 1914/1918, la « tête d'indien Séminole ». Devenu rapidement opérationnel, il part se battre en Tunisie et passe par Alger, où le 9 janvier 1943 une importante cérémonie de prise en compte et de bénédiction des appareils est faite au cours d’une prise d’armes, en présence du général BERGERET. Ceux du III/6 y participent et Pierre LE GLOAN, emblématique habituel porte-drapeau à Alger du pavillon tricolore de l’État-français lors des cérémonies civiles et militaires, porte cette fois le drapeau américain ! Étonnant retournement de situation pour lui, mais une photo utile, habillement exploitée par les Anglo-Saxons, tant politiquement que militairement, à destination de leurs opinions publiques et des Français d’A.F.N. Il est nécessaire pour eux que, même sans grand enthousiasme, l’Armée Française de l’Armistice fasse allégeance !

 

Dans le journal de marche de la sixième Escadrille du GC III/6 : « ...Giraud prend le commandement de l'armée d'Afrique. Après nous avoir laissé entendre qu'il ne faut pas être avec lui, on nous apprend qu'il devient notre chef. On ne sait plus que penser. Nous retournons notre veste une fois de plus. Evidemment les événements nous y forcent. Mais notre désarroi est bien grand... », et plus loin : « ...on a vite oublié le 8 novembre. Il est vrai que maintenant l'avenir est sous un jour nouveau. La vieille haine anti-germanique commence à souder, et reprend le dessus. Il s'agit de faire partir de France ceux qui s'y trouvent actuellement et qui font souffrir 40 millions de français. Une politique positiviste, arriviste en somme, remplace la politique attentiste. Nous verrons bien... ». Ce n'est pas vraiment le grand enthousiasme (6), et bien malins ceux qui peuvent aujourd'hui savoir ce que chacun pensait réellement au fond de lui-même à cette époque. On ne demandait finalement rien d'autres aux soldats que d'obéir aux ordres de leurs supérieurs, pas de les choisir. Ceux qui, plus tôt, avaient pris courageusement une autre direction, guidés par un sens aigu de leur devoir, n'en méritent que plus d'honneurs.

(6) De nos jours, certains auteurs veulent gommer cette réalité pour réécrire autrement la légende du pilote, voire « l’Histoire de France ». On se demande bien pourquoi ils disent tant de bêtises par ignorance ou idéologie sur ce sujet épineux !

 

Pierre le Gloan - Dewoitine D.520   

 

Au printemps 1943 le GC III/6 est transformé sur Bell Airacobra P.39 américains – Les Dewoitine 520, utilisés quelques jours en juin 1940 contre l’Italie puis malmenés en 1941 par les Britanniques, sont à bout de souffle

Mais c’est sur cet appareil que Pierre LE GLOAN a construit sa légende – Ci-dessus, les deux dernières photographies connues de « l’As » aux commandes de cet avion mythique

Collection Joseph Bibert et Albert Balmer

 

Le GC III/6, est installé – certains disent exilé ! - fin janvier à Aïn-Sefra (voir carte du terrain d’aviation), à 400 km d’Alger dans le bled algérien, à la frontière marocaine et différents personnels sont envoyés en stage chez les Américains qui ont installé rapidement des bases en AFN, dont Biskra, à 400km au sud-est d’Alger vers la frontière tunisienne, et Berrechid à 20 km au sud de Casablanca (Maroc), pour se familiariser sur le matériel américain. En mai, le purgatoire du III/6 est terminé ; LE GLOAN et ses camarades touchent finalement leurs nouveaux appareils ; Ce seront des Bell Airacobra P 39.

 

Bell Airacobra  P-39 - Aircraft Recognition - September 1944

 

Profil du Bell P-39 Airacobra de Le Gloan - Maison Blanche - 1943

 

Bell P-39 « Airacobra » du GC III/6 – 5ème escadrille

 

Moteur Allison du Bell P-39 Airacobra au centre de la cellule

 

Le moteur Allison du Bell P-39 « Airacobra » est placé au centre de la cellule, ce qui complique énormément la maintenance

Photographies d’un appareil américain ci-dessous

 

Bell P-63 de l'US Air Force

 

Le lieutenant LE GLOAN est pressenti au cours de ce même mois de mai par le commandement français pour devenir le patron d’une future 3ème escadrille du Groupe, devenu alors le « III/6 - Roussillon » ; escadrille qui devrait reprendre les traditions de la SPA 84, le « renard au monocle ». Même s’il existe la trace d’une nomination du lieutenant GLOAN à la fonction de « commandant d’une 3ème escadrille du III/6 », celle-ci n’a finalement jamais vu le jour, contrairement à ce qui est généralement écrit. Il est donc abusif de présenter Pierre LE GLOAN dans certaines de ses biographies comme « capitaine, commandant la troisième Escadrille du GC III/6 – Roussillon » ! En fait, ce sont les Américains qui voulaient que l’organisation du Groupe soit calquée sur les leurs, mais il y a eu des différents sérieux à ce sujet avec le commandement français. Rappelons simplement que le Général de Gaulle a pris alors la main en A.F.N., et que le général BOUSCAT, engagé dans les F.A.F.L, a succédé au général MENDIGAL ! C’est peut-être le nom de Pierre Le GLOAN, proposé par ce dernier, qui a finalement posé problème… !

 

Insigne de la 3ème escadrille du Groupe "Roussillon" ex GC III/6, créé en 1943

 

Groupe GC III/6 « Roussillon » - Projet de 3ème escadrille

Extrait de « Les As de la guerre 1939-1945 de Daniel Porret et Franck Thévenet (1991) - 4 pages consacrées à Pierre Le Gloan

 

En tout cas, le 26 mai, c’est comme pilote de la 1ère escadrille, que le lieutenant LE GLOAN est aux commandes d’un P-39 pour le tester lors d’une simulation de combat. Dans des circonstances obscures, sans doute un regrettable défi personnel entre les deux pilotes, prolongement de leur « compétition » engagée pendant la campagne du Levant, le capitaine Léon Richard de la 2ème escadrille qui lui donne la réplique sur le Dewoitine 520 n°162 se tue. L’enquête le de ce terrible accident conclura très rapidement à une simple « panne d’essence » ! Plus qu’étonnant ! Voir la biographie de Léon RICHARD !

 

Tous deux, ainsi que d’autres pilotes du III/6, selon de nombreux témoignages concordants d’anciens de ce Groupe ou de leur veuve, nourrissaient toujours des sentiments anti-britannique et anti-gaulliste profonds, sans qu’on puisse affirmer qu’ils étaient encore restés des partisans « fervents » du Maréchal ! Après le débarquement des Alliés en novembre 1942, l’activité aérienne de « l’Armée française de l’Armistice » a dépendu plus du bon vouloir des Américains, neutres avant 1941, que de celui des Britanniques ! Mers-el-Kébir, le Levant, Madagascar n’avaient rien arrangé pour eux ! Les aviateurs ont fait « contre mauvaise fortune, bon cœur », et surtout, en bon professionnels, ils ont tout simplement obéi aux ordres, en appréciant de pouvoir enfin revoler sur de nouveaux avions fournis par l’oncle SAM  ! Comme déjà évoqué plus haut, on peut rester surpris aujourd’hui par la façon dont certains auteurs qui ont écrit ou écrivent encore dans des revues spécialisés bien connues sur Le Gloan et Richard, POSTÉRIEUSEMENT à ce qui a été mis en ligne sur ce site Internet. Pourquoi vouloir cacher les inimitiés et les rivalités entre ceux de l’aviation qui ont normalement traversé 1939/mi 1943 dans la légalité en obéissant aux ordres de leurs chefs et du gouvernement, et ceux, finalement peu nombreux, qui refusant la défaite ou le pouvoir dictatorial du Maréchal, sont entrés heureusement avec honneur dans « l’illégalité » de la France Libre, mais la « seule France » pour eux ! Il a fallu plusieurs décennies pour obtenir la cicatrisation des plaies ouvertes alors dans l’Armée de l’Air ; mais attention, l’idéologie prend encore le pas pour certains sur l’analyse historique !

 

Le capitaine Léon Richard - Commandant la 6ème escadrille du GC III/6 - 1941 à 1943

 

Capitaine Léon RICHARD

Commandant la 6ème escadrille du GC III/6

Collection personnelle François-Xavier Bibert – Droits réservés

 

En juin le III/6 est à Berkane, à 25 km au sud-ouest de Port-Say (sur la côte algérienne, juste à la frontière marocaine, maintenant Marsa Ben M'hidi). En août, le III/6 est envoyé à Lapasset (entre Oran et Blida, maintenant Aïn-el-Hamman) (voir carte du terrain d’aviation) et se trouve engagé dans des missions de patrouilles côtières, une activité monotone que n’aime pas les pilotes, parce qu’il faut se concentrer sur les problèmes de navigation et aussi et surtout parce que les moteurs Allison de l’Airacobra sont sujets à des pannes fréquentes.

 

Le 11 septembre, LE GLOAN et le sergent Colcomb décollent tôt le matin en patrouille simple pour une de ces fastidieuses missions. Au retour à la base, le moteur du P-39 de LE GLOAN stoppe brusquement. Lui qui s’est toujours vanté d’avoir pu ramener son appareil à la base, quel qu’en soit son état, ne veut pas s’éjecter et tente courageusement un atterrissage forcé. Malheureusement, soit il oublie le réservoir auxiliaire placé sous le fuselage de son avion, soit il ne s’aperçoit pas que le « belly-tank » ne s’est pas détaché s’il a voulu procéder à son largage, et l’appareil disparaît dans une formidable explosion au moment même où il touche le sol dans un champ de vignes en cuvette, près de Lapasset.

 

Rapport officiel de l’accident du lieutenant Pierre LE GLOAN

 

Profil hypothétique du Bell P-39 « Airacobra » à bord duquel le lieutenant Pierre LE GLOAN trouva la mort

Le numéro de série de l’appareil est exact

Profil de Vincent Dhorne

 

Âgé de 30 ans, marié depuis seulement deux mois avec Mme Mireille FISCHER (7), Pierre LE GLOAN est « Mort en Service Aérien Commandé (MSAC) » 26 ans jour pour jour, heure pour heure, après Georges Guynemer. Il est Chevalier de la Légion d'honneur, titulaire de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre 1939-1945 avec dix palmes et une étoile et il a reçu de multiples citations. Il a été inhumé à Mostagadem, en présence de son vieux compagnon Gabriel Mertzisen et de son mécanicien Omer Borreye. Ce n’est qu’un an jour pour jour après sa mort, par la note n°4666/OREC du 11.09.44, qu’il fut déclaré « Mort pour la France » (MpF). Cinq ans après la fin de la guerre, sa famille a pris l’initiative de faire rapatrier son cercueil et il repose depuis le 7 octobre 1950 dans le petit cimetière de Plougernével, dans sa Bretagne natale...

 

(7) Mireille Antoinette Louise IZERN, divorcée de Louis FISHER (1911/2009)

 

 

Pierre LE GLOAN dans « L’Echo d’Alger » des 4 juillet, 15, 23, 26 et 27 octobre 1943

Quelques erreurs sont à noter...

 

 

Pierre LE GLOAN    Tombe de Pierre LE GLOAN

 

Lieutenant Pierre LE GLOAN – Automne 1942

Sa tombe à Plougernével à la fin des années 1950

Bulletin de l’A.A.A.M.B.A.C.

 

Au moment où l'Etat-major a les plus grandes difficultés à faire fusionner les forces aériennes d'Afrique et des F.A.F.L (Forces Aériennes Françaises Libres), si la disparition brutale du lieutenant LE GLOAN a été douloureuse pour les quelques équipiers de la première heure encore à ses côtés en cette année 1943, elle a aussi retiré une belle épine du pied au général d'Armée Aérienne René Bouscat, le nouveau Chef d’Etat Major Général de l’Armée de l’Air depuis le 1er juillet 1943, qui aurait eu certainement beaucoup de mal à lui confier un nouveau commandement sans faire de vagues.

 

On se saura donc jamais si Pierre LE GLOAN aurait pu le devenir le plus grand « As » français de la guerre sans son regrettable accident qui l’a privé des derniers mois d’activité contre l’aviation allemande affaiblie et peu présente lors de la remontée des escadrilles françaises parties de Corse vers Strasbourg, puis vers le cœur de l’Allemagne, d’octobre 1944 à l’Armistice ; c’eût été difficile ! En tout cas, comme il venait juste de se marier, il est probable qu’il n’aurait pas été volontaire pour aller combattre les Allemands sur le front Russe, comme l’ont été Jean Sauvage (8) et Gabriel Mertzisen qui ont quitté le GC III/6 « Roussillon » le 27 octobre 1943 et se sont illustrés avec le fameux Groupement « Normandie Niémen » (9). Après la libération de la France, l’Armée tira un voile pudique sur l’année 1941 et la campagne du Levant, la campagne de Madagascar de l’été 1942 (Ironclad) et les tristes et cruels combats contre les Anglo-américains lors de leur débarquement en A.F.N de novembre 1942 (Torch). Les archives concernant ces épisodes méconnus de notre Histoire ne furent plus accessibles pendant longtemps. Des pages de certains documents (livres de marche) ont d’ailleurs été arrachées puis réécrites.

 

(8) Jean Sauvage (1917/2014) à ne pas confondre avec Roger Sauvage (1917/1977), l’As aux 16 victoires, tous deux au « Normandie Niémen », mais c’est Roger Sauvage qui est l’auteur de « Un du Normandie Niémen »

(9) A Chartres au début des années 2000,  parmi les rares survivants de celles ou ceux qui ont bien connu les aviateurs de La Base aérienne 122 d’avant-guerre, certains ont la certitude que LE GLOAN est mort glorieusement au « Normandie Niémen »… Comme quoi il faut toujours se méfier des légendes…

 

En 1950 sa Veuve, sa Famille et la municipalité de Plouguernével organisèrent le rapatriement de la dépouille de l’aviateur et son inhumation dans la sépulture familiale. La cérémonie eut lieu le 7 octobre. Un télégramme de René PLEVEN, Président du Conseil, a été reçu le 5 octobre par le Maire de la commune : « Serai représenté obsèques lieutenant aviateur Le Gloan – Stop - Ai donné instructions honneurs militaires soient rendus – Stop – Cordialement. ». Ce qui fut fait par un détachement d'aviateurs de Rennes et de Villacoublay, placé sous les ordres de l'adjudant-chef Gadona. C’est le chef de cabinet de la préfecture de Rennes qui représenta à la fois le Président du Conseil et le Préfet. Le Ministre de l’Air, le Commandant de la 3ème Région Aérienne et le Commandant de la base de Rennes s’étaient faits également représenter par des officiers subalternes ; un service minimum donc, signe évident de l’embarras des autorités civiles et militaires de l’époque. Voir les informations sur cette cérémonie par ce lien.

 

La tombe de LE GLOAN, son nom même tombèrent alors plus ou moins dans l’oubli en France et c’est sans doute la publication de « L’Aviation de Vichy au combat » de Christian Jacques Ehrengardt et de Christopher Shores aux Éditions Lavauzelle en 1985 qui le remis en lumière.

 

Mais le pilote avait gardé cependant de solides amitiés. En Algérie, quand le colonel André DURANTHON, a pris de commandement de la base 211 de Télergma (à 10 km de Constantine) lors de sa réorganisation du 1er juillet 1955, il a décidé de lui donner le nom de « Camp lieutenant Pierre LE GLOAN » ; il faut dire qu’il avait été s/lt au GC II/5 en A.F.N de 40 à 42 où il avait croisé plusieurs fois la route de « l’As » qu’il connaissait d’ailleurs fort bien, puisque ayant été affecté comme lui à Chartres avant-guerre... Cette base, devenue très importante pendant le conflit algérien, a bien évidemment disparu en 1962. En France, la Promotion 1971 de l’Ecole Militaire de l’Air a été baptisé « lieutenant Pierre Le Gloan ». Interrogé sur les raisons de ce choix, un de mes amis colonel en retraite de cette promotion, a répondu : « Le général René CHESNAIS (10), était le général commandant l’École de l'Air et l’École Militaire de l'Air à cette époque. Je ne sais finalement pas comment a été choisi « Pierre Le Gloan » comme parrain : la promotion n'était pas dans le circuit décisionnel. Mais à la réflexion, Pierre Le Gloan ayant participé à la campagne de Syrie, ce choix était quand même singulier pour l'époque, tant la cassure entre FAFL et Aviation de Vichy était encore vive. Pour vous, comme pour moi, comme pour d’autres ; pas facile d'écrire l'Histoire loin des passions, des préjugés, des ... !

 

(10) Les Généraux René Chesnais et André Chenet, tous deux issus des promotions de l'École de l'Air de Salon de Provence des années noires (promotions 40, 41, 42 - Steunou, Dagnaux, Tricaud - qui sont restées très liées entre elles car, en novembre 1942, au moment de l'invasion de la zone libre, elles se sont retrouvées seules face à leur destin, destins bien différents pour chacun des élèves !) ont été tous les deux présents à Plouguernével en 1993 lors de la première cérémonie importante organisée à la mémoire du pilote, celle du cinquantième anniversaire de sa mort.

 

Disons pour conclure que l’on assiste très bizarrement depuis le début des années 2 000 à une certaine « réécriture » de l’Histoire de 1941 et 1942, ainsi qu’à des manifestations de « mémoire », qui font la part moins belle pour ceux qui ont rejoint la France Libre les premiers et qui par contrecoup recherchent les mérites oubliés de certains de ceux qui ont été fort compromis avec l’occupant, voire condamnés à la libération ! Ce n’est certainement pas par hasard !

 

 

(*) Note de l’État –major de l’Armée de l’Air au sujet des archives du GC III/6 en en 1952

Campagne de Syrie

« Cette partie sera momentanément séparée de l’historique du groupe jusqu'à ce que les renseignements qui s'y trouvent ne puissent plus être exploités à des fins que purement historiques.

La décision d’utiliser le groupe en Syrie, les conditions dans lesquelles il a exécuté ses missions, les noms de ceux qui ont participé aux opérations risqueraient en effet, actuellement encore (avril 1952), d'être utilisés contre certains des anciens exécutants et contre les divers échelons du commandement de cette époque.

Cette partie de l’historique est donc considérée jusqu’à nouvel ordre comme confidentielle et ne devra pas être diffusée.

 

Base aérinne 201 - Camp "Lieutenant Pierre LE GLOAN" - Télergma

 

« Camp lieutenant Pierre LE GLOAN » en 1955 - Base aérienne 211 de Télergma

Collection Pierre Jarrige

 

« Les AILES » – 29 septembre 1956

UNE BASE QUI PERPÉTUE LE SOUVENIRDU LIEUTENANT PIERRE LE GLOAN

Ce n’est pas encore le désert, avec ses rares oasis et ses nomades chameliers. Ce n’est pas non plus la mer de sable des immensités sahariennes, mais un petit coin de ce pays déshérité situé au pied de la chaîne montagneuse des Aurès.

Ce lieu où l’été est torride, l’hiver froid, sec où neigeux, c’est Télergma. A la ronde, ni eau, ni végétation !

C’est pourtant ici, qu’en 1955 et en moins de deux mois, une Base Aérienne est née qui porte, depuis, le nom du « Lieutenant-Pierre Le Gloan ».

Le 3 septembre 1955, à 8 heures, sous la présidence effective du général de Maricourt, commandant le Groupement Aérien Tactique n° 1 d’Algérie; et en présence de la totalité des officiers, sous-officiers et hommes de troupe de la Base Aérienne d’Opérations en Afrique du Nord n°211, ainsi que du personnel civil ayant travaillé à sa réalisation, le lieutenant-colonel André Duranthon prononçait l'allocution rituelle pour le batême du nouveau camp « Lieutenant Pierre Le Gloan » Il rappela brièvement la carrière de celui qui fut un chasseur émérite, un prestigieux pilote, un « as » de la guerre 1939-1940 et qui se tua accidentellement, à Ouillis, entre Mostaganem et Alger, le 11 septembre 1943, à 8 heures 20, date et heure anniversaires de la mort du héros légendaire de 1914-1918, Georges Guynemer, dont on a célébré le 11 septembre 1956, le souvenir.

Après lecture de la dernière citation du Lieutenant Le Gloan, sur qui un lourd silence s’était fait depuis la Libération, citation qui le liait indissolublement à Guynemer dans la légende des ailes françaises, retentit la sonnerie « Aux Morts ». Dans l’air pur, la sonnerie « Aux Couleurs », scandée par les tambours de la clique du 3ème Régiment de Tirailleurs Algériens, succéda à la minute de silence. Un immense drapeau fila le long du mât, découvrant la stèle érigée à la mémoire du héros, et claquant pour la première fois dans le vif éclat du ciel africain sur la Base Aérienne « Pierre Le Gloan » de Télergma.

C’est avec beaucoup de fierté et d’émotion, que les aviateurs de la précédente génération, présents dans les rangs, assistèrent à cette cérémonie. Le Gloan reprenait la place qui lui revient parmi ceux dont la France a le droit de s’enorgueillir.

Chaque « allée », chaque « avenue » de la nouvelle Base porte le nom d’un de ces anciens, formés aux exaltantes et rigoureuses disciplines de l’air, qui surent, en leur temps, faire face à l’ennemi dans tous les ciels de bataille. Le Gloan avait faite sienne la devise de Georges Guynemer : « Faire Face ».

Avec ce magnifique exemple de courage, la voie est ouverte, toute droite, aux jeunes, dans la loyauté des esprits et des cœurs, dans la justice des paroles et des actes. Venus de toutes les provinces d’Afrique et de Métropole, ces jeunes aviateurs ont œuvré pour faire sortir de terre ce qui est aujourd’hui « leur Base »

 

 

 

Promotion 1971 « Lieutenant Pierre LE GLOAN » de l’École Militaire de l’Air

Trois pages extraites du « Cahier de marche » de la promotion réalisé par l’aspirant Bernard Gaillac – Via Henri Guyot

 

 

VICTOIRES HOMOLOGUÉES de PIERRE LE GLOAN

 

Adjudant-chef

 

23.11.39  (2)  Do 17    Verdun [55]

02.03.40  (2)  Do 17    Bouzonville [55]

11.05.40  (7)  He 111   Pirey [25]

14.05.40  (4)  He 111   Fougerolles [70]

13.06.40  (2)  BR.20    Agay [83]

13.06.40  (2)  BR.20    Cap Camarat [83]

15.06.40  (2)  CR.42    Beauvallon [83]

15.06.40  (2)  CR.42    Ramatuelle [83]

15.06.40  (1)  CR.42    St-Amée [83]

15.06.40  (1)  BR.20    Ferme Moulin Rouge [83]

15.06.40  (1)  CR.42    Ferme des Thermes [83]

 

Sous-lieutenant

 

08.06.41  (1)  Hurricane    Damas [Levant]

09.06.41  (1)  Hurricane    Saïda [Levant]

09.06.41  (1)  Hurricane    Saïda [Levant]

15.06.41  (1)  Gladiator    Ezraa [Levant]

23.06.41  (1)  Hurricane    Rayack [Levant]

05.07.41  (2)  Hurricane    Deir-ez-Zor [Levant]

05.07.41  (3)  Hurricane    Deir-ez-Zor [Levant]

 

(*) Nombre de participants

 

 

François Xavier BIBERT

Mise en ligne le 08/10/2008

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Gouache de Benjamin FREUDENTHALl - Dewoitine 520

 

« Taïhaut ! » - Dewoitine 520 de Pierre LE GLOAN - GC III/6

(Gouache : 70 x 50 cm) - Benjamin Freudenthal

Reproduction disponible

 

 

Pierre LE GLOAN

 

 

Une des dernières photographies du lieutenant Pierre LE GLOAN,

en Algérie, en compagnie d’aviateurs américains

Collection François-Xavier Bibert via famille Le Gloan

 

 

Cinquantième anniversaire de la mort de Pierre LE GLOAN

 

 

Cette cérémonie a été organisée à l’initiative de son neveu, Monsieur Guy RAOULT

 

Centième anniversaire de la naissance de de Pierre LE GLOAN

 

 

     

 

   

 

Devant le monument au mort

 

 

      

 

   

 

Au cimetière de Plouguernével

Photograhies transmises par M. Raymond Thouelin, neveu de Pierre Le Gloan, fils d’Eugénie Le Gloan que je remercie

 

Les cérémonies ont eu lieu à Plouguernével avec un an de retard, le 6 janvier 2014, à l’initiative de la Municipalité et de diverses associations militaires telles que l’A.N.O.R.A.A et l’A.N.S.O.R.A.A. (Officiers et Sous-Officiers de Réserve de l'Armée de l'Air) et en présence de différents membres de la famille de l’as disparu. Après un dépôt de gerbe Monument aux Morts, le cortège s’est rendu au cimetière sur la tombe du pilote. Divers hommages ont été rendus ; par M. Guéguen (Maire) et Yves Donjon (Vice-président d'Ansoraa 22) qui a retracé longuement la vie du pilote Breton. Lire ici son allocution.

 

 

Pierre LE GLOAN sur le site AÉROSTÈLES

 

Cliquez sur l’image

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LA LÉGENDE DE PIERRE LE GLOAN AU XXIème SIÈCLE – SES DEWOITNE 520 DANS LES JEUX ÉLECTRONIQUES DE SIMULATION

 

Campagne de France

13 juin 1940 – Contre les Fiat BR 20 « Cigogna »de la « Regia Aeronautica » italienne…

 

Dewoitine 520 - Le Gloan   Fiat BR 20 Cigogna

 

15 juin 1940 – Contre les Fiat CR 42 « Falco »

 

Dewoitine 520 - Le Gloan   Fiat CR 42 Falco

 

 

Campagne du Levant

Juin 1941 – Aux couleurs de Vichy contre les chasseurs de la RAF en Syrie…

 

Dewoitine 520 - Le Gloan   Dewoitine 520 - Le Gloan

 

Merci au contributeur anonyme : attention, la numérotation des appareils n’est pas conforme à la réalité

 

 

 

 

 

 

 

LA LÉGENDE DE PIERRE LE GLOAN – Article paru dans Le Figaro du 2 août 1940 – Edition de Clermont Ferrand

Cliquez sur le titre ci-dessus pour savoir comment le Figaro raconte la journée de l’adjudant Pierre LE GLOAN du 15 juin 1940

 

 

Les hommes du GC III/6 - Historique officiel du GC III/6 - Livre de marche de la 5° - Livre de marche de la 6°

 

GC 3/6 - La journée du 15 juin 1940Rapport d’engagement du 15 juin 1940

 

Page d’accueil du site de François-Xavier BIBERT

 

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Et pour conclure, un grand merci aux différents « auteurs » qui utilisent recherches, textes et images de cette page internet, sans vergogne, pour publier dans des revues spécialisées la Nième histoire de Pierre LE GLOAN, souvent avec des erreurs (volontaires ?) ou des parti pris. Tout ceci, bien évidemment sans en demander l’autorisation et sans citer leur source ! Mais restons tout de même fair-play et fervent défenseur de la « mutualisation de l’information » !!!

 

 

Journée du timbre au Luc - 15 juin 2000

 

15 juin 2000 – Le Luc – Journée du timbre

80ème anniversaire du combat aérien de Pierre LE GLOAN